06 Mar

Les femmes, la politique, les journalistes et le reste

Marie-Guite Dufay, seule femme présidente d'un conseil régional

Marie-Guite Dufay, seule femme présidente d’un conseil régional

Le 8 mars, c’est la journée de la femme. Et c’est tous les jours la fête des journalistes qui ne seraient pas assez féministes…

Voici quelques chiffres sur la place des femmes dans la société et en politique. Et une réflexion sur la place des femmes sur les plateaux de France 3 Franche-Comté.

Histoire de tordre le cou à des idées reçues…

Voici quelques chiffres qui en disent long sur la place des femmes dans notre société et en politique. Le constat est amer mais pas nouveau. Les choses avancent. Doucement mais elles avancent. De ces constatations, découlent certaines conséquences pour les journalistes, hommes ou femmes, qui sont obligés de faire avec.

Dans notre société

 

           Tâches domestiques

         En 2010, les femmes passaient 4h01 par jour à effectuer des tâches domestiques (ménage, courses, soins aux enfants, jardinage et bricolage), contre 2h13 pour les hommes. En 25 ans, l’écart s’est réduit de 40%. Plus de 2 millions de femmes (14% des 20-59 ans, hors étudiantes) étaient en 2011 au foyer, en couple, sans chercher à travailler.

 

            Loisirs

         Les hommes ont en moyenne chaque jour 4h28 de temps libre, une demi-heure de plus que les femmes. Les personnes s’adonnant à un sport et titulaires d’une licence sont sept fois sur dix des hommes.

 

            Parents seuls

         Sur 1,5 million de familles monoparentales, le parent seul est dans 85% des cas une femme (2011).

 

         Diplômes

         Les filles réussissent un peu mieux au baccalauréat général, avec 90,6% de réussite contre 88,3% pour les garçons. Elles battent le record dans les séries scientifiques : 92,2% contre 89,6%. Plus généralement, 71% des femmes de 25 à 34 ans avaient en 2012 le bac ou un diplôme supérieur, contre 61,5% des hommes de la même tranche d’âge. Mais si elles sont majoritaires sur les bancs des universités (59,1%), elles sous encore sous-représentées dans les écoles d’ingénieurs (27%).

 

            Activité

         En 30 ans, les taux d’activité se sont considérablement rapprochés. Fin 2014, 67,6% des femmes âgées de 15 à 64 ans sont actives (ont un travail ou en cherchent un), contre 75,4% des hommes. Dans les familles monoparentales, elles le sont même un peu plus souvent que les hommes (59,5% contre 57% en 2013, sur la frange des plus de 15 ans). Le chômage, qui frappait traditionnellement davantage les femmes jusqu’en 2011, touche désormais en proportion plus les hommes (10,7%) que les femmes (10,2%).

 

           Temps partiel

         Près de 80% des emplois à temps partiels sont occupés par des femmes. Trois femmes sur dix (30,6%) n’ont pas un temps plein, contre 7,2% des hommes (2013). Et plus encore les mères de plus de 3 enfants en couple (43,8%).

 

            Responsabilités

         Un cadre dirigeant sur cinq était en 2012 une femme en moyenne (21,6%). En Ile-de-France, la part des dirigeantes dépasse le quart. La région Poitou-Charentes est en queue de peloton (avec moins de 14%). Les femmes composent 32,5% de la population des cadres dans le privé, 39,6% dans le public.

 

           Salaires

         Les salaires des femmes sont en moyenne inférieurs de 19,2% à ceux des hommes (en équivalents temps plein, secteur privé et public confondus, 2012). Dans la seule fonction publique, l’écart moyen est ramené à 12% (Défenseur des droits-DGAFP). Trois femmes sur quatre gagnent moins que leur conjoint et leur contribution aux revenus du couple s’élève en moyenne à 36%. A poste strictement équivalent, une femme cadre gagne 8,5% de moins qu’un homme, selon l’Association pour l’emploi des cadres (Apec).

         Retraites

         Conséquence de carrières souvent moins favorables et moins complètes, la pension moyenne de retraite (de droit direct) des femmes est de 967 euros bruts par mois, inférieure de 40% à celles des hommes (1.610 euros), selon la Drees (ministère de la Santé). L’écart se réduit à 26% quand on prend en compte la pension de réversion (veuvage) et le minimum vieillesse.

         (Source: Insee sauf mention contraire.) (AFP)

 

En politique

La représentation des femmes en politique progresse, mais bien lentement. On ne compte encore que 27 % de femmes à l’Assemblée nationale, 25 % au Sénat.

A noter qu’en Franche-Comté, se trouve la seule femme présidente d’un conseil régional en France : la socialiste Marie-Guite Dufay a succédé, comme 1ère vice-présidente, à Raymond Forni après son décès. Elle a été élue sur son nom en 2010 face à Alain Joyandet, UMP.

Au parlement

Aux élections législatives de 2012, la proportion de femmes élues députées atteint 26,9 %. Un très net progrès par rapport à 2007 où elles représentaient 18,5 %, soit 48 sièges de plus obtenus par les femmes à l’Assemblée nationale en 2012. Mais à ce rythme de progression du nombre de femmes élues, la parité  serait atteinte à l’Assemblée dans 15 ans ! En 2014, 87 femmes ont été élues au Sénat. Elles représentent 25 % de ses membres.

En Franche-Comté : nous avons 3 femmes députées sur les 12 circonscriptions que compte la région : Barbara Romagnan (PS) et Annie Genevard (UMP) dans la 1ère et  5ème circonscription du Doubs ; Marie-Christine Dalloz, UMP, dans la 2ème du Jura.

Barbara Romagnan sur le plateau du journal de France 3 Franche-Comté (©f3fc)

Barbara Romagnan sur le plateau du journal de France 3 Franche-Comté (©f3fc)

Communes

Depuis les élections municipales de 2014, le pourcentage de conseillères municipales est de 40,3 %, toutes tailles de communes confondues, contre 35 % en 2008. Malgré ces chiffres encourageants, seuls 16 %  des maires sont des femmes, et celles-ci ne dirigent que six des grandes villes (plus de 100 000 habitants), dont toutefois Paris, la capitale de la France. Mais derrière ces progrès se cachent des écarts entre communes selon leur nombre d’habitants. Plus la taille de la commune est importante, moins il y a de femmes maires à leur tête : elles représentent 16,3 % des maires des villes de moins de 3 500 habitants, contre 11 % dans les communes ayant entre 30 000 et 100 000 habitants et 14,6 % dans celles de 100 000 habitants et plus.

 

Annie Genevard lors des questions au gouvernement (DR)

Annie Genevard lors des questions au gouvernement (DR)

En Franche-Comté, pour les 43 communes de plus de 3500 habitants, on ne compte que 6 femmes maires et toutes… dans le Doubs.

Voici leurs noms et leurs villes :

Agnès Traversier à Bavans

Marie-France Bottarlini à Hérimoncourt

Annie Genevard à Morteau

Marie-Noêlle Biguinet à Montbéliard

Irène Tharin à Seloncourt

Dominique Mollier à Villers-le-Lac

 

Irène Tharin (©f3fc)

Irène Tharin (©f3fc)

Marie-Noêlle Biguinet, maire de Montbéliard

Marie-Noêlle Biguinet, maire de Montbéliard

Pour les débats sur France 3 Franche-Comté

 

Le choix des personnes présentes sur le plateau pour débats consacrés aux élections départementales est significatif.

 

Dans un premier temps, nous avons déterminé quels étaient les partis politiques que nous souhaitions voir sur les débats, en fonction de leurs scores précédents, leurs poids et le nombre de candidats engagés dans ces départementales. Le tout conformément aux consignes du CSA, Conseil Supérieur de l’Audiovisuel.

Jérémy Chevreuil et moi-même demandons aux partis politiques d’envoyer des représentants sur le plateau. En aucun cas nous ne choisissons les porte-paroles. Seul critère : que la personne soit candidate titulaire.

Il nous a été reproché d’avoir une majorité d’hommes sur le plateau. C’est vrai. Pour la Haute-Saône : 3 invités, 3 hommes. Pour le Jura, 4 invités, 3 hommes. Pour le Territoire, 4 invités, 4 hommes. Pour le Doubs, c’est là où le débat devient rigolo.

Nous devions avoir 5 invités. Seul le Parti Communiste avait manifesté le désir d’envoyer une femme. Après quelques tergiversations, ce sera finalement Annie Ménétrier. Soit.

Europe Ecologie-Les Verts a annoncé que Claude Mercier, un homme, serait son représentant.

Parallèlement, les réseaux sociaux se sont émus du peu de femmes sur le plateau de France 3 Franche-Comté. En rendant les journalistes coupables et responsables. C’est tellement plus facile. Participait à ces accusations, EELV, bien évidemment… Seulement voilà, un nouvel invité vient de nous être annoncé : ce sera Claire Colin à la place de Claude Mercier.

Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis…

 

D’une manière générale, il est très difficile de trouver des femmes comme invitées. Il y a moins de femmes « en responsabilités » que d’hommes. De plus, sollicitées pour intervenir en plateau, les femmes s’interrogent toujours sur leur légitimité et surtout leur capacité à répondre devant une caméra. Combien de fois ai-je entendu le « Je ne sais pas si je serai capable… » ? Les hommes ont rarement cette attitude. Ils doutent moins ou l’avouent pas…

 

Il faut bien comprendre que les journalistes « traitent » avec les élus, les militants, les responsables politiques. Ils font avec ce qu’ils ont en rayon. Ils ne vont pas inventer des « élues » là où il n’y a que des « élus ».

Les journalistes ont déjà bien des difficultés à faire leur boulot en ces temps chargés d’élections.

Ils veulent bien assumer leurs responsabilités.

Ce sera sympa et juste qu’ils ne soient pas accusés aussi de faire du sexisme.

Comme on dit chez moi : « Que chacun reste dans son champ et les vaches seront bien gardées… »