31 Jan

Pourquoi l’anodine législative partielle du Doubs est-elle devenue capitale ?

La 4e circonscription du Doubs n'a plus de député depuis la démission de Pierre Moscovici, désormais commissaire européen (@f3fc)

La 4e circonscription du Doubs n’a plus de député depuis la démission de Pierre Moscovici, désormais commissaire européen (@f3fc)

Un scrutin très attendu se tiendra ce dimanche en Franche-Comté. Les électeurs de la 4e circonscription du Doubs vont choisir le successeur de Pierre Moscovici à l’Assemblée nationale. Beaucoup de ténors politiques sont venus soutenir leur candidat ces derniers jours, souvent suivis par une meute de journalistes. Pourquoi autant d’agitation autour de ce qui n’est finalement qu’une législative partielle ? La réponse tient en plusieurs points.

Si les états-majors des partis politiques et les médias nationaux s’intéressent tant à cette élection, si l’on a vu entre autres Manuel Valls, Xavier Bertrand ou Marine Le Pen dans le pays de Montbéliard ces derniers jours, c’est parce que cette élection est symbolique à plusieurs titres:

  • D’abord, c’est l’ancienne circonscription de Pierre Moscovici. En tant qu’ancien Ministre de l’Economie de Jean-Marc Ayrault, il constitue une cible de choix pour l’UMP, qui fustige la politique économique de François Hollande. Pierre Moscovici est aussi désormais commissaire européen, et donc une cible privilégiée aussi pour le Front national qui accuse Bruxelles de tous les maux…
  • Symbolique aussi, la nature même de cette circonscription: populaire, c’est l’une des circonscriptions les plus ouvrières de France, avec notamment l’usine PSA de Sochaux et de nombreux sous-traitants automobiles. Des ouvriers de plus en plus sensibles aux sirènes patriotiques du Front national.
  • Surtout, ce scrutin est symbolique parce qu’il s’agit de la toute première élection après les attentats de Paris. Beaucoup d’observateurs considèrent que ces attentats peuvent changer la donne politique…

Quels enjeux après les 7 et 11 janvier ?

Certains ont vu dans les marches populaires consécutives aux attentats un sursaut républicain. Rien n’indique pour autant que les électeurs se précipiteront en masse dans les bureaux de vote dimanche…

Ce qui est certain en revanche, c’est qu’il y a quelques mois encore, le Parti Socialiste considérait cette élection comme perdue d’avance… Après les attentats, l’exécutif est remonté brusquement dans les sondages. Le PS y croit à nouveau, ce qui explique la venue de Manuel Valls en milieu de semaine…

Surtout, il ne faut pas oublier que le PS avait beaucoup d’avance en 2012: 17 points entre Pierre Moscovici et ses poursuivants, Sophie Montel (FN) et Charles Demouge (UMP) (voir le détail des résultats de 2012).

Le PS, qui n’a gagné aucune des 13 législatives partielles organisées depuis deux ans, peut-il limiter la casse au point d’être présent au second tour ?

L’enjeu, il est aussi là.

L’inconnue de la participation

Sur les huit législatives partielles organisées en métropole depuis 2012, la participation varie de 24,6% à 51,3%. Ces élections mobilisent peu (ce n’est pas forcément le cas outre-mer, plus de 3 électeurs sur 4 se sont déplacés par exemple pour la partielle à Wallis-et-Futuna).

En cas de forte abstention, le FN sera très probablement en tête dimanche soir. On l’a vu à de multiples reprises ces deux dernières années (européennes, cantonales et législatives partielles…), le Front national est le parti qui mobilise le mieux son électorat, quelles que soient les conditions.

En cas de forte abstention toujours, il n’y aura qu’un seul autre qualifié pour le second tour, car il sera difficile pour 3 candidats de rassembler sur leur nom 12,5% des électeurs inscrits. Entre l’UMP Charles Demouge, grand favori il y a quelques semaines encore, et le socialiste Frédéric Barbier, ce pourrait donc être très serré… D’où les appels au « vote utile » martelés par les deux candidats ces derniers jours, alors que les risques de dispersion des suffrages est grand avec pas moins de 13 candidats.

Tout dépendra donc de la capacité de chaque camp a mobilisé ses électeurs. Nous saurons dimanche soir si ce scrutin passionne autant les citoyens que les états-majors politiques et médiatiques.

Les résultats de juin 2012

  • 1er tour: Pierre MOSCOVICI (PS) 40,81%, Sophie MONTEL (FN) 23,87%, Charles DEMOUGE (UMP) 23,21%, Chantal ADAMI (FDG) 3,11%, Ilker CIFTCI (SE) 2,39%, Bernard LACHAMBRE (EELV) 1,99%, Didier KLEIN (PRV) 1,67%, Jean-Claude DURUPT-VIGNARD (CPF) 1,02%, Daniel JEANNIN (POI) 0,57%, Michel TREPPO (LO) 0,52%, Guillaume REFFAY (AEI) 0,45%, Antonio SANCHEZ (Communistes) 0,38%.
  • 2e tour:

La 4e circonscription du Doubs comprend les cantons d’Audincourt, Étupes, Hérimoncourt, Pont-de-Roide, Sochaux-Grand-Charmont et Valentigney.

A lire aussi:

Législative partielle du Doubs: le débat des candidats à la succession de Pierre Moscovici

Législative partielle: quand les médias nationaux braquent leur regard sur le Doubs

Législative partielle : il y aura bien 13 candidats

La législative partielle pour remplacer Pierre Moscovici fixée aux 1er et 8 février

Législative partielle: qui sont les candidats à la succession de Pierre Moscovici ?

Au pays de PSA, Xavier Bertrand propose de faciliter les licenciements pour relancer les embauches

Législative partielle: Manuel Valls appelle « au rassemblement de tous les électeurs de gauche »