11 Déc

Bernard Lachambre: « La gauche a besoin de l’écologie et des écologistes »

Bernard Lachambre (DR)

Bernard Lachambre (DR)

Europe Ecologie-Les Verts aura son propre candidat lors de l’élection législative partielle qui désignera le successeur de Pierre Moscovici dans la 4e circonscription du Doubs. Comme en 2012, c’est Bernard Lachambre qui portera les couleurs des Verts. Le cosecrétaire régional nous détaille les ambitions d’EELV pour ce scrutin et explique pourquoi il n’a pu s’entendre ni avec le PS, ni avec le Front de Gauche. Interview.

Vous aviez réalisé un score légèrement inférieur à 2% des suffrages en 2012. Quel est le sens de cette nouvelle candidature ?

« Dans la situation actuelle, il y a une grosse interrogation des Français en général, et des gens du Pays de Montbéliard en particulier. Nous avons un message à faire passer: la gauche a besoin de l’écologie et des écologistes pour gagner. Les gens n’ont plus confiance en quoi que ce soit. Ils nous reprochaient de faire parfois le grand écart quand nous étions au gouvernement. Il est important d’avoir une parole autonome, clairement écologiste. Ne soyons pas trop ambitieux. Il s’agit d’une élection partielle. On ne va pas révolutionner le monde. Mais il y a une forte inquiétude concernant notre avenir, avec le réchauffement climatique, les inondations dans le Sud de la France ou les sécheresses ailleurs sur la planète. Ce scrutin est l’occasion de faire passer notre message. »

Quel bilan tirez-vous du demi mandat de Pierre Moscovici et Frédéric Barbier, qui a remplacé le député titulaire à l’Assemblée nationale quand celui-ci était ministre ?

« Député, c’est un mandat national. Je ne souhaite pas renforcer l’idée qu’on est élu de sa circonscription pour défendre sa circonscription. La recapitalisation de Peugeot par des fonds publics, par exemple, je m’interroge. Fallait-il le faire? Je n’en sais rien. La situation financière de Peugeot aujourd’hui, c’est quand même pas fantastique. Pierre Moscovici, on ne le voit quasiment plus depuis un moment. Il n’a pas toujours tenu ses promesses. Le bilan au niveau local est très mitigé. Quant à Frédéric Barbier, je ne l’ai pas vu intervenir beaucoup à l’Assemblée. Il m’a dit qu’il a fait un rapport sur les gaz de schiste [à voir ici NDLR], mais deux projets d’exploitations émergent dans l’Yonne. Donc je suis assez déçu de son premier demi-mandat. »

Avez-vous discuté avec les autres formations de gauche pour envisager une candidature commune ?

« Oui. On a rencontré nos partenaires du Front de Gauche. Mais les communistes défendent les départements. Nous à Europe Ecologie-Les Verts, on n’est pas d’accord sur la manière dont est menée la réforme territoriale mais on a toujours prôné la suppression des départements pour alléger le mille-feuilles. Et puis la lutte contre l’austérité, ça fait plaisir aux gens, c’est un peu électoraliste. Mais la dette, ça dépend ce qu’on y met. Si c’est pour développer les énergies renouvelables ou les transports en commun, ce n’est pas la même chose que de construire un centre aquatique pour 25 millions d’euros à Sochaux. Quant au PS, je crois qu’il y a un certain nombre de socialistes qui veulent travailler avec nous, mais ce n’est pas le cas de Frédéric Barbier. »

A Europe Ecologie-Les Verts, il y a deux tendances: les pro-gouvernement, comme le député du Doubs Eric Alauzet, et ceux, majoritaires, qui revendiquent la prise de distance avec l’exécutif. Où vous situez-vous ?

« J’ai toujours été favorable à notre présence au gouvernement. Mais quand Manuel Valls a été nommé Premier ministre, honnêtement ce n’était plus possible. Le départ de Cécile Duflot et Pascal Canfin a clarifié les choses. Mais je ne suis pas pour autant un opposant systématique au gouvernement. »

Faites-vous partie de ceux, nombreux, qui estiment que cette circonscription est perdue d’avance pour la gauche ?

« Souvenez-vous des résultats de 2012. Au premier tour, Pierre Moscovici avait 17 points et plus de 7000 voix d’avance sur Charles Demouge et Sophie Montel. Je veux bien croire qu’il y a une usure du pouvoir, un désamour de la gauche et du PS, mais vous imaginez un peu? Perdre 17%? Ca ne me paraît pas réaliste et si ça arrivait, ça veut dire que le PS est en état de décomposition plus avancé que je ne le pensais. »

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