09 Avr

Comprendre la victoire d’Eric Piolle à Grenoble (3) : l’amplification du second tour

Troisième et dernier épisode de l’analyse de Simon Labouret, notre politologue de Sciences Po

En brisant la domination socialiste au premier tour, Éric Piolle a créé les conditions d’un raz de marée en sa faveur au second tour en quadrangulaire (40 % contre 27,5 % pour Jérôme Safar, 24 % pour l’UMP, et 8,5 % pour le FN).

Le pari de Jérôme Safar

Devancé de plus de 4 points par Éric Piolle, Jérôme Safar a refusé l’offre de fusion qui lui a été faite par son adversaire-concurrent. S’asseyant sur la garantie de faire élire une vingtaine de personnalités de sa liste et de disposer ainsi d’un poids incontournable dans la nouvelle majorité municipale, Jérôme Safar a invoqué des divergences de fond pour expliquer son maintien. Sans négliger l’importance des différences de vue entre la liste Piolle et la liste Safar sur un certain nombre de sujets, on peut raisonnablement douter que les questions de programme aient été décisives dans le refus de cette fusion. En comparaison avec 2008 où écologistes et socialistes s’opposaient sur des dossiers tels que la rocade nord ou les Jeux Olympiques (sans oublier la plaie encore béante du Stade des Alpes), les points de blocage étaient nettement moins forts en 2014. Le fait que le PS et EELV aient été capables de s’entendre à Nantes, malgré leurs différends sur le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, confirme que la principale pierre d’achoppement se situait ailleurs. Le refus de la fusion s’explique avant tout par l’espoir du pouvoir socialiste sortant de combler son retard au second tour, grâce au soutien d’une partie de l’électorat de centre droit et à la remobilisation d’abstentionnistes dans les quartiers populaires. Incapables de se désintoxiquer des sondages qui leur annonçaient une avance de près de 20 points par rapport à la liste Piolle en cas de triangulaire ou de quadrangulaire au second tour, les socialistes ne pouvaient se résoudre à céder leur leadership à des « écolo-gauchistes » qu’ils méprisaient. La remise en cause du système de pouvoir grenoblois basé sur l’alliance entre le Parti socialiste (dominant à Grenoble) et le Parti communiste (dominant dans les principales villes de banlieue) était trop brutale pour être acceptée, d’autant qu’une possibilité de renverser la situation semblait encore à portée de main. De ce point de vue, il faut souligner le caractère sans précédent de la situation grenobloise : jamais jusque-là, dans aucune ville, le PS n’avait eu à céder son leadership local sur la gauche à son concurrent écologiste. Ailleurs, comme à Nantes ou Lyon (où les divergences de fond ne manquaient pas non plus), l’alliance avec les écologistes a été d’autant mieux acceptée par les socialistes qu’elle ne remettait pas en cause leur domination sur la gauche et qu’elle leur profitait prioritairement pour conserver la ville. A Grenoble, l’alliance avec les écologistes n’avait été imaginée par les socialistes que dans un cas de figure bien précis : celui où l’UMP aurait été en mesure de l’emporter au second tour en triangulaire ; or avec le faible score de Matthieu Chamussy au premier tour (20,9 %) et la qualification du FN (12,6 %), le spectre d’un basculement à droite de la ville (et par la même occasion de la métropole) relevait du conte pour enfants auquel personne ne pouvait croire (y compris à droite). Sérieusement affaibli politiquement en cas de fusion, Jérôme Safar n’avait plus rien à perdre, si ce n’est parier sur une remontada héroïque. En politique, encore plus qu’en football, seule la victoire compte. Soutenu par Michel Destot (et d’autres poids lourds locaux y compris du monde économique), le candidat PS a pu imposer le maintien de sa liste à ceux qui, parmi ses colistiers, plaidaient pour une fusion, laquelle avait, à leurs yeux, au moins deux avantages : leur garantir un avenir à la mairie et rebattre les cartes en interne au PS grenoblois.

Le changement de statut de la candidature Piolle

En arrivant en tête du premier tour avec une avance significative, la candidature d’Éric Piolle a changé de statut. Avant le premier tour, Éric Piolle souffrait de deux handicaps majeurs : un manque de notoriété et un manque de légitimité pour incarner le leadership de la gauche.

Du point de vue de la notoriété, les résultats du premier tour ont apporté un éclairage médiatique inédit au leader écologiste. A la veille du second tour, Éric Piolle n’était plus un inconnu aux yeux des Grenoblois, qui ont pu découvrir grâce au bombardement médiatique (notamment des médias nationaux) les grands traits de sa personnalité, de son parcours professionnel ou de son engagement politique, autant d’éléments sur lesquels il était en mesure d’écraser la concurrence dans un contexte (pas nouveau) de défiance vis-à-vis des responsables politiques traditionnels.

Du point de vue de la légitimité, les résultats du premier tour ont fait voler en éclat l’idée que le vote Safar était l’option naturelle des électeurs de gauche pour s’opposer à un retour au pouvoir de la droite (et plus particulièrement de l’épouvantail Alain Carignon). Pour un électeur de gauche, peu politisé par les enjeux locaux entre socialistes et écologistes, et prioritairement désireux de faire barrage au FN et à l’UMP, le vote qui s’imposait au premier tour était celui pour la liste Safar, du fait de son investiture PS et de son soutien par le maire sortant. En découvrant les résultats du premier tour, beaucoup d’électeurs se sont aperçus que la liste Piolle constituait une option tout aussi valable (sinon plus) que la liste Safar pour empêcher le basculement à droite de la ville. En somme, il y avait désormais une alternative crédible aux socialistes à gauche. Perdant son caractère incontournable pour l’électeur de gauche lambda, la liste Safar a également eu à subir d’autres reculs de sa légitimité, qu’il s’agisse de la perte de l’investiture socialiste ou du soutien officiel de la ministre de la Justice Christiane Taubira à la liste Piolle. Enfin, alors qu’Éric Piolle s’est empressé d’afficher un visage de rassemblement dès le soir du premier tour (offre de fusion à la proportionnelle), Jérôme Safar a pu apparaitre comme un « mauvais perdant » et un « diviseur » « accroché au pouvoir ». En l’espace de quelques jours, Éric Piolle a pris un avantage considérable en termes d’image sur son adversaire socialiste, dans le cadre d’un combat qui s’est fortement polarisé et personnalisé.

Jérôme Safar abandonné par ses électeurs du premier tour

Cette transformation de l’image des deux listes de gauche a eu pour conséquence directe un transfert massif d’électeurs de la liste Safar vers la liste Piolle entre les deux tours, notamment parmi les électeurs qui étaient les moins satisfaits du gouvernement et qui avaient voté PS au premier tour sans autre véritable volonté que de garder la ville à gauche. Dans 22 bureaux, la plupart très favorables à la gauche, le candidat socialiste a reculé en pourcentage des suffrages exprimés entre le premier et le second tour. Dans six bureaux, le candidat socialiste a même reculé en nombre de voix. Ces reculs en valeurs absolues, alors que la mobilisation électorale s’est considérablement renforcée sur l’ensemble de la ville (59,1 % de participation au second tour contre 52,4 % au premier tour), constituent la pointe émergée de l’iceberg : dans les faits, on peut estimer (au doigt mouillé bien entendu) qu’au moins un quart de l’électorat du premier tour de la liste Safar l’a abandonné au second tour au profit de la liste Piolle. Ces transferts d’électeurs de gauche d’une liste à l’autre expliquent une bonne partie de l’amplification de l’avance d’Éric Piolle sur Jérôme Safar au second tour (+ 12,6 points contre seulement + 4,1 points au premier tour).

Il faut sauver le soldat Safar et faire barrage à l’« extrême gauche » : une mobilisation réelle mais limitée

Pour l’emporter au second tour, Jérôme Safar comptait à la fois sur une forte remobilisation dans les quartiers populaires d’ordinaires très fidèles au PS et sur le ralliement d’une part importante de l’électorat de centre droit hostile à la liste Piolle.

Très active à la Villeneuve, au Village Olympique, à Teisseire ou encore à Mistral pendant l’entre-deux tours, la liste Safar a été en mesure de remobiliser de nombreux abstentionnistes du premier tour. Cette opération reconquête en milieux populaires a toutefois été d’une ampleur limitée. Seuls trois bureaux de vote dans ces quartiers populaires ont vu Jérôme Safar progresser davantage qu’Éric Piolle en nombre de voix entre les deux tours : Anatole-France- 1 (ZUS Mistral), Arlequin-1 (ZUS Villeneuve) et Teisseire-1. Partout ailleurs, la remobilisation opérée par la liste Safar a été insuffisante pour contrecarrer la dynamique de la liste Piolle. En progressant d’à peine 13 voix dans un bureau comme Arlequin-2 (5ème bureau le plus favorable au PS au premier tour), Jérôme Safar n’avait aucune chance de faire dérailler la locomotive Piolle au second tour.

S’agissant des signaux envoyés à l’électorat du centre et de la droite pour faire barrage à « l’extrême gauche » (soutiens de Philippe de Longevialle et Denis Bonzy à la liste Safar, appels à voter PS de divers acteurs du patronat local), ils ont été assez bien reçus notamment dans les milieux les plus aisés, mais l’opération s’est révélée là encore bien insuffisante pour renverser le cours des choses. Parmi les bureaux de vote où la liste Safar a le plus progressé d’un tour à l’autre, on retrouve ainsi de nombreux bureaux qui figuraient parmi les plus favorables à la droite et au centre au premier tour. A Hoche-1, le bureau le plus favorable au total Longevialle-Bonzy-Chamussy au premier tour (49,9 %), le nombre de bulletins en faveur de la liste Safar a progressé de près de 60 % au second tour (6ème plus forte progression) ; dans le même temps, la liste Chamussy ne gagne que 7 voix et la liste FN en perd 10. Dans le bureau Jardin-de-Ville-3, la liste Safar, deuxième au premier tour derrière la liste Chamussy (138 voix contre 139), l’emporte au second tour (184 voix) devant la liste Chamussy (164) et la liste Piolle (154). Une partie de l’électorat du centre et de la droite modérée a bel et bien volé au secours du soldat Safar entre les deux tours face à la « menace » Piolle. Ces transferts ont compensé les pertes de Jérôme Safar vers Eric Piolle et expliquent le mauvais résultat de Mathieu Chamussy qui n’obtient que 24 % au second tour malgré l’effondrement du FN (seulement 8,5 %), dont les électeurs, se sont avant tout reportés vers sa liste (ces transferts sont assez net dans un bureau comme la Houille-Blanche-2 où Matthieu Chamussy a progressé de 7,3 points quand le FN a perdu dans le même temps 8,5 points). Sans ce soutien de l’électorat du centre et de la droite modérée (dont le total passe de 41,5 % au premier tour à 32,5 % au second tour), Jérôme Safar aurait sans doute fini en troisième position.

L’irrésistible dynamique de la liste Piolle : renverser la table sans casser les murs

La tectonique des transferts électoraux (pour simplifier et schématiser : du FN vers Chamussy, de Longevialle, Chamussy et Bonzy vers Safar, de Safar vers Piolle) a surtout profité à Éric Piolle au second tour, d’autant que ce dernier a pu compter sur le renfort massif d’abstentionnistes du premier tour, notamment dans des zones de force de la gauche. Ce dernier point constitue l’ultime clé pour comprendre la progression de la liste EELV-PG-citoyens au second tour. Dans sept des dix bureaux de vote où la participation a le plus augmenté entre les deux tours, Éric Piolle a connu une plus forte progression de son score que sur l’ensemble de la ville. Cumulée aux transferts d’électeurs Safar en sa faveur, cette mobilisation de nouveaux votants explique certains renversements de situation spectaculaires, tels que celui observé dans le deuxième bureau du Village Olympique, où la liste Piolle l’a emporté (158 voix contre 148 à la liste Safar) alors qu’elle était nettement distancée au premier tour (76 contre 100). Au final, là où la liste Piolle était devancée au premier tour par la liste Safar (notamment dans le sud), elle a réussi à réduire l’écart voire à renverser le rapport de force. Ailleurs (notamment dans le nord), elle a amplifié son avance. Très dominante dans le Nord-Ouest de la ville et dans les quartiers proches de l’Isère, la liste Piolle a aussi su conquérir une grande partie de l’électorat populaire du sud. Son meilleur résultat se situe d’ailleurs à la Villeneuve : 58,8 % à Baladins-2 (« fief » de Sadok Bouzaiene). La liste Piolle l’a emporté dans 72 bureaux sur 87, la liste Safar n’arrivant en tête que dans 10 bureaux, et la liste Chamussy dans seulement 5 bureaux.

Alors que beaucoup d’observateurs et de responsables politiques pensaient qu’une plus forte participation, notamment dans le sud de la ville, profiterait à la liste Safar, il n’en a rien été : ce qui faisait l’attrait du second tour pour une majeure partie des nouveaux votants, ce n’était pas de sauver le pouvoir socialiste mais bien davantage de participer à sa chute. Surfant sur sa nouvelle stature médiatique et sur sa légitimité accrue à incarner une alternative à gauche, Éric Piolle a bénéficié d’une dynamique irrésistible : la possibilité de renverser la table sans casser les murs – c’est-à-dire éjecter le PS sans faire basculer la ville à droite – était bien trop alléchante pour toute une partie des électeurs de gauche, notamment parmi ceux qui étaient les plus mécontents du gouvernement. De ce point de vue, la campagne de diabolisation de la liste Piolle menée par la droite et par les socialistes, a sans doute facilité le travail de mobilisation des abstentionnistes en faveur d’Éric Piolle, en donnant envie à beaucoup d’électeurs de gauche de se défouler contre le pouvoir socialiste local et national.

Simon Labouret

02 Avr

Comprendre la victoire d’Éric Piolle à Grenoble (2) : la bascule du premier tour

Deuxieme papier d’analyse du politologue consultant de France 3, Simon Labouret, chercheur à Sciences-Po Grenoble.

 

Tout ou presque s’est joué dès le premier tour. En devançant de plus de 4 points (29,4 % contre 25,3 %) la liste de la majorité sortante PS-PCF menée par Jérôme Safar, les écologistes et leurs alliés du PG et du réseau citoyen ont pris un avantage décisif dès le 23 mars.

Imprévu par les sondages, cette bascule à gauche en faveur d’Éric Piolle trouve sa source dans une quadruple dynamique.

 

Une dynamique nationale de vote sanction

L’impopularité du gouvernement et du président de la République a constitué un boulet pour toutes les majorités municipales socialistes sortantes partout en France. A Grenoble, le contexte national s’est traduit par un très fort recul du total gauche de 72 % en 2008 à 56,7 % en 2014 (-15,3 points). Même en comptant à gauche la liste centriste de l’adjoint à l’urbanisme Philipe de Longevialle (4,5 %), le recul est supérieur à 10 points. Ces pertes ont affaibli en premier lieu la liste PS-PCF qui avait été le principal réceptacle du vote sanction antisarkozyste en 2008. Favorisé par un violent mouvement de balancier de la droite vers la gauche en 2008, la liste PS-PCF a été ravagée en 2014 par sa réplique inversée. Lâchée par les électeurs de centre droit qui avaient voté pour la liste Destot en 2008 par rejet de Nicolas Sarkozy, la liste Safar a eu également à subir la perte d’électeurs de centre gauche mécontents de la politique de François Hollande. A ces transferts directs d’électeurs vers les listes de droite (37 % pour les listes UMP, DVD et FN en 2014 contre 28 % seulement pour la liste UMP en 2008), se sont ajoutés les effets d’une forte abstention différentielle : en hausse dans les bureaux de vote les plus à droite, la participation électorale a subi un important plongeon dans les bureaux de vote les plus à gauche, notamment dans les quartiers sud, très populaires, de la Villeneuve, du Village Olympique ou de Teisseire. Symptomatique de cette évanescence de l’électorat de gauche populaire, le canton 6, d’ordinaire le plus à gauche de la ville (68,2 % pour Hollande à la présidentielle), a vu son soutien aux listes de gauche descendre à 53,3 % au premier tour, soit un niveau inférieur à celui observé dans le canton 2 (53,8 %), d’ordinaire le moins à gauche de la ville (58,2 % pour Hollande à la présidentielle).

 

Une dynamique locale d’usure du pouvoir

Très affaiblie par des pertes d’électeurs vers la droite ou vers l’abstention, la liste Safar a également été victime de la concurrence de la liste Piolle dans l’électorat de gauche, qui est demeuré, malgré la vague bleue, nettement majoritaire à Grenoble. Cette concurrence à gauche ne relève pas prioritairement d’un vote sanction national qui se serait porté sur une alternative de gauche aux socialistes. Il s’inscrit bien davantage dans une histoire concurrentielle déjà ancienne entre la gauche socialiste et communiste d’un côté et la gauche écologiste et alternative de l’autre. Depuis 1995, la gauche à Grenoble se compose de deux blocs : un bloc qui soutient le leadership de Michel Destot et un bloc qui conteste ce leadership. Ce second bloc, particulièrement hétérogène, composé de tendances s’opposant modérément (Go Citoyenneté, Ades) ou très fortement (extrême gauche trotskyste) aux socialistes et aux communistes, n’a cessé de prendre du poids depuis 20 ans. En 1995, l’ensemble des listes de gauche non-socialistes ou communistes pesait déjà 22,9 % (contre 29,2 % pour la liste Destot). En 2001, cette autre gauche, toujours divisée sur plusieurs listes, faisait presque jeu égal avec la liste Destot (28,2 % contre 29,9 %). En 2008, à la faveur du vote sanction antisarkozyste, la liste Destot avait creusé son avance (42,7 %), mais cette poussée cachait mal la force toujours plus importante des autres listes de gauche (29,3 %). En 2011, lors des élections cantonales, EELV avait conservé le canton 1 de la ville (acquis par « accident » en 2004 à la faveur de l’élimination de la droite et de la polémique sur le Stade des Alpes) en devançant le PS au premier tour (29,7 % contre 27,3 %) puis au second (54,3 % contre 45,7 %). Dans les deux autres cantons de la ville qui étaient en jeu (cantons 3 et 6), les candidats EELV obtenaient des résultats frôlant la barre des 20 %, malgré la concurrence de candidats PG (12 % à Grenoble 3 pour Sadok Bouzaiene, futur numéro 7 sur la liste Piolle) ou DVG (8,7 % à Grenoble 6 pour Paul Bron et Jamal Zaimia de Go Citoyenneté et du MRC). Dans le même temps, le PS ne parvenait pas (ou à peine) à franchir la barre des 30 %. La similitude des rapports de force entre le PS et la gauche EELV/DVG dans ces trois cantons entre 2011 et 2014 est le signe que la bascule de 2014 ne s’explique pas principalement par le contexte national défavorable aux socialistes : en 2011 déjà, le pouvoir socialiste grenoblois était en grande difficulté. L’usure des socialistes au pouvoir dans la ville depuis 1995 (gestion technocratique, incapacité à faire une vraie place aux écologistes, absence de renouvellement des équipes) et l’accumulation des mécontentements locaux (urbanisme, écoles, déplacements, pollution) expliquent que la liste Piolle ait été capable de faire bien mieux que le total Mélenchon-Joly de la présidentielle (20,4 %), alors que ce total a constitué un plafond insurmontable pour les listes EELV-PG à Rennes (15,1 % pour Matthieu Theurier contre 18,5 % pour le total Mélenchon-Joly) ou Villeurbanne (15,8 % pour Béatrice Vésiller contre 16,3 % pour le total Mélenchon-Joly). On note enfin que le couple Destot-Safar n’a pas été le seul à subir cette usure : à Eybens, Marc Baietto a lui aussi été balayé par une liste DVG.

 

Une dynamique de rassemblement et de mobilisation

Si la gauche non socialiste pèse lourd depuis des années, encore fallait-il qu’elle se présente sur une seule liste devant les électeurs pour avoir une chance de dépasser la liste de la majorité sortante. Une précédente tentative d’union avait eu lieu en 2001 avec l’alliance Go-Ades. Concurrencée par une offre d’extrême gauche ayant à l’époque le vent en poupe (8,5 %, un an avant le 21 avril 2002), la liste Go-Ades avait recueilli 19,8 % : un beau score, mais insuffisant pour faire vaciller Michel Destot (29,9 %). En 2014, l’union de la gauche non socialiste était la condition sine qua non d’une bascule au premier tour. C’est sur cette base que s’est constituée l’alliance EELV-PG : occuper l’intégralité de l’espace de la gauche contestataire pour passer devant le PS. La présence in fine de deux listes d’extrême gauche n’a pas été de nature à mettre en péril cette stratégie : le POI est un parti groupusculaire et Lutte ouvrière ne pèse plus grand-chose depuis la retraite d’Arlette Laguiller. Une liste NPA aurait constitué une menace plus importante, mais le parti d’Olivier Besancenot n’a pas été en mesure de partir au combat. Au final, l’union a permis aux écologistes et à leurs alliés de mettre en place dès l’année 2013 une machinerie marketing et de terrain efficace, notamment dans les quartiers populaires, avec des personnalités bien implantées. Dans les résultats du premier tour, la liste Piolle ne s’est pas contentée pas de dominer nettement la liste Safar dans le nord de la ville (de Berriat à l’Ile Verte), à la sociologie très urbaine, plutôt diplômée avec un grand spectre de classes moyennes ; elle est parvenue aussi à concurrencer fortement la liste PS-PCF dans le sud, beaucoup plus populaire, avec une forte proportion de Français issus de l’immigration extra-européenne, où le PS régnait jusque-là en maitre absolu. Dans certains bureaux de la Villeneuve, de l’Abbaye ou de Malherbe, la liste Piolle a même viré en tête.

 

Une dynamique de crédibilité autour d’Éric Piolle

Forte de cette dynamique de rassemblement, il restait encore à la liste écologistes-citoyens-PG un élément décisif pour pouvoir remporter son pari : trouver une tête de liste ayant la carrure d’un maire. Si les électeurs votent formellement pour des listes, ils élisent avant tout un maire. Pour dire les choses brutalement, le conseil municipal n’existe pas aux yeux des électeurs. Avec l’élection présidentielle, les élections municipales sont les élections les plus personnalisées. Pour l’emporter, une liste doit avant tout disposer d’une tête de liste capable d’être le référent politique de tous les habitants pendant six ans. De ce point de vue, la personnalité d’Eric Piolle a constitué le dernier élément décisif pour comprendre les résultats du premier tour. Ancien cadre d’une grande entreprise high-tech, limogé pour s’être opposé à un plan social, son CV parlait à toutes les composantes de l’électorat de gauche et même au-delà. Son expérience dans le privé était un gage de crédibilité gestionnaire pour beaucoup d’électeurs qui auraient pu rechigner à faire confiance à un écolo plus « traditionnel » (du type tofu-sandales pour rester dans certaines caricatures). Face à Jérôme Safar qui incarnait l’archétype du politicien de carrière, son profil de relatif néophyte de la politique détonnait et renforçait le message de sa liste qui se voulait porteuse d’une alternative « antisystème » aux grandes machines politiques habituelles : PS et UMP. De ce point de vue, la candidature Piolle n’a pas été sans faire écho à celle de François Bayrou à la présidentielle de 2007 (19,7 %) qui avait séduit de nombreux électeurs écologistes et de centre gauche à la fois « contestataires et intégrés ». Enfin, si la faible notoriété d’Éric Piolle constituait un handicap, la non-candidature de Michel Destot limitait l’avantage de la liste socialiste dans ce domaine en créant un vide. Bien qu’il ait été le maire « bis » de la ville depuis 2008, Jérôme Safar n’écrasait pas son concurrent écologiste en termes de notoriété, contrairement au maire sortant.

 

Simon Labouret

 

01 Avr

Comprendre la victoire d’Eric Piolle à Grenoble (1) : Le plantage des sondages

Après l’écrasante victoire d’Eric Piolle aux municipales à Grenoble, le politologue de Sciences-Pô qui a accompagné France 3 Alpes tout au long de la couverture des élections livre son analyse en trois étapes. Recul et analyse sur le blog politique de France 3 Alpes…

Les sondages sont une drogue dure pour les responsables politiques comme pour les observateurs qu’ils soient journalistes ou politologues. A Grenoble, il y a eu un avant et un après sondages chez la plupart des individus appartenant à ces deux catégories de toxicomanes. Notamment dans les rangs socialistes. Si les responsables politiques sont conditionnés pour résister aux mauvais sondages, il leur est plus difficile de résister aux bons sondages… Annonçant une victoire assez facile de Jérôme Safar, avec une large avance au premier tour sur Eric Piolle (8 points pour Ipsos-Steria*, 10 points pour BVA), les sondages préélectoraux à Grenoble se sont magistralement trompés. Nulle spécificité grenobloise à cela pourtant lorsque l’on se penche sur la plupart des autres villes qui ont fait l’objet d’enquêtes : à chaque fois ou presque, le PS a été fortement surestimé (Marseille, Nancy, Chambéry, Angers, Valence, Toulouse, Reims, Lille…).

Trois facteurs principaux expliquent ces ratés :

(1) La faiblesse des échantillons : contrairement aux sondages commerciaux nationaux (1000 personnes) et surtout aux sondages universitaires nationaux (4000 personnes), les sondages commerciaux locaux se basent sur des échantillons de taille limitée (600 personnes). Cette faiblesse du nombre de personnes interrogées implique des marges d’incertitude particulièrement importantes (et théoriquement incalculables puisque que les échantillonnages utilisent des quotas qui ne reposent pas sur les lois de la statistique aléatoire). De plus il faut bien prendre en compte que sur 600 sondés, pas plus de 400 expriment une intention de vote : l’échantillon sur lequel se basent les scores annoncés des candidats est encore plus réduit. Au final, si un sondage affiche un score de 25 % en faveur d’un candidat, il faut au minimum interpréter cette intention de vote comme une variation dans un intervalle compris grosso modo entre 20 % et 30 % (avec simplement une plus forte probabilité que l’intention de vote se situe au milieu de l’intervalle plutôt qu’aux extrémités). Difficile dans ces conditions de tirer des conclusions définitives… De telles marges d’incertitude interdisent de fait tout commentaire en termes de course de chevaux du type « Safar creuse l’écart » ou « le FN progresse » : une évolution de quelques points entre deux sondages avec de telles marges d’incertitude n’a aucune signification.

(2) La mauvaise qualité des échantillons : Ce qui compte pour un sondage c’est moins le nombre de sondés que leur représentativité. Or pour une ville de moins de 100 000 inscrits, trouver 600 personnes qui rentrent dans les quotas exigés (âge, profession, sexe, quartier…) se révèle être un exercice très périlleux (surtout quand six hypothèses de second tour sont testées, ce qui est de nature à démotiver plus d’un sondé, y compris les plus coopératifs…). Dans les faits, les quotas de sondage locaux sont remplis par les enquêteurs de façon beaucoup moins rigoureuse que pour un sondage national pour lequel le vivier de personnes « sondables » est 400 fois plus large. Il en découle une photo potentiellement très déformée des rapports de forces préélectoraux…

(3) Le redressement des données brutes à partir d’élections très favorables au PS. Tous les sondages d’intentions de vote, quels qu’ils soient, font l’objet de « redressements » qui visent à corriger deux biais récurrents : la sur-déclaration du vote de gauche, la sous-déclaration du vote FN. Cette opération est essentielle. Sans elle, un sondage n’a aucune valeur prédictive. Or c’est pour cela que les commanditaires payent. L’essentiel des erreurs de prédiction des sondages se produit lors de cette étape, où le doigt mouillé fait généralement office de guide en dernier ressort. Dans le cas du vote de 2014, les sondeurs ont redressé leurs données brutes à partir de rappels de votes sur des scrutins antérieurs très favorables aux socialistes : les précédentes élections municipales de 2008 (large victoire de Michel Destot) et l’élection présidentielle de 2012. Ce faisant, les sondeurs ont grandement mésestimé l’ampleur du vote sanction antisocialiste national et local. Il s’agit là d’un classique des sondages préélectoraux : leur incapacité à saisir les grands retournements électoraux.

Depuis toujours, les sondages ont connu des échecs pour prévoir les résultats électoraux. Ils n’en resteront pas moins incontournables lors des prochains scrutins : leur fonction d’oracle est indispensable aux responsables politiques et aux observateurs. L’angoisse face à ce que réserve l’avenir est un élément incontournable du comportement humain. Le besoin de « savoir » doit donc être satisfait pour tous et en tout temps. L’addiction aux sondages est incurable, à moins de recourir à des méthodes plus « traditionnelles » : observations du vol des oiseaux, viscères d’animaux sacrifiés, position des astres… Par ailleurs, on trouve toujours moyen de sauver les sondages car ils se trompent rarement sur toute la ligne. A Grenoble, la mesure des intentions de vote pour les autres candidats qu’Eric Piolle et Jérôme Safar n’a pas été particulièrement mauvaise, même s’il s’agit là d’un maigre bilan. L’imprécision des sondages, surtout pour des élections municipales, est une donnée de base, qu’il est indispensable de prendre en compte. Quand on est accro à un produit, il est encore plus important de savoir distinguer le bon grain de l’ivraie…

Simon Labouret

Prochain article : demain 14h30

*Le sondage Ipsos-Steria a été commandé et publié par France 3 Alpes

28 Mar

Municipales. Revoir le débat sur Grenoble

Les quatre derniers candidats ont été réunis une dernière fois sur le plateau de France 3 Alpes, ce jeudi 27 mars. Une émission enregistrée dans l’après-midi, alors que l’on annonçait encore la venue de Christiane Taubira à Grenoble pour soutenir Eric Piolle. Depuis, elle a raté son train! Qu’importe, lors de la diffusion en deuxième partie de soirée, nous avons souhaité laissé ce morceau sur les soutiens, assez riche d’enseignements en cette période où la gauche se divise dans cette bataille de Grenoble.

Le débat n’a pas tourné qu’autour de çà, on a aussi parlé des transports, de la sécurité… Un bon moyen de se faire une idée sur les forces en présence avant le 2d tour.

 

26 Mar

Grenoble : Chamussy et Longevialle feront cet après-midi des « déclarations importantes »

Les « petits » candidats ont aussi envie de faire partie des grandes manoeuvres.

Depuis hier Denis Bonzy sonde les milieux économiques grenoblois pour savoir s’il doit appeler plus clairement qu’aujourd’hui à faire barrage à l’attelage Verts-Parti de Gauche d’Eric Piolle.

Philippe de Longevialle, fort de ses 4.5 % et de ses 1956 voix, tiendra une conférence de presse cet après-midi. Hier il ne voulait pas appeler à voter clairement Safar mais seulement demander à ses électeurs de ne pas voter, ni pour l’extrème-gauche (comprenez Piolle) ni pour Carignon (comprenez la liste Chamussy). Jérôme Safar dans les locaux de France 3 hier soir ne désespérait pas d’obtenir de Longevialle un message plus net.

Quant à Matthieu Chamussy, pas exactement un « petit » candidat, il tiendra lui aussi une conférence de presse cet après-midi, pour faire « des déclarations importantes ». Comme on ne l’imagine pas se retirer et comme il ne peut plus modifier la composition de sa liste, on se demande quelle sera cette déclaration « d’importance »…

Le feuilleton continue…

Yaka Faucon

A Grenoble, le positionnement tortueux de Denis Bonzy

Sur son blog, Denis Bonzy, qui n’a décroché que 3,53% des voix au premier tour joue aux « éliminations » pour diriger ses électeurs. Il faut lire entre les lignes pour comprendre le positionnement de celui qui s’était fait candidat de la société civile.

-Pour lui, l’enjeu est pourtant simple: qui peut être le rempart pour éviter que le 7 avril Jean Luc Mélenchon soit le 1er invité d’honneur d’une nouvelle municipalité installée le 4 avril au soir?
– On comprend qu’il n’appelle pas à voter pour la liste d’Eric Piolle 

-A mes yeux, la liste Croire en Grenoble a déjà pris une responsabilité importante en ne prenant pas dès lundi 24 mars au matin les initiatives d’un large rassemblement républicain pour éviter la perspective ci-dessus énoncée.
– On comprend qu’il n’appelle pas à voter Matthieu Chamussy

-Dans la tradition républicaine comme dans la réalité habituelle des chiffres, ce rassemblement est d’ordinaire conduit autour de celui ou de celle qui occupe la seconde place du 1er tour face aux menaces présentées par celui ou par celle en première position.
– C’est flou mais le deuxième au soir du premier tour c’était bien le socialiste Jérôme Safar donc on imagine que Bonzy votera Safar

25 Mar

Safar sur France 3 : « J’ai pris une décision d’homme libre »

Jérôme Safar le candidat ex-PS aux municipales à Grenoble était l’invité du 19/20 Alpes ce mardi 25 mars. Il a justifié les raisons de son choix de se maintenir au second tour face à EELV.

Moi contre le système: c’est ainsi que Jérôme Safar s’est présenté ce soir. « Ce sont les états-majors qui se sont mis à intervenir dans les discussions entre Eric Piolle et moi. J’ai décidé de maintenir ma candidature alors qu’on ne parlait que de places à distribuer du côté des écologistes, la politique à la papa c’est terminé! »

« Dans un pays où il y a 40% d’abstention il faut changer de manière de faire de la politique » a expliqué Jérôme Safar qui n’a voulu expliquer sa décision que par des préoccupations de fond : « les desaccord persistent sur tous les dossiers : l’économie, la nécessité de construire des logements, le stade, les nanotechnologies, tout ce qui a divisé étaient encore des éléments de division », a détaillé Jérôme Safar.

« Oui, les discussions ont été correctes mais elles ont porté sur les places éligibles, sur leur soutien pour la présidence de la Métro mais il n’y a pas eu d’avancée sur le fond, sur les dossiers qui nous séparent »

« Les grenoblois n’auraient pas jugé crédible que seules les annonces de distribution de places soient évoquées »

« Par ma décision, j’ai fait en sorte qu’il y ait un vrai choix politique offert aux grenoblois »

A t-il subi des pressions nationales?

« Oui j’ai eu le Premier Ministre au téléphone, la discusioon a été tres courtoise, mais c’est moi qui prends la décision. J’aime cette ville, j’avais le devoir de ne pas lâcher » explique l’ancien premier adjoint de Michel Destot.

Et la perspective du second tour? « Très clairement des voix ont manqué au premier tour, il y a des réserves de voix et il faut mobiliser pour dimanche prochain sur mon projet »

Jérôme Safar dit aussi avoir fait ce choix en pensant à Alain Carignon : « si on avait fusionné avec la liste écologiste, c’était la garantie de voir Alain Carignon revenir au conseil municipal eh bien demain il ne sera pas présent! »

En fait la liste de Matthieu Chamussy n’aura mathématiquement que 6 élus si elle arrive 3eme, pas suffisemment pour qu’Alain Carignon soit élu, puisqu’il siège en 9ème position sur la liste UMP-UDI.

Jérôme Safar a terminé, la voix troublée par la fatigue, et peut-être par un peu d’émotion : « J’ai pris une décision d’homme libre et ma décision me libère.

Les grenoblois savent maintenant que même les décisions difficiles je sais les prendre »

AF

Jérôme Safar, Eric Piolle, Matthieu Chamussy et Mireille d’Ornano se retrouveront jeudi soir à 23h00 sur France 3 Alpes pour un dernier débat avant le second tour

Ce que Safar n’aime pas chez Piolle

Jérôme Safar la tête de liste PS-PC aux municipales de Grenoble vient de détailler dans un communiqué les points programmatiques qui pour lui ne sont pas négociables et qui expliquent pourquoi il a refusé la fusion avec la liste de l’écologiste Eric Piolle.
A savoir :
– Le développement économique et le soutien à l’écosystème grenoblois.
– La politique d’urbanisme et la nécessité de construire du logement et en partie du
logement social pour atteindre 25% de logements sociaux.
– La politique de renouvellement urbain.
– La politique de sécurité, la mise en place de la vidéosurveillance, l’organisation de la Police
municipale.
– La politique de déplacements avec la tarification.
– Le regard permanent que nous devons avoir sur l’ensemble du secteur sportif et culturel
qui sait trouver l’équilibre entre grands équipements et associations.
– La politique éducative avec la mise en oeuvre et l’évolution des rythmes scolaires, l’entrée
du numérique à l’école.
– La politique d’innovation, fer de lance du développement économique et social de notre
ville. Il s’agit du « coeur de chauffe » de l’écosystème grenoblois. Les représentants de la
liste EELV-PG ont voté contre les crédits de Nano 2017 (6 000 emplois concernés), les pôles
de compétitivité, etc.
– La mise en place de la métropole, chance historique pour notre ville, enjeu majeur pour
Grenoble en matière de transports, d’urbanisme et de logement

AF

Safar-Piolle : la guerre est déclarée

La réponse a été confirmée sur Twitter peu avant 15h. Après une dernière réunion entre militants et colistiers de Jérôme Safar. Non, il n’y aura pas de fusion entre la liste socialiste et la liste Ecologistes-Parti de Gauche arrivée en tête à Grenoble dimanche dernier.

Les 2

« Les colistiers flippent », écrivait Jérôme Safar ce matin dans un SMS envoyé à un de ses amis. Il a « tenu bon » confirment ses proches.
Eric Piolle n’a plus qu’à bien se tenir.
Celui qui arrivera en tête dimanche soir sera donc maire de Grenoble, l’autre pourra mettre sa carrière politique en sommeil.
Ce mardi 25 mars dans le 19/20 de Feance 3 Alpes à 19h00, Jérôme Safar s’expliquera sur les raisons de ce choix.
Les derniers jours de campagne seront non seulement un combat de personnalités, mais aussi un choix de projets comme rarement les électeurs grenoblois en auront eu.
Une page d’histoire se joue sous nos yeux.

Yaka Faucon

24 Mar

Municipales à Grenoble: interview d’Eric Piolle sur France 3 Alpes

Le candidat EELV-Parti de Gauche arrivé en tête au 1er tour des Municipales à Grenoble était l’invité exclusif du JT de France 3 Alpes, ce lundi 24 mars, 24h après des résultats qui ont en ont surpris plus d’un. Sa très courte nuit (deux heures de sommeil) ne l’a pas empêché d’arriver à vélo dans les locaux de France 3

Mais ce sont bien des sujets politiques qui font avancer le possible futur maire de Grenoble.

La question du jour: Jérôme Safar candidat socialiste battu va-t-il accepter la main tendue des écologistes? Une réunion la nuit dernière, une autre ce lundi à la mi-journée. Et ce soir, toujours pas de réponse.

Dans le 19/20 Alpes, Eric Piolle a rappelé qu’il serait tête de liste d’un éventuel rassemblement, même s’il faut être modeste, précise-t-il, car un électeur sur deux n’a pas souhaité voter.

Eric Piolle redoute-t-il les pressions du PS? « Je ne crains rien », dit le candidat-cycliste. Pour lui, « seul l’intérêt général compte et pas les petits arrangements entre amis ».

« Les discussions avancent, il faut un temps de digestion pour le choc de l’équipe qui a conduit la ville pendant 17 ans » excuse presque Eric Piolle, cherchant à ne pas brisquer son futur éventuel partenaire d’exécutif.

« Quelle serait la première mesure d’un maire écologiste ? » lui demande la journaliste de France 3 Alpes. « La diminution des indemnités des élus qui avaient été augmentées de 25% en 2008 » répond sans hésiter Eric Piolle. Une manière de prévenir les socialistes : les temps vont changer.

AF