09 Juil

« Les Alpes » menacées de disparition (verbale?) !

Stupéfaction ce matin en écoutant RTL, la première radio de France. Dans sa chronique politique, Alba Ventura à 7h40, revient sur les débats autout du millefeuille administratif. En écoutant ses propos, la digestion (du millefeuille) devient difficile, et je manque de m’étouffer. la voici qui parle de la nouvelle région « RHONE-AUVERGNE » issue de la fussion entre les deux actuelles régions Rhône-Alpes et Auvergne.

Heu, il n’en manque pas un bout de mon millefeuille??

Alba je t’en prie, ne prend pas de mauvaises habitudes (parisiennes), « Rhône-Alpes-Auvergne » ce n’est pas trop difficile à lire, dire, écrire, et surtout cela présente l’avantage de ne pas rayer d’un trait (de plume) les trois départements qui constituent les Alpes.

Alba, fais comme à France 3 : cela fait des années que l’on parle de l’entité « Rhône-Alpes-Auvergne » pour les programmes du week-end. Et la prochaine fois que tu viens skier dans la région « Rhône-Alpes-Auvergne », n’oublie pas de prendre une carte des Alpes.

AF

26 Mai

Elections européennes dans les Alpes du Nord : l’analyse du politologue Simon Labouret

Au lendemain du scrutin européen, France 3 Alpes a demandé au politologue de Grenoble, Simon Labouret de se pencher sur la parole des urnes. Dans les Alpes du Nord, à quelque chose près, les électeurs ont voté comme dans le reste de la France, mettant le FN en tête. Le « coup de tonnerre » annoncé depuis de nombreuses années est arrivé, note le spécialiste. D’après lui, le FN a pu compter sur son électorat habituel, sur les souverainistes et a grignoté, une fois encore, l’électorat de l’UMP « et même au-delà ».

Simon Labouret commente également la claque des partis traditionnels, PS et UMP qui se lit aussi dans les résultats alpins.

Il faut une exception pour confirmer la règle. Grenoble a voté massivement pour EELV, plaçant le parti écologiste en tête, comme pour les Municipales.

   >>> Les articles de France 3 Alpes sur les élections européennes

20 Mai

La transition « urinistique » passe par les urinoirs d’Europe-Ecologie!

Il y avait 700 personnes environ pour le meeting d’Europe-Ecologie, lundi 19 mai, à Grenoble. 700 personnes sous un chapiteau pour soutenir Michèle Rivasi, tête de liste EELV pour le Sud Est. 700 personnes et autant de petits besoins à satisfaire. Alors, dans une ville désormais écolo, il était de bon ton de marquer le coup. Les toilettes étaient aux couleurs de l’écologie du temps jadis. Toilettes sèches pour les dames et urinoirs de fortune pour les hommes. Quel chantier!

EELV

Et si Michel Barnier s’engageait pour les élections régionales?

Le commissaire européen savoyard, Michel Barnier, était l’invité de France 3 Alpes, lundi 19 mai. Il a parlé de l’Europe, bien sûr, mais répondant à une question de Bernard Portugal sur son avenir en politique, il a aussi parlé de Rhône-Alpes. Sur l’air du « pourquoi pas », Michel Barnier a expliqué qu’il était prêt à s’engager mais qu’il devait encore « rencontrer des gens ».

Le Tweet de Tardy qui condamne Copé

Le député UMP d’Annecy Lionel Tardy est un habitué de Twitter où il parle régulièrement de foot… et de politique. Si en foot il compte les points de son équipe, Evian-Thonon-Gaillard, en politique il lance des piques qui ne passent pas inaperçues. En février, alors que l’évocation de surfacturations dans la campagne présidentielle faisait tanguer Jean-François Copé, Lionel Tardy « l’enfonçait » en commentant simplement sur Twitter : « Tout le monde le savait ».

Aujourd’hui, c’est en s’adressant à Geoffroy Didier, secrétaire général adjoint de l’UMP, qu’il pointe un nouveau clou sur la croix du patron.

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« Je te rassure les électeurs et les militants sont intelligents, ils savent faire la différence entre Copé et l’UMP ». Ambiance. Une réaction épidermique alors que Copé semble vouloir faire porter le chapeau des fameuses factures à Sarkozy.

Faisant mine de ne pas comprendre, ou au contraire de trop bien comprendre, Geoffroy Didier a répondu: « Je te rejoins: les militants sont la force de l’UMP! Et je sais que nous avons en commun cette passion militante #union »

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En réponse, sur Twitter, des militants ont regretté que ces aigreurs réapparaissent à la veille des Européennes, à l’heure où l’UMP aurait besoin d’une certaine #union.

19 Mai

Quand Thierry Repentin juge Hollande

« Hollande jugé par ses ex » : c’est sous ce titre malicieux que le Nouvel Observateur publie un dossier qui permet de mieux connaître, si c’est possible, les vrais ressorts de la personnalité du Président.

Les « ex » qui témoignent, ce sont les anciens ministres, ceux qui ont été limogés, avec plus ou moins de délicatesse, lors du remaniement post-débâcle municipales.

« Cinglant, cassant, tacticien, perso », reviennent dans la bouche des « ex », dont le plus bavard est l’ancien ministre de l’écologie Philippe Martin, il se dit même « blessé » par l’attitude du président.

Peu bavard depuis sa sortie du gouvernement, le Savoyard Thierry Repentin, promu ministre des affaires européennes après avoir fait ses classes dans un ministère plus technique, et viré sans ménagement pour laisser sa place au recalé du PS, Harlem Désir.

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« Hollande est tellement protégé qu’il y a une forme de coupure » regrette Repentin dans le Nouvel Obs, « cela devient plus difficile pour les ministres de faire bouger les lignes que pour les conseillers qui vivent avec lui au quotidien ». Traduction : Hollande a négligé son ministre, pourtant chargé d’un portefeuille capital pour la diplomatie française.

A lire les autres témoignages, le Chef de l’Etat n’est pas très doué pour la « calinothérapie ». Thierry Repentin raconte cette anecdote : « Avant un conseil européen, Hollande se tourne vers ses ministres et ses conseillers et s’écrie en agitant une note que tous avait visée : « Qu’est-ce que c’est que cette bouillie? Moi, je n’y comprends rien, alors comment voulez-vous que nos partenaires y comprennent quelque chose?? »

Aujourd’hui Thierry Repentin semble avoir tout perdu, laisse entendre « Le Nouvel Observateur » : il est à peu près certain de ne pas être ré-élu sénateur aux prochaines élections, il n’a pas été recasé dans l’appareil d’Etat.

Il lui reste à revenir à 100% sur le terrain savoyard…

AF

09 Mai

Intercommunalité à Grenoble, Annecy, Chambéry: le grand chambardement, c’est maintenant!

« La Voix est Libre » de ce samedi 10 mai reçoit les trois présidents des grandes communautés d’agglomération, Grenoble, Annecy et Chambéry

Jean-Luc Rigault, à Annecy connaissait déja Xavier Dullin le président de la communauté d’agglomération de Chambéry. Mais ils ont fait connaissance avec celui qui a été propulsé à la tête de la métropole grenobloise, Christophe Ferrari, le seul élu de gauche sur le plateau. Pour autant les trois « grands élus » n’ont pas de visions très différentes de ce que doit être une grande agglomération. Les compétences de proximité directe sont celles qui font la force de ces agglos, explique le maire d’Annecy, seul maire de la ville-centre à présider également l’agglo. Mais l’aspect majeur, c’est l’attractivité économique ont expliqué les trois élus. Le tourisme d’affaires, axé sur la qualité de l’environnement est une priorité pour les deux élus savoyards. Le centre des congrès qui doit s’étendre à Annecy en est l’illustration détaille Jean-Luc Rigault.

Et les citoyens dans tout ça?

Au cours de l’émission, Pauline Alleau a mis sur la table la question que les citoyens se posent : « et nous dans tout ça? ». Certes, les électeurs ont élu leurs conseillers communautaires, mais pas le président de l’agglomération, en mode direct. Une fois l’élection passée, comment se faire entendre? Les différents projets portés par les agglomérations se feront en concertation avec les populations, assurent les élus, sans réellement préciser comment.

« Polycentrique« 

Dans la deuxième partie de l’émission, Pauline Alleau s’est interrogée sur les projets que les « petites » communes autour des grandes villes peuvent encore espérer porter. Le territoire rural ça n’existe plus vraiment, pour Jean-Luc Rigault, « les citoyens ont des besoins urbains ». Pas d’accord, Christophe Ferrari, pour lui l’agglomération grenobloise doit tenir compte des territoires ruraux, une approche « polycentrique » du développement n’est pas souhaitable.

Les Savoie « contre » Grenoble?

Une métropole Annecy-Chambéry, cohabitant avec une métropole Grenoble-Voiron, et une région articulée autour de Lyon : voila comment Jean-Luc Rigault voit l’organisation territoire. « Sans oublier les suisses et les italiens » ajoute Christophe Ferrari. Et alors que s’ouvre le grand chambardement du millefeuille administratif, deux phrases à noter : « Nous avons moins les moyens de tenir des discours d’enfants gatés » a dit Xavier Dullin, « et donc c’est l’efficacité qui va primer ». « Les communes doivent accepter de fusionner » a poursuivi Jean-Luc Rigault.

Revoir « La Voix est libre »

 

07 Mai

L’équipe de France 3 Alpes empêchée de « couvrir » le meeting de Jean-Marie Le Pen à Grenoble

La venue de Jean-Marie Le Pen à Grenoble ce mercredi 7 mai au soir ne devait pas passer inaperçue, c’était écrit.

Qu’on le regrette ou non, qu’on partage leurs opinions ou pas, les « anti » Le Pen avaient prévu de manifester leur opposition au parti d’extrême-droite, ils en avaient le droit, même le maire de Grenoble avait publiquement affiché son hostilité à la tenue de cette réunion publique.

Qu’on le regrette ou non, qu’on partage leurs opinions ou pas, les « pro » Le Pen ont le droit de tenir meeting. Leur parti est autorisé, la campagne des européennes lancée, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel garantit un temps de parole en adéquation avec le « poids » politique.

France 3 Alpes avait prévu de couvrir les deux aspects de cette actualité :

1/ la manif des « anti meeting », en expliquant lors d’un direct dans le 19/20 la situation factuelle.

2/ la campagne politique du candidat Le Pen en faisant le choix de « couvrir » le meeting et de diffuser le reportage dans les JT du lendemain.

Mais le Front National en a décidé autrement. Le responsable communication de Jean-Marie Le Pen a interpellé l’équipe de France 3 Alpes qui préparait son direct dans le véhicule de transmission, pour lui demander si France 3 allait couvrir la conférence de presse prévue à 18h30. L’équipe a répondu par la négative, indiquant qu’elle devait se préparer pour le direct de 19 heures, mais qu’elle couvrirait le meeting après le direct, le meeting étant plus « télévisuel » que la conférence de presse.

Le « responsable de la communication » de Jean-Marie Le Pen n’a pas apprécié : « C’est toujours comme ça avec France 3, vous choisissez de ne parler que de la manif anti-Le Pen, et pas du meeting. Vous avez choisi votre camp, nous on choisit le notre, vous verrez bien à l’entrée du meeting ».

Après le direct, l’équipe s’est présentée à l’entrée de la réunion publique, pour continuer son travail d’information. Mais un agent de sécurité a bloqué l’entrée en déclarant à voix haute : « ce sont les enc… de France 3, on ne les laisse pas entrer ».

L’équipe de reportage a compris qu’elle ne devait surtout pas provoquer d’incident, et a dû se résoudre à rentrer bredouille sans pouvoir « couvrir » la réunion publique.

Il n’y aura donc pas de sujet détaillant le discours de Jean-Marie Le Pen dans les éditions de France 3 Alpes ce jeudi.

Les situations tendues, les propos indélicats, les moments de tension, les propos vifs à l’encontre des journalistes, la rédaction de France 3 Alpes, comme toutes les rédactions, y est quelques fois confrontée. Les journalistes sont souvent les premiers témoins des colères et des expressions virulentes, cela fait partie des risques inhérents au métier.

Dans ce cas précis, c’est la première fois qu’une équipe de France 3 Alpes est empêchée de couvrir une réunion publique dans le cadre d’une campagne électorale. Nous le regrettons. Les téléspectateurs, y compris ceux qui sont sensibles aux idées du Front National, devaient connaître le contexte de cette soirée.

André Faucon

Délégué Régional de France 3 Alpes

09 Avr

Comprendre la victoire d’Eric Piolle à Grenoble (3) : l’amplification du second tour

Troisième et dernier épisode de l’analyse de Simon Labouret, notre politologue de Sciences Po

En brisant la domination socialiste au premier tour, Éric Piolle a créé les conditions d’un raz de marée en sa faveur au second tour en quadrangulaire (40 % contre 27,5 % pour Jérôme Safar, 24 % pour l’UMP, et 8,5 % pour le FN).

Le pari de Jérôme Safar

Devancé de plus de 4 points par Éric Piolle, Jérôme Safar a refusé l’offre de fusion qui lui a été faite par son adversaire-concurrent. S’asseyant sur la garantie de faire élire une vingtaine de personnalités de sa liste et de disposer ainsi d’un poids incontournable dans la nouvelle majorité municipale, Jérôme Safar a invoqué des divergences de fond pour expliquer son maintien. Sans négliger l’importance des différences de vue entre la liste Piolle et la liste Safar sur un certain nombre de sujets, on peut raisonnablement douter que les questions de programme aient été décisives dans le refus de cette fusion. En comparaison avec 2008 où écologistes et socialistes s’opposaient sur des dossiers tels que la rocade nord ou les Jeux Olympiques (sans oublier la plaie encore béante du Stade des Alpes), les points de blocage étaient nettement moins forts en 2014. Le fait que le PS et EELV aient été capables de s’entendre à Nantes, malgré leurs différends sur le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, confirme que la principale pierre d’achoppement se situait ailleurs. Le refus de la fusion s’explique avant tout par l’espoir du pouvoir socialiste sortant de combler son retard au second tour, grâce au soutien d’une partie de l’électorat de centre droit et à la remobilisation d’abstentionnistes dans les quartiers populaires. Incapables de se désintoxiquer des sondages qui leur annonçaient une avance de près de 20 points par rapport à la liste Piolle en cas de triangulaire ou de quadrangulaire au second tour, les socialistes ne pouvaient se résoudre à céder leur leadership à des « écolo-gauchistes » qu’ils méprisaient. La remise en cause du système de pouvoir grenoblois basé sur l’alliance entre le Parti socialiste (dominant à Grenoble) et le Parti communiste (dominant dans les principales villes de banlieue) était trop brutale pour être acceptée, d’autant qu’une possibilité de renverser la situation semblait encore à portée de main. De ce point de vue, il faut souligner le caractère sans précédent de la situation grenobloise : jamais jusque-là, dans aucune ville, le PS n’avait eu à céder son leadership local sur la gauche à son concurrent écologiste. Ailleurs, comme à Nantes ou Lyon (où les divergences de fond ne manquaient pas non plus), l’alliance avec les écologistes a été d’autant mieux acceptée par les socialistes qu’elle ne remettait pas en cause leur domination sur la gauche et qu’elle leur profitait prioritairement pour conserver la ville. A Grenoble, l’alliance avec les écologistes n’avait été imaginée par les socialistes que dans un cas de figure bien précis : celui où l’UMP aurait été en mesure de l’emporter au second tour en triangulaire ; or avec le faible score de Matthieu Chamussy au premier tour (20,9 %) et la qualification du FN (12,6 %), le spectre d’un basculement à droite de la ville (et par la même occasion de la métropole) relevait du conte pour enfants auquel personne ne pouvait croire (y compris à droite). Sérieusement affaibli politiquement en cas de fusion, Jérôme Safar n’avait plus rien à perdre, si ce n’est parier sur une remontada héroïque. En politique, encore plus qu’en football, seule la victoire compte. Soutenu par Michel Destot (et d’autres poids lourds locaux y compris du monde économique), le candidat PS a pu imposer le maintien de sa liste à ceux qui, parmi ses colistiers, plaidaient pour une fusion, laquelle avait, à leurs yeux, au moins deux avantages : leur garantir un avenir à la mairie et rebattre les cartes en interne au PS grenoblois.

Le changement de statut de la candidature Piolle

En arrivant en tête du premier tour avec une avance significative, la candidature d’Éric Piolle a changé de statut. Avant le premier tour, Éric Piolle souffrait de deux handicaps majeurs : un manque de notoriété et un manque de légitimité pour incarner le leadership de la gauche.

Du point de vue de la notoriété, les résultats du premier tour ont apporté un éclairage médiatique inédit au leader écologiste. A la veille du second tour, Éric Piolle n’était plus un inconnu aux yeux des Grenoblois, qui ont pu découvrir grâce au bombardement médiatique (notamment des médias nationaux) les grands traits de sa personnalité, de son parcours professionnel ou de son engagement politique, autant d’éléments sur lesquels il était en mesure d’écraser la concurrence dans un contexte (pas nouveau) de défiance vis-à-vis des responsables politiques traditionnels.

Du point de vue de la légitimité, les résultats du premier tour ont fait voler en éclat l’idée que le vote Safar était l’option naturelle des électeurs de gauche pour s’opposer à un retour au pouvoir de la droite (et plus particulièrement de l’épouvantail Alain Carignon). Pour un électeur de gauche, peu politisé par les enjeux locaux entre socialistes et écologistes, et prioritairement désireux de faire barrage au FN et à l’UMP, le vote qui s’imposait au premier tour était celui pour la liste Safar, du fait de son investiture PS et de son soutien par le maire sortant. En découvrant les résultats du premier tour, beaucoup d’électeurs se sont aperçus que la liste Piolle constituait une option tout aussi valable (sinon plus) que la liste Safar pour empêcher le basculement à droite de la ville. En somme, il y avait désormais une alternative crédible aux socialistes à gauche. Perdant son caractère incontournable pour l’électeur de gauche lambda, la liste Safar a également eu à subir d’autres reculs de sa légitimité, qu’il s’agisse de la perte de l’investiture socialiste ou du soutien officiel de la ministre de la Justice Christiane Taubira à la liste Piolle. Enfin, alors qu’Éric Piolle s’est empressé d’afficher un visage de rassemblement dès le soir du premier tour (offre de fusion à la proportionnelle), Jérôme Safar a pu apparaitre comme un « mauvais perdant » et un « diviseur » « accroché au pouvoir ». En l’espace de quelques jours, Éric Piolle a pris un avantage considérable en termes d’image sur son adversaire socialiste, dans le cadre d’un combat qui s’est fortement polarisé et personnalisé.

Jérôme Safar abandonné par ses électeurs du premier tour

Cette transformation de l’image des deux listes de gauche a eu pour conséquence directe un transfert massif d’électeurs de la liste Safar vers la liste Piolle entre les deux tours, notamment parmi les électeurs qui étaient les moins satisfaits du gouvernement et qui avaient voté PS au premier tour sans autre véritable volonté que de garder la ville à gauche. Dans 22 bureaux, la plupart très favorables à la gauche, le candidat socialiste a reculé en pourcentage des suffrages exprimés entre le premier et le second tour. Dans six bureaux, le candidat socialiste a même reculé en nombre de voix. Ces reculs en valeurs absolues, alors que la mobilisation électorale s’est considérablement renforcée sur l’ensemble de la ville (59,1 % de participation au second tour contre 52,4 % au premier tour), constituent la pointe émergée de l’iceberg : dans les faits, on peut estimer (au doigt mouillé bien entendu) qu’au moins un quart de l’électorat du premier tour de la liste Safar l’a abandonné au second tour au profit de la liste Piolle. Ces transferts d’électeurs de gauche d’une liste à l’autre expliquent une bonne partie de l’amplification de l’avance d’Éric Piolle sur Jérôme Safar au second tour (+ 12,6 points contre seulement + 4,1 points au premier tour).

Il faut sauver le soldat Safar et faire barrage à l’« extrême gauche » : une mobilisation réelle mais limitée

Pour l’emporter au second tour, Jérôme Safar comptait à la fois sur une forte remobilisation dans les quartiers populaires d’ordinaires très fidèles au PS et sur le ralliement d’une part importante de l’électorat de centre droit hostile à la liste Piolle.

Très active à la Villeneuve, au Village Olympique, à Teisseire ou encore à Mistral pendant l’entre-deux tours, la liste Safar a été en mesure de remobiliser de nombreux abstentionnistes du premier tour. Cette opération reconquête en milieux populaires a toutefois été d’une ampleur limitée. Seuls trois bureaux de vote dans ces quartiers populaires ont vu Jérôme Safar progresser davantage qu’Éric Piolle en nombre de voix entre les deux tours : Anatole-France- 1 (ZUS Mistral), Arlequin-1 (ZUS Villeneuve) et Teisseire-1. Partout ailleurs, la remobilisation opérée par la liste Safar a été insuffisante pour contrecarrer la dynamique de la liste Piolle. En progressant d’à peine 13 voix dans un bureau comme Arlequin-2 (5ème bureau le plus favorable au PS au premier tour), Jérôme Safar n’avait aucune chance de faire dérailler la locomotive Piolle au second tour.

S’agissant des signaux envoyés à l’électorat du centre et de la droite pour faire barrage à « l’extrême gauche » (soutiens de Philippe de Longevialle et Denis Bonzy à la liste Safar, appels à voter PS de divers acteurs du patronat local), ils ont été assez bien reçus notamment dans les milieux les plus aisés, mais l’opération s’est révélée là encore bien insuffisante pour renverser le cours des choses. Parmi les bureaux de vote où la liste Safar a le plus progressé d’un tour à l’autre, on retrouve ainsi de nombreux bureaux qui figuraient parmi les plus favorables à la droite et au centre au premier tour. A Hoche-1, le bureau le plus favorable au total Longevialle-Bonzy-Chamussy au premier tour (49,9 %), le nombre de bulletins en faveur de la liste Safar a progressé de près de 60 % au second tour (6ème plus forte progression) ; dans le même temps, la liste Chamussy ne gagne que 7 voix et la liste FN en perd 10. Dans le bureau Jardin-de-Ville-3, la liste Safar, deuxième au premier tour derrière la liste Chamussy (138 voix contre 139), l’emporte au second tour (184 voix) devant la liste Chamussy (164) et la liste Piolle (154). Une partie de l’électorat du centre et de la droite modérée a bel et bien volé au secours du soldat Safar entre les deux tours face à la « menace » Piolle. Ces transferts ont compensé les pertes de Jérôme Safar vers Eric Piolle et expliquent le mauvais résultat de Mathieu Chamussy qui n’obtient que 24 % au second tour malgré l’effondrement du FN (seulement 8,5 %), dont les électeurs, se sont avant tout reportés vers sa liste (ces transferts sont assez net dans un bureau comme la Houille-Blanche-2 où Matthieu Chamussy a progressé de 7,3 points quand le FN a perdu dans le même temps 8,5 points). Sans ce soutien de l’électorat du centre et de la droite modérée (dont le total passe de 41,5 % au premier tour à 32,5 % au second tour), Jérôme Safar aurait sans doute fini en troisième position.

L’irrésistible dynamique de la liste Piolle : renverser la table sans casser les murs

La tectonique des transferts électoraux (pour simplifier et schématiser : du FN vers Chamussy, de Longevialle, Chamussy et Bonzy vers Safar, de Safar vers Piolle) a surtout profité à Éric Piolle au second tour, d’autant que ce dernier a pu compter sur le renfort massif d’abstentionnistes du premier tour, notamment dans des zones de force de la gauche. Ce dernier point constitue l’ultime clé pour comprendre la progression de la liste EELV-PG-citoyens au second tour. Dans sept des dix bureaux de vote où la participation a le plus augmenté entre les deux tours, Éric Piolle a connu une plus forte progression de son score que sur l’ensemble de la ville. Cumulée aux transferts d’électeurs Safar en sa faveur, cette mobilisation de nouveaux votants explique certains renversements de situation spectaculaires, tels que celui observé dans le deuxième bureau du Village Olympique, où la liste Piolle l’a emporté (158 voix contre 148 à la liste Safar) alors qu’elle était nettement distancée au premier tour (76 contre 100). Au final, là où la liste Piolle était devancée au premier tour par la liste Safar (notamment dans le sud), elle a réussi à réduire l’écart voire à renverser le rapport de force. Ailleurs (notamment dans le nord), elle a amplifié son avance. Très dominante dans le Nord-Ouest de la ville et dans les quartiers proches de l’Isère, la liste Piolle a aussi su conquérir une grande partie de l’électorat populaire du sud. Son meilleur résultat se situe d’ailleurs à la Villeneuve : 58,8 % à Baladins-2 (« fief » de Sadok Bouzaiene). La liste Piolle l’a emporté dans 72 bureaux sur 87, la liste Safar n’arrivant en tête que dans 10 bureaux, et la liste Chamussy dans seulement 5 bureaux.

Alors que beaucoup d’observateurs et de responsables politiques pensaient qu’une plus forte participation, notamment dans le sud de la ville, profiterait à la liste Safar, il n’en a rien été : ce qui faisait l’attrait du second tour pour une majeure partie des nouveaux votants, ce n’était pas de sauver le pouvoir socialiste mais bien davantage de participer à sa chute. Surfant sur sa nouvelle stature médiatique et sur sa légitimité accrue à incarner une alternative à gauche, Éric Piolle a bénéficié d’une dynamique irrésistible : la possibilité de renverser la table sans casser les murs – c’est-à-dire éjecter le PS sans faire basculer la ville à droite – était bien trop alléchante pour toute une partie des électeurs de gauche, notamment parmi ceux qui étaient les plus mécontents du gouvernement. De ce point de vue, la campagne de diabolisation de la liste Piolle menée par la droite et par les socialistes, a sans doute facilité le travail de mobilisation des abstentionnistes en faveur d’Éric Piolle, en donnant envie à beaucoup d’électeurs de gauche de se défouler contre le pouvoir socialiste local et national.

Simon Labouret

04 Avr

Vivez en direct le premier conseil municipal d’Eric Piolle à Grenoble

Michel Dantin à Chambéry pour l’UMP, l’écologiste Eric Piolle à Grenoble : même avec des étiquettes politiques différentes, la nouvelle génération d’élus issue des urnes de dimanche dernier va changer les habitudes. Désormais, en tous cas dans ces deux villes, les conseils municipaux seront retransmis sur internet. Des réalisations confiées aux services de la mairie dont on espère qu’elles permettront de laisser s’exprimer les oppositions et rendront le plus fidèlement possible les « ambiances » de ces conseils.

A l’occasion du premier conseil municipal de Grenoble où un maire « Vert-Rouge » sera élu, France 3 a décidé de diffuser ce conseil municipal en direct sur le site alpes.france3.fr. Ce sont les télévisions qui ont imposé les conditions de réalisation du signal afin d’éviter tout amalgame, et la nouvelle municipalité l’a accepté, en tous cas pour ce premier conseil que les télés souhaitaient diffuser en direct.

Rendez-vous donc à 17h45 sur alpes.france3.fr pour un moment d’histoire.

AF