07 Oct

Une lotoise, ancienne plume de Macron, raconte ses « confusions » et les coulisses de la campagne

Marie Tanguy (c’est un pseudonyme) a grandi dans le Lot. Passée brièvement par le PS puis trois ans aux côtés de Laurent Berger à la CFDT, elle décide d’intégrer l’équipe de campagne d’En Marche pour y écrire les discours du candidat. Son livre, « Confusions », raconte son naufrage dans la tempête de la Présidentielle.

Marie Tanguy quittera l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron quelques jours avant le premier tour. Photo Olivier Roller

C’est l’histoire d’un burn-out, d’une erreur de parcours ou de direction. Mais c’est aussi à quelques mois d’une nouvelle campagne présidentielle, la description sans filtre et sans concession d’une machine à gagner l’élection suprême. Même si elle se défend d’avoir voulu nuire au Président, l’autrice, originaire du petit village de Gigouzac, livre un témoignage sans détour.

Dois-je préciser qu’à En Marche, j’ai rencontré de la bienveillance, de l’indulgence, de la politesse, camouflée en gentillesse, de louables intentions. Mais j’y ai rarement trouvé de l’humanité pure. Et comme c’est une chose dont j’ai besoin à fortes doses, c’est sans doute cela aussi dont j’ai crevé »

Marie Tanguy évoque sa fragilité, se rabaisse souvent face aux cerveaux brillants qui composent l’équipe du « candidat » qu’elle ne cite jamais. Sans doute peut-on aussi voir poindre entre les lignes un complexe d’infériorité entre Paris et la province. Mais cette ancienne militante décrit surtout une armée de génies totalement déconnectés du réel et souvent sans la moindre idéologie.

 C’est dans le rapport au doute que je me suis sentie le plus loin d’eux. J’ai toujours eu des convictions profondes tout en n’étant jamais sûre de rien. Pour eux en revanche, la vérité ne faisait pas débat : il suffisait juste de la mettre en œuvre. Une démonstration de force et de volonté, voilà ce que devait être une réforme à leurs yeux.

– On va niquer les régimes spéciaux, disait David. »

« Accélération de la dépolitisation du débat public », « impression qu’on parle plus de marketing que de politique », la radiographie du mouvement est sans appel. Mais la confusion règne aussi selon Marie Tanguy dans « l’absence d’organisation, la hiérarchie incertaine » qui caractérisent EM. « Aujourd’hui encore, je ne sais précisément qui est en charge de quoi » écrit-elle. Une seule certitude en revanche : celle qu’elle a fait fausse route. Elle le sait, à peine une journée après son arrivée au « pôle idée » dans « un bureau dangereux ».

L’un des passages clés à ce sujet : l’élaboration du « projet » préalable au « programme » qui, lui, mettra plus de temps à naître, on s’en souvient.

J’ai vu des impôts, des crédits d’impôts, des droits sociaux, des règles et des agences, naître, prendre leur élan et mourir sous mes yeux pour la plupart, tandis que d’autres parvenaient à résister à l’épreuve des filtres, des arbitrages, des revirements stratégiques ou des volte-face irrationnelles, pour se frayer un chemin vers le Graal d’une inscription sur un livret de 32 pages signé par le candidat ».

Mais cette méthode est-elle vraiment propre au « Nouveau Monde » ? Comme cette tendance du candidat à « promettre à son audience ce qu’elle a envie d’entendre ». Nul doute que Marie Tanguy, elle, ne se fera plus prendre aux sirènes de la politique.

Patrick Noviello

« Confusions » de Marie Tanguy, collection « La grenade », éditions JC Lattès.

04 Jan

Municipales à Montauban : le candidat soutenu par En Marche réserve 20% de sa liste à des candidatures « spontanées »

« Vous avez envie de vous impliquer pour Montauban ? Rejoignez notre liste ! » L’annonce ne passe pas inaperçu sur les réseaux sociaux. Pierre Mardegan tête de liste « Osons Montauban » s’explique.

Pierre Mardegan souhaite « marquer un changement fort avec la gouvernance de l’actuelle municipalité ». Photo DR

« En offrant ainsi des places à la société civile, on voulait marquer un changement fort avec la gouvernance de l’actuelle municipalité » se justifie celui qui est aussi le chef de pôle des urgences de l’hôpital. Et peu lui importe que ses adversaires le brocardent déjà en avançant qu’il a fait cela parce qu’il avait du mal à boucler sa liste.

Je vais recevoir chacune des personnes »

« Aujourd’hui, on a reçu une quinzaine de candidatures. Je vais recevoir chacune des personnes » promet la tête de liste « Osons Montauban ». C’est, en tout, une dizaine de places qui seront ainsi pourvues et pas que des strapontins se défend Pierre Mardegan : « Certains d’entre eux pourraient se voir confier des responsabilités en fonction de leurs compétences particulières ».

« On a fait pareil avec deux jeunes à qui nous avons réservé deux places » assure l’ancien candidat En Marche aux Législatives en Tarn et Garonne. Mais cette fois-ci pas d’étiquette insiste-t-il. Il n’est que « soutenu » par le mouvement présidentiel. « On a voulu installer un équilibre politique avec une sensibilité centriste qui regroupe avec nous notamment l’UDI et le Modem ».

La liste annoncée avant fin janvier »

Alors qui seront ces « candidats spontanés » ? Réponse d’ici fin janvier quand la liste sera annoncée officiellement. En attendant, les équipes d’ « Osons Montauban » sont déjà sur le terrain explique son leader qui prévoit déjà six réunions publiques.

Patrick Noviello (@patnoviello)

 

 

23 Oct

Nouvelle direction de LR : Aurélien Pradié nommé secrétaire général

Le député du Lot intègre l’un des postes-clé de la nouvelle direction du parti de droite. Une droite qu’il veut désormais « sociale et non plus ultra-libérale ».

Aurélien Pradié, hier, au siège des Républicains à Paris. Photo Christophe Morin IP3/Max PPP

« Je dois vous avouer que je n’ai pas fait campagne pour ce poste. Il y a donc un effet de surprise » reconnaît avec humilité le lotois. « Je n’ai pas le profil type car très jeune (NDR : 33 ans) et je n’ai pas grandi dans le parti » argumente-t-il. Et pourtant c’est bien sur lui ainsi que sur Guillaume Peltier qui avait renoncé à se présenter face à lui que Christian Jacob le patron des Républicains va s’appuyer.

« J’ai confiance en lui comme lui a confiance dans la nouvelle génération» affirme Aurélien Pradié. Et l’ancien maire de Labastide-Murat d’expliquer que s’il a accepté cette fonction c’est parce que « la direction a été profondément remaniée ». Son crédo : « une droite sociale en rupture avec une droite ultra-libérale ».

Le chantier est juste colossal »

« Le chantier est juste colossal » admet sans détour le nouveau secrétaire général de LR qui veut remettre tout le monde au travail « avec discrétion et beaucoup d’humilité ». « Il faut montrer aux français qu’on a compris le message qu’ils nous ont adressé dans les urnes ». Les Républicains souhaitent désormais s’emparer de thématiques plus sociales. Parmi elles, certains sur lesquelles il a déjà travaillé contre le handicap ou les violences conjugales.

Le nouvel état-major cogitera aussi sur l’alimentation, les salaires ou encore le logement. « Pour cela, nous ferons aussi rentrer des gens qui vont nous perturber dans notre réflexion » n’hésite pas à préciser le député du Lot. D’ici le printemps un congrès fondateur sur les idées devrait d’ailleurs être organisé.

Les Municipales : une étape importante parce qu’elles marquent l’ancrage territorial »

Première échéance électorale sur laquelle Aurélien Pradié étrennera sa nouvelle fonction : les élections municipales en mars prochain. « Elles seront une étape importante parce qu’elles marquent l’ancrage territoriale » souligne-t-il. A ce sujet, il l’assure, nommé secrétaire général du parti, il ne compte pas pour autant oublier sa terre d’élection : « je ne passerai jamais plus de temps à Paris que dans le Lot ». Une démarche que bon nombre d’anciens dirigeants de LR n’avaient sans doute pas suffisamment appliquée.

Patrick Noviello (@patnoviello)

23 Jan

Foulards rouges : quelle mobilisation à Toulouse ?

Le mouvement se veut « apolitique ». Il ne souhaite pas défendre le Président Macron mais les institutions face au mouvement des gilets jaunes. Les foulards rouges marcheront dimanche à 14h à Paris. Mais qu’en est-il de la mobilisation à Toulouse où manifestations des gilets jaunes et exactions des casseurs se succèdent ? Dominique, l’un des représentants de ces foulards rouges nous répond.

Dominique, Foulard Rouge toulousain. Photo Luc Truffert

 

Le Blog Politique : Quelles sont vos motivations ?

Dominique : L’idée a été lancée le 10 décembre dernier par Laurent, un toulousain, suite aux manifestations des gilets jaunes via un message sur les réseaux sociaux : « stop, ça suffit ». C’est une des nombreuses pages qui se sont créées sur Facebook. Nous trouvions que la parole était monopolisée par les gilets jaunes. Il n’y a pas qu’eux qui représentent le peuple.

Pas une marche pro-Macron »

Le Blog Politique : Comment fonctionnez-vous ?

Dominique : Beaucoup par les réseaux sociaux et par conférence. Nous avons deux représentants nationaux, Corinne Chabert d’Annecy et Théo Poulard de Quimper. Sur Toulouse, le groupe s’est constitué il y a deux semaines, nous sommes entre 110 et 120, mais ce chiffre monte depuis le début de notre médiatisation. Nous pensons regrouper environ 40 000 personnes en France. D’après l’estimation de la Préfecture de Paris, la moitié devrait nous rejoindre dans la capitale.

Le Blog Politique : Comment mobilisez-vous ici à Toulouse alors que votre marche aura lieu à Paris ?

Dominique : L’idée est d’abord avant tout de nous faire connaître et éventuellement de faire monter des gens sur Paris. Il est faux de dire que ce sera une marche pro-Macron. Ce serait un autre gouvernement, on l’aurait fait quand même. On n’est pas pro ou anti-gilets jaunes mais leurs formes d’actions sont devenues selon nous illégitimes pour deux raisons. D’abord dans une démocratie, on a le droit de manifester mais s’il y a impossibilité de dialoguer avec le gouvernement en place. Du moment où il y a eu des réponses et un canal de communication d’ouvert, il faut que cela cesse. Ensuite, ces manifestations, on a la preuve par dix, si j’ose dire, qu’elles dégénèrent systématiquement. Et je peux vous dire que nous sommes extrêmement bien accueillis chez les commerçants. C’est de pire en pire et pas qu’à Toulouse. Les organisateurs de ces manifestations sont incapables de les contrôler. On appelle à ce qu’ils arrêtent de manifester.

Nous n’avons absolument pas vocation à devenir un parti politique »

Le Blog Politique : Et s’ils arrêtaient ?

Dominique : Nous n’avons absolument pas vocation à devenir un parti politique mais on pourrait rester une association de citoyens vigilants.

Le Blog Politique : Et les politiques dans tout ça justement ?

Dominique : Un certain nombre d’élus nous soutiennent et nous ont contactés. On leur a demandé de ne pas afficher leur étiquette politique et de se présenter dans notre rassemblement sans leur écharpe d’élus. D’ailleurs la décision de LREM de ne pas appeler à marcher avec nous nous va très bien. Notre mouvement regroupe des personnes de sensibilités politiques différentes mais nous nous voulons apolitique.

Le Blog Politique : Comptez-vous vous investir dans le grand débat national ?

Dominique : A priori, oui. Il n’est pas exclu non plus qu’on en organise.

Le Blog Politique : Pourriez-vous un jour appeler à une marche sur Toulouse ?

Dominique : Nous avons eu un débat interne pour organiser des rassemblements à Paris et en province. Nous finançons nous-même notre service d’ordre. Or ce n’était pas possible financièrement d’organiser plusieurs événements. Assurer la sécurité du cortège n’est pas simple. Nous avons des consignes très précises de la Préfecture de Police de Paris en cas d’infiltration ou de provocations lors de notre marche. Mais il n’est pas impossible que nous organisions, un jour, le même type de marche sur Toulouse.

Propos recueillis par Patrick Noviello (@patnoviello)

13 Sep

Carnet de route d’une députée européenne communiste

Elle était la suppléante de Jean-Luc Mélenchon. Les ambitions nationales de ce dernier l’ont conduite en juin dernier à devenir parlementaire européenne. Dans «Bruxelles ne répond plus », Marie-Pierre Vieu livre un récit sans concession de son expérience ainsi que sa vision de l’Europe qu’elle voudrait voir renaître.

Marie-Pierre Vieu au Parlement Européen à Strasbourg en octobre 2017. Photo AFP Patrick Hertzog.

« La fille sans parole qui venait voler son pain au candidat Parti de Gauche qui me suivait sur la liste Front de Gauche ». Voilà comment s’estime « ouvertement désignée » Marie-Pierre Vieu quand elle prend son mandat européen alors que  le Front de Gauche se déchire, il y a un peu plus d’un an. Qu’il soit donc clair que rien ni personne ne sera épargné à travers ces lignes. C’est aussi l’avantage de se faire publier par sa propre maison d’édition.

Une critique radicale de l’Union, ni anti-européenne, ni nationaliste »

Bilan d’étape ? Programme de campagne ? Carnet de bord ? Cet ouvrage est un peu tout cela à la fois. Mais une phrase résume l’intention de l’auteure : « Porter une critique radicale de l’Union qui n’est ni anti-européenne, ni nationaliste, sans dissocier celle-ci de l’objectif de construire le rassemblement le plus large à gauche pour l’imposer ».

La gauche justement, la députée européenne en fait une revue des troupes détaillée et sans concessions, de La France Insoumise au PS en passant par son propre parti et Génération(s). Cette « gauche fracturée en deux » est ainsi décrite telle des « forces de transformation (…) atrophiées par leurs dissensions, incapable d’affronter en semble un pouvoir, une droite et une extrême droite auxquelles nous laissons de fait le terrain de la perspective ». Le réel enjeu politique de ces Européennes à venir n’est-il pas là d’ailleurs ? Quelle représentation aura la gauche à l’issue du scrutin de 2019 ?

Une Europe des peuples »

Mais au-delà de la politique, Marie-Pierre Vieu livre « 36 propositions-chocs pour une Europe des Peuples » dont la première préconise la renégociation du traité de Lisbonne. Le maître-mot général est la solidarité. L’auteure considère notamment le combat pour les migrants comme prioritaire. L’élue des Hautes-Pyrénées préconise également une « PAC de proximité » marquée par « un protectionnisme solidaire ».

Marie-Pierre Vieu s’interroge enfin sur la façon de reconnecter les citoyens avec l’institution Europe et son « assemblée conventionnelle ». « L’Europe meurt du pragmatisme étriqué de ses dirigeants incapables de porter une vision ou un projet au-delà des rigidités budgétaires » analyse l’élue communiste. La députée européenne attend donc beaucoup des élections de juin prochain, « l’occasion parfaite de débattre publiquement d’une réorientation ambitieuse, des moyens dont on souhaite doter l’Europe et de la stratégie pour y arriver ».

« Bruxelles ne répond plus », Marie Pierre Vieu, Arcane 17.

Patrick Noviello (@patnoviello)

 

12 Juil

Décès de l’ancien député socialiste de l’Ariège Alain Fauré : les réactions

Alain Fauré, à l’Assemblée Nationale le 23 novembre 2016. Photo Léon Tanguy/MAXPPP

L’ancien député socialiste de l’Ariège Alain Fauré est décédé à son domicile des Pujols, dans la nuit du 11 au 12 juillet. Le chef d’entreprise avait succédé à Henri Nayrou en 2012 avant d’être battu cinq ans plus tard puis de se retirer de la vie politique. Il avait 56 ans.

« C’est le choc. Une grande stupéfaction mais aussi une grande tristesse ». Le secrétaire fédéral du PS ariégeois est affecté. Jean-Christophe Bonrepaux se souvient d’un homme « toujours plein d’enthousiasme et qui avait son franc-parler ». « Alain, ce n’était pas le genre à pratiquer la langue de bois ».

Une franchise qui faisait parfois des étincelles mais qui avait le mérite de faire avancer le débat. Ainsi l’ancien président des MJS ariégeois se souvient d’Alain Fauré. « Nous étions rarement d’accord Alain et moi, et avions des débats passionnés mais je dois reconnaître qu’il était un homme fidèle à ses valeurs et de conviction » commente sur tweeter Dorian Lhez qui a désormais rejoint Génération.s.

« Nous avions siégé ensemble durant 5 ans à l’Assemblée Nationale. Il apportait son énergie à notre collectif » se souvient également Christophe Borgel, ancien député socialiste de Haute-Garonne et à l’époque secrétaire national en charge des élections au PS. Alain Fauré avait notamment siégé à la commission des finances. Il avait aussi participé à une commission d ‘enquête sur les conséquences de la baisse des dotations d’état sur les services publics de proximité.

Autre ancienne députée socialiste à avoir siégé à ses côtés, la Présidente de Région salue dans un communiqué « cet homme reconnu de tous qui a consacré sa vie aux autres et à l’Ariège ». Carole Delga évoque aussi une relation particulière avec Alain Fauré : « J’ai tissé avec lui au fil des années des liens forts, personnels, qui allaient au-delà de notre engagement commun. Nous étions « amis pour la vie », comme il me l’avait si joliment affirmé et encore rappelé lors de notre conversation en juin. »

Alain Fauré avait également été candidat à la mairie de Pamiers en 2014. Il avait échoué face au sortant DVD André Trigano qui briguait là son quatrième mandat. « J’ai le souvenir d’un opposant à la communauté de communes, qui, quand il n’était pas d’accord, avait toujours des projets à proposer. Ça n’était pas un destructeur. C’était un homme efficace et loyal » explique avec de la tristesse dans la voix André Trigano.

En Ariège, l’émotion est très vive comme le souligne Kamel Chibli. « Le département a perdu quelqu’un qui a beaucoup donné pour son territoire » insiste le vice-Président du Conseil Régional. Egalement très attristée l’ancienne députée socialiste de l’Ariège Frédérique Massat évoque sur son compte tweeter « un ami engagé, bosseur, dévoué à son terroir, conscient de la fragilité de l’existence, blessé, et on le comprend, par la vie politique ».

Patrick Noviello (@patnoviello)

 

15 Avr

Vincini, Fita, Denaja : trois élus d’Occitanie à la nouvelle direction nationale du PS

Sébastien Vincini; 1er Fédéral du PS31. Photo : MaxPPP.

Le Conseil national du PS a approuvé ce dimanche la composition de sa nouvelle direction. Comme nous vous l’avions laissé entendre le premier fédéral de Haute-Garonne l’intègre. Mais également Claire Fita et Sébastien Denaja. 

24 membres : douze hommes et douze femmes, contre 80 auparavant. C’est décidément recentrage à tous les étages au Parti Socialiste. Un équipage et des moyens réduits pour naviguer dans la même direction surtout en cette période de vents contraires. Et nul doute que l’ampleur de la tâche est bien comprise de chacun des nouveaux promus.

Cette nouvelle direction, conseil et bureau national, regroupe logiquement des soutiens d’Olivier Faure dans sa campagne pour accéder au poste de premier secrétaire. La Haute-Garonne avait donné son deuxième meilleur score de France au premier secrétaire. Ce dernier était d’ailleurs venu remercier les militants du département quelques jours à peine après son élection.

Rénovation, décentralisation et animation politique du parti »

Sébastien Vincini s’est donc vu confier la rénovation, la décentralisation et l’animation politique du parti. Celui qui ne cessait de répéter que les territoires n’étaient pas assez entendus par Solferino va pouvoir essayer de refaire prendre la main aux fédérations.

A ses côtés, l’élue régionale tarnaise Claire Fita se voit confier le secrétariat national « Entreprise, travail et innovation » et l’Héraultais Sébastien Denaja, ancien député, s’occupera des questions de « Démocratie citoyenne, libertés, justice et institutions ».

Le siège du parti, symbole d’une direction du PS très parisienne, est à présent vendu et se videra peu à peu d’ici septembre. Reste donc au patron des socialistes de Haute-Garonne à faire marcher la boîte à idées et surtout trouver sa place dans cette nouvelle direction entre députés, anciens ministres. Le tout au sein d’un PS qui devra vite rebondir et trouver une ligne politique s’il ne veut pas s’enfoncer dans le rouge.

Patrick Noviello (@patnoviello) avec AFP

17 Jan

Fâché avec Mélenchon, le Parti Communiste cherche à rebondir

Ils n’ont pas forcément la même vision du PCF mais font tous les deux partie de son bureau national. L’une est désormais députée européenne, l’autre est le patron de la fédération haut-garonnaise. Marie-Pierre Vieu et Pierre Lacaze nous livrent leurs regards croisés sur l’avenir de leur formation et du communisme.

Marie-Pierre Vieu en mai 2014 lorsqu'elle elle était colistière de Jean-Luc Mélenchon aux Européennes. Photo Marc Salvet MaxPPP

Marie-Pierre Vieu en mai 2014 lorsqu’elle elle était colistière de Jean-Luc Mélenchon aux Européennes. Photo Marc Salvet MaxPPP

« 2018 doit être un rebond pour le PCF mais aussi pour la gauche ». Pierre Lacaze nourrit des espoirs en cette nouvelle année. Le secrétaire départemental du PCF 31 ne cesse d’appeler au rassemblement comme il l’a fait avant même les élections de 2017.  « La France Insoumise est rentrée à l’Assemblée le poing levé comme le Front Populaire en 1936 mais ces législatives ont été un échec ».  Selon lui, le fait que Jean-Luc Mélenchon ait refusé tout rassemblement a coûté une cinquantaine de sièges de députés à la gauche.

La France Insoumise ne veut plus nous parler »

Les relations entre la France Insoumise et le PC sont-elles forcément rompues ? « La France Insoumise ne veut plus nous parler » assène Marie-Pierre Vieu. « Ils veulent parler avec les communistes mais pas avec leur direction. Ce qui nous différencie, c’est que Jean-Luc Mélenchon a une stratégie populiste qui se construit sur la déstructuration de l’existant. Nous on pense que la gauche peut se reconstruire sur ce qu’elle est » explique la députée européenne qui n’est pas tendre avec celui dont elle était la suppléante et a récupéré le siège à Strasbourg.

Mais alors PC et FI ont-ils encore des points de convergence ? « Oui, notre histoire commune et le Front de Gauche » répond sans détour l’élue des Hautes-Pyrénées. Ce Front de Gauche existe-t-il encore ? « Dans certaines assemblées comme le Parlement européen oui » constate Marie-Pierre Vieu. L’Europe, un autre point de divergence entre communistes et insoumis. « Mélenchon est de plus en plus dans un discours souverainiste. On ne règlera pas les problèmes par la sortie de l’Euro et de l’Europe ».

Jean-Luc Mélenchon n’est pas une perspective d’avenir pour la gauche »

« Pour moi, Jean-Luc Mélenchon n’est pas une perspective d’avenir pour la gauche » affirme Pierre Lacaze. Pour lui, La France Insoumise est incontestablement présente dans les urnes mais pas sur le terrain, dans les luttes sociales ou dans les quartiers populaires. Seulement que pèse le PC seul aujourd’hui ? « 3%. Mais personne ne gagne à gauche sans le PC et le PC ne gagnera pas seul. De toute façon, aujourd’hui,  il n’y a plus aucun parti qui fasse 50% à lui tout seul » analyse Pierre Lacaze.

En attendant, il y aura un candidat communiste et un candidat France Insoumise aux Législatives de mars prochain dans le Comminges. « Au risque de voir un affrontement LREM/FN au second tour » prévient Pierre Lacaze. Mais les vrais tests seront les Européennes de 2019 et les Municipales de 2020. PC et LFI ne pourront pas l’économie d’une alliance. Mais d’ici là comment les communistes doivent-ils se reconstruire ?

Nous avons une fonction réparatrice »

« Nous devons rester un générateur de lien social, un réseau d’élus de proximité avec une fonction réparatrice et notre générosité fondatrice » répond Marie-Pierre Vieu. « Mais nous devons aussi réfléchir à comment donner une historicité nouvelle au Parti Communiste. » Moderniser le PC ? Possible aussi selon Pierre Lacaze. « Mais nous restons dans le rapport de classe dans une société où la précarité persiste voire s’accentue. Le PC doit se reconstruire dans ce cadre. Un PC plus visible dans l’affrontement travail/capital ». Prochaine échéance… capitale : le congrès extraordinaire de novembre prochain. En attendant, la lutte continue…

Patrick Noviello (@patnoviello)

11 Oct

Yoann Rault-Wita, le « Rastignac-Raspoutine » de Laurence Arribagé

Inconnu et incontournable. Le grand public ne connaît pas le nom et le visage de Yoann Rault-Wita. Mais, au sein de la droite toulousaine, le collaborateur parlementaire de la députée Laurence Arribagé est un personnage central.

Sa personnalité ne laisse pas indiffèrent. Yoann Rault-Wita est décrit comme un Rastignac mâtiné de Raspoutine. Rastignac pour la soif d’ambition et le désir de briller. Raspoutine en raison de l’influence considérable qu’il exerce sur Laurence Arribagé et sur la fédération des Républicains de la Haute-Garonne. Une fédération présidée par la députée de la Haute-Garonne. Quel est le parcours de Yoann Rault-Wita ? Quel est son poids et son rôle ? Après Laurent Blondiau au Conseil Régional, Arnaud Mounier au Capitole, portrait d’un autre « homme de l’ombre », celui d’une parlementaire.

Yoann Rault-Wita

Yoann Rault-Wita

« C’est un personnage très particulier, comme on en croise peu ». Le jugement vient d’un vieux routier du cercle fermé et feutré des collaborateurs d’élus. A première vue, le caractère hors norme, très particulier, de Yoann Rault-Wita ne saute pas aux yeux. Le collaborateur de Laurence Arribagé a un profil classique : des études de droit, une carte à l’UMP, «petite main» pour des législatives et une municipale puis un recrutement en tant qu’assistant parlementaire.

Etudiant en droit et salarié dans le privé

Avant de coller les affiches et de militer chez les « Jeunes Populaires », Yoann Rault-Wita a connu les bancs de la faculté de droit. Issu d’une famille modeste, le jeune étudiant quitte Montauban pour Toulouse. C’est aussi l’occasion de découvrir le monde du travail : « J’ai toujours travaillé en parallèle de mes heures à la faculté pour aider mes parents qui se sont sacrifiés pour que je puisse réussir mes études dans de bonnes conditions. J’ai été surveillant de collège. J’ai fait du télémarketing » déclare Yoann Rault-Wita.

Une dernière année d’étude et un contrat en alternance vont permettre au futur collaborateur de Laurence Arribagé de décrocher un Master 2 en droit des Entreprises mais aussi de signer son premier CDI. L’entreprise « diplômante » n’est pas n’importe quelle entreprise. Il s’agit de « WebSourd », une société qui offrait des services et des produits à destination des personnes malentendantes.

Durant sa période « WebSourd », Yoann Rault-Wita apprend la langue des signes. Mais il va surtout faire un geste qui va déterminer le reste de son parcours professionnel : adhérer au « Jeunes Populaires » de l’UMP.

Une attirance pour les « Jeunes Pops » et Laurence Arribagé

Pendant ses années « facs », Yoann Rault-Wita a déjà les mains dans la politique : « C’est durant les années universitaires que nait mon engagement politique et je décide d’adhérer à l’UMP juste avant les élections régionales de 2010 » raconte Yoann Rault-Wita. C’est à cette époque, en 2010, que Yoann Rault Wita rencontre Laurence Arribagé : « J’ai tout de suite adhérer à sa personnalité. Elle est authentique. Elle incarne une certaine fraicheur à mes yeux. Une nouvelle manière de faire de la politique, sans filtre, sans tabou, sans dogme ».

Yoann Rault Wita n’a pas attendu Laurence Arribagé pour avoir envie de basculer dans la politique professionnelle. C’est après la législative partielle de 2014 et le jeu de chaises musicales entre Jean-Luc Moudenc et Laurence Arribagé que Yoann Rault-Wita devient (enfin) un collaborateur d’élu. Mais, avant cette date, il dépose sa candidature pour travailler au sein du groupe d’opposition au Conseil Régional. Sa candidature est alors écartée.

En 2012, lors des législatives, Yoann Rault-Wita a également participé à la campagne d’Elisabeth Pouchelon. En réalité, c’est après les municipales de 2010 et la victoire de Jean-Luc Moudenc que Yoann Rault-Wita envisage de faire de la politique son métier. L’opportunité va se présenter en 2014 avec l’élection à la députation de Laurence Arribagé. Comme le précise, Laurence Arribagé : « Il a relevé le défi d’être mon directeur de campagne sur la législative partielle. Je lui ai proposé d’être mon collaborateur ».

Une relation hors norme avec Laurence Arribagé

« Je n’ai jamais vu cela. C’est une relation exclusive avec une forme de jalousie. Il fait tout pour écarter les gens qui, selon lui, s’approchent trop de Laurence. Il l’appelle : « ma Lolo ou ma Laurence ». C’est un mélange total entre le professionnel et le privé, avec une proximité étonnante. Yoann a une influence énorme sur Arribagé ». Ce témoignage est loin d’être unique. Les observateurs du duo « Rault-Wita-Arribagé » insistent sur le côté atypique, hors norme, du duo formé par la députée et son collaborateur. Pour un élu de la droite toulousaine, « Yoann apaise Laurence. Elle est montée très vite et elle a peur de ne pas être à la hauteur et de mal faire. Contrairement aux apparences, Laurence Arribagé est une anxieuse. Yoann lui permet de se poser et elle s’est aperçue qu’elle pouvait lui faire confiance et lui confier les choses».

Quand la députée lui souhaite son anniversaire sur Twitter, c’est d’ailleurs en utilisant le possessif « mon » Yoann Rault-Wita :

Capture

Sur son compte twitter, Yoann Rault-Wita se présente d’ailleurs comme le « partenaire particulier » de Laurence Arribagé :

Capture

Un élu a connu Laurence Arribagé dans le cadre de son mandat régional (avant son élection à l’Assemblée). Il ne voit pas le côté « positif » du duo « Arribagé-Rault-Wita ». Au contraire. « J’ai connu Laurence quand elle était au Conseil régional et j’ai fait des déplacements sur le terrain avec elle. Elle suscitait spontanément la sympathie. Elle attirait les gens. Depuis qu’elle est députée et qu’elle est avec Rault-Wita, elle a changé. Elle est devenue plus agressive« .

Béquille psychologique. Meilleur copain. Porte voix et porte flingue. Influence néfaste ou positive. Yoann Rault-Wita n’est pas un simple collaborateur. L’assistant parlementaire a un rôle politique. Y compris au sein de la Fédération LR31 « Il s’auto-invite aux réunions du bureau politique de la Fédé. Normalement, statutairement, il ne doit pas y assister et il parle à la place de Laurence Arribagé ».

Une influence sur la Fédération LR 31

Pour un cadre de la Fédé, l’assistant de Laurence Arribagé ne se contente pas de prendre la parole au bureau politique. Il pèse sur la vie de la droite haute-garonnaise : « Yoann, c’est quelqu’un qui fait le vide. Il manie sans cesse la carotte et le bâton. Il est totalement manichéen. Si on n’est pas pour lui, on est contre lui. Il est toujours dans le clivage. La Fédé Moudenc, c’est on parle et on trouve un consensus. La Fédé Arribagé-Rault-Wita, c’est le clivage permanent ».

Un élu toulousain va plus loin : « Rault-Wita est sans cesse dans le conflit. Il aime le conflit. Il est même prêt à inventer des choses pour monter les gens les uns contre les autres. Je l’ai vu faire. C’est incroyable. Et quand on interpelle Laurence Arribagé sur le comportement de son assistant, elle donne toujours raison à Rault-Wita ».

Rault-Wita/Arribagé : un « vrai-faux » duo

« Yoann exacerbe les défauts de Laurence. Ce n’est pas du tout quelqu’un de cartésien et rationnel. Laurence est également là-dedans. Elle n’est pas dans les faits concrets. En fait, c’est quelqu’un qui exacerbe ses défauts. Ils ne sont pas du tout complémentaires. Mounier (ndrl : directeur de cabinet du maire de Toulouse) a des qualités que Moudenc n’a pas. Jean-Luc est souvent trop en rondeur et il a du mal à trancher. Mounier, au contraire, il tranche. C’est un vrai duo entre le numéro 1 et le numéro 2 » déclare un vieux routier de la droite toulousaine.

Yoann Rault-Witat irrationnel et pousse au crime ? Laurence Arribagé dément : « Il est bienveillant et carré. Il aime l’échange comme moi ». Un proche de l’assistant parlementaire, Valentin Chemineau, est sur la même ligne… de défense : « sa méthode est carrée dans le bon sens du terme et il fait en sorte que l’équipe de Laurence Arribagé travaille en bonne intelligence et en tenant compte de l’avis des uns et des autres ».

En tout cas, il est un domaine dans lequel Yoann Rault-Wita donne raison à ses détracteurs comme à ses « avocats ». C’est celui des relations avec la presse. Des relations qui oscillent entre choc frontal et entente cordiale.

Brutalité et bienveillance avec la presse

« Je vais me le faire !». La phrase (cinglante et menaçante) vise le rédacteur en chef d’un site toulousain d’information. Selon un témoin de la scène, c’est une attitude fréquente chez Yoann Rault Wita. Les invectives et les menaces fusent facilement. Plusieurs journalistes de la place toulousaine peuvent témoigner (Sms ou messages Facebook à l’appui) du caractère volcanique de l’assistant de Laurence Arribagé.

Un représentant de la droite toulousaine plaide pour l’excuse « psychologique » : «Yoann sait qu’il dépasse les bornes mais il ne peut s’en empêcher. Il faut qu’il franchisse tout le temps les limites et pas uniquement vis-à-vis de la presse. Il ne peut pas se retenir ».

Un média échappe à cette absence de retenue. « Laurence Arribagé et Yoann ont de bonnes relations avec La Dépêche et son responsable local. Laurence est toujours bien servie par le quotidien de Baylet et c’est Yoann qui sert d’interface ».

Néanmoins cette entente cordiale a un «coût». Du coté de Jean-Luc Moudenc et de la mairie de Toulouse la proximité avec le quotidien régional alimente une suspicion : « La Dépêche épingle régulièrement Jean-Luc et on peut se demander si l’informateur, la taupe, ce n’est pas Rault-Wita».

Du coté du «suspect», la réponse est évidente : «Je suis parfois celui qui prend les coups de celles et ceux qui n’osant pas s’attaquer à elle (ndlr : Laurence Arribagé) s’en prennent lâchement à son entourage. Le courage n’est pas la marque de fabrique de tous ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

05 Oct

Arnaud Mounier, l’homme « frontal » de Jean-Luc Moudenc

Une touche de hipster et un profil de jeune trentenaire. Arnaud Mounier a le look pour passer ses journées au Palais de Justice ou dans une salle de marché. Mais l’avocat de formation a toujours mis son énergie au service d’une seule cause : Jean-Luc Moudenc. Depuis juillet 2015, Arnaud Mounier dirige le cabinet de Jean-Luc Moudenc. Son parcours ? Son style ? Ses relations avec Jean-Luc Moudenc ? Son poids sur les dossiers ? Réponses en forme de portrait. Après Laurent Blondiau, directeur de cabinet de Carole Delga, suite de nos portraits des « hommes de l’ombre ».

Arnaud Mounier

Arnaud Mounier

Un étudiant formé par Jean-Luc Moudenc

Homme de confiance, fidèles parmi par les fidèles, Arnaud Mounier rejoint Jean-Luc Moudenc en pleine traversée du désert, après la défaite aux municipales de 2008. Cette rencontre est le fruit du hasard. Même si Arnaud Mounier préfère parler de destin. Le jeune étudiant en droit arrive sur Toulouse sans connaître la ville. Arnaud Mounier commence ses études à Clermont-Ferrand. Des études qu’il finance d’ailleurs en travaillant comme DJ et serveur dans un bar de nuit. Comme le précise Arnaud Mounier : « j’avais besoin de changer d’air et donc de ville après un début d’études supérieures un peu laborieux. Disons que jusqu’alors je prenais mon temps. Cela m’a permis de couper avec mon rythme de vie clermontois qui, en raison de mon job étudiant, était axé sur la vie nocturne et peu compatible avec la réussite universitaire ».

A l’âge de 20 ans, Arnaud Mounier fait donc ses valises et direction Toulouse. Dans la ville rose, l’étudiant ne va pas simplement découvrir son intérêt pour le droit médical. Arnaud Mounier va découvrir l’engagement politique. Le jeune homme n’a jamais eu de carte dans un parti. Arnaud Mounier confesse même son désamour pour les étiquettes politiques et sa détestation pour les clivages idéologiques. Il pousse la porte de l’association au service de Jean-Luc Moudenc pour la reconquête du Capitole : « Toulouse Avenir ». Au départ la structure se réduit à un petit groupe d’une dizaine de personnes et de trois piliers: Brigitte Micouleau qui deviendra par la suite sénatrice et adjointe à la mairie, Emilion Esnault et Jean-Michel Lattes, professeur de droit privé, amateur de Tintin et des chants occitans.

C’est ce dernier qui va présenter Arnaud Mounier à Jean-Luc Moudenc. Au début du commencement, le futur directeur de cabinet est un étudiant qui s’investit dans la commission « Jeunesse » de « Toulouse Avenir ». Arnaud Mounier n’intègre pas la « Moudencie » par le biais d’un parti ou d’un réseau local. L’ancien Clermontois et nouveau Toulousain se contente d’intégrer une petite équipe resserrée. Jean-Luc Moudenc a perdu les municipales face à Pierre Cohen. Les soutiens ne se bousculent pas au portillon.

Le vrai tournant se situe en 2010. L’étudiant Arnaud Mounier devient le collaborateur politique de Jean-Luc Moudenc. A l’époque Arnaud Mounier envisager de passer le concours de l’école d’avocat. Mais l’appel de la politique est fort. Comme le dit Arnaud Mounier : « il est impossible de travailler et de faire en parallèle l’école d’avocat. Parce que tout le monde me le dit. Je l’ai fait ».

Je peux dire que je l’ai formé » (Jean-Luc Moudenc)

Arnaud Mounier devient l’assistant de Jean-Luc Moudenc au sein de l’opposition municipale. En 2012, il enfile une nouvelle casquette : collaborateur parlementaire du nouveau député de la 3ème circonscription de la Haute-Garonne. Dans sa jeunesse, Arnaud Mounier se voyait bien la tête dans l’aéronautique ou l’industrie spatiale. Il n’a jamais pensé mettre les pieds dans la politique professionnelle. En moins de deux ans, entre son adhésion à « Toulouse Avenir » en 2008 et les législatives de 2012, Arnaud Mounier bascule dans l’univers des réunions de travail et des équipes de campagne.

Ce basculement, Arnaud Mounier le doit (totalement) à Jean-Luc Moudenc. L’actuel maire de Toulouse ne va pas simplement offrir son premier vrai job et un tremplin professionnel à Arnaud Mounier. Il va lui ouvrir un nouveau monde et assurer sa formation. L’actuel maire de Toulouse a également fait ses armes, dans une précédente vie, comme collaborateur politique et directeur de cabinet. Jean-Luc Moudenc va transmettre les codes et les usages à son jeune collaborateur. « Il avait 25 ans, j’ai même exercé des fonctions de cabinet. Je peux dire que je l’ai formé » déclare Jean-Luc Moudenc

Une communauté de pensée avec Jean-Luc Moudenc

Entre les deux hommes ce n’est pas simplement une histoire de travail. Jean-Luc Moudenc salue les qualités professionnelles d’Arnaud Mounier : « Il a une capacité de travail considérable et il comprends très vite ». Mais le maire de Toulouse parle d’une « communion de pensée ». La période d’opposition, la députation et la campagne (victorieuse) des municipales de 2014 forment un ciment. Ce compagnonnage pouvait conduire Arnaud Mounier à la direction du cabinet de Jean-Luc Moudenc dès le début du second mandat. Mais il faut attendre juillet 2015 pour que le fidèle homme de l’ombre occupe cette fonction stratégique.

« Arnaud Mounier fait partie des 10 hommes qui nous ont fait gagner ». Pour un responsable de la droite toulousaine, aucun doute, Arnaud Mounier est un des artisans de la reconquête du Capitole. Le recrutement d’un directeur de campagne affuté et expérimenté, Francis Decoux, a joué un rôle majeur dans la victoire. Mais Arnaud Mounier peut revendiquer une branche de lauriers. Arnaud Mounier pouvait espérer le « saint Graal » : la direction du cabinet. Dans les premiers mois du mandat, il doit se contenter du titre de conseiller du maire et des relations presse. Jean-Luc Moudenc dresse la fiche de poste : « un rôle transversal de conseil général dans un système complexe. Faire la synthèse des avis des élus et de l’administration ».

Le conseiller du maire

Dans la droite toulousaine, certains sont étonnés de la « relégation » d’Arnaud Mounier à un « simple » poste de conseiller. « Arnaud a toujours suivi Jean-Luc Moudenc et il l’a rejoint au pire moment quand Jean-Luc Moudenc venait de perdre le Capitole. Il méritait le poste de directeur de cabinet » déplore un cadre de la fédération LR31. Un proche de Jean-Luc Moudenc et d’Arnaud Mounier relativise. Pour Emilion Esnault : « c’était normal, Arnaud comme moi étions jeunes, il fallait encore apprendre des choses. Je comprends que Jean-Luc Moudenc a laissé du temps au temps pour qu’Arnaud découvre le fonctionnement de la collectivité. C’est parfaitement normal ».

Un nouveau style à la direction du cabinet

En juillet 2015, tout rentre dans l’ordre. Antoine Grézaud (collaborateur historique de Dominique Baudis) laisse sa place. Officiellement, c’est pour des « raisons personnelles ». Dans les couloirs du Capitole, certains parlent d’une manœuvre d’Arnaud Mounier pour récupérer la direction du cabinet.

Une chose est certaine. La nomination d’Arnaud Mounier ne fait pas que des heureux. Elle soulève même une vraie résistance. La députée de Haute-Garonne et maire adjointe de Toulouse, Laurence Arribagé s’oppose frontalement et durement au choix de Jean-Luc Moudenc. Pour un élu de la majorité municipale, « la haine tenace et irréversible entre Arnaud Mounier et Yoann Rault-Wita (ndrl collaborateur de Laurence Arribagé) est à l’origine de la campagne anti-Mounier menée par Arribagé ».

Malgré les piques et le fiel, Arnaud Mounier enfile tout de même, au début de l’été 2015, son nouveau costume de directeur de cabinet. Le style « Mounier » est très différent de celui de son prédécesseur. Pour un habitué du Capitole, « Antoine Grézaud était dans la périphrase et le conditionnel, Mounier est un Toulousain. Quand il prend une claque. Il en donne deux. Il sait ce qu’il veut où il va ».

Un « frontal » qui dit les choses

« C’est quelqu’un de frontal. Il dit les choses. Il dit même parfois les choses que Jean-Luc ne peut pas dire ». Le jugement vient d’une spécialiste de la « Moudencie » : la sénatrice et adjointe au Capitole, Brigitte Micouleau. Et ce n’est pas la seule à mettre en avant le style direct et énergique d’Arnaud Mounier.

Il dit ce que Jean-Luc ne peut pas dire » (Brigitte Micouleau)

Un de ses amis va dans le même sens : « Arnaud est quelqu’un de déterminé et il a le sens de l’autorité. Mais ce n’est pas un psychotique comme on peut en croiser. Il n’est pas du genre à insulter ou à bousculer gratuitement ». Défaut de ses qualités, certains pointent une dérive autoritaire.

Un de ses proches l’évoque à demi-mot : « sous la pression, il peut manquer de recul et à force de vouloir réagir immédiatement il peut bousculer. Il est encore jeune. Avec la maturité, il verra les choses avec plus de rondeur ».

Visiblement Arnaud Mounier a conscience de sa tendance à l’autoritarisme : « j’essaye de gagner en diplomatie ». Ce manque de rondeur pèse parfois sur les services. Une ancienne collaboratrice n’hésite pas à parler d’un « comportement dictatorial » et ajoute «  il faut avoir les reins solides pour travailler avec lui. J’ai vu le service de la com’ complétement désemparé face à l’énorme pression et aux demandes parfois contradictoires qu’il formule. Il s’occupe même de la couleur de la photo dans le journal municipal et il a parfois demandé 17 ou 18 maquettes pour un même numéro ».

Les critiques prennent parfois une tournure politique. L’opposition municipale se félicite du comportement du directeur de cabinet de Jean-Luc Moudenc. Le socialiste François Briançon évoque un Arnaud Mounier « tout à fait cordial, ouvert et avec qui il existe des relations très correctes. Quand il nous arrive de demander quelque chose, un document ou autre, nous l’obtenons sans problème. Même chose quand il s’agit de faire passer un message au maire ».

En revanche, un membre de la droite toulousaine déplore la mainmise d’Arnaud Mounier sur la municipalité : « chaque élu est coiffé par un membre du cabinet et le cabinet est dirigé par Mounier. C’est le cabinet qui dirige la ville. Le maire est coupé des élus. On ne peut plus le joindre directement. Si ça continue comme ça, il fait partie des 3 personnes qui vont finir par nous faire perdre la ville».

Laurent Dubois (@laurentdub)