25 Nov

Edito : Une campagne bien singulière

Un scrutin au mois de décembre, un nouveau territoire à présenter et à construire, la fin d’une présidence de 17 ans… Sans nul doute, ces élections régionales, ici, en (bientôt feu) Midi-Pyrénées, avaient tout pour surprendre. Pour surprendre oui mais pour intéresser ?

 

A ce niveau-là, le taux de participation pour ce type d’élection n’a jamais été faramineux, je vous l’accorde. Mais les dernières Départementales, collectivités que l’on a cru longtemps voué à l’extinction, nous ont prouvé que l’électeur pouvait surprendre et répondre présent quand on ne l’y attendait pas forcément.

 

Pour ces Régionales, plutôt que d’attendre le printemps et prolonger les mandats de six mois, on nous promettait donc un vote en décembre, juste pendant les achats de Noël, la Cop 21 et pour le premier tour, au lendemain d’une mobilisation qu’on espère toujours forte, le Téléthon. Et au milieu de tout ça, la difficile tâche, pour nous, journalistes politiques, de vous donner les clés de compréhension de ce scrutin inédit aux dimensions hors du commun tout en vous le rendant attractif.

 

Nous savions que, même si dès juin dernier, les états-majors des partis s’étaient mis en ordre de bataille, la campagne démarrerait doucement ou tardivement, c’est selon. Nous espérions que les « offres », inédites elles aussi, qui allaient se proposer aux électeurs, en termes de listes ou d’association de partis et d’idées, ajouteraient du piquant aux débats.

 

Ce que nous ne pouvions hélas prévoir, mais que nous redoutions silencieusement en revanche, c’est qu’à dix jours de la dernière ligne droite, les deux semaines de campagne officielle, de jeunes fanatiques allaient semer l’horreur et la terreur sur Paris mais aussi sur l’ensemble du territoire. Ces actes terroristes, les drames qui les accompagnaient et la réflexion qui s’est enclenché dans notre société ont tout balayé sur leur chemin.

 

Finies les émissions thématiques que nous avions programmé pour vous parler du rôle des régions sur votre quotidien, campagne suspendue (dans la forme, mais sur le fond tous les couteaux n’ont pas été rangés), recherche d’une unité nationale pour faire face à la barbarie, puis la vie devait reprendre son cour et avec elle la politique.

 

Pour ceux qui avaient encore un doute sur l’effet de ces attentats sur l’opinion publique, je les renvoie à notre dernier sondage. Le Front National, plus que jamais arc-bouté sur ces thématiques de la sécurité et de l’immigration progresse de 2 à 3 points. Carole Delga, plus que jamais arrimée à la majorité présidentielle, bénéficie du regain de confiance des français envers François Hollande. La droite traditionnelle prise entre deux feux (reconnaître les mesures d’état d’urgence qu’elle a toujours prônées et ne pas taper trop fort sur un président unificateur) perd encore plus pied dans une région où elle n’était déjà pas donnée gagnante.

 

Au final, il ne nous reste plus que quelques jours, une émission sur les enjeux politiques ce samedi, deux débats et deux soirées électorales pour vous raconter la fin de cette campagne. Puis une nouvelle page d’histoire s’ouvrira en Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées. Qui se souviendra alors que cette campagne fut sans doute la plus singulière qu’on n’ait jamais connue ?

 

Patrick Noviello

24 Nov

[Sondage] Les lignes bougent et la tendance perdure

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Un sondage qui ressemble aux précédents. Mais un sondage très différent. L’enquête Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions et Radio France confirme une tendance lourde, présente dans toutes les études publiées depuis la fin juillet. Le vainqueur du scrutin (Carole Delga) et les vaincus (Dominique Reynié, Louis Aliot, Philippe Saurel, Gérard Onesta) restent les mêmes. Mais l’ordre d’arrivée et les scores bougent.

Le Front National creuse l’écart et renforce son statut de favori du 1er tour

Tous les commentateurs pronostiquaient une poussée. Les chiffres de l’IPSOS confirment une percée. Louis Aliot gagne 3 points par rapport au dernier « IFOP » du 19 novembre. Le leader régional du FN bénéficie d’une évolution nationale perceptible dans plusieurs Régions. Les attentats de Paris profitent nationalement au FN. En moyenne 3 à 4 points. Louis Aliot est dans ces « eaux ». Il obtient son plus haut score depuis le début des sondages « Régionales 2015 ». Au-delà des chiffres, Louis Aliot franchit la barre symbolique des « 30 points ». Il bénéficie d’une solide avance sur ses adversaires : 11 points sur Dominique Reynié et 9 points devant Carole Delga. Louis Aliot compte sur ce capital pour créer une dynamique et inverser un 2nd tour sur lequel il butte toujours et encore.

Louis Aliot bénéficie d’un affaiblissement de Dominique Reynié.

Les reports de voix établis par l’Ipsos pour France Télévisions et Radio France montrent une porosité très faible entre l’électorat de Dominique Reynié et celui de Louis Aliot (2%). Mais, en revanche, il existe un effet de « vases communicants » au 1er tour. La baisse de Dominique Reynié (1,5 point par rapport au « IFOP » du 19 novembre) peut expliquer une partie de la hausse de Louis Aliot.

L’érosion de Dominique Reynié est constante (4 points en moins depuis un IFOP du 15 octobre). Elle n’est pas corrélée sur une augmentation de Louis Aliot (+5 points en 5 mois). Mais le FN participe d’un affaiblissement du candidat de la droite et du centre. Un affaiblissement qui inquiète non seulement à droite mais aussi à gauche.

Philippe Saurel en zone « rouge »

Autre candidat en difficulté, Philippe Saurel.

Christophe Cavard (tête de liste « Bien Commun ») ou Jean-Claude Martinez (tête de liste « France Force Sud ») sont carrément sous la ligne de « survie » : 0,5 points.

Mais Philippe Saurel est en « zone rouge ». Le maire de Montpellier a décroché un « 11% » prometteur dans le premier sondage des « Régionales 2015 ». Mais, sondage après sondage, le leader des « Citoyens du Midi » ne cesse de perdre des points. Il était à « 6% » dans le dernier IFOP-Fiducial pour Sud Radio et Paris-Match du 19 novembre. Il est désormais sur la ligne (fatidique) des « 5% ». C’est très loin de son objectif (affiché et répété) des 10 points. Mais, surtout, un risque de non-remboursement des frais de campagne plane désormais.

Gérard Onesta « sauvé » d’un reflux

Dans l’entourage de Gérard Onesta, on redoutait un reflux suite aux attentats. Certains de ses soutiens craignaient une chute dans la zone des « 5 à 6 % ».

« Nouveau Monde » se maintient à son précédent niveau : 11%.

Le lancement de deux listes concurrentes et « cousines » (« Bien Commun » et « Nouvelle Donne » estampillées « Ecolos-Citoyennes ») ont fait descendre Gérard Onesta de l’Olympe des 16 % d’intentions de vote. Mais l’union d’Europe-Ecologie, le Front de Gauche, du PS et des Occitanistes évite un retour de bâton. Autre motif de consolation : la liste Cavard (accusée par Gérard Onesta d’être instrumentalisée par le PS) ressort abimée de la première enquête post-attentats.

Carole Delga : une bouffée d’oxygène.

Pour la première fois, Carole Delga (23%) passe devant Dominique Reynié (21%) au 1er tour. La candidate PS-PRG augmente ses scores (au 1er comme au 2nd tour). Mais surtout elle inverse une tendance lourde.

Depuis le premier sondage (en juillet dernier), Carole Delga est donnée gagnante au 2nd tour. Mais ses scores de 1er tour (avec un plancher à 19%) posaient problème. Ils étaient trop bas.

Tous les sondeurs le disent et le répètent : les enquêtes de 2nd tour ne sont pas probantes. Elles ne tiennent pas compte des dynamiques ou au des coups de « bleues » issus des urnes.

En dessous des 20 points, Carole Delga était sur une mauvaise pente. Les 23 % de l’Ipsos permettent d’éloigner ce spectre. Il reste maintenant à transformer le résultat en tendance. A suivre. A voir.

Prochain sondage : un BVA vendredi 27 novembre.

Laurent Dubois

Manuel Valls rencontre les têtes de liste régionales

Aujourd’hui, mardi 24 novembre, le premier ministre va rencontrer les têtes de listes régionales au siège parisien du PS. Jean-Christophe Cambadélis sera aux cotés de Manuel Valls à 16 heures 15, rue de Solférino. Le président du PRG, Jean-Michel Baylet sera également présent. L’initiative de cette opération revient au 1er secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis.

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D’après nos informations, la réunion portera sur la situation du pays après les attentats de Paris et sur la fin de la campagne des Régionales. Manuel Valls vient de fixer (lors de la traditionnelle réunion de groupe parlementaire PS à l’Assemblée) la ligne : « il faut être sobre et ne pas tout mélanger ».

Carole Delga, retenue par sa campagne, ne participera pas à cette rencontre. En effet, la tête de liste en Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées doit tenir un meeting à Rodez.

Selon nos informations, un échange téléphonique entre Carole Delga, Manuel Valls et Jean-Christophe Cambadélis doit avoir lieu.

Laurent Dubois

23 Nov

Gérard Onesta : « la préfecture applique une sécurité à géometrie politiquement variable »

Dimanche 29 novembre, des syndicats et des associations doivent battre le pavé. Objet de la mobilisation : Pour le Climat et contre le dérèglement climatique. Avant l’ouverture de la Conférence de Paris, France Nature Environnement et un cortège d’associations ont prévu de défiler dans les rues de Toulouse. Mais le projet se heurte à un obstacle : la préfecture. Une interdiction pourrait remiser les banderoles et les slogans au placard. Gérard Onesta et les organisateurs refusent de céder et envisage de braver la décision du préfet.

Manifestation Toulouse 21 novembre 2015- Remy Gabalda AFP

Manifestation Toulouse 21 novembre 2015- Remy Gabalda AFP

Depuis l’instauration de l’Etat d’Urgence, des réunions publiques peuvent être interdites. D’après Gérard Onesta, c’est le sort qui attend la manifestation de dimanche. Mais il n’est pas question de céder.

Samedi 21 novembre, 10 000 à 12 000 personnes se sont réunies à Toulouse contre « la barbarie » et en mémoire des victimes des attentats parisiens. De nombreux élus et (fait rarissime) le préfet de Région, Pascal Maihlos, se sont retrouvés dans un cortège qui est partie, vers 15 heures, de la Place Jeanne d’Arc avant de prendre les Boulevards et de terminer son parcours vers Compan-Caffarelli et Saint-Cyprien.

Gérard Onesta était dans le cortège et il n’accepte pas la menace d’interdiction qui plane sur la manifestation de dimanche prochain :

« La préfecture applique une sécurité à géométrie politiquement variable. C’est la même manifestation, dans la même ville et dans les mêmes conditions. Si le préfet a des informations sur des menaces. Il faut dire lesquelles et ne pas se contenter d’interdire la manifestation et fermer les écoles et le métro ».

Gérard Gnesta tête de liste Régionales "Nouveau Monde" Photo AFP

Gérard Gnesta tête de liste Régionales « Nouveau Monde » Photo AFP

Interdiction ou autorisation, Gérard Onesta défilera dimanche prochain :

« Je vais prendre ma brosse à dents avec moi au cas ou je serai incarcéré. Si je dois me faire embarquer je serai embarqué mais je ne serai pas le seul ».

Dans l’absolu, une manifestation non autorisée peut être dispersée par les forces de l’ordre. Mais on image mal que le préfet choisisse cette option. Pour éviter de sortir la matraque, la préfecture peut finir par autoriser le rassemblement et déployer des effectifs de police suffisants pour garantir un bon déroulement.

C’est la solution la plus sage. Mais c’est aussi une formule pas vraiment évidente.

Les services de sécurité sont sur la brèche et les fonctionnaires hyper-sollicités.

Une autorisation va éviter une polémique politique.

Mais les syndicats policiers risquent de faire la grimace.

Au delà de la marche sur le climat et des déclarations de Gérard Onesta, les interrogations autour de la manifestation du 29 novembre sont révélatrices. Elles (dé)montrent une parfaite évidence : les Régionales 2015 se déroulent dans un contexte extra-ordinaire.

Laurent Dubois

 

 

 

 

 

 

22 Nov

Louis Aliot : « un effondrement de l’ex-UMP »

Cinq sondages depuis fin août. Tous placent Louis Aliot en tête au 1er tour et les deux plus récents positionnent le Front National devant Dominique Reynié au 2nd. « Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon » n’est pas donnée « gagnable » pour le FN. Mais les sondages se suivent et pronostiquent un score « historique » pour Louis Aliot. Le Front National pourrait avoir, dans le futur hémicycle régional, plus d’élus que la droite et le centre. Les prochaines études (publiées après les attentats de Paris) diront si les attaques terroristes vont (encore) renforcer le FN. En attendant, Louis Aliot évoque la reprise de sa campagne et parle d’un effondrement de la droite. 

Louis Aliot, tête de liste FN pour les Régionales

Louis Aliot, tête de liste FN pour les Régionales

Régionales 2015-D’après vous, les attentats de Paris vont-ils impacter les Régionales et dans quelle mesure ?

Louis Aliot. Pas facile à dire. Mais cela va modifier la manière de faire campagne. Il va être plus difficile d’aborder les thèmes régionaux. Les gens ne sont pas enclins à entendre parler des transports ou du tourisme. On va être obligé de nationaliser la campagne.

Régionales 2015-Il reste 15 jours avant le 1er tour. Vous avez publiquement déclaré que votre objectif est la barre des 30% le 6 décembre prochain. Pensez-vous que le climat actuel peut vous aider ?

Louis Aliot. Sur le terrain, on assiste à un effondrement des Républicains. Ca ne mord pas. A chaque fois que Nicolas Sarkozy parle on ne l’écoute plus et c’est pareil pour Dominique Reynié son discours est inaudible car il n’est pas crédible. Plus que jamais, les électeurs veulent des responsables qui sont à la hauteur et ne trainent pas un bilan désastreux. Et ce n’est pas mieux à gauche.

Régionales 2015-Un sondage, publié le dimanche 22 novembre, donne Marion Maréchal gagnante en PACA. Marine Le Pen est la favorite du scrutin dans le Nord. Vous êtes « seulement » crédité d’un bon score en Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon. Comment vivez-vous le fait d’être l’outsider des Régionales dans votre parti ? 

Louis Aliot (rire). Le fait que Marion et Marine soient en position de gagner deux régions est positif pour moi. Cela montre que si c’est possible dans le Nord et en PACA, c’est également possible dans notre région.

Régionales 2015-Pour la reprise de votre campagne, Marion Maréchal est venue vous soutenir lors d’un meeting, samedi 21 novembre, à Toulouse. Pourquoi et quel bilan faites-vous de ce meeting commun ?

Louis Aliot. Je craignais un peu qu’après les attentats les gens ne se déplacent pas. Mais nous avons rempli la salle Jean Mermoz. On avait prévu 600 chaises et nous avons eu un peu plus de 500 personnes. Et pourquoi Marion ? C’est une amie et j’avais prévu de faire venir une personnalité à Toulouse.

Propos recueillis par Laurent Dubois

 

20 Nov

Guilhem Serieys : « la droite court après l’extrême-droite et le gouvernement après la droite »

Un premier meeting après un deuil national. Hier au soir, jeudi 19 novembre, Guilhem Serieys a repris une campagne brutalement interrompue par les attentats de Paris. Sur ses terres aveyronnaises, à Rodez, le conseiller régional Front de Gauche a retrouvé un micro et une campagne qui sont profondément marqués par le sang versé dans les rues de la Capitale. Guilhem Serieys livre ses impressions sur un retour à la « normale » qui ne peut pas être normal. La campagne des Régionales peut-elle reprendre ? Comment parler à des électeurs qui sont encore sous le choc ? Réponses.

Guihem Serieys

Guihem Serieys

Régionales 2015-Comment se passe la reprise de la campagne ? 

Guilhem Serieys. On reprend de façon fébrile, sans trop savoir comment vont réagir les gens après cette période de deuil. Beaucoup se posent des questions nouvelles. En particulier sur la façon de s’unir, de faire peuple. S’unir mais pas de façon politicienne et autour de la défense de la démocratie et de notre devise « Liberté, Egalité, Fraternité ». Mais aussi autour de la défense de la laïcité, seul rempart contre tous les obscurantismes.

Régionales 2015-Certains candidats redoutent que la peur des attentats vide les salles de meetings. Vous partagez cette crainte ?

Guilhem Serieys. Non, au meeting de Rodez, on a été plutôt surpris. De notre côté, on assiste à une remobilisation. Les gens ont besoin de se retrouver et de se voir. Si on reste devant sa télé, comment ne pas céder à la panique.

Régionales 2015-Les attentats vont-ils changer votre manière de faire campagne ? 

Guilhem Serieys. Notre devoir d’animateur du débat public est de faire reprendre le débat. Il ne peut pas y avoir de démocratie sans débat. Il faut répondre aux assassins en leur réaffirmant nos principes.

Régionales 2015-Pensez-vous que les attaques terroristes vont durcir la campagne ?

Guilhem Serieys. Le climat va se durcir. La droite court après l’extrême-droite et le gouvernement court après la droite. Dans cette atmosphère, le mouvement que nous avons réussi à créer (NDLR : « Nouveau Monde » avec EELV, les Occitanistes, le PC) constitue un pole de stabilité républicain. Je suis d’accord avec François Hollande pour que le pacte de sécurité prime sur le pacte de stabilité. Mais nous ne sommes pas favorable à une dérive sécuritaire. Je suis favorable à un renforcement des moyens pour la sécurité mais pas de l’arsenal juridique. La vraie solution passe par un renforcement du vivre ensemble. Une partie des assassins sont des français. Il faut se demander comment des français peuvent être manipulés et en arriver là. Nous devons réinventer et renforcer tous les outils qui permettent de renforcer le lien social : politique de la ville, éducation, art et culture.

Régionales 2015-D’après vous, les Régionales sont « mortes » avec les attentats ?

Guilhem Serieys. Non. Les élections sont utiles sont utiles. L’objectif politique des assassins est de cassé la démocratie. Nous avons dans le calendrier une élection démocratique libre. Le peuple doit se saisir du scrutin pour réaffirmer nos valeurs de Liberté et de Fraternité. La seconde utilité est que 60% des électeurs de notre région ne sont pas nés dans la région. Nous n’avons pas une identité fermée. Nous sommes une synthèse de l’identité républicaine.

Régionales 2015-Comment faire exister le débat régional dans le climat actuel ?

Guilhem Serieys. Quand nous avons choisi l’expression « Nouveau Monde », nous voulions dire qu’il faut rompre avec le monde ancien. Un monde gangréné par une crise sociale, économique et écologique. Il faut ajouter la crise liée à un fascisme religieux. Il existe une citation de Gramsci : « L’ancien monde est déjà disparu, le nouveau monde n’est pas encore là, et dans
cet entre-deux les monstres apparaissent ». Nous sommes totalement dans ce cas. Le programme de « Nouveau Monde » permet de revenir à des valeurs qui font qu’un peuple se sent uni : l’équilibre des territoires, répondre aux besoins de santé, renouveler les pratiques politiques.

Propos recueillis par Laurent Dubois

 

 

19 Nov

La Commission des Sondages se saisit du « sondage » Saurel

La Commission des Sondages se saisit du « sondage » commandité par Philippe Saurel. D’après nos informations, l’autorité de contrôle des études d’opinions se penche sur  le dossier.

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Aucune précision sur la date de la décision. Mais elle doit intervenir avant les élections. Le premier tour des Régionales va se dérouler le dimanche 6 décembre. C’est donc avant cette échéance que la Commission tranchera.

Selon nos informations, l’autorité de contrôle a déjà pris contact avec l’institut à l’origine du « sondage ». Un rappel a été fait, ce matin, au sujet des règles concernant la notice qui doit obligatoirement accompagner la publication ou la diffusion d’un sondage.

Il s’agit d’un rappel à la loi. Un texte du 19 juillet 1977 exige que l’institut de sondage résume dans une notice les conditions d’élaboration du sondage. Ce qui n’était pas le cas s’agissant de l’étude réaliste par Elysées Consulting pour le compte de Philippe Saurel.

Cette première régularisation n’est qu’une première étape.

La Commission va désormais se pencher sur le sondage lui-même. La qualité de l’échantillon (donnée déterminante pour qu’un sondage soit représentatif) et les « redressements » vont être passés au crible.

Surtout en période électorale, le contexte médiatique pèse également dans la balance. Au delà des aspects techniques, l’impact du sondage « suspect » peut influencer le verdict de la Commission des Sondages. Un impact qui se mesure au nombre d’articles ou de « Une » consacré au sondage incriminé.

Au terme de cet examen, la Commission ne peut pas prononcer des amendes ou des sanctions. Mais elle peut imposer « des mises au point à la presse et saisir la Garde des Sceaux ».

Laurent Dubois

 

 

 

18 Nov

Le « vrai-faux » sondage de Philippe Saurel

Mercredi 18 novembre, Philippe Saurel a présenté à la presse un sondage. Mais c’est un drôle de « sondage ». Aucun détail sur l’échantillon et la méthode. Un institut toulousain totalement inconnu. D’après un « vrai » sondeur : « méfiance absolue, c’est ubuesque ».

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Face à la presse, Philippe Saurel a décliné une série de chiffres. Ils portent sur les intentions de vote au 1er tour des Régionales. L’étude a été réalisée par Elysées Consulting.

Problème : le « sondeur » est totalement inconnu.

Son site indique : « Etudes en Marketing & Conseils ». Le cabinet est composé d’une économiste, d’un ingénieur en génie civil, d’une spécialiste de psychologie génétique et d’une fondatrice associée « à la retraite mais qui reste disponible ».

Un sondeur (appartenant à un grand institut) n’a jamais entendu parler d’Elysées Consulting. Un autre, contacté par SMS, réagit immédiatement : « c’est qui ? C’est quoi ? ». Un dernier déclare : « sans doute bidon la dénomination le montre »

La profession de sondeur n’est pas réglementée. A la différence des avocats ou des médecins, il n’est pas nécessaire d’appartenir à un ordre pour exercer. Mais il existe, de fait, une liste des instituts de sondage ayant pignon sur rue et dont les études sont reconnues. Elysées Consulting n’est pas du tout référencé.

Sur son site, le cabinet évoque ses activités  (études qualitatives, quantitatives et sémiologie) et son champ d’intervention (alimentaire, hygiène et cosmétique, presse, politique…). Le profil n’est pas vraiment celui de l’IFOP, de la Sofres, d’Opinionways ou CSA Opinion.

On peut toujours considérer qu’Elysées Consulting est un petit nouveau. Un novice qui va se faire une place dans l’univers des sondeurs. Problème. C’est mal parti. Les règles élémentaires du métier ne sont pas respectées.

Un sondage doit toujours être accompagné d’une fiche technique. Une fiche indiquant : la taille de l’échantillon, les dates de réalisation, la méthode utilisée. Le «vrai-faux » sondage de Philippe Saurel indique seulement l’échantillon (1006 personnes) et la « méthode » (Sondage réalisé sur internet).

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Pour un sondeur, « c’est grotesque. C’est bon pour être mis à la poubelle. Quand nous réalisons un sondage, nous déposons en parallèle un dossier devant la Commission des Sondages (NDLR : autorité de régulation et de contrôle) et dans lequel est mentionné le brut, la méthode, les techniques de redressement ».

Pour un autre professionnel des sondages, c’est clair : « il n’y a aucun calibre de redressement. On ne sait pas comment l’échantillon est composé. Il peut être vérolé. 1006 personnes ce sont peut être 1006 copains qui cliquent sur internet ».

Un sondeur qui travaille actuellement sur les Régionales éclate de rire : « c’est la bonne vieille intox avec une boîte amie. Ce n’est pas nouveau. Mais c’est bien fait. Les chiffres ne sont pas d’une aberration absolue. 30 % pour Aliot, c’est vraiment la fourchette haute. Mais cela reste crédible ».

La « supercherie » est tellement crédible que deux medias ont repris le « vrai-faux » sondage. En revanche, du côté de Philippe Saurel, question crédibilité c’est raté. Le personnage ne manque pas de charisme et de talent. Mais, un tel faux pas est tout simplement incroyable. 

Un vrai sondage, réalisé par un vrai institut, va être publié demain, jeudi 19 novembre.

Dans cette étude, publiée par l’hebdomadaire Paris Match, Philippe Saurel obtient 6% d’intentions de vote. Pour 3 petits points (le « sondage » Elysées Consulting donne 9,9 % à Philippe Saurel), le leader des Citoyens du Midi s’est lancé dans une stupéfiante histoire. Une histoire qui fait tâche.

Laurent Dubois

 

 

 

 

 

[Sondage] : pas encore publié et déjà périmé !!

Demain, jeudi 19 novembre, un magazine national doit publier un sondage IFOP.

D’après nos informations, les chiffres confirment la tendance et les rapports de force pointés par les précédentes études. Le FN est en tête au 1er tour. Devant Carole Delga et Dominique Reynié. Au second tour, la gauche est victorieuse et Louis Aliot devance le candidat de la Droite et du Centre.

Bref, rien de neuf sous le soleil des Régionales.

Un détail change tout. Le sondage a été réalisé avant les attentats sur Paris. Il est périmé avant d’avoir été publié.

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Le poids du drame national et le choc émotionnel qui secoue le pays vont forcément influencer les intentions de vote.

Il faut attendre les chiffres pour mesurer l’impact. Mais impossible que les lignes ne bougent pas.

Plusieurs hypothèses sont sur la table :

Un réflexe civique avec un sursaut de mobilisation.

Improbable. Par définition, les régionales ne sont pas des élections nationales. Transformer le scrutin en référendum anti-Daesh ou en acte de résistance est loin d’être évident. Cela peut mobiliser, à la marge, des électeurs qui veulent manifester un soutien civique à la Démocratie. Mais ce geste symbolique ne va pas bouleverser les lignes.

Une prime au Front National.

Probable. Un élu Républicain pronostique un « 40% » dans son département du Gard. Même son de cloche dans le Tarn-et-Garonne.Cela n’a rien de scientifique (évidemment). Mais, plusieurs élus (de droite comme de gauche) évoquent 2 points en plus en Midi-Pyrénées et 4 coté Languedoc-Roussillon. Le FN a le vent en poupe depuis le début de la campagne.Dans tous les sondages publiés jusqu’à présent, Louis Aliot arrive en tête au 1er tour. Mais il peut profiter d’une radicalisation de l’électorat de droite. Depuis deux sondages, Dominique Reynié se classe dernière le leader du FN. Des transferts de voix peuvent s’accélérer et s’approfondir.

Une fragilisation de Philippe Saurel et Gérard Onesta.

Possible. Les attentats de Paris peuvent conduire à une remobilisation autour de Carole Delga. C’est le syndrome du « drapeau ». L’électorat de gauche peut jouer la carte du parti (socialiste) au pouvoir. Le climat national est anxiogène. Une prise de risque politique (en votant pour des offres électorales alternatives) risque de devenir plus compliqué. Du côté de « Nouveau Monde » et de Gérard Onesta, on peut ajouter un autre élément. Les partenaires d’Europe-Ecologie (notamment le Front de Gauche et Jean-Luc Mélenchon) critiquent l’état d’urgence et dénoncent une atteinte aux libertés publiques. L’opinion publique est en attente de sécurité et d’autorité. Gérard Onesta et « Nouveau Monde » risquent de se « recroqueviller » sur leurs bases idéologiques. Ce retour aux sources (pacifisme, défense des libertés publiques) peut rétrécir le socle électoral de Gérard Onesta

Laurent Dubois

 

 

[Brèves de non campagne] : « reprendre la campagne parait grotesque »

« Reprendre les petits jeux de campagne, me paraît grotesque. Quel décalage ». Ce cri du coeur émane d’une tête de liste départementale. Elle reflète l’esprit général. Le deuil national est terminé. Mais les Régionales n’arrivent pas à reprendre.

8441253-13253944Une tête de liste régionale confesse, par SMS, son malaise. Un malaise qui traverse les rangs de la droite comme de la gauche :  » j’ai fait le point avec mes 13 têtes de listes départementales. Dans le contexte actuel, c’est très compliqué ».

Ce matin, mercredi 18 novembre, Gérard Onesta et « Nouveau Monde » devaient envoyer un communiqué de presse. Il a demandé à son staff de reporter l’envoi après la fin de l’assaut et une vague d’interpellations menées, tout au long de la matinée, à Saint-Denis.

La campagne est totalement écrasée par les attentats de Paris. Sur le fond, comment parler logement, finances et croiser le fer avec ses adversaires alors que les électeurs ont une seule chose en tête : la terreur islamiste.

Mais, à ce problème « politique », s’ajoute des difficultés pratiques. Un communiqué de presse ou une réunion risque d’être télescopé par des rebondissements policiers. Les perquistions et les interpellations captent toute l’attention. Sans parler d’une émotion qui rend dérisoire la bataille électorale. Derrière ces questions de « timing » se trouvent de vrais enjeux politiques. Une communication mal calibrée ou qui intervient au mauvais moment peut non seulement tomber dans la vide. Mais également un sentiment de rejet.

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Loin des micros, certains ne sont pas trop gênés par le contexte dramatique du moment. Place du Capitole, mardi 17 novembre, ce sont rassemblées plus de 10 000 personnes. Parmi cette foule (rendant hommage aux victimes des attentats), se trouvaient de écharpes tricolores, des élus. Un des soutiens d’une tête de liste régionale n’a pas hésité à se « réjouir » (à haute voix) de la cure de silence imposée à son candidat. Un silence qui permet de capitaliser sans rien dire ni faire. Les calculs cyniques et la tactique politicienne ne sont (malheureusement) pas absents.

La campagne n’est pas simplement menacée par les terroristes.

Elle est également malmenée par des comportements déplacés.

Laurent Dubois