01 Déc

Régionales : Myriam Martin et Manuel Bompard désignés « chefs de file » pour La France Insoumise

Aucune surprise quant à ce choix de la conseillère régionale sortante et du député européen, tous deux habitués aux affiches des derniers scrutins. Leur programme s’élabore et il se veut « ouvert » à de nouveaux partenaires.

Après les Sénatoriales en septembre dernier, en route pour les Régionales pour Myriam Martin Photo : Facebook M.Martin

Déçus par la décision d’Europe Ecologie Les Verts réunis en Assemblée Générale ce week-end, le comité électoral Occitanie de LFI a donc annoncé la couleur en désignant ses chefs de file. « Nous leur avions pourtant fait une proposition précise pour parvenir à une liste de large rassemblement en capacité de gagner la Région, sans préalable de notre part » précise le comité régional dans son communiqué.

Antoine Maurice tout seul n’aurait jamais fait 48% aux Municipales » Myriam Martin

« Moi je suis toujours surprise par ses refus-là non motivés. Je pense qu’EELV a une mauvaise analyse des Municipales. Je regrette vraiment qu’Antoine Maurice ait perdu à Toulouse mais tout seul il n’aurait jamais fait 48%. Et c’est le cas de tous les autres candidats Europe Ecologie Les Verts en France » analyse Myriam Martin.

Union ratée avec EELV

« Nous avons été mal traités par le PC et les Verts à la Région. Ils nous ont privé de groupe politique. Mais de ça, on avait fait table rase. Je ne suis pas pour l’union béate mais quand on peut unir nos forces il faut le faire. On avait convaincu nos militants de nous unir avec EELV, mais eux ont fait le contraire » regrette la désormais chef de file LFI.

Et dans son communiqué le comité électoral régional de LFI de reprendre à son compte le cheval de bataille historique d’EELV : « Nous n’avons plus que quelques années pour agir face à l’urgence climatique. Et la terrible crise sociale qui frappe notre pays nous oblige à un devoir de responsabilité. Il y a donc urgence à changer les politiques régionales et les méthodes politiques. Cela nécessite de se fédérer, à l’inverse de la décision de repli sur soi que viennent de décider les instances d’EELV ».

Il faut arrêter les projets inutiles ! » Myriam Martin

« Il faut arrêter les projets inutiles comme la scierie de Lannemezan ou l’autoroute Castres-Toulouse. Il y en a énormément dans notre région » assure Myriam Martin. Et la candidate LFI de relever « un désaccord sur la méthode avec Carole Delga. « Il faut partir des besoins et des urgences écologiques. Le Schéma Régional pour l’Aménagement du Territoire prévoit des choses en ce sens mais pour… 2040 ! »

Dans son programme, Myriam Martin souhaite aussi plus « faire avec les habitants ». Mais quid de la convention citoyenne alors ? « C’est la montagne qui accouche d’une souris. En seulement trois sessions, c’est une plaisanterie ! Nous voulions un débat général sur la LGV par exemple. Il a été refusé ».

Main tendue à d’autres forces politiques

Mais pas d’union avec EELV signifie-t-il pour autant que LFI restera seule ? « Nous continuons de tendre la main à toutes les forces politiques, aux militants associatifs ou syndicaux, qui partagent ces priorités politiques pour constituer ensemble une liste porteuse de ces aspirations » précise prudemment leur communiqué.

Un « Archipel Citoyen » régional ? « On n’a pas abandonné l’idée » avoue Myriam Martin. « Dans l’appel que nous avons lancé, il y a des signataires de tous horizons. On a proposé d’ouvrir le programme » explique la conseillère régionale sortante. Covid oblige, la campagne va surtout débuter en visio mais les équipes de LFI sont déjà en place assure le mouvement.

Combien de listes à gauche ?

Carole Delga candidate à sa propre succession, Antoine Maurice en campagne pour Europe Ecologie Les Verts, déjà deux listes sont déclarées à gauche, trois avec celle-ci. Y-en aura-t-il une quatrième voire plus ? Même si c’est bien connu aux Régionales plus qu’ailleurs, chacun compte ses voix au premier tour et on se réunit au second, l’union finale est cette fois-ci loin d’être assurée.

Patrick Noviello (@patnoviello)

25 Nov

Toulouse : échanges à fleurets non mouchetés sur l’encadrement des loyers

Nous vous avions déjà expliqué pourquoi malgré un vœu déposé, l’opposition municipale n’avait aucune chance de voir examiner à nouveau la question de cette mesure sur la ville. Mais hier, dernier jour pour les dépôts de candidature des communes à l’encadrement des loyers, une ultime charge de François Piquemal (Archipel Citoyen) a provoqué l’agacement de la majorité.

Photo Patrick Lefevre/MAXPPP

« Encadrement des loyers : François Piquemal piétine le droit républicain et le suffrage universel ». Ainsi s’intitule le communiqué envoyé à la presse par « Pour Toulouse », groupe majoritaire au conseil municipal. « Si Toulouse Métropole ne s’est effectivement pas positionnée en faveur de ce dispositif, c’est après en avoir objectivement étudié l’hypothèse et parce qu’elle ne remplit pas les quatre critères légaux nécessaires » y développe Pierre Esplugas (LR) son porte-parole.

« Obstination aveugle » ou « volonté majoritaire des citoyens »

Quelques heures auparavant, sur les réseaux sociaux notamment, François Piquemal regrettait, en ce dernier jour pour candidater à l’encadrement des loyers, que « Toulouse manque la marche pour plusieurs raisons dont l’obstination aveugle de M.Moudenc». Et l’ancien militant de Droit Au Logement de réaffirmer que dans la ville « les loyers ont augmenté de 12% en trois ans et compte de nombreuses personnes précaires voire sans-abris ».

« Le programme électoral d’Archipel prévoyait explicitement l’encadrement des loyers (sans jamais dire comment le rendre légalement possible, ce qui n’est pas dans le pouvoir d’un maire » riposte de son côté Pierre Esplugas. « Le Projet Aimer Toulouse, choisi par une majorité d’électeurs, annonçait clairement que les loyers ne seraient pas encadrés. Telle est donc la volonté majoritaire des citoyens toulousains, que nous appliquons, Monsieur Piquemal ! » conclut-il.

« Squats » et « spéculation »

Mais ce qui a agacé franchement la majorité municipale, ce sont les dernières sorties de l’élu d’opposition dans la presse locale. François Piquemal y accuse notamment Jean-Luc Moudenc dans les colonnes d’Actu Toulouse de « chasser de la ville les habitants les moins aisés » et de « livrer des biens qui appartiennent à la collectivité à des fins de spéculation immobilière », prenant l’exemple du quai Saint-Pierre.

Et « Pour Toulouse » de rappeler que François Piquemal « ex-fanfaron du DAL » comme il y est qualifié, a été « fort peu soucieux des principes républicains » et « prend plaisir, depuis des années à piétiner le Droit – singulièrement le droit de propriété – en organisant des squats ». « A l’inverse, notre comportement est tout simplement républicain en respectant la loi et en mettant en oeuvre le projet que les Toulousains ont choisi, pas celui qu’ils ont rejeté » martèle Pierre Esplugas.

 Ambiance, ambiance… Le prochain conseil municipal risque d’être animé.

Patrick Noviello (@patnoviello)

 

 

 

 

 

Projet de loi contre la glottophobie : pour Claude Sicre « le problème plus général c’est le rapport Paris-Province »

Jeudi 26 novembre à l’initiative du député de l’Hérault, Christophe Euzet (Agir) , l’Assemblée Nationale va examiner un projet de loi contre la discrimination par l’accent. L’auteur toulousain Claude Sicre également fondateur du Forom des Langues réagit à ce projet mais plus largement à ce qu’il qualifie de « maladie de l’unitarisme ».

Claude Sicre, poète, chanteur et auteur de « Notre Occitanie ». Photo MaxPPP Frédéric Charmeux

« Je suis pour faire semblant d’être pour cette loi ». A travers cette affirmation toute la malice et l’ironie du « Fabulous Trobadors ». « C’est la seule façon d’en faire parler par beaucoup de monde » reconnaît volontiers le fervent défenseur de la langue occitane.

C’est aussi présent et invisible que l’air qu’on respire » Félix Castan

Mais de quels maux la glottophobie est-elle le nom ? «Le problème plus général, plus profond, c’est le rapport Paris-Province » martèle Claude Sicre. « Ça n’est pas nouveau, ça date de la Renaissance. Je l’analyse dans mon livre (1) et je suis le premier à pousser le raisonnement jusqu’au bout » insiste-t-il.

Et l’auteur de citer l’un de ses maîtres à penser l’écrivain occitan Félix Castan qui disait de ce rapport Paris-Province « c’est aussi présent et invisible que l’air qu’on respire ». « Quand Montesquieu disait « peut-on être persan » il voulait en fait dire « peut-on être gascon » » fait également remarquer Claude Sicre.

L’unitarisme et la pensée française

« L’unitarisme est la maladie numéro un de la pensée française » explique l’artiste. « Il est à l’oeuvre depuis des siècles dans la littérature, l’histoire, toutes les sciences humaines, les arts, l’humour, la chanson, le cinéma, la radio, la télé, les comportements politiques, sociaux, économiques des français. Mais on ne le voit pas. Tellement il est enraciné dans notre façon de pensée ».

Pas besoin d’aller chercher bien loin dans les archives politiques pour tomber sur des réminiscences de cette discrimination indémodable. On se souvient de la mésaventure d’une de nos consoeurs raillée par Jean-Luc Mélenchon lors d’une interview. Mésaventure qui avait même valu à la députée LREM Laetitia Avia la (mauvaise ?) blague de proposer une loi sur le sujet. Mais aujourd’hui nous y sommes.

Pas besoin de loi ou de règlement, on va mettre tout le monde d’accord » Claude Sicre

Pour Claude Sicre « si la question est bien posée, en profondeur, tout le monde va mesurer l’énormité de ce que cela soulève, et il n’y aura pas besoin d’alourdir notre justice d’une énième loi victimaire ». Selon lui, pas besoin de loi, de règlement, ou encore de sanctions.

« Si les politiques lisent quelques livres, si les intellectuels sortent de leur carcan parisien, si les journalistes donnent la parole sans s’arrêter aux anecdotes en allant en profondeur, il y aura un déclic » assure ce féru de langue qui lance un appel à cette même presse.

Un Premier Ministre plus sensible à la question ?

Reste à savoir maintenant ce qu’il adviendra de ce projet de loi. Emportera-t-il l’adhésion de la majorité LREM ? Donnera-t-il lieu comme le souhaite Claude Sicre à un débat plus large ? Sera-t-il appuyé en hauts lieux par un Jean Castex venu de province ? Premier Ministre qui se souvient sans doute encore de la façon dont avait été accueilli son accent du sud-ouest lors de son arrivée à Matignon.

(1)« Notre Occitanie » de Claude Sicre aux éditions « Anagraphis »

Patrick Noviello (@patnoviello)

13 Nov

Des régionales en juin : la proposition fait l’unanimité ou presque

Faut-il reporter les élections régionales (et les départementales ?) au moins de juin ? C’est ce que recommande Jean-Louis Debré dans son rapport sollicité par le Premier Ministre. Covid oblige, la plupart des partis en présence y sont favorables. Mais les modalités varient.

Premier tour des élections Municipales à Toulouse, le 15 mars dernier. Photo MaxPPP Michel Viala.

S’il y a bien un point sur lequel tout le monde s’accorde, c’est le refus de revivre le scénario des élections municipales. « Si c’est pour recommencer comme en mars dernier, non merci  » s’exclame Julien Léonardelli conseiller régional RN, alors candidat à Fronton en Haute-Garonne. « Nous ne voulons pas à nouveau d’élections en deux rounds » prévient Myriam Martin pour La France Insoumise.

Les leçons des Municipales

« Les leçons ont été tirées par le Président et le Premier Ministre » assure Pierre Casteras qui « ne veut pas refaire le match ». « Ce que je salue c’est la méthode et l’objectif de la démarche de ce rapport » souligne aussi le porte-parole de LREM en Haute-Garonne.

« La proposition fait consensus, non ? »  Pour Pierre Esplugas, il faut « s’adapter à la situation de manière raisonnable ». Or de l’avis du porte-parole de LR 31, « un report de mars à juin c’est raisonnable ».

Côté socialiste, la Présidente sortante Carole Delga n’a pas souhaité s’exprimer. Mais pour Sébastien Vincini, « ce report était souhaité ». Le premier fédéral du PS en Haute-Garonne approuve « cette décision de bon sens ».  Quant à Valérie Rabault, la présidente du groupe socialiste à l’Assemblée elle ne fera pas de commentaire étant donné que cette proposition de report « va dans le sens de ce que qu’elle avait dit à Jean-louis Debré ».

« Ce qui est important pour nous c’est que la décision soit prise rapidement pour ne pas museler la démocratie » précise Antoine Maurice tête de liste EELV.

Vote par correspondance

A l’inverse la préconisation d’utiliser le vote par correspondance fait la quasi-unanimité contre elle, comme lorsqu’elle avait été évoquée pour les Municipales. « Ça doit être utilisé à la marge » recommande Myriam Martin. « On voit ce que ça a donné aux Etats-Unis où ils recomptent une semaine après » ironise Julien Léonardelli.

Pierre Esplugas se dit lui carrément « hostile » au vote par correspondance. « Pour le professeur de droit public que je suis, rien ne remplace l’unité de temps et de lieu du bureau de vote. le fait de se déplacer, de faire un effort répond au rituel électoral ».

Antoine Maurice « partage la prudence de Jean-Louis Debré sur la question ». « Il ne faut pas décider de nouvelles modalités de vote à la hâte » commente le candidat écologiste.

« Je suis assez partagé » avoue également Pierre Casteras. « C’est assez lourd à organiser. On en peut pas l’imposer à quelques mois d’une élection. Il faut en débattre sereinement » préconise-t-il.  »

Procurations facilitées ?

Guère plus d’enthousiasme sur la facilitation des procurations pour certains. « Actuellement on a des bureaux de Poste, des entreprises et même des mairies ouverts. Alors pourquoi ne pourrait-on pas assurer de bonnes conditions sanitaires dans les bureaux de vote » affirme Julien Léonardelli. « On doit être dans les meilleures conditions pour aller voter. Les procurations, ça doit rester à la marge » estime Myriam Martin.

« Un aménagement numérique doit sans nul doute être envisagé » estime Pierre Esplugas. Pour l’élu Les Républicains, « le point désuet et obsolète, c’est de les faire valider par des policiers ou des gendarmes qui ont autre chose à faire actuellement ».

Même analyse sur cette facilitation des modalités pour Pierre Casteras. « Que chacun n’arrive pas avec 10 procurations bien évidemment » explique cet ancien maire, « mais, sans tomber dans le tout numérique, il faut vivre avec son temps ».

Comment faire campagne ?

Dernier point qui préoccupent les futurs candidats : la tenue de la campagne. « Ni les français, ni les élus n’ont l’esprit à des campagnes électorales en ces temps troublés » reconnaît Sébastien Vincini. « Aujourd’hui, notre action est exclusivement tournée vers la gestion de la crise sanitaire et ses conséquences sociales, psychologiques et économiques » certifie le vice-président socialiste du département de Haute-Garonne.

Pour Antoine Maurice, ce sera une campagne « en mode Covid ». « A défaut de meeting, qu’on puisse au moins aller à la rencontre des habitants » espère la tête de liste EELV.

Un désamour attendu

« D’avance je pense que la participation va être faible » annonce Myriam Martin. « On va avoir un désintérêt parce que le désamour se poursuit entre citoyens et élus. Ça c’est le vrai sujet » martèle la conseillère régionale de La France Insoumise.

« Comment allons-nous mener campagne » se demande Julien Léonardelli. « Y-aura-t-il des meetings ou pas ? Ce qui est sûr c’est qu’on va devoir innover » prévient l’élu régional du Rassemblement National.

Patrick Noviello (@patnoviello)

22 Oct

Néonicotinoïdes : les apiculteurs d’Occitanie piqués au vif s’en prennent aux députés

Des actions ont été menées ces mercredi et jeudi par le syndicat des apiculteurs d’Occitanie. Leur cible : les députés qui ont voté ou se sont abstenus sur le projet de loi ouvrant un retour de ces pesticides.

Manifestation d’apiculteurs ce mercredi 21 octobre devant la permanence parlementaire d’Elisabeth Toutut-Picard à Toulouse. Photo Syndicat des Apiculteurs d’Occitanie.

« Votre député Monique Iborra n’a pas voté pour les abeilles, ne votez plus pour elle ». Voilà ce qu’ont pu lire, dès le levé du jour hier, les columérins sur certaines colonnes Morris de leur commune.

Quelques heures plus tard, c’était la permanence d’Elisabeth Toutut-Picard qui était cernée par des apiculteurs en tenue de travail et des pancartes dénonçant les néonicotinoïdes.

Elisabeth Toutut-Picard explique son abstention

« La porte de ma permanence est toujours ouverte et je vais proposer à ces apiculteurs de les recevoir » nous a-t-elle répondu en marge d’une réunion du groupe interministériel Santé Environnement qu’elle présidait ce jour à l’Assemblée. De plus, elle assure avoir publié les explications de son abstention sur son site internet.

Mais quelle mouche a donc piqué les éleveurs d’abeilles ? Ils dénoncent un vote issu d’un lobbying, notamment de l’industrie du sucre. Le 6 octobre dernier par 313 voix contre 158 le retour des néonicotinoïdes a été entérinée au Palais Bourbon via la possibilité d’introduire des dérogations notamment pour les producteurs de betteraves qui ont à faire face à des maladies.

Betteraves de Lot et Garonne

Pour information, les premières cultures de fleurs de betterave les plus proches de notre région se trouvent en Lot et Garonne. »1500 hectares » précise Olivier Fernandez avant de rappeler que  » les abeilles, elles, ne connaissent pas les frontières ».

Là où certains députés a une mesure obligatoire pour sauver des emplois, les apiculteurs d’Occitanie, eux, une atteinte directe à leur travail mais au delà à la santé des insectes et à plus grande échelle des espèces vivantes. « La betterave est un prétexte. Toutes les filières obtiendront des dérogations notamment le maïs » prévient Olivier Fernandez.

Comment peut-on voter en conscience contre 1322 études internationales ? »

Pour le Président des apiculteurs de la région « ce pesticide est un poison peu importe sa quantité ». « A cause de lui les abeilles mettent quatre fois plus de temps à travailler, on le retrouve jusque dans la graisse des ours polaires mais aussi chez les oiseaux ». Des apiculteurs qui dans un communiqué ne comprennent pas « comment on peut voter en conscience contre 1322 études internationales ».

Plusieurs actions en justice sont en cours. Mais les éleveurs d’abeilles espèrent maintenant que le Sénat retoquera le projet de loi. Il doit être examiné ce mardi 27 octobre au palais du Luxembourg.

Patrick Noviello

14 Oct

Avec l’épidémie de Covid et la vague verte, la réflexion sur l’encadrement des loyers de retour mais pas à Toulouse

Avec l’arrivée de majorités de gauche et/ou vertes dans certaines métropoles (Lyon, Montpellier), la question de l’encadrement des loyers revient sur le devant de la scène. A Toulouse, le maire (LR) réélu en juin ne prendra pas cette option comme il l’avait déjà annoncé en décembre dernier après la formation d’un groupe de travail. Mais son opposition a toutefois déposé un vœu pour que la mesure soit à nouveau étudiée en raison notamment de la crise économique. Sans succès.

Photo Eric Cabanis/AFP

Les communes candidates à l’encadrement des loyers ont jusqu’au 24 novembre pour déposer leur dossier. « Il n’y aura probablement pas de conseil municipal d’ici là, c’est pour ça que nous avons déposé ce vœu » explique François Piquemal.

 

L’élu d’opposition à la Mairie de Toulouse justifie aussi cette initiative par le fait que la situation a changé. « La crise sanitaire et économique va mettre des milliers de toulousains en difficulté. Les étudiants ont de plus de mal à accéder à un logement. Et enfin, une étude du site Appartager annonce une hausse des loyers de 12% en trois ans sur Toulouse ».

Le contexte sanitaire et sociale n’a pas modifié la donne en matière d’évolution des loyers » Bertrand Serp, conseiller municipal délégué au logement

« Le contexte sanitaire et sociale n’a pas modifié la donne en matière d’évolution des loyers sur les trois derniers trimestres 2019-2020 » affirme Bertrand Serp en Conseil Municipal lors de sa réponse à François Piquemal. « L’IRL qui est l’indice de référence des loyers indexé sur la consommation est inférieur à 1%. Il est de 0,66% pour les derniers indices connus, marquant donc un infléchissement par rapport aux indices de l’année précédente » précise le conseiller municipal délégué au logement.

 

Personnellement, ce n’est pas ce qu’a constaté François Piquemal. « Il y a deux ans et demi, je payais 741 euros par mois. Aujourd’hui mon loyer est 758 euros. Soit une augmentation de 204 euros sur l’année ».

 

Lors du conseil du 8 octobre dernier, Bertrand Serp a aussi rappelé pour la majorité que fin 2019, un groupe de travail avait déjà conclu à la non utilité d’encadrer les loyers. Les arguments d’alors mettaient en avant entre autres un faible écart entre loyers du parc public et loyers du parc privé et un taux de logement construit suffisamment élevé pour empêcher une flambée des prix.

Ce que je crois s’il y a un encadrement des loyers, c’est qu’on repousse les investisseurs » Jean-Luc Moudenc, maire (LR) de Toulouse

Dès juillet 2019, sur France3 Midi-Pyrénées, Jean-Luc Moudenc avait justifié son opposition à cette mesure. « Ce que je crois s’il y a un encadrement des loyers, c’est qu’on repousse les investisseurs, que l’on diminue donc la production de logements. Et s’il y a moins de logements sur le marché, alors que la demande est forte, on risque tout simplement d’avoir le contraire de ce qu’on veut, c’est à dire une hausse des prix. »

 

« C’est une candidature que doit faire la municipalité auprès du Ministère. On demande juste la mise en place d’un nouveau groupe de travail, représentatif cette fois-ci, avec associations étudiantes, Fondation Abbé Pierre ou encore le DAL. Et après, le Ministère peut dire non » précise François Piquemal.

L’encadrement des loyers nécessite une analyse préalable » Emmanuelle Wargon, Ministre chargée Logement

Si ce n’est que le Ministère semble renvoyer la balle aux maires. « Comme vous le savez l’encadrement des loyers, c’est une demande des maires et moi j’ai dit que je répondrais favorablement aux demandes » a déclaré la Ministre chargée du logement lundi 12 octobre sur le plateau du 19/20 Midi-Pyrénées Emmanuelle Wargon. Avant de nuancer : « Mais ça nécessite une analyse avec un observatoire des loyers, c’est un processus qui prend un peu de temps ».

 

A Toulouse la majorité estime avoir déjà fait cette analyse via son groupe de travail en 2019.  C’est ce que rappelle Bertrand Serp lorsqu’il répond à François Piquemal lors du dernier conseil Municipal. « Une réflexion métropolitaine conduite sous la présidence de Karine Traval-Michelet, le maire (NDR : PS) de Colomiers, alors vice-présidente de Toulouse Métropole en charge de l’habitat » précise-t-il. Comme pour souligner que l’opposition à l’encadrement des loyers dépassait la simple ville de Toulouse.

66% des toulousains sont locataires selon l’Insee. On ne retrouve pas cette tendance dans la majorité municipale » François Piquemal, élu Archipel Citoyen

Le vœu déposé par l’élu d’Archipel Citoyen a donc logiquement été rejeté par la majorité municipale. Toutefois François Piquemal l’évoquera à nouveau ce jeudi en conseil de métropole. « 66% des toulousains sont locataires selon l’Insee. On ne retrouve pas cette tendance dans la majorité municipale. Ce qui peut expliquer qu’ils balaient ainsi notre proposition » conclut-il.

Patrick Noviello

« En Commun » futur parti politique s’implante en Occitanie

« En Commun » incarné médiatiquement par Barbara Pompili et censé incarner une aile plus à gauche de LREM devient ce mercredi soir à l’issue d’une AG extraordinaire, un parti politique à part entière. Son Président a un pied en Occitanie. Ce qui explique peut-être l’implantation plus rapide de l’entité dans notre région. Revue des troupes et feuille de route de cette nouvelle composante de la majorité.

Université d' »En Commun » début septembre en Bretagne, avec de gauche à droite, Jacques Maire, Hugues Renson, Barbara Pompili et à la tribune Philippe Hardouin. Photo Bernard Galéron

Philippe Hardouin est conseiller municipal d’Ivry-sur-Seine (« une liste mi société civile, mi LREM » explique-t-il) mais il passe la moitié de son temps dans l’Aude où il a notamment intégré le Conseil d’Administration d’un musée à Lasgrasses. Il a bien fait de la politique dans sa jeunesse, mais rien qui le prédestinait à devenir président d’un parti politique.

 

Une sensibilité sur la solidarité qui manquait à LREM »

 

« Nous nous sommes créé au moment du confinement, après le premier tour des élections municipales » se souvient-il. « Il y avait la nécessité de générer à nouveau des débats comme lors de l’élection Présidentielle, de sortir des carcans idéologiques et de faire aussi valoir une sensibilité sur la solidarité qui nous manquait » justifie-t-il. Une sensibilité de gauche à LREM résumeront certains, « courant social et écologiste » diront d’autres.

 

Parmi les premières actions entamées depuis leur création, une lettre envoyée à Gérald Darmanin. Les membres d’En Commun, y contestent du Ministre de l’Intérieur sur l’aide aux migrants. Mais que les choses soient claires, ils ne créeront pas de groupe à l’Assemblée Nationale.

 

46 députés mais pas un groupe à part

 

46 députés ont actuellement rejoint le mouvement qui deviendra donc ce jour un parti. Parmi eux l’élues de Haute-Garonne Elisabeth Toutut Picard ou encore celle de l’Hérault Coralie Dubost.

 « On souhaite que les débats restent au sein du groupe. Ce n’est pas en fractionnant la majorité que nous ferons avancer nos idées » assène Philippe Hardouin.

 

Mais alors pourquoi se constituer en parti ? Notamment en vue des élections prochaines pour éventuellement y soutenir ou y lancer des candidats. Et puis surtout pour constituer une entité à part entière de la future « maison commune » appelée de ses vœux par Emmanuel Macron pour repartir à la conquête d’un second mandat. « Mais on ne sait pas encore à quoi va ressembler cette maison » tempère Philippe Hardouin.

 

Contrairement à LREM, chez nous l’adhésion est payante »

 

En attendant, « En commun » se structure et annonce plus de 500 adhérents dans tout le pays (principalement en Haut de France, Grand-Est, Occitanie, lyonnais et Pays de Loire). « Première différence avec LREM, précise son Président, chez nous l’adhésion est payante ». Le futur parti a tenu sa première université d’été en septembre, sa première réunion régionale en Occitanie il y a trois semaines. Quant à son site internet, il ouvrira cette semaine.

Patrick Noviello

07 Oct

Une lotoise, ancienne plume de Macron, raconte ses « confusions » et les coulisses de la campagne

Marie Tanguy (c’est un pseudonyme) a grandi dans le Lot. Passée brièvement par le PS puis trois ans aux côtés de Laurent Berger à la CFDT, elle décide d’intégrer l’équipe de campagne d’En Marche pour y écrire les discours du candidat. Son livre, « Confusions », raconte son naufrage dans la tempête de la Présidentielle.

Marie Tanguy quittera l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron quelques jours avant le premier tour. Photo Olivier Roller

C’est l’histoire d’un burn-out, d’une erreur de parcours ou de direction. Mais c’est aussi à quelques mois d’une nouvelle campagne présidentielle, la description sans filtre et sans concession d’une machine à gagner l’élection suprême. Même si elle se défend d’avoir voulu nuire au Président, l’autrice, originaire du petit village de Gigouzac, livre un témoignage sans détour.

Dois-je préciser qu’à En Marche, j’ai rencontré de la bienveillance, de l’indulgence, de la politesse, camouflée en gentillesse, de louables intentions. Mais j’y ai rarement trouvé de l’humanité pure. Et comme c’est une chose dont j’ai besoin à fortes doses, c’est sans doute cela aussi dont j’ai crevé »

Marie Tanguy évoque sa fragilité, se rabaisse souvent face aux cerveaux brillants qui composent l’équipe du « candidat » qu’elle ne cite jamais. Sans doute peut-on aussi voir poindre entre les lignes un complexe d’infériorité entre Paris et la province. Mais cette ancienne militante décrit surtout une armée de génies totalement déconnectés du réel et souvent sans la moindre idéologie.

 C’est dans le rapport au doute que je me suis sentie le plus loin d’eux. J’ai toujours eu des convictions profondes tout en n’étant jamais sûre de rien. Pour eux en revanche, la vérité ne faisait pas débat : il suffisait juste de la mettre en œuvre. Une démonstration de force et de volonté, voilà ce que devait être une réforme à leurs yeux.

– On va niquer les régimes spéciaux, disait David. »

« Accélération de la dépolitisation du débat public », « impression qu’on parle plus de marketing que de politique », la radiographie du mouvement est sans appel. Mais la confusion règne aussi selon Marie Tanguy dans « l’absence d’organisation, la hiérarchie incertaine » qui caractérisent EM. « Aujourd’hui encore, je ne sais précisément qui est en charge de quoi » écrit-elle. Une seule certitude en revanche : celle qu’elle a fait fausse route. Elle le sait, à peine une journée après son arrivée au « pôle idée » dans « un bureau dangereux ».

L’un des passages clés à ce sujet : l’élaboration du « projet » préalable au « programme » qui, lui, mettra plus de temps à naître, on s’en souvient.

J’ai vu des impôts, des crédits d’impôts, des droits sociaux, des règles et des agences, naître, prendre leur élan et mourir sous mes yeux pour la plupart, tandis que d’autres parvenaient à résister à l’épreuve des filtres, des arbitrages, des revirements stratégiques ou des volte-face irrationnelles, pour se frayer un chemin vers le Graal d’une inscription sur un livret de 32 pages signé par le candidat ».

Mais cette méthode est-elle vraiment propre au « Nouveau Monde » ? Comme cette tendance du candidat à « promettre à son audience ce qu’elle a envie d’entendre ». Nul doute que Marie Tanguy, elle, ne se fera plus prendre aux sirènes de la politique.

Patrick Noviello

« Confusions » de Marie Tanguy, collection « La grenade », éditions JC Lattès.

16 Juil

Métropole Toulousaine : Jean-Luc Moudenc réélu président, des élus s’estiment exclus

Dans la foulée des résultats des Municipales de juin dernier, le conseil métropolitain se réunissait ce jeudi 16 juillet pour élire président, vice-présidents et membres de son bureau. Certains élus de l’opposition ont dénoncé leur exclusion des instances exécutives.

Jean-Luc Moudenc. Photo MaxPPP/Xavier de Fenoyl

Réélu par 96 voix pour et 37 votes blancs dont le sien, Jean-Luc Moudenc était le seul candidat déclaré. Il a tenu à « remercier de la confiance qui lui était accordée ». Et le maire LR de Toulouse a immédiatement enchaîné en remerciant également le conseil « d’avoir assuré la diversité démocratique à travers son vote ».

Un point de vue que ne partage pas le maire de l’Union. Une fois faite l’annonce des vingt vice-présidents, il a tenu à prendre la parole. Il dénonce alors l’absence d’élus majoritaires de sa commune et de celle de Cugnaux de l’exécutif.

Cugnaux et l’Union éjectées » Marc Péré

« Le signal qui est donné d’éjecter Cugnaux et l’Union des vice-présidence n’est pas conforme à l’esprit qui doit régner ici » assène Marc Péré. Et l’élu de poursuivre : « Le SDEHG (syndicat départemental d’énergie de la Haute-Garonne) compte 82 représentants dont aucun de mon groupe qui constitue pourtant 15% de cette assemblée. Je trouve ça inqualifiable ! »

La réponse du président fraîchement réélu ne se fait pas attendre. « Il y a 10 postes de vice-président pour la ville centre, Toulouse, et dix pour les communes hors ville centre. Laisser croire que cela veut dire que seraient exclues les 27 autres communes est totalement contraire à la réalité et à tout ce qui s’est pratiqué dans cette collectivité » rétorque Jean-Luc Moudenc.

Pacte de gouvernance

Le maire de Toulouse revient également sur le pacte de gouvernance et d’orientation signé par certaines communes (et tous les vice-présidents) et que Marc Péré affirme ne pas s’être vu présenter. « Nous avons souhaité qu’il y ait un travail en commun entre maires de sensibilités différentes mais qui sur le travail métropolitain à faire ces dernières années reconnaissent qu’il y a des convergences objectives. Vous ne pouvez pas Monsieur Péré prendre de façon répétitive des positions différentes de la quasi-totalité des maires et vouloir, comme si de rien n’était, exercer des responsabilités exécutives ».

Marc Péré semble ainsi payer ses années d’opposition lors de son précédent mandat à la Métropole. Mais qu’en est-il de Cugnaux et de sa nouvelle majorité issue d’une liste citoyenne ? En l’absence de son maire, Albert Sanchez, c’est l’un de ses adjoints qui demande des explications. « Je ne comprends pas que notre commune n’ait pas été contactée » s’interroge Thomas Karmann. Et le nouvel élu de déplorer que « même si les habitants de la quatrième ville de la métropole nous ont élus, on se retrouve face au fait accompli sans pouvoir partager une gouvernance ».

Ce n’est pas parce que vous n’êtes pas dans l’exécutif que vous serez exclus » Jean-Luc Moudenc

Là encore la réponse de Jean-Luc Moudenc laisse peu de prise : « J’ai essayé de joindre le nouveau maire de Cugnaux. Je lui ai même laissé un SMS le 5 juillet. Je n’ai jamais eu de réponse. J’ai eu votre SMS le 14 juillet un petit peu après 23 heures et je vous ai fait joindre immédiatement le lendemain matin. (…) S’agissant de votre commune, elle va participer pleinement aux instances métropolitaines, en particulier dans le bureau que nous avons élu. M. Sanchez y figure naturellement (…) Ce n’est pas parce que vous n’êtes pas dans l’exécutif que vous serez exclus ».

De son côté Antoine Maurice souhaite que le pacte de gouvernance et d’orientation proposé par Jean-Luc Moudenc soit rendu public. « Il aurait été préférable que vous le proposiez à tous » lance l’élu Europe Ecologie Les Verts à son ancien adversaire aux Municipales. Pas de réponse du président réélu de la Métropole.

Sensibilités politiques différentes

Des vice-présidents de sensibilité politique différente de celle de Jean-Luc Moudenc, il y en a pourtant dans ce nouveau conseil métropolitain. Mais ils n’ont pas emboîté le pas de Marc Péré ou de Thomas Karmann. La socialiste Karine Traval-Michelet a déclaré vouloir « être vigilante quant à la mise en œuvre du pacte de gouvernance ». « Un pacte que nous avons co-rédigé » précise-t-elle.

« Il y a dedans des objectifs auxquels nous sommes attachés et qui sont non négociables comme la participation citoyenne, la transition écologique ou le travail pour faire face à la crise économique. Il ne s’agit pas là d’un contrat de majorité mais bien d’un pacte de gouvernance » a tenu à préciser la maire réélue de Colomiers qui aura en charge l’habitat à la Métropole.

Travailler sans perdre son identité politique ou communale » Joseph Carles

Autre groupe à avoir pris la parole, et là encore sans abondé dans le sens du maire de l’Union, celui dit « indépendant » de Joseph Carles. Le maire de Blagnac a également obtenu un poste de vice-président (prospective et contractualisation). Pour lui, comme lors de la crise sanitaire, il est possible de travailler pour la Métropole sans perdre son identité politique ou communale. « Nous aurons des choix douloureux à faire mais cette Métropole doit continuer à avancer » prévient-il.

Parmi les dossiers majeurs qu’aura à traiter cette nouvelle assemblée métropolitaine : la troisième ligne de métro (les représentants de Tisséo collectivités ont aussi été élus par le conseil ce jour) ou encore la LGV. Jean-Luc Moudenc a également placé comme priorité la transition écologique et la relance économique. Une fois encore, il s’est engagé à ne pas augmenter les impôts. La « diversité démocratique » se ressentira-t-elle dans ce futur programme ? En tout cas, les débats, eux, promettent d’être animés.

Patrick Noviello (@patnoviello)

12 Juin

Chronique de l’après (2) : « Effort de guerre »

Gagner moins ou réduire ses congés pour préserver l’emploi. C’est le principe des « accords de performance collective » prônés par la Ministre du Travail Muriel Pénicaud. Parallèlement, l’Etat revient en force pour relancer l’économie. Mais les salariés devront également contribuer à l’effort de guerre payé à la crise sanitaire.

Salariés du sous-traitant aéronautique Derichebourg à Toulouse, le 2 juin dernier. Photo MaxPPP/PQR Nathalie Saint-Affre.

L’exemple le plus marquant, et qui plus est dans notre région, est sans doute celui du sous-traitant aéronautique Derichebourg. Alors que l’Etat a annoncé ce mardi, un plan de sauvetage de 15 milliards d’euros pour la filière, cette entreprise prévoyait bel et bien de supprimer 700 emplois, soit un sur deux sur son site toulousain si ses salariés n’acceptaient pas un accord de performance. Autrement dit, ils devront s’asseoir notamment sur leur treizième mois.

Si l’on y ajoute leurs indemnités transport et repas, chaque employé pourrait perdre en moyenne 270 euros par mois. Dans cet entreprise, le syndicat Force Ouvrière, majoritaire, a accepté le principe de ce sacrifice financier. Ce qui valait sans doute à son secrétaire général cet aveu plus global et empreint de soupirs sur France Inter ce mercredi matin : « il nous arrive, nous syndicats de négocier des plans de sauvegarde de l’emploi qui sont en réalité des plans de licenciement parce que à chaque fois, à chaque endroit, on essaie de défendre au mieux les intérêts des salariés ».

On a aussi de très mauvais souvenirs. Tout le monde a en tête SMART. Deux ans plus tard, on délocalise en Chine. »

Et Yves Veyrier de revenir sur ces « accords de performance collective ». « Dans quelques exemples, on a pu passer le cap mais on a aussi de très mauvais souvenirs. Tout le monde a en tête SMART. Deux ans plus tard, on délocalise en Chine ». « Les promesses n’engagent que ceux qui y croit » dit le dicton populaire. Et sur ce point, je vous renverrai vers le remarquable film de Stéphane Brizé, « En guerre », où Vincent Lindon incarne un leader syndical victime justement d’y avoir cru.

Ce même acteur a proposé début mai ce qui a pris le nom de taxe Jean Valjean. Son principe serait de taxer de 1 à 5 % les patrimoines français de plus de 10 millions d’euros. La somme ainsi récoltée serait ensuite reversée aux plus de 20 millions de foyers « trop pauvres pour être assujettis à l’impôt sur le revenu ». L’idée donnera peut-être un jour un film, mais elle ne semble pas près de devenir une loi.

Les hauts revenus et les grandes propriétés doivent être taxés dans l’intérêt de la collectivité »

Dans la même veine, la conseillère régionale Ensemble-France Insoumise Myriam Martin propose, elle, une taxe d’urgence Covid. La tribune qu’elle a co-signé avec d’autres élus et militants de gauche européens développe « l’idée selon laquelle les hauts revenus et les grandes propriétés doivent être taxés dans l’intérêt de la collectivité ». Sans attendre un consensus à 27, les signataires demandent à ce qu’elle rentre en vigueur dès le 30 juin dans les pays qui décideraient de l’appliquer. Peu de probabilité là encore que le projet aboutisse, et encore moins dans les temps.

Parce que le temps presse. Je pense aussi en écrivant ces lignes à deux de mes connaissances qui, juste avant la crise sanitaire, avaient décidé de redonner un coup d’accélérateur à leurs carrières et à leurs projets professionnels. Trentenaires compétents, ils avaient démissionné pour rejoindre deux entreprises sur la région toulousaine, l’un dans l’artisanat, l’autre dans la recherche et développement. Les voilà aujourd’hui menacés par l’imparable logique du « dernier arrivé, premier licencié ».

Blocage partiel des dividendes

Malgré le prolongement du chômage partiel, les formation-reconversions, le prêt de main d’œuvre ou encore la mobilité interne, il y aura, quoi qu’il arrive, des licenciements. Mais, en même temps (comme dirait l’autre) qu’on demande aux salariés de se serrer la ceinture pourquoi ne pas solliciter aussi les actionnaires ?

Etat, organisations patronales et régulateurs seraient désormais parvenus à un consensus sur un blocage partiel des dividendes. Enfin reste la question des banques. Répondront-elles présentes pour ses salariés et entreprises que le Covid a laissé exsangues ? Peu d’infos filtrent à ce sujet depuis la sommation du chef de l’Etat à leur encontre mi-avril. J’attends de voir si elles participeront elles aussi à « l’effort de guerre ».

Patrick Noviello (@patnoviello)