01 Mai

Université-Label « Idex » : Philippe Saurel demande une réunion de crise à Carole Delga

Les deux métropoles régionales au bord de la route. Janvier 2016, Montpellier échoue et ne parvient pas à décrocher le label « Initiative Excellence » (Idex) pour ses universités. 29 Avril 2016, Toulouse est exclue du projet Idex. Désormais, les deux pôles universitaires de la région sont sur le banc de touche.

Le maire de Toulouse s’est exprimé samedi 30 avril. Jean-Luc Moudenc parle d’une « profonde déception » et estime que l’arrêt du projet Idex « sanctionne le manque d’ambition des acteurs universitaires toulousains ». Mais l’élimination de Toulouse fait également réagir le premier magistrat de Montpellier.

Philippe Saurel, maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole

Philippe Saurel, maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole

Philippe Saurel « demande que le conseil régional qui a compétence sur l’université et l’enseignement supérieur rassemble les responsables de l’université et les présidents des deux métropoles et leur demande expressément de se mettre au boulot pour présenter une université unifiée qui intègre les sciences humaines et les sciences sociales. Nous sommes quasiment la seule région en France a être absent du dispositif Idex. C’est trop grave en terme d’université et de repérage mondial. J’en ai parlé avec Jean-Luc Moudenc nous avons la même position ».

Nous sommes quasiment la seule région à être absente du dispositif Idex, c’est trop grave.

En janvier 2016, Philippe Saurel s’est exprimé sur la disqualification des universités montpelliéraines du dispositif Idex. Mais le président de la Métropole a surtout accompagné ses paroles d’annonces fortes : le gel de 15 millions d’euros dans le cadre du plan Etat-Région et l’arrêt d’un financement de 40 000 euros au profit de la Communauté d’Universités et d’établissements, Languedoc-Roussillon (Comue-LR).

Dans sa décision de refus, en janvier 2016, le jury pointe du doigts des problèmes d’organisation et de gouvernance au sein des différentes universités et établissements de Montpellier. La réaction de Philippe Saurel correspond à ce « réquisitoire » et vise à mettre les universitaires face à leur responsabilité. En avril 2016, le jury international (qui retire Toulouse du dispositif « Initiative Excellence« ) emploie des mots voisins à ceux utilisés pour refuser le ticket d’entrée à Montpellier. La réaction du maire de Toulouse est moins cinglante que celle de Philippe Saurel. Mais Jean-Luc Moudenc pointe également une responsabilité des universitaires toulousains : « on ne pouvait observer une adhésion des acteurs à une démarche de transformation conduisant à une université de recherche intégrée ».

Mais, au delà des différences de tempérament, il existe une position commune et un diagnostic partagé entre Philippe Saurel et Jean-Luc Moudenc. La présidente de région, Carole Delga, va-t-elle entendre cet appel des deux présidents de métropole et organiser une réunion de crise ?

Réponse dans les prochains jours.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

29 Avr

1er mai : un « appel des 100 » pour lancer un débat à gauche.

Un appel au milieu des brins de muguet. Dimanche 1er mai 100 personnalités lancent un texte appelant à un débat à gauche. Les signataires ont finaliséla liste. Une liste  publiée dans un hebdomadaire et distribuée (avec un manifeste) sous forme de tract lors des traditionnelles manifestations de la fête du Travail. Parmi les signatures on trouvera celle de personnalités politiques (Marie-Noëlle Lienemann, Clémentine Autain, Noël Mamère), syndicales (Gérard Aschieri) ou médiatiques ( Gérard Filoche et Caroline de Haas, l’emblématique opposante à la loi El Khomri).

Des « régionaux » donnent également leurs paraphes : le conseiller régional « Nouveau Monde« , Serge Regourd et sa collègue Myriam Martin, la figure tarnaise de la lutte contre le barrage de Sivens, Ben Lefetey. Une ancienne élue régionale ne s’est pas contenté de signer. La tarbaise, Marie-Pierre Vieu, accompagne le projet depuis le début.

Marie-Pierre Vieu ancienne conseillère régionale et présidente du Front de Gauche à la Région

Marie-Pierre Vieu ancienne conseillère régionale et présidente du Front de Gauche à la Région

Elle explique de le sens de cet « appel des 100 du 1er mai ». Pour la responsable communiste il s’agit de « remettre la charrue avant les bœufs en provoquant le débat ». Un débat critique. Comme le précise Marie-Pierre Vieu, « c’est une critique de gauche de la politique gouvernementale. De maintenant jusqu’à la fin juin, nous allons organiser des débats et des forums dans les grandes métropoles et dans les départements. Il s’agit d’établir un cahier des charges des problèmes à régler et de faire des propositions phares pour sceller un rassemblement à gauche ».

La représentante du PC insiste sur la diversité des profils : « parmi nous, il y a des gens favorables à une primaire à gauche (ndlr pour la présidentielle de 2017) et d’autres qui estiment qu’une primaires est piégée par le PS ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

28 Avr

La députée PS Cathy Lemorton a-t-elle fait pression sur un avocat toulousain ?

L’avocat d’une salariée poursuivi par la présidente de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée Nationale. L’affaire n’est pas banale. Mais elle débute de manière assez « classique ». Une collaboratrice de la députée PS de Haute-Garonne Catherine Lemorton fait l’objet d’une procédure de licenciement. L’ex-employée tente une conciliation et finit par saisir la juridiction prud’homale. L’affaire est un contentieux du travail comme il en existe des milliers en France et la députée Lemorton n’est pas la première parlementaire à se retrouver sur la sellette.

Les législateurs entretiennent des relations parfois compliquées avec le code du travail. Mais la suite des événements est beaucoup plus originale. L’avocat de la salariée licenciée écrit au président de l’Assemblée, Claude Bartelone et au président du groupe PS, Bruno Le Roux. Catherine Lemorton n’apprécie pas du tout. Elle saisit, par l’intermédiaire de son avocate, le Bâtonnier de Toulouse en invoquant « un chantage sur un élu de la République ». Une enquête déontologique est ouverte. 

La députée Cathy Lemorton (Photo : AFP)

La députée Cathy Lemorton (Photo : AFP)

10 septembre 2015, Véronique Dufor est convoquée pour un entretien préalable à un licenciement. Elle travaille pour la députée de Haute-Garonne depuis 2007. Catherine Lemorton souhaite rompre son contrat de travail. Motif : « absences répétées et prolongées (qui) perturbent le fonctionnement de la permanence« . C’est la fin d’une collaboration qui se déroulait sans grosse anicroche. Quelques remarques sur un manque d’investissement politique. Véronique Dufor est une militante PS (encartée jusqu’en décembre 2015) mais, selon l’ancienne salariée, sa patronne trouve qu’elle manque d’enthousiasme pour distribuer des tracts ou participer à des réunions. Rien de très méchant. En 2011, un accroc plus sévère se produit. Véronique Dufor utilise le téléphone fixe et le portable de la permanence parlementaire à des fins personnelles. La facture est salée : 1 801, 53 euros. Catherine Lemorton adresse un rappel à l’ordre à sa collaboratrice qui s’engage à rembourser les sommes. Ces faits (aujourd’hui prescrits) auraient pu motiver un licenciement pour faute. Mais c’est en 2015, quatre ans plus tard, que le divorce est consommé.

Le licenciement est engagé en 2015

Une série d’arrêts maladie et de longues semaines d’absence (9 mars au 10 avril 2015, 6 mai au 31 juillet 2015, 26 août au 30 septembre 2015) finissent par conduire à un licenciement. Un licenciement dont l’ex-salariée ne conteste pas le principe mais les modalités pratiques. Véronique Dufor prend un conseil, Maître Claude Yéponde, du barreau de Toulouse. Le 21 septembre 2015, l’avocat toulousain écrit à Catherine Lemorton. Dans le courrier, Maître Yéponde propose « une solution négociée » tout en laissant planer la possibilité d’une action en justice. La réponse ne tarde pas. Elle est datée du 28 septembre. Elle se résume à une fin de non-recevoir : « votre lettre…n’est en rien le reflet de la réalité… la formulation est empreinte d’affirmations inutilement menaçantes, je prends rendez-vous avec mon conseil ». 

L’avocat écrit au président de l’Assemblée Nationale

Trois mois plus tard le ton monte d’un cran. Le 17 décembre 2015, l’avocat de l’ex-salariée fait remonter l’affaire vers le quatrième personnage de l’Etat, le président (socialiste) de l’Assemblée Nationale, Claude Bartelone, et vers le président du groupe PS au Palais-Bourbon, Bruno Leroux. Dans une lettre que s’est procurée France 3 Midi-Pyrénées, Maître Claude Yéponde écrit : « Compte tenu de ses fonctions et de ses hautes responsabilités au sein de cette Commission (ndlr des affaires sociales) et alors que sa connaissance et son application du droit du travail devraient être exemplaires, il me semblait essentiel de vous alerter sur les nombreux manquements qu’elle (Catherine Lemorton) a pu commettre à l’égard de ma cliente‘ ».

Voici la lettre envoyée au président de l’assemblée nationale :

L’avocat de la députée saisit le conseil de l’ordre

La lettre finit au panier. Mais du côté de Catherine Lemorton, pas question d’en rester là. Le bâtonnier de Toulouse est saisi et une enquête déontologique est ouverte. Contactée par France 3, Catherine Lemorton nie être à l’origine de la contre-attaque : « ce n’est pas moi mais mon avocate‘. Effectivement, selon nos informations, c’est bien Maître Vaysse-Lacoste, avocate au barreau de Toulouse et membre du conseil de l’Ordre qui a lancé la procédure. Une procédure qui a débouché, selon plusieurs sources concordantes, sur une convocation. Catherine Lemorton déclare : « Il peut être radié ou suspendu, c’est grave de faire pression sur un justiciable« . En réalité, selon une source judiciaire, l’épée de Damoclès se limite plutôt à un blâme ou à un avertissement.

En revanche, Catherine Lemorton cherche visiblement à calmer le jeu et à dégonfler les choses. La ligne « ce n’est pas moi mais mon avocate » va dans ce sens. Problème. Ce n’est pas très convaincant. Maître Vaysse-Lacoste la représente et agit au nom de sa cliente : Catherine Lemorton. D’ailleurs, c’est elle qui plaidera aux prud’hommes le dossier « Lemorton/Dufor ».

Les acrobaties verbales de la députée de Haute-Garonne traduisent simplement un malaise. C’est normal. Attaquer un avocat qui défend une salariée, c’est difficile à assumer. Surtout de la part d’une présidente socialiste de la commission des Affaires sociales

Laurent Dubois (@laurentdub)

22 Avr

Primaires à droite : Bruno Le Maire à Toulouse le 9 juin

Photo : MaxPPP

Photo : MaxPPP

Bruno Le Maire sera à Toulouse le 9 juin prochain.

Après NKM (25 avril), Jean-François Copé (27 avril), Frédéric Lefebvre (28 avril) et François Fillon (12 mai), l’ancien ministre des Affaires Etrangères sera le cinquième candidat aux Primaires (pour la présidentielle de 2017) à venir dans la ville Rose.

Le programme du déplacement n’est pas (encore) définitivement arrêté. Mais, selon son staff, cette journée passera par l’aéronautique, l’Oncopôle et les biotechnologies. Une rencontre avec les militants de la Haute-Garonne est prévue. Elle doit se dérouler dans la soirée.

Laurent Dubois (@laurentdub)

21 Avr

Le président du Conseil départemental du Lot… exclu du PS !

La rue de Solférino a la main lourde. Alors que le nombre de militants socialistes a plutôt tendance à fondre comme actuellement les neiges des sommets pyrénéens, le siège du Parti Socialiste vient de prononcer l’exclusion pour un an du président du Conseil départemental du Lot, Serge Rigal.

Serge Rigal

Serge Rigal

La décision a pris effet le 18 avril dernier. Au PS on ne mégote pas avec les dissidences. Le parti a perdu plusieurs départements en mars 2015. Il a conservé celui du Lot mais désormais son président n’est plus socialiste !

La faute de Serge Rigal : s’être (re)présenté à la présidence du département alors que le PS avait choisi Geneviève Lagarde. D’ailleurs les conseillers départementaux n’avaient pas suivi non plus la ligne du PS. En mars 2015, Serge Rigal, président sortant qui avait succédé à Gérard Miquel, avait récolté 24 voix contre 9 à son adversaire… socialiste. 

En congé du PS, Serge Rigal risquait donc l’exclusion. Dans les vallées lotoises, quelques caciques du PS, parmi lesquels l’influent Martin Malvy ou encore le sénateur Gérard Miquel, avaient plaidé pour un peu de mansuétude. Ils n’ont pas été entendus par les instances parisiennes. Serge Rigal sera donc hors du PS pour les 12 mois qui viennent.

Dans sa frénésie d’exclusion, le PS a aussi exclu pour 6 mois Danièle Deviers, le binôme de Serge Rigal sur le canton de Causse et Bouriane, et le maire de Figeac André Mellinger, élu vice président du Conseil départemental.

Fabrice Valéry (@fabvalery) et Laurent Dubois (@laurentdub)

11 Avr

Trop petit, le buste de Dominique Baudis au Capitole sera remplacé

Ce jeudi 14 avril, la mairie de Toulouse va installer un nouveau buste de l’ancien maire Dominique Baudis dans la cour Henri IV du Capitole.

Le buste de Dominique Baudis installé en avril 2015 sera remplacé.

Le buste de Dominique Baudis installé en avril 2015 sera remplacé.

Pourquoi un « nouveau » buste, alors qu’il y a un an, un premier avait été inauguré en grandes pompes au même endroit ? Officiellement, le premier buste installé en 2015, un an après la mort de Dominique Baudis, sera transféré à l’intérieur du Capitole, dans le salon rouge où il sera installé sur une commode.

Ce buste en bronze avait surpris beaucoup de curieux lors de son dévoilement le 14  avril 2015 : sa couleur d’abord, sa taille surtout, si bien que quelques visiteurs du Capitole n’arrivaient pas à le trouver.

Jean-Luc Moudenc a annoncé lui-même sur les réseaux sociaux qu’un nouveau buste allait être installé le 14 avril dans la cour du Capitole.

Sans préciser les raisons de ce changement. D’après nos informations, c’est la taille de la sculpture qui posait problème. Dans cette cour, le buste, haut de quelques dizaines de centimètres, faisait vraiment minuscule. Avec la famille de Dominique Baudis, la mairie a donc choisi de couler un nouveau bronze, cette fois en taille réelle, et c’est celui-ci, tiré de la même oeuvre de la sculptrice Madeleine Tézenas de Montcel, qui sera installé jeudi 14 avril.

La « grandeur » d’un maire dans l’histoire d’une ville passe aussi (mais pas seulement, évidemment) par la « taille » de la représentation qu’on lui octroie à sa disparition.

Fabrice Valéry (@fabvalery)

07 Avr

Montauban : quand des proches de Brigitte Barèges et Valérie Rabault en viennent aux mains

Le centre universitaire de Montauban (Crédit : Google).

Le centre universitaire de Montauban (Crédit : Google).

Que s’est-il réellement passé ce jeudi 7 avril devant le centre universitaire de Montauban ? Selon nos informations, il y a eu échange de coups de poings et bousculade près du centre universitaire entre des jeunes militants socialistes et des jeunes Républicains, au moment où se tenaient les élections des représentants des étudiants.

Pif, paf, pouf ! Quelques bourre-pifs plus tard, les deux « parti(e)s » sont ensuite allés porter plainte, accusant l’autre d’agression.

Du côté du PS, on dénonce une attaque perpétrée contre le secrétaire départemental du Mouvement des jeunes socialistes 82, Paul Murat-Craïs, par un militant des Républicains, Pascal Ellul. S’il ne fait pas partie des « grandes figures politiques » du Tarn-et-Garonne, Pascal Ellul a tout de même une petite notoriété : président national des jeunes de la Droite populaire, il a été le candidat de la droite aux dernières élections départementales sur le canton de Valence d’Agen face à… Jean-Michel Baylet, qui l’a emporté dès le premier tour. On parlait alors de lui comme « envoyé spécial » de Brigitte Barèges sur les terres de Jean-Michel Baylet : il faut dire que le jeune homme occupe le poste de… chef de cabinet de la maire LR de Montauban. Le militant socialiste frappé a déposé plainte contre lui, pour « violences légères », selon nos informations.

Selon des témoins, à l’issue d’une vive discussion entre ces deux personnes, Pascal Ellul aurait « giflé » Paul Murat-Craïs et serait ensuite allé s’excuser.

Mais le mis en cause par les jeunes socialistes se défend, ayant de son côté également déposé plainte pour agression. Pascal Ellul, présent sur le campus au nom du syndicat étudiant de droite l’UNI dont il est l’ancien président national, estime avoir été agressé par le militant socialiste.

Selon lui, le leader du MJS « s’est alors mis à m’invectiver violemment sur la politique des transports de la Mairie tout en me traitant de «facho de Barèges» et également «Barèges c’est de la merde». Je lui ai alors demandé d’arrêter sa provocation, car nous étions là pour les élections étudiantes. Malgré mes demandes, les insultes ont continué à fuser et Paul Murat Craïs m’a alors repoussé violemment ».

L’incident pourrait en rester au niveau d’une ligne sur la main courante du commissariat de Montauban. sauf qu’il oppose un proche de la maire de Montauban Brigitte Barèges à un tout aussi proche de la députée PS Valérie Rabault, patronne du PS du département.

Les séances du conseil municipal de Montauban sont parfois agitées. Cette fois, la guéguerre que se mènent les deux élues est descendue, par militants interposés, dans la cour de récré (ou plutôt de l’université). Décidément, rien ne se passe jamais comme ailleurs à Montauban !

Fabrice Valéry (@fabvalery)

Ben Lefetey : de Sivens à #NuitDebout

De la forêt au pavé. Une des figures du combat de Sivens, Ben Lefetey rejoint « Nuit Debout « .

Ben Lefetey, ancien leader de la contestation anti-Barrage de Sivens. Photo AFP

Ben Lefetey, ancien leader de la contestation anti-Barrage de Sivens. Photo AFP

Entamé à Paris et désormais implanté à Toulouse, le mouvement réunit des militants, des retraités, des étudiants et des salariés. Place du Capitole à Toulouse ou sur Paris, place de la République, c’est une foule de débats autour de la loi El Khomri, le cumul des mandats ou la finance internationale. On est loin des tirs de grenade lacrymogène dans lequel a baigné Ben Lefetey pendant des semaines. L’ancien leader (tarnais) des anti-barrage de Sivens change de terrain de lutte et s’investit dans une autre forme de combat. Celui des idées. Les échauffourées avec les gendarmes mobiles laisse la place à des joutes oratoires. Ben Lefetey ne rompt pas avec les actions coups de poing. Jeudi 6 avril, il participe au blocage d’un sommet pétrolier à Pau. Mais il s’implique également dans les forums animés de « Nuit Debout ».

Pour Ben Lefetey, il existe un lien entre Sivens et son implication dans #NuitDebout : « la convergence de gens qui font la même analyse et dont les propositions convergent ». 

Militant EELV, Ben Lefetey revendique « un parcours de société civile« . Mais il n’oublie pas le jeu politique : « le résultat des élections régionales montrent le discrédit des partis politiques. « Nouveau Monde » (ndlr une association de partis allant d’EELV en passant par le PC, le Parti de Gauche et les Occitanistes) a été une expérience intéressante mais les résultats n’ont pas été à la hauteur. D’ailleurs, il ne faut surtout pas que les partis récupèrent le mouvement (ndlr : Nuit Debout) car cela ferait partir les gens qui sont attirés par cette expérience ».

Une expérience qui, d’ailleurs, pourrait débarquer dans le Tarn. Comme le précise Ben Lefetey, « je connais des gens intéressés et qui pourraient se mobiliser ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

06 Avr

Amendement Rabault sur la fiscalité : les « fraudeurs » sauvés par les frondeurs

Sale temps pour les fraudeurs. Suite à l’affaire « Panama Paper’s« , des noms sont mis sur la place publique et un premier ministre (islandais) est contraint de démissionner. Mais les amateurs de comptes offshore peuvent toujours compter sur le parlement français. Tambouille politicienne et paradis fiscaux font bon ménage. Cinq mois avant des révélations qui secouent la planète finance et le monde politique, les députés ont eu l’occasion de renforcer la lutte contre l’évasion fiscale. Mais une chamaillerie entre les Frondeurs du PS et le gouvernement socialiste ont eu raison d’un amendement qui resserrait l’étau. Dommage. Sans une guerre interne au PS, François Hollande pourrait brandir l’exemplarité de la France.

La députée PS du Tarn-et-Garonne, Valérie Rabault (Crédit : MaxPPP)

La députée PS du Tarn-et-Garonne, Valérie Rabault (Crédit : MaxPPP)

Lundi 4 avril 2016. François Hollande déclare : « Toutes les informations qui seront livrées donneront lieu à des enquêtes des services fiscaux et à des procédures judiciaires« . C’est vraiment pas de chance. Grâce au vote d’un amendement déposé par une de ses députées, l’Elysée pourrait disposer, depuis plusieurs mois, d’informations utiles au fisc et à la justice. En effet, le 4 décembre 2015, dans le cadre du projet de loi rectificatif au budget, la rapporteure (PS) du Budget, Valérie Rabault, députée PS du Tarn-et-Garonne, a déposé un texte qui s’attaque à l’évasion fiscale. Publication annuelle du chiffre d’affaires annuel des entreprises, du nombre de filiales, d’employés et du montant des impôts versés à l’Etat.

L’amendement Rabault apportait plus de transparence dans l’univers (souvent) opaque des comptes d’entreprise.

Un rapport parlementaire chiffre à 15 milliards d’euros par an le manque à gagner pour le fisc. Tous les ans, entre 40 et 60 milliards d’euros de bénéfices échappent à l’impôt. Sans même parler de l’aspect moral (une fraude organisée), l’évasion fiscale « plombe » les caisses d’un Etat français lourdement endetté. Dans ce contexte, l’amendement Rabault n’est pas simplement politiquement judicieux. Il est financièrement utile.

Mais c’est sans compter sur les tensions entre Frondeurs et gouvernement. En effet, l’amendement Rabault se retrouve pris en otage par les affaires domestiques du Parti socialiste. Comme le précise un des députés qui a participé au vote, le député du Tarn, Jacques Valax : « On nous a demandé de ne pas voter car l’amendement était défendu par les frondeurs mais on nous a promis un texte plus tard« .

Visiblement la consigne a été suivie. Sur les 56 députés présents lors de la séance de nuit de décembre 2015, 25 ont voté « contre » et 21 se sont prononcés positivement. Le sommeil a eu raison de l’immense majorité des 577 députés qui visiblement ont préféré leur oreiller aux bancs de l’Assemblée. Mais, parmi la maigre « troupe » restante, le gouvernement a remporté la partie. Les Frondeurs ont été battus à 4 voix près. L’auteure de l’amendement a même voté contre son propre amendement.

Cette volte-face surprenante est, selon un parlementaire socialiste, purement conjoncturelle : « Valérie Rabault a été légitimiste et n’a pas voulu entrer dans des règlements de compte entre le gouvernement et les frondeurs ».

Valérie Rabault défend une toute autre version des faits :  » Je n’ai jamais été favorable à cet amendement. C’est une spécificité de la loi des finances. Les amendements portent forcement le nom du rapporteur du budget. Le fait qu’il ne soit pas adopté ne remet absolument pas en cause la lutte contre l’évasion fiscale. Nous avons fait adopté deux mesures essentielles : les échanges d’informations entre les administrations fiscales des pays européens et nous avons institué une publication obligatoire du chiffre d’affaire et des résultats des entreprises dans tous les pays dans lesquelles elles sont implantées. C’est une vraie et profonde évolution ».

Cinq mois après l’épisode nocturne du « vrai-faux » amendement Rabault, en plein « Panama Paper’s« , l’abandon d’un dispositif anti-évasion fiscale laisse un goût amer à certains parlementaires socialistes. Ainsi Jacques Valax déclare  » Regret. Le gouvernement a manqué l’occasion d’afficher sa fermeté dans sa lutte contre la fraude fiscale. Pour retenir les députés de voter avec les frondeurs, on nous a promis un texte mais il n’est jamais arrivé. C’est une occasion manquée « .

Dans le contexte actuel, l’occasion manquée se transforme en malaise.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

05 Avr

Un « cher » voyage au Bolchoï : l’imposante délégation toulousaine à Moscou

L’orchestre national du Capitole de Toulouse est cette semaine en tournée dans la mythique salle du Bolchoï à Moscou. Un événement important pour l’orchestre et son chef Tugan Sokhiev mais aussi pour la ville de Toulouse (ou plus particulièrement la Métropole, l’orchestre étant désormais sous sa responsabilité). Un retentissement exceptionnel.

Tugan Sokhiev et Jean-Luc Moudenc dans la salle du Bolchoï (photo : page facebook de J-Luc Moudenc).

Tugan Sokhiev et Jean-Luc Moudenc dans la salle du Bolchoï (photo : page facebook de J-Luc Moudenc).

Si exceptionnel d’ailleurs que les musiciens, personnels administratifs et techniciens de l’ONCT (environ 110 personnes) sont accompagnés pour cet événement par une délégation « officielle » de 8 personnes emmenées par le président de Toulouse Métropole et maire LR de Toulouse Jean-Luc Moudenc.

Un voyage payé par la Métropole

Une délégation où l’on trouve par exemple… le sénateur socialiste de Haute-Garonne et président du groupe PS d’opposition à la métropole Claude Raynal. Celui-ci accompagne le maire à Moscou au titre de ses fonctions de vice-président de la métropole chargé de la culture.

Francis Grass, adjoint au maire de Toulouse chargé de la culture et président de la commission culture de la Métropole fait aussi partie du voyage. Marie Déqué, conseillère municipale déléguée à la musique, participe aussi à la délégation officielle, bien que l’orchestre ne soit plus du ressort de la ville, comme nous le signalions plus haut.

Pour toutes ces personnes, y compris le maire-président de la Métropole, son cabinet nous indique que les frais de déplacement et d’hébergement sont « pris en charge (hébergement et déplacement) par la Métropole ». 

La délégation est hébergée au Moscow Mariott Royal Aurora Hôtel, avec les musiciens de l’ONCT (dont le voyage est pris en charge par le Bolchoï). Un hôtel dont les chambres coûtent environ 240 euros la nuit (le prix dépend du nombre de réservations et de la durée du séjour). La délégation s’est envolée de Toulouse dimanche 3 avril, via Munich, et rentre mercredi 6 au soir.

Le voyage d’un vice-président payé par So Toulouse

Enfin, Jean-Claude Dardelet, vice-président de la Métropole chargé des affaires européennes et du développement international, est également sur la liste des officiels qui font partie du voyage. Dans son cas, on nous indique que ses frais de déplacement sont pris en charge par So Toulouse : « Il fait le déplacement pour rencontrer des chefs d’entreprise et des diplomates et va traiter de questions relatives au développement économique » indique la Métropole.

Les deux chefs de cabinet (dont la femme du maire) présents à titres différents

Plus étonnant, la délégation compte aussi la présence des deux chefs de cabinet de Jean-Luc Moudenc, Michel-Paul Monredon pour la ville et… Blandine Moudenc pour la Métropole.

La fonction de chef de cabinet consiste à gérer, entre autres, l’agenda ou le courrier des élus. On voit mal en quoi la présence des deux chefs de cabinet dans un voyage officiel comme celui-ci peut être indispensable, mais ce n’est sans doute pas à nous d’en juger. Au moment où l’équipe de Jean-Luc Moudenc fait, depuis son accession au Capitole en mars 2014, la chasse aux coûts, un tel déplacement peut apparaître, à première vue, dispendieux.

D’autant que la prise en charge diffère pour l’un et l’autre : le voyage de Blandine Moudenc, chef de cabinet de la Métropole, compétente pour l’Orchestre National du Capitole de Toulouse, est pris en charge par Toulouse Métropole. Celui de Michel-Paul Monredon, chef de cabinet de la ville, sur « ses deniers personnels ». 

Si ce dernier doit payer son voyage, cela signifie qu’il n’est pas à Moscou en raison de ses fonctions. « Exact« , nous répond-on, le chef de cabinet a donc déposé « trois jours de congés ».

Deniers publics et représentation

Il est tout à fait normal que des élus d’une grande ville de France représentent leurs institutions dans ce type d’événements prestigieux à l’étranger. La présence de Jean-Luc Moudenc sur place n’est pas contestable.

Il est aussi normal que la presse s’étonne de la « taille » de la délégation officielle et s’interroge sur le coût d’un tel déplacement, notamment en période de rigueur budgétaire municipale et métropolitaine. Cela n’a rien de malsain.

Politiquement, aux élus qui prônent des économies et votent les augmentations des impôts locaux, de justifier ensuite de l’intérêt d’une telle dépense pour accompagner l’orchestre du Capitole à Moscou.

Fabrice Valéry (@fabvalery)