18 Avr

Incidents au Conseil régional : « On est en pays soviétique » pour la présidente du groupe FN France Jamet

Insultes, bousculade, désordre organisé et un coupable pointé du doigt : le Front National. La « Plénière » du Conseil Régional du 15 avril a viré au mauvais théâtre de boulevard. La mise en scène est attribuée à un acteur : les élus FN. La présidente du groupe, France Jamet conteste cette version des faits et parle d’une « riposte » au traitement infligé par Carole Delga au Front National. Interview.

France Jamet  (Crédit : AFP)

France Jamet (Crédit : AFP)

Le Blog Politique. Une séance sabordée par le Front National et des comportements indignes. C’est le souvenir que laisse la Plénière de Montpellier. Vous partagez cette vision des événements ? 

France Jamet. Non. Cela ne correspond pas du tout à ce que j’ai vécu personnellement. Nous avons été agressés verbalement, traité de « fascistes » et d’assassins. Par exemple un élu communiste (ndrl : Jean-Christophe Sellin) qui a commencé par nous provoquer en m’offrant un chapeau « Panama » (ndrl : une référence au scandale des paradis fiscaux révélés par l’affaire « Panama Papers »). Nous n’avons rien à voir avec cela ni de prés ni de loin et Marine (ndlr : Le Pen) a dit qu’elle attaquerait systématiquement en justice toutes les personnes qui associeraient le Front National à « Panama Papers ». J’ai demandé à Carole Delga un droit de réponse suite à la provocation de l’élu communiste. Il a été refusé.

Le Blog Politique. La séance a été enregistrée et une vidéo, disponible sur le site du Conseil Régional, montre pourtant que des incidents à répétition ont émaillé la « Plénière ».

France Jamet. Il manque des extraits. Il y a des coupures avec des passages dans lesquels il manque le son. On est en pays soviétique. Comme par hasard, on n’entend pas les insultes que l’on nous adresse et les demandes répétées de droit de réponse que Carole Delga nous refuse. Ses méthodes sont totalement autocratiques et dictatoriales.

Le Blog Politique. Le fait de brandir des pancartes « Delgastan » et de se lever pour chanter la « Marseillaise », ce n’est pas de la provocation ?

France Jamet. Les pancartes « Delgastan », c’est aussi humoristique que d’offrir un chapeau « Panama ». Un chapeau que j’ai accepté de prendre avec le sourire. S’agissant de la « Marseillaise » a cappella, ce n’était pas prémédité. Nous ne sommes levés spontanément face au refus de Carole Delga de faire chanter l’hymne national. Nous avons été très dignes.

Le Blog Politique. Un élu d’opposition, le conseiler régional LR du Lot Aurélien Pradié, parle de pression physique et d’une tentation d’intimidation.

France Jamet. Il est de notoriété publique qu’Aurélien Pradié et notre représentant dans le Lot ont de vieux contentieux.. Mais c’est Aurélien Pradié qui a d’abord bousculé notre élu. On aussi entendu du côté des rangs communistes des provocations du genre : « viens ici si tu es un homme ».

Le Blog Politique. Le spectacle donné par le Front National ne va-t-il pas ternir l’image d’un parti qui cherche à gagner en respectabilité ?

France Jamet. Sur le fond, nous sommes droit dans nos bottes. Nous n’avons pas été élu pour nous asseoir sagement et attendre silencieusement la fin de la classe. Sur la forme, si ce spectacle parait discutable à certains, c’est simplement en réponse et à la hauteur de ce que nous subissons à longueur de temps. Carole Delga se comporte en militante depuis le premier jour. Nous sommes systématiquement exclus des débats et des décisions. On nous refuse la parole. Nous sommes exclus des organismes, des conseils d’administration, des débats et des décisions. On nous refuse la parole. On refuse tous nos amendements et toutes nos propositions. Dans une interview donnée à Midi-Libre, Carole Delga nous range dans les 7 plaies d’Egypte à coté de l’insécurité et du chômage. Elle nie notre représentativité. Ce n’est pas tolérable. Ce n’est pas conforme à notre conception de la démocratie dans un état républicain. Nous sommes sérieux et nous travaillons. Nous avons fait des interventions sérieuses et même brillantes sur les orientations budgétaires. Nous avons fait une contre-proposition sur le nom de la région : Languedoc-Roussillon. Mais, comme d’habitude, notre proposition a été écartée d’un revers de main. Nous sommes des élus systématiquement mis à part alors que nous sommes des élus à part entière. Dans les commissions, des élus refusent de nous serrer la main.

Le Blog Politique. Les élus de droite comme de gauche pointent une duplicité : une passivité totale dans les commissions sectorielles et une agitation stérile lors des assemblées plénières. Que répondez-vous à cette accusation ? Vos élus refusent de voter en commission. Pourquoi ?

France Jamet. Les commissions sectorielles, lieu de débats et d’échanges, sont des endroits où l’on pose des questions et tous nos élus posent des questions et participent activement, contrairement aux élus LR. Nous ne prenons pas part aux votes car nous arrêtons ensuite collégialement, après débats au sein du groupe, nos positions sur chaque dossier. C’est aussi la preuve qu’en matière de démocratie nous sommes exemplaires et irréprochables et que nous n’avons de leçon à recevoir de personne, surtout pas de nos adversaires politiques et de Madame Delga.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

16 Avr

Conseil régional : les « méthodes de voyous » de certains élus

Montpellier est connue pour sa Place de la Comédie. Depuis le vendredi 15 avril, la ville peut revendiquer le titre de la Cité du « Grand Guignol ». La première assemblée plénière montpelliéraine est passée du sketch au mauvais gag. A la fin de la séance, menaces physiques et insultes ont manqué de faire basculer l’assemblée régionale dans la rubrique fait-divers. Des élus Front National ont fait physiquement pression sur un élu d’opposition.

Les élus du FN vendredi à Montpellier

Les élus du FN vendredi à Montpellier

Vendredi 15 avril. La séance de l’assemblée plénière n’a encore pas débuté. La présidente de la région, Delga Carole demande s’il est possible de mettre la « clim’ ». C’est prémonitoire. Rapidement, une fois session ouverte, la température monte.

Conditions de travail

Au début, les échauffourées sont « normales ». Deux élus de l’opposition (Thierry Deville et Sacha Briand) mettent en cause les conditions de travail dans l’auditorium qui héberge l’assemblée plénière. Les mots sont sévères : « conditions de travail indignes et manque de respect ». Un mouvement d’humeur secoue les rangs. Mais on reste dans le cadre habituel d’un débat démocratique : des piques et des répliques.

Une bronca et les premières huées arrivent lorsque le président du groupe PS, Christian Assaf, défend la tenue des « plénières » à Montpellier. Le climat devient tendu. Dominique Reynié, visiblement agacé, se lève et appelle ses collègues à « la dignité ».

La réunion a commencé depuis moins d’une heure. Mais ce n’est que le début. Un épisode folklorique va intervenir avant que l’atmosphère devienne franchement délétère.

Le sketch du Panama

L’épisode folklorique a pris la forme d’un sketch organisé par un élu du Front de Gauche, Jean-Christophe Sellin. Lors du débat budgétaire, l’élu régional lance aux élus du Front National : « La France, aimez la fiscalement ou quittez-la ». A la fin de son discours, Jean-Christophe Sellin se lève, traverse l’auditorium, et offre un chapeau « Panama » à la présidente du groupe FN !

Il s’agit d’une allusion évidente au scandale « Panama Papers » et à des affaires d’évasion fiscale dans lesquelles le nom de Jean-Marie Le Pen est cité.

La mise en scène de l’élu de gauche est moyennement appréciée sur les rangs de l’opposition. Un élu de droite lance : « nous sommes dans une salle de spectacle (NDLR l’auditorium du Corum) mais on ne doit pas tomber dans le théâtre de bouffon ». Et encore Sacha Briand n’a pas tout vu et entendu.

Carole Delga insultée

La suite et surtout la fin de la séance vont carrément basculer dans la « chienlit ». Un élu du Front National va insulter la présidente Delga («Toi je te respecte pas !»). Le maire FN de Beaucaire, Julien Sanchez, s’est montré particulièrement véhément.

Aux propos tenus dans les travées ou au micro s’ajoutent de « l’agit-prop» : « aller-retour » pour prendre en plein débats des photos postées ensuite sur Twitter, cris « Cahuzac » couvrant l’intervention du président de groupe PS, pancartes « Delgastan » brandies à bout de bras au sujet du nom de la région…

Un élu de droite physiquement intimidé

Un élu LR a été particulièrement visé. Aurélien Pradié est en conflit ouvert avec le Front National dans son département, le Lot. Le conflit s’est déplacé dans l’assemblée régionale. Aurélien Pradié a été empêché physiquement de retourner à sa place : « j’ai dû joué des coudes et c’était vraiment très tendu ».

Un élu socialiste, Michel Boussaton confirme : « Coté PS on s’est vraiment demandé si on ne devait pas s’interposer et intervenir. Ce sont des méthodes de voyous ».

« Méthodes de voyous », « hystérie », « grand n’importe quoi »

L’ensemble des événements laisse un gout amer. L’assemblée plénière a duré plus de 8 heures. Des dossiers ont été traités et des votes sont intervenus. Les incidents de séance, vociférations et autres altercations n’ont pas complètement « tué » la réunion du Conseil Régional.

Mais la première assemblée plénière à Montpellier est vraiment (au mauvais sens du terme) extra-ordinaire et totalement stupéfiante. Pour ne pas dire délirante. Plusieurs élus de droite comme de gauche parlent d’un « grand n’importe quoi et d’une véritable hystérie« .

Cette première montpelliéraine laisse un goût amer.

Comme le déclare une personnalité qui a connu les chaudes assemblées du temps de Georges Frêche : «Perso, je n’ai vu jamais cela ».

Laurent Dubois (@laurentdub) et Fabrice Valery (@FabValery)

15 Avr

Hollande au pays des «pas contents»

Crédit : AFP

Crédit : AFP

Parfois, il ne sert à rien de nager à contre-courant et de se débattre, mieux vaut se laisser emporter pour débarquer un peu plus loin sur la rive.

François Hollande l’a-t-il compris, lui qui a essayé de défendre un bilan que ni les français, ni sa majorité et encore moins les médias ne sont en état d’entendre ?

« Il m’a écouté mais il ne m’a pas entendu » déclare à la fin de l’émission, l’étudiant qui a posé ses questions au Président. Et vice et versa ?

L’écoute et la compréhension sont deux attitudes de plus en plus rares aujourd’hui dans notre pays. Et pourtant, on ne cesse de nous rabâcher les concepts de « participation citoyenne » ou de « démocratie participative ».

Nous sommes un peuple qui préfère s’exprimer dans la rue, qui aime s’y époumoner, et s’il ne s’estime pas entendu, y retourne et retourne encore battre le pavé.

Les français « éternels râleurs », « pas contents » avec même une nouvelle tradition, pratiquée partout dans le pays et qui commence à s’essouffler depuis 4 ans moins 100 jours : le Hollande Basching.

Difficile de dresser de façon objective le bilan de ce quinquennat non encore achevé, comme l’a répété le chef de l’état. Plus que jamais, les chiffres se plient à diverses interprétations, que ce soit ceux du chômage, ceux des aides versées aux uns et aux autres, des migrants accueillis, etc.

D’autant plus difficile donc pour les éventuels futurs adversaires du Président (s’il se représente) de faire entendre leur propre musique si le point de comparaison n’est pas fiable et établi.

Pendant ce temps, la rue continue de s’animer mais différemment selon les experts de la vox populi. Des citoyens passent leurs nuits debout, sur les places publiques, pour débattre voire faire naître des propositions pour notre société.

Seulement, eux comme les autres, seront-ils entendus au pays des « pas contents » ?

Patrick Noviello

Assemblée plénière du Conseil Régional à Montpellier : combien ça coûte ?

158 élus pour un hémicycle de 67 places. C’est mathématique. L’Hôtel de Région de Montpellier est trop petit pour accueillir le nouveau conseil régional.

Les deux premières assemblées plénières se sont déroulées à Toulouse. Mais la troisième est implantée, ce vendredi 15 avril, à Montpellier. Cette implantation inaugure une installation (pérenne) dans la préfecture languedocienne. Une fois par trimestre, quatre fois par an, d’autres sessions vont se dérouler.

Il était possible de faire tourner les bétonnières et de construire un nouveau bâtiment.

Carole Delga a choisi la solution d’une location. Les salles sont louées auprès d’une société, Montpellier Events, présidée par le président de Montpellier Méditerranée Métropole, Philippe Saurel.

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La formule est présentée comme économique. Mais combien va coûter cet hébergement temporaire ? Un hébergement temporaire qui, d’ailleurs, va durer tout au long des 6 ans de mandat.

S’agit-il vraiment d’une économie ?

A la location de la salle, il faut ajouter des frais connexes : restauration, installations techniques pour enregistrer la séance, micros, tables, chaises et autres accessoires indispensables à la tenue d’une assemblée plénière. Certaines dépenses sont d’ailleurs obligatoires et imposées par la Loi. Notamment l’aménagement d’un espace réservé au public (art L 4132-10 du Code Général des Collectivités Locales).

Le coût de l’opération, comme l’ensemble des dépenses liées à la Fusion, est sensible. L’opinion publique est allergique à la gabegie et un des critères de réussite de la présidence Delga sera la maîtrise des cordons de la bourse.

Le montant de l’enveloppe pour les assemblées plénières est un des dossiers qui va peser dans la balance.

Est-bien géré par la présidence de la région ? Réponse en chiffres.

60 000 euros. C’est le chiffre donné en conférence des présidents par Carole Delga, lundi 11 avril. A la demande de Gérard Onesta, la présidente de Région a précisé le détail de l’enveloppe. Selon Carole Delga, la somme intègre l’ensemble des dépenses concernant la tenue de l’Assemblée Plénière : salle, sono, repas, parking….

Carole Delga n’a pas précisé que les 60 000 euros incluent également les frais d’hostellerie et de déplacements des conseillers régionaux. Des frais calculés et publiés dans une précédente enquête (Combien coûte un conseiller régional version Grande Région ?) du Blog Politique de France 3 Midi-Pyrénées

D’après nos informations, la Région loue un auditorium du Corum au tarif habituel : 3 348 euros HT. Il s’agit d’un tarif (journalier) applicable à tous les clients de Montpellier Events. Mais le volet « immobilier » ne se limite pas à l’auditorium Einstein. Des salles annexes sont également mis à disposition : Joffre A, B et D pour un coût de 583 euros HT la journée.

A cela, il convient d’ajouter les frais de restauration, la sécurité, les moyens techniques de diffusion et d’enregistrement de la séance…

Pour l’ensemble de la mandature, Gérard Onesta chiffre le coût de l’ensemble des « Plénières » à 1,5 million d’euros.

Ce montant justifie largement, selon le service de presse de la Région, une dépense qui est présentée comme une économie. En effet, la location d’une salle évite de construire un nouveau Conseil Régional. La Région estime que les travaux coûterait 8 millions d’euros à Toulouse et 10 millions à Montpellier.

Ce chiffrage est étonnant. Il sont visiblement artificiellement « gonflés ». Comme le précise un architecte qui connait les bâtiments de Toulouse et Montpellier : « Dans l’hôtel de Région de Montpellier, les travaux sont énormes. L’hémicycle se trouve au neuvième étage. Il faut construire sur le vide et mettre des poutres. La facture peut effectivement coûter des millions d’euros. En revanche, à Toulouse, il s’agit de faire de la menuiserie et un peu de maçonnerie. 8 millions cela parait très cher ». 

Le côté « marseillais » de la Région s’explique facilement. Il s’agit de montrer que la formule de la location est la meilleure et que le contribuable y trouve son compte.

L’intention est louable. Mais la méthode est un peu troublante. Inutile de faire flamber le comparatif « location-construction », le différentiel entre les factures de Montpellier Events et celles d’un architecte est clair. La formule la plus économique est indiscutablement dans un provisoire qui va durer.

Une formule économique sur le moyen terme. Le temps d’un mandat. En revanche, sur la longue durée, un projet immobilier pourrait bien être la meilleure option.

Des travaux à Toulouse permettraient d’amortir en moins de 20 ans un investissement dans la pierre.

Seul problème, cette gestion sur la durée, cette projection dans l’avenir se heurte à une promesse électorale de Carole Delga : laisser à Montpellier l’assemblée régionale.

Laurent Dubois (@laurentdub)

14 Avr

Le ministre Jean-Michel Baylet à l’origine d’un incident au Conseil Départemental 82

« L’argent rend fou et le vote d’un budget peut faire péter les plombs à un ministre ». C’est en tout cas ce que prétendent plusieurs conseillers départementaux du Tarn-et-Garonne. Les 12 et 13 avril dernier, le conseil départemental est en session budgétaire. Il s’agit de voter les enveloppes financières pour un département présidé pendant  30 ans par Jean-Michel Baylet. L’ex-président est dans l’hémicycle.

Il a trouvé un peu de temps dans son agenda de nouveau ministre de l’Aménagement du Territoire, de la Ruralité et des Collectivités Territoriales. Selon un élu, cette présence n’est pas heureuse : « Il aurait mieux fait de ne pas venir. Son comportement a été indigne d’un ministre« . Un incident avec le président de la commission des Finances du département a crée une polémique et un vrai malaise. Y compris dans les rangs du groupe Radical de Gauche de Jean-Michel Baylet.

Jean-Michel Baylet, ministre de l'Aménagement du Territoire et conseil départemental du Tarn-et-Garonne Photo : AFP @MAXPPP

Jean-Michel Baylet, ministre de l’Aménagement du Territoire et conseil départemental du Tarn-et-Garonne Photo : AFP @MAXPPP

Maîtrise de la dette et des impôts, subventions aux communes. La session budgétaire du Conseil Départemental du Tarn-et-Garonne ressemble à toutes les sessions budgétaires de tous les conseils départementaux. Mais, à Montauban, la séquence prend une tournure très particulière. Un ministre participe à la séance et le ministre en question a occupé pendant des décennies le fauteuil de président du département. Désormais dans l’opposition, suite à une défaite encore fraîche (avril 2015), Jean-Michel Baylet a pris le soin de se déplacer. Ce qui, d’ailleurs, surprend ses collègues Tarn-et-Garonnais. Il  passe toute la matinée à plancher sur les dossiers budgétaires.

Le ministre prend même la parole et prononce un discours qui va déclencher une bronca. Selon un participant, les premiers propos de Jean-Michel Baylet sont intéressants et même pertinents. Le ministre évoque la situation des finances départementales. Mais, d’un seul coup, c’est le dérapage. Jean-Michel Baylet attaque frontalement le président de la commission des Finances, Gérard Hébrard. Le ministre le traite d’incompétent sur un ton méprisant. 

Cette attaque frontale et personnelle déclenche l’indignation de certains conseillers départementaux et la stupéfaction des propres amis de Jean-Michel Baylet. La présidente du groupe PS intervient. Dominique Sardeing-Rodriguez précise qu’elle réagit en son nom propre et dénonce le comportement de Jean-Michel Baylet. Les socialistes ne vont pas voter le budget présenté par Gérard Hébrard. Mais, s’agissant de la sortie de Jean-Michel Baylet, leur représentante prend ses distances et soutient le président de la commission Finance.

Des applaudissements venus de la droite salue le « recadrage » de l’élue socialiste. Jean-Michel Baylet réagit immédiatement : « on sait pourquoi ». Le sous-entendu est transparent. L’ancien président du département pointe une collusion entre le PS et la droite départementale. Une collusion (en forme de trahison) qui serait à l’origine de la perte d’un département entre les mains de la famille Baylet (mère et fils) depuis 1970.

La réaction spontanée de Jean-Michel Baylet face à la « réaction-indignation » de Dominique Sardeing-Rodriguez est révélatrice. Visiblement, dans l’esprit du ministre, la page n’est pas tournée et les comptes sont loin d’être soldés.

En tout cas, le dérapage (in)contrôlé du ministre a plongé la session budgétaire du conseil départemental dans un (vrai) malaise. Un malaise qui a perduré après le départ (vers 11 heures 30) de Jean-Michel Baylet et qui s’est même invité dans les discours de clôture. L’immense majorité des orateurs (toutes tendances confondues) ont tenu à manifester leur soutien au président de la commission des Finances.

Au final, le budget (350 272 371 euros) a été voté. 17 voix « pour » dont 1 PRG. En revanche, du côté de Jean-Michel Baylet, c’est plutôt un « solde négatif » qui ressort de cette intervention au conseil départemental.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Législatives – Haute Garonne : une première candidature sur la circonscription de Gérard Bapt

Une candidature à l’investiture. Jean-Paul Makengo est sur la ligne de départ pour les législatives de 2017. L’ancien  adjoint de Pierre Cohen au Capitole a « mûrement réfléchi« . Il brigue la 2ème circonscription de la Haute-Garonne. Les tickets d’entrée seront (uniquement) distribués en décembre prochain au terme d’une campagne interne au PS. Mais le désir vient de loin. Il remonte aux régionales de décembre 2015. En effet, comme le précise Jean-Paul Makengo, «  Je ne me suis pas présenté à la région car je suis fortement intéressé par la 2eme circonscription. J’ai eu deux mandats locaux, à la région et à la mairie, je voudrais bien un mandat national ». 

Jean-Paul Makengo - ancien maire adjoint (PS) de Toulouse

Jean-Paul Makengo – ancien maire adjoint (PS) de Toulouse

La 2eme circonscription de Haute-Garonne qui n’est pas vraiment comme les autres. Elle est  « détenue » par un député « historique » : Gérard Bapt. L’ancien maire de Saint-Jean est un des plus anciens députés de France. Son premier mandat remonte à…1978. Jean-Paul Makengo est le premier candidat à la candidature à se déclarer publiquement. Mais le long cv du sortant alimente l’envie d’organiser une sortie. Comme le précise un cadre du PS 31 :  » Ils seront 12 à se présenter en interne. L’envie de chasser Gérard Bapt comme Kader Arif sur la 5eme (ndlr circonscription) ».

Gérard Bapt est présenté par un de ses camarades socialistes comme « un député vraiment député, il bosse vraiment et c’est loin d’être le cas de tous les parlementaires« . L’actuel député de la 2eme circonscription est connu pour son investissement sur les dossiers médicaux. Plus récemment, il a défrayé l’actualité suite à un voyage polémique en Syrie. Gérard Bapt est incontestablement une figure de l’Assemblée Nationale. Mais, dans les rangs du PS 31, certains relèvent surtout la nécessité d’un renouvellement.

Des noms circulent. Celui de Bertrand Monthubert (conseiller régional) ou encore de Joël Carreiras (conseiller municipal à Toulouse). Jean-Paul Makengo cite également Jacques-Jacques Mirassou. Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, l’ancien sénateur de Haute-Garonne et actuel conseiller départemental ne dément pas. Il insiste juste sur le calendrier :  » on n’aurait pas tort de dire que mon canton est situé sur la 2eme circonscription et qu’il représente 50 000 électeurs. Mais il est prématuré de parler de ça. Je trouve même indécent les gens qui lèvent la main et disent « moi je, moi je ». Je dirai ce que j’ai à dire le moment venu’« .

Selon nos informations, les grandes manœuvres autour de la 2eme circonscription vont devoir intégrer un paramètre. Gérard Bapt semble bien décider à briguer sa propre succession.

La campagne interne s’annonce mouvementée.

Laurent Dubois (@laurentdub)

13 Avr

Amendement Onesta : la fin des « bonus » électoraux

Le Jackpot, c’est fini. Avant les Régionales 2015, les candidats pouvaient empocher de belles sommes. Un pactole dont ils bénéficiaient à titre personnel et qu’ils pouvaient dépenser pour partir en vacances ou acheter une voiture. Une faille dans la législation encadrant le financement des campagnes électorales permettait de « détourner », en toute légalité, de l’argent public.

Ce système, inconnu du grand public mais parfaitement connu des initiés, appartient au passé. Le législateur a rectifié une anomalie qui, entre 1995 et 2010, a coûté des centaines de milliers d’euros au contribuable. Un élu régional est à l’origine de cette évolution : Gérard Onesta. Explication.

Gérard Onesta.

Gérard Onesta.

Depuis la semaine dernière, la Commission Nationale des Comptes de Campagne et des Financements politiques (CNCCFP) notifie le remboursement des dépenses de campagne pour les régionales 2015. « Nouveau Monde » a reçu un courrier l’informant de la validation de son compte et d’un prochain virement pour un montant de 630 333 euros. Dans les prochains jours, ce sera le tour du Front National. Louis Aliot doit envoyer un RIB à la Préfecture.

Mais, à la différence de la cuvée 2010, les têtes de liste régionales ne vont pas profiter d’un cadeau de l’Etat. Pendant des années, le Trésor Public remboursait les taux d’intérêt bancaires de manière forfaitaire. Pour financer une campagne, le guichet d’une banque est un passage obligé. Les sommes empruntées sont importantes et les taux d’intérêt représentent des sommes non négligeables.

Problème. Pendant des années, l’Etat remboursait 12 mois de taux d’intérêt alors que ceux-ci ne couraient que pendant 6 ou 8 mois. Cette différence entre les sommes prélevées par les banques et les sommes remboursées aux candidats constituaient une enveloppe qui atteignait parfois 5 chiffres !

Applicable à toutes les élections depuis 1995 (date de la mise en place du financement des campagnes), ce système a profité à tous les candidats aux cantonales, législatives, sénatoriales et régionales.

Cet enrichissement personnel des candidats pouvait aller de quelques centaines d’euros pour une élection cantonale à plus de 10 000 euros pour un « grand » scrutin comme les régionales.

10 486 euros et 89 centimes, c’est d’ailleurs la somme que Gérard Onesta a refusée et qu’il a tenu à rembourser. En 2010, c’est un refus de la Préfecture.

Les services de l’Etat opposent une fin de non-recevoir. Motif : il n’existe aucune procédure de remboursement. L’affaire remonte au ministère de l’Intérieur. Même son de cloche.

«Cet argent vous appartient, vous pouvez en faire ce que voulez !». C’est le discours opposé à Gérard Onesta.

L’élu régional contacte alors la CNCFP. L’autorité de contrôle reconnaît que l’Etat perd ainsi des sommes considérables et fait un cadeau injustifiable aux candidats. Mais la loi est la Loi. Le diable est dans un détail : les textes prévoient un remboursement forfaitaire (calculée sur 12 mois) et non un remboursement au « réel » (le nombre de mois durant lesquels les taux bancaires s’appliquent réellement).

Gérard Onesta ne renonce pas et menace d’organiser une conférence de presse. Une conférence de presse au cours de laquelle la tête de liste EELV aux régionales prévoit d’étaler les 10 000 euros offert par l’Etat en petites coupures.

L’activisme finit par payer. Le Parlement rend service aux caisses de l’Etat. Le législateur adopte enfin le mécanisme du remboursement au «réel ». Quant à l’élu régional, il obtient enfin le droit de rembourser la somme trop perçue :

Ce n’est vraiment pas de chance pour les candidats aux régionales 2015. La campagne a été la plus chère de toutes les élections régionales. Pas beaucoup de grands meetings. Mais de méga-indemnités kilométriques à la taille d’une hyper-région et des frais d’imprimeries XXL pour éditer des millions de bulletins de vote et de profession de foi.

Face à cette montagne de dépenses, le bonus aurait pu être joli. C’était sans compter sur un sursaut de bon sens de la part du législateur.

Une campagne n’est pas faite pour enrichir personnellement les candidats.

Il a tout de même fallu attendre 15 ans et les régionales de 2010  pour corriger le tir.

Laurent Dubois (@laurentdub)

12 Avr

LGV Toulouse-Paris : Carole Delga ne veut pas de partenariat public-privé

C’est ce qu’a réaffirmé la présidente de la Région Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées à François Hollande qui la recevait aujourd’hui.

Carole Delga, reçue ce jour par François Hollande à l'Elysée.

Carole Delga, reçue ce jour par François Hollande à l’Elysée.

Elle l’avait annoncé depuis quelques semaines déjà Carole Delga souhaitait rencontrer le Président de la République pour évoquer avec lui le financement de la LGV Bordeaux-Toulouse. Un financement loin d’être bouclé en atteste la sortie d’Alain Rousset ce lundi.

Bordeaux ne peut être un cul de sac

Alors qu’il dévoilait les nouveautés à venir pour le TGV Sud Europe Atlantique, Bordeaux à 2h de Paris à l’été 2017 notamment, le Président d’Aquitaine-Limousin Poitou-Charentes a mis les points sur les i. Il a exhorté à « ne pas s’arrêter en chemin car Bordeaux ne peut être un cul de sac ». Sous-entendu, il faut mener à bien les LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax.

Une maîtrise d’ouvrage publique

Voilà de quoi amener de l’eau au moulin de Carole Delga qui ne se facilite pas la tâche en excluant d’emblée tout partenariat public-privé. « J’ai défendu auprès du Président de la République une maîtrise d’ouvrage publique (…) Le Président m’a indiqué qu’une réunion sur le financement serait tenue prochainement avec toutes parties prenantes autour de la table ».

Une prise de position ferme mais qui ne fait pas avancer le bouclage financier du programme LGV Toulouse-Bordeaux, à l’heure où l’Etat a de plus en plus de mal à lancer ses grands chantiers.

Patrick Noviello

07 Avr

Emmanuel Macron « En Marche ! » : qui pourrait le suivre dans notre région ?

Le ministre de l’Economie a choisi sa ville natale, Amiens, pour lancer son mouvement, En Marche !. Mais Emmanuel Macron a des « attaches » régionales. Comment son initiative est-elle perçue aux pieds des Pyrénées et aux bords de la Méditerranée ? A Toulouse et Montpellier, dans les fédérations PS de la Grande Région des militants sont-ils prêts à le suivre ? Emmanuel Macron parle d’une démarche « ni de droite, ni de gauche ». Quel accueil dans notre région auprès des élus sans étiquette ? Eléments de réponse.

Emmanuel Macron, ministre de l'Economie

Emmanuel Macron, ministre de l’Economie

La Picardie, Strasbourg, le Touquet et, évidemment, Paris. L’enfance, les études (dans la capitale alsacienne) à l’Ena, les week-ends en famille et la vie professionnelle d’Emmanuel Macron sont loin de Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon. Mais il existe tout de même des points de rencontre.

Un cousin conseiller régional

Le premier est familial. Peu de conseillers régionaux le savent. Un de leur collègue appartient à la famille d’Emmanuel Macron. Michel Boussaton est discret sur le sujet. Mais le ministre de l’Economie ne se contente pas de dévaler les pistes de ski dans les Pyrénées. Il lui arrive d’échanger des SMS avec ce proche de Carole Delga. En charge des dossiers médicaux à l’hôtel de Région, Michel Boussaton (ancien chirurgien connu et reconnu) sollicite parfois l’avis du ministre de l’Economie.

Dialogue avec Jean Glavany

Second point de rencontre entre Emmanuel Macron et Midi-Pyrénées : Jean Glavany et les législatives. Dans un livre publié en 2015 (« L’ambigu Monsieur Macron », Flammarion), le journaliste Marc Endeweld rapporte une rencontre entre l’ancien ministre de François Mitterrand, député des Hautes-Pyrénées, et l’actuel locataire de Bercy. Au menu : une éventuelle candidature d’Emmanuel Macron sur la circonscription de Jean Glavany. « Entre la poire et le fromage, (Emmanuel Macron) reconnait être intéressé par la circonscription » écrit Marc Endeweld.

« En marche », mais avec qui ?

Depuis le mercredi 6 avril, les relations entre Emmanuel Macron et Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon ont changé. « En Marche ! » est un mouvement dont le sigle (EM) reprend les initiales du nom d’Emmanuel Macron. Ce détail est révélateur. Comme ailleurs en France, le ministre de l’Economie va devoir rallier des soutiens dans notre région. Il ne peut pas compter sur un parti dont il n’est pas membre et dans lequel il ne dispose d’aucun courant : le parti socialiste. C’est son équation personnelle qui va servir d’étendard.

C’est visiblement un bon calcul. Du coté des instances départementales et régionales du PS, l’accueil est prudent. Pour ne pas dire réservé.

Dans le Tarn, le premier fédéral, Patrick Vieu estime qu' »En Marche ! » « peut séduire des militants. On peut imaginer que des militants vont être tentés d’aller voir. On ne le découragera pas. On ne va pas imposer d’exclusivité. On va aborder le sujet lors du prochain conseil fédéral ». Dans une des plus importantes fédérations de la Grande Région, c’est le même son de cloche. Ce n’est pas un enthousiasme débordant. Le patron de la Fédé 34 déclare :  » A ce jour, dans la fédération de l’Hérault, personne n’a fait son coming out pour se réclamer de Macron. Si telle ou telle de ses réformes a pu convaincre certains militants, son positionnement hors parti n’est pas fait pour séduire des militants qui au contraire témoignent leur attachement à un parti en y adhérant« .

Un soutien dans le Tarn-et-Garonne

Emmanuel Macron revendique un mouvement trans-partisan et utilise le vocable de « rassemblement citoyen ». C’est plutôt judicieux car ce sont des élus sans étiquette qui semblent le plus intéressé par sa démarche. Le maire (Divers Gauche) de Castelsarrasin, Jean-Philippe Bésiers « trouve la démarche intéressante. Cela mérite d’être approfondi et étudier ». Selon nos informations, l’élu tarn-et-garonnais pourrait prendre prochainement contact avec Emmanuel Macron.

Le cas Saurel à Montpellier

Un grand élu de la Grande Région semble avoir le (parfait) profil pour soutenir Emmanuel Macron : Philippe Saurel. Le maire de Montpellier (proche de Manuel Valls) se positionne, comme le ministre d’Economie, au delà des partis. Mais le premier magistrat de la 8ieme ville de France précise :  « J’ai rencontré Emmanuel Macron le mois dernier à sa demande. J’ai passé deux heures dans son bureau à Bercy. Nous avons évoqué les dossiers de la Métropole et il était intéressé sur la recette de ma victoire à Montpellier. Mais c’est tout « .

Un membre du cabinet de Philippe Saurel envisage de créer une association des amis d’Emmanuel Macron. Mais, comme le précise Philippe Saurel, « je lui ai demandé que ce soit à titre personnel ».

Emmanuel Macron a réussi son plan de communication en lançant un mouvement qui se retrouve à la Une de la presse nationale. La mise en orbite est médiatiquement réussie. Mais il va falloir maintenant que le ministre de l’Economie fasse décoller le second étage : une implantation régionale.

En Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon, il va falloir du temps.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Ben Lefetey : de Sivens à #NuitDebout

De la forêt au pavé. Une des figures du combat de Sivens, Ben Lefetey rejoint « Nuit Debout « .

Ben Lefetey, ancien leader de la contestation anti-Barrage de Sivens. Photo AFP

Ben Lefetey, ancien leader de la contestation anti-Barrage de Sivens. Photo AFP

Entamé à Paris et désormais implanté à Toulouse, le mouvement réunit des militants, des retraités, des étudiants et des salariés. Place du Capitole à Toulouse ou sur Paris, place de la République, c’est une foule de débats autour de la loi El Khomri, le cumul des mandats ou la finance internationale. On est loin des tirs de grenade lacrymogène dans lequel a baigné Ben Lefetey pendant des semaines. L’ancien leader (tarnais) des anti-barrage de Sivens change de terrain de lutte et s’investit dans une autre forme de combat. Celui des idées. Les échauffourées avec les gendarmes mobiles laisse la place à des joutes oratoires. Ben Lefetey ne rompt pas avec les actions coups de poing. Jeudi 6 avril, il participe au blocage d’un sommet pétrolier à Pau. Mais il s’implique également dans les forums animés de « Nuit Debout ».

Pour Ben Lefetey, il existe un lien entre Sivens et son implication dans #NuitDebout : « la convergence de gens qui font la même analyse et dont les propositions convergent ». 

Militant EELV, Ben Lefetey revendique « un parcours de société civile« . Mais il n’oublie pas le jeu politique : « le résultat des élections régionales montrent le discrédit des partis politiques. « Nouveau Monde » (ndlr une association de partis allant d’EELV en passant par le PC, le Parti de Gauche et les Occitanistes) a été une expérience intéressante mais les résultats n’ont pas été à la hauteur. D’ailleurs, il ne faut surtout pas que les partis récupèrent le mouvement (ndlr : Nuit Debout) car cela ferait partir les gens qui sont attirés par cette expérience ».

Une expérience qui, d’ailleurs, pourrait débarquer dans le Tarn. Comme le précise Ben Lefetey, « je connais des gens intéressés et qui pourraient se mobiliser ».

Laurent Dubois (@laurentdub)