10 Nov

Soutien de la direction du PRG à Manuel Valls : ça valse en interne

La direction du PRG est favorable à une candidature de Manuel Valls. L’information est sortie dans les colonnes du Journal Du Dimanche ce mardi 8 novembre. Cette fuite (organisée) autour d’un dîner (informel) fait des vagues en interne. Une partie du parti conteste cette prise position. L’adversaire de Sylvia Pinel au dernier Congrès, Guilhem Porcheron, dénonce une violation des règles statutaires. Mais, surtout, ce positionnement heurte la ligne de nombreux parlementaires qui soutiennent la candidature d’Emmanuel Macron. Parmi ces soutiens, une personnalité de poids. Celui du « patron » des sénateurs PRG, président du groupe RDSE, Jacques Mézard.

Jean-Michel Baylet et Manuel Valls à l'Assemblée Nationale. Photo : MaxPPP

Jean-Michel Baylet et Manuel Valls à l’Assemblée Nationale. Photo : MaxPPP

L’information n’a surpris les élus et les cadres PRG. Un ralliement à une candidature (encore virtuelle) de Manuel Valls était prévisible et même prévue. Comme le précise Guilhem Porcheron, « depuis le début, la nouvelle direction du PRG a la volonté d’amener le parti à Valls. C’est une évidence« . Un sénateur RDSE est plus précis : « Guillaume Lacroix (NDLR 1er vice-président exécutif du PRG) travaille chez Valls à Matignon. Il est à son cabinet, c’est son employé. Il n’a pas le choix. En plus il doit être nommé très prochainement à la Caisse des Dépôts ou au Conseil d’Etat. Il doit récupérer une rente de situation et il va être nommé par le premier ministre ».

Pour un parlementaire, la ligne « vallsiste » de la direction du PRG est téléguidée : « c’est un signe que Valls se prépare en coulisse. C’est lui qui instrumentalise tout cela« . Cette version des faits, cette vision des choses peut s’appuyer sur certains signes. En effet, depuis plusieurs jours, le premier ministre marque sa différence avec François Hollande. Le très loyaliste (et même suiviste) Manuel Valls s’autorise des petites phrases et des commentaires qui ont valu un recadrage elyséen au locataire de Matignon.

Spontanée ou pilotée de Matignon, les indiscrétions (pas du tout discrètes) de la direction du PRG agacent. Guilhem Porcheron rappelle que c’est seulement le 26 novembre prochain que les radicaux de gauche doivent arrêter leur position sur la présidentielle. Sylvia Pinel et Guillaume Lacroix maîtrisent totalement la manœuvre. Sur la centaine de membre du futur Congrès, la direction du PRG dispose de plus des trois quart des votants. Néanmoins, Guilhem Porcheron élève, pour le principe, la voix :

Je n’accepte pas cette main mise de la nouvelle direction qui méprise les statuts et interdit tout fonctionnement démocratique du parti

Sylvia Pinel et Guillaume Lacroix ne vont pas reculer pour autant. Les 35% obtenus par Guilhem Porcheron lors de l’élection de la nouvelle présidence du PRG ne se sont pas traduits par l’attribution de manettes. La proportionnelle n’est pas d’actualité chez les radicaux de gauche. En réalité, le véritable obstacle sur la route du tandem « Pinel-Lacroix » porte un nom : Emmanuel Macron.

Le Congrès du 26 novembre votera ce que décrétera la direction du parti. En revanche, le PRG est en train de vivre un tournant historique.

En effet, la quasi-totalité des sénateurs RDSE a basculé chez Emmanuel Macron. A l’Assemblée Nationale, de nombreux députés font de même. Comme le précise un parlementaire, « Macron est en train de cannibalisé le PRG ».

C’est donc un schisme entre « vallsiens » et  « macroniens » qui se dessine.

Un schisme qui pourrait se terminer par une implosion du plus vieux parti de France.

Laurent Dubois (@laurentdub)