22 Juin

Bernard Debré : « Nicolas Sarkozy doit quitter la présidence du parti et assumer sa candidature »

Bernard Debré est, ce mercredi 22 juin, à Toulouse. L’ancien ministre et député de Paris continue à porter la parole filloniste dans un tour de France qui le ramène dans le Sud-Ouest. Après Bordeaux en mars dernier, c’est au tour de la ville Rose. Et c’est toujours pour la même cause : présenter le programme de François Fillon. L’urologue parisien défend la candidature de l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy.

Dans une interview exclusive, Bernard Debré explique son soutien à François Fillon et demande la démission de Nicolas Sarkozy de la présidence de LR. 

Au-delà de la primaire, le fils du père de la Vème République s’exprime également sur la situation sociale du pays, l’islamisme et… le nom Occitanie pour la grande région LRMP.

Bernard Debré, député de Paris et soutien de François Fillon Photo : MaxPPP

Bernard Debré, député de Paris et soutien de François Fillon Photo : MaxPPP

Le Blog Politique. Vous venez à Toulouse en tant que porte-parole de François Fillon. Pourquoi soutenez-vous l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy ?

Bernard Debré. Tout d’abord parce que François Fillon est un homme honnête, qui fait ce qu’il dit et qui dit ce qu’il fait. Ensuite, il est, à mes yeux, l’homme de la situation et le candidat qui dispose du meilleur programme pour la France de demain. Nous avons besoin d’un Président qui a une expérience du pouvoir et une vision pour notre pays. François Fillon est le seul dans ce cas.

Le Blog Politique. Vous êtes le fils du père de la Constitution de la Ve République. Michel Debré et le général de Gaulle voulaient placer l’élection présidentielle au dessus des partis. Le fait de soutenir un candidat à une primaire ce n’est pas un « crime » de lèse paternité ?

Bernard Debré. Pas du tout. Si en effet, mon père et le général de Gaulle avaient souhaité que le Président soit un arbitre de la vie politique, c’était d’abord et avant tout pour ne pas connaître à nouveau les dérives autoritaires qu’avait connues notre pays. Il faut évoluer et vivre avec son temps. Il nous fallait dépasser ce stade pour aboutir à plus de démocratie et permettre à tous les citoyens de choisir leur candidat. Déjà en 1990, j’avais défendu l’idée de primaires au niveau local. Pourquoi dès lors ne pas élargir ceci au plan national ?

Le Blog Politique. Dans les sondages, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé sont les deux challengers de la primaire. Comment François Fillon peut-il espérer regagner du terrain ?

Bernard Debré. Je suis persuadé que les Français sauront faire la différence. François Fillon est un homme honnête, disponible et proche des gens. Issu du terroir sarthois, il connaît parfaitement bien la vie des Français. Et c’est en multipliant les rencontres et les déplacements, comme il le fait depuis plusieurs mois, qu’il remontera la pente.

Le Blog Politique. Votre frère, Jean-Louis Debré, est très critique sur Nicolas Sarkozy. Vous partagez son point de vue ?

Bernard Debré. On en peut dire pas que je sois un fervent soutien de Nicolas Sarkozy. S’il est tout-à-fait légitime à se présenter à la primaire, il me semble toutefois qu’il doive démissionner immédiatement de la présidence du parti, afin de clarifier la situation. Il doit quitter la présidence du parti et assumer sa candidature dont personne ne doute à Paris comme en province. Les français ne sont pas dupes. Il demeure néanmoins un candidat énergique et fut, je le rappelle, le Président de la République qui permit à notre pays de subir la crise de 2008 sans connaître la même déliquescence que la Grèce.

Le Blog Politique. Vous trouvez qu’Alain Juppé n’est pas assez fonceur. A la différence de François Fillon ?

Bernard Debré. Alain Juppé, que je connais bien, a toutes les raisons de se présenter à la primaire de la droite et du centre. Mais, pour moi, il n’est pas le « meilleur d’entre-nous », même si je le respecte énormément et il le sait.

Le Blog Politique. Cette semaine de nouvelles manifestations sont prévues. Le premier ministre, Manuel Valls demande à la CGT de les reporter pour cause d’euro. Vous partagez ce point de vue ?

Bernard Debré. Le gouvernement de Manuel Valls est incapable de gérer une situation qu’il a lui-même créée. Nous sommes en état d’urgence et l’Euro est maintenu. Comment accepte-t-on dès lors que des manifestations aussi violentes que celles auxquelles nous avons à faire face soient encore autorisées ? Et que dire de Nuit Debout ! Soyons sérieux cinq minutes. Que le gouvernement assume son rôle plutôt que de laisser la chienlit s’installer durablement.

Le Blog Politique. Faut-il interdire les manifestations ?

Bernard Debré. Interdire ? Certainement pas. L’état d’urgence autorise les manifestations. Mais il faut un meilleur encadrement et ne surtout pas permettre à des organisations syndicales de faire de la politique et d’insulter, comme la CGT l’a fait, les policiers.

Le Blog Politique.  Le gouvernement pointe la responsabilité de la CGT dans les violences qui accompagnent les manifestations. Pensez-vous que la CGT est un syndicat de casseurs ?

Bernard Debré. Un syndicat de casseurs ? N’exagérons rien. Mais il est vrai que la CGT met tout en œuvre pour créer un climat pré-insurrectionnel avec l’aval tacite du gouvernement.

Le Blog Politique. Vous avez qualifié la loi El-Khomri de loi El Connerie. Le Sénat vient de retoucher le texte adopté au forceps à l’Assemblée Nationale. Le projet est moins c… ?

Bernard Debré. S’agissant du qualificatif utilisé, comme je l’ai déjà expliqué il s’agissait d’un lapsus. J’ai d’ailleurs présenté tout de suite après mes excuses à la ministre et nous en avons parlé de vive voix tous les deux. L’affaire est close. Le texte du Sénat me semble en effet plus adapté et surtout moins vide de sens ! Car qui lirait le texte adopté à l’Assemblée nationale comprendrait rapidement qu’il était en réalité complètement vide de toute portée significative.

Le Blog Politique. Vous venez dans une ville meurtrie par l’islamisme et qui a connu l’affaire Merah. Quelles solutions pour lutter contre le radicalisme et le terrorisme ?

Bernard Debré. Il faut tout d’abord, et c’est primordial, permettre aux musulmans de France de pratiquer leur culte dans les limites qu’imposent la République. Ensuite, s’agissant de la lutte contre le terrorisme, il faut continuer les perquisitions, les écoutes et les arrestations, tout en développant les infiltrations, empêcher les individus partis en Syrie et en Irak de pouvoir revenir tranquillement en France, et couper les moyens de financement des terroristes, en luttant contre le trafic de drogue qui finance directement leurs activités, en gelant les avoirs suspects, en conditionnant nos partenariats avec les pays soutenant DAESH, en discutant à nouveau avec les forces politiques syriennes qui combattent ces fous de Dieu, et en continuant la fragilisation militaire d’un régime dangereux qui prône la mort.

Le Blog Politique. Toulouse, en juin 2016 c’est également une des villes de l’Euro. Vous êtes un amateur de ballon rond ? Une équipe favorite ?

Bernard Debré. Oui. L’équipe de France ! Et tout élu parisien que je suis, je soutiens bien évidemment le Paris Saint-Germain.

Le Blog Politique. La nouvelle grande région Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées va probablement s’appeler Occitanie. Le sentiment du député de Paris sur ce nom  ?

Bernard Debré. Les grandes régions sont un non-sens. Mais si les habitants de cette nouvelle région ont choisi l’Occitanie, il faut s’y soumettre !

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)