09 Nov

Affaire Reynié : une décision connue d’avance

La liste Reynié est validée. Pour un des colistiers du politologue, c’est fait. Les doutes sont balayés. La polémique autour de l’éligibilité de Dominique Reynié est close. Sur son compte Twitter, Stéphan Rossignol (maire de la Grande-Motte et tête de liste départementale dans l’Hérault) est catégorique. Le préfet a mis un coup de tampon et d’arrêt à une affaire qui secoue les Régionales depuis plus de 15 jours.

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Visiblement, Stephan Rossignol est bien informé. La validation des listes sera officialisée mardi 10 novembre par le ministère de l’Intérieur. Le colistier de Dominique Reynié a posté son tweet le…6 novembre c’est-à-dire 4 jours avant la décision des services de l’Etat.

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Deux hypothèses. Stephan Rossignol fait de la communication avec une « grosse ficelle » et confond volontairement « dépôt » et « validation ». Dominique Reynié a bien déposé sa liste le 6 novembre (et obtenu à ce titre un récépissé). Mais, la validation intervient postérieurement et elle est formalisée par la publication des listes.

Stephan Rossignol occulte peut-être volontairement ces évidences. En pleine tempête politico-médiatique, le soutien héraultais de Dominique Reynié fait de l’intox pour défendre Dominique Reynié. Il est dans son rôle.

Mais il existe une seconde hypothèse. La belle assurance de Stephan Rossignol peut reposer sur des informations ou des garanties. Cette version des faits ne renvoie (absolument) pas à une quelconque théorie du « complot ». Elle repose sur un faisceau d’éléments.

Un premier point peut susciter une interrogation. Stephan Rossignol est un proche d’Alain Marleix. Ce dernier, ancien secrétaire d’Etat aux Collectivités, peut parfaitement avoir une ligne directe avec le préfet Mailhos et la place Beauvau. Alain Marleix, avant d’entrer dans le gouvernement Fillon, a longtemps travaillé au ministère de l’Intérieur. Notamment auprès de deux anciens « 1er flics de France » : Charles Pasqua et Claude Guéant.

Alain Marleix

Alain Marleix

La proximité entre Stephan Rossignol et le très influent Alain Marleix lui a-t-elle permis de recueillir des assurances ou simplement des informations ?

Une chose est certaine. Stephan Rossignol n’est pas le seul à penser que le préfet va valider la candidature de Dominique Reynié. Des responsables nationaux de droite comme de gauche estiment que la candidature du candidat de la droite et du centre va « passer ». Tous sont sceptiques sur l’éligibilité de Dominique Reynié. Certains évoquent même une future sanction devant les tribunaux, après le scrutin. Mais il existe un consensus qui dépasse les frontières partisanes

Un parlementaire de gauche déclare, en exigeant le OFF : « il ne faut pas que le préfet nous le change. Il nous va très bien. Le préfet va se contenter de son attestation sur les listes électorales et on verra après ».

D’après nos informations, c’est le même discours du côté de Matignon. Affaibli politiquement, le candidat Reynié est considéré comme un…excellent candidat. Il déroule un tapi rouge pour la gauche. De surcroit, son maintien permet d’éviter un cataclysme politique (un débarquement d’urgence) qui dynamiterait la droite et renforcerait le Front National.

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Un responsable du PS refuse « de mettre les doigts là-dedans, pas question de donner l’impression d’un tripatouillage ». Mais, du bout des lèvres et avec beaucoup de retenu, il reconnaît que « le préfet aurait une bonne idée en enregistrant la candidature de Dominique Reynié ».

Parlementaires ou élus locaux, responsables nationaux et régionaux, de nombreux socialistes sont sur la ligne « Rossignol ». Dominique Reynié peut se rassurer. La foudre ne devrait pas tomber.

A droite, un haut responsable des Républicains est également confiant. Il pense que « le préfet ne va pas bouger. Ensuite si Dominique Reynié est déclaré inéligible, il n’y a pas de risque d’annulation du scrutin, c’est seulement lui qui sera concerné ».

Ce dernier point est essentiel.

Les doutes sur l’éligibilité de Dominique Reynié sont largement partagés dans les rangs de la droite et de la gauche. Un élu socialiste est persuadé que « ça ne passe pas ». Un grand élu local de gauche pense la même chose et ne s’en cache pas. Il le répète à ses interlocuteurs. Y compris en plein Conseil Régional.

Des maires ruraux interpellent, sur un marché ou au téléphone, les représentants de la droite et du centre. Notamment sur le thème : comment se fait-il que Dominique Reynié ne présente pas une taxe d’habitation ou foncière ?

Mais, dans la majorité des cas, un leitmotiv revient : l’annulation du scrutin n’est pas en jeu. Ce sentiment ne fait pas l’unanimité. Certaines voix estiment, au contraire, qu’une (éventuelle) déclaration d’inéligibilité de Dominique Reynié pourrait conduire à un nouveau vote des 4 millions d’électeurs de la Région.

Cette dispute juridico-politique entre les tenants de l’annulation et les défenseurs d’un scénario « minimaliste » (seul Dominique Reynié risque une « inéligibilité ») va rapidement être purgée.

L’enregistrement de la candidature de Dominique Reynié « soldera » le sujet. En effet, il est difficile d’imaginer que Manuel Valls et le préfet Mailhos valident un candidat qui pourrait conduire à de nouvelles élections régionales.

C’est toujours possible. Mais ce serait une véritable bombe à retardement.

Laurent Dubois