24 Juil

Régionales, Paris se mêle des élections en Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon

Les kilomètres et la fameuse ligne de la Loire ne sont pas une frontière absolue. Les régionales en « Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon » ont une dimension nationale. A gauche, les (dés)accords entre le PS et le PRG sont directement influencés et lourdement impactés par la situation de la majorité présidentielle. François Hollande et Manuel Valls veulent un partenariat régional avec Jean-Michel Baylet. A droite, les instances nationales des Républicains encadrent étroitement la composition des listes départementales de Dominique Reynié.

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 Un accord PS-PRG qui se joue à l’Elysée

Lors de sa visite à Toulouse, le vendredi 17 juillet, Jean-Christophe Cambadélis a rappelé un fait. Jean-Michel Baylet participe aux « petits déjeuners de la majorité ». Tous les mardis, il partage un café avec Manuel Valls. Le patron du PRG a ses entrées à Paris. Il a accès au premier ministre et à François Hollande. Le message adressé aux socialistes midi-pyrénéeens et languedociens, réunis dans la ville Rose est clair : les régionale dans la Grande Région se jouent à Paris, loin de Toulouse et Montpellier.

L’Elysée veut un accord avec le PRG. Un responsable national du PS refuse de confirmer que François Hollande demande aux régionaux d’accepter les conditions de Jean-Michel Baylet. Notamment une 1ere vice-présidence à Sylvia Pinel. « Je ne fais jamais parler le président de la République » est la seule réponse obtenue.

En revanche, si l’Elysée et Matignon ne mettent, visiblement, pas le nez dans les détails. François Hollande et Manuel Valls veulent une union de la Gauche. Le premier ministre s’est directement engagé dans la mêlée « midi-pyrénéo-languedocienne » en « convoquant » directement à Matignon Philippe Saurel. L’opération a visiblement échoué. Il s’agissait de désamorcer la candidature du maire de Montpellier. Depuis le 29 juin, Philippe Saurel est officiellement…candidat.

D’après plusieurs sources concordantes, les régionales en Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon continuent à (pré)occuper Matignon. François Hollande et Manuel Valls tiennent à un accord, peu importe ses termes mais il n’est pas question de fâcher Jean-Michel Baylet. En effet, le patron du PRG a dans sa poche une arme nucléaire : les 12 députés élus en juin 2012. Comme il l’a fait au Sénat au temps de la présidence (PS) de Jean-Pierre Bel, Jean-Michel Baylet est une force d’appui et d’appoint. Face à la fronde de certains députés socialistes, les parlementaires PRG tiennent entre leurs mains la majorité au Palais-Bourbon. Des défections, une flibuste qui s’organise et les textes présentés par Manuel Valls finissent au panier.

Un parlementaire de gauche relative les choses. D’après lui,

« les députés PRG sont plus sur la ligne de Braillard (adversaire interne de Jean-Michel Baylet et secrétaire d’Etat aux sports) que sur celle de Baylet ».

Selon cet habitué du Palais-Bourbon, la majorité parlementaire n’est pas en danger si un accord n’est pas trouvé.

Néanmoins, le cauchemar d’une fin de quinquennat saboté par les députés existe. François Hollande et Manuel Valls ne peuvent pas prendre le risque. D’ailleurs Jean-Michel Baylet sait rappeler qu’il est indispensable à la majorité présidentielle.

Au Sud de la Loire, les socialistes sont franchement hostiles aux conditions fixées par Jean-Michel Baylet. Ils les trouvent mirobolantes et même délirantes. Samedi dernier, la tête de liste socialiste, Carole Delga a réuni ses troupes. La députée du Tarn-et-Garonne, Valérie Rabault a lancé un cri du cœur :

« oui, au compromis. Non à la compromission ».

Cette déclaration a fait bondir Christophe Borgel. Le numéro 3 du PS et député de Haute-Garonne est en charge des négociations avec le PRG. C’est lui qui doit composer l’improbable et pourtant incontournable accord avec Jean-Michel Baylet. La sortie de Valérie Rabault l’a fait sortir de ses gons. En revanche, dans la salle, de nombreux socialistes sont sur la ligne Rabault.

Mardi soir, le bureau national du PRG a rejeté, à l’unanimité, les conditions du PS. D’après une source radicale, Sylvia Pinel était, selon ses termes, dans le rôle de « Cruella » et Jean-Michel Baylet plutôt dans le rôle du modérateur. La ministre radicale a eu des mots très durs contre les socialistes alors que le président du PRG (qui espère toujours redevenir ministre) plaide pour un accord.

En réalité, le PRG et le PS se sont mis dans la situation ubuesque de deux partenaires qui ne peuvent pas se dispenser d’un accord mais qui sont incapables de le trouver.

Contrairement à ses menaces, le PRG ne peut pas partir seul. Cela diviserai le parti à quelques semaines de son congrès. En effet, de nombreux élus radicaux sont hostiles à une rupture avec les socialistes. Jean-Michel Baylet offrirait une occasion rêvée à son concurrent, Thierry Braillard. Ce dernier pourrait devenir Khalife à la place du Khalife suite à un schisme interne. De plus, les radicaux ne sont absolument pas assurés de passer la barre fatidique des « 5% » au 1er tour. En dessous, c’est la double peine : non remboursement des importants frais de campagne (minimum 700 000 euros) et impossibilité de fusionner au 2nd tour.

Du côté du PS, même chose. La marge de manœuvre n’existe pas. Comme l’aurait dit, à Toulouse, Jean-Christophe Cambalédis : le PRG ne va pas faire gagner mais il peut faire perdre. Les 2 ou 3 points qu’il apporte peuvent faire la différence dans une élection qui s’annonce très serrée. Mais, surtout, un accord avec le PRG est un mot d’ordre de François Hollande et Manuel Valls.

Samedi dernier, le Tour de France est passé sur les terres du directeur de campagne de Carole Delga, le sénateur de la Lozère Alain Bertrand. François Hollande est venu assisté au passage du peloton. D’après nos informations, cette rencontre, au détour de la Grande Boucle, a été l’occasion pour Alain Bertrand de plaider pour le maintien de Damien Alary. Jean-Michel Baylet veut récupérer le poste promis au président sortant du Languedoc (une 1ere vice-présidence) pour Sylvia Pinel.

On ne connaît pas la réaction de François Hollande. En revanche, une chose est certaine. Ce soir, vendredi 24 juillet, un accord risque d’intervenir et il interviendra en fonction de considérations qui dépasse largement Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon 

A droite, c’est Paris qui décide.

Dominique Reynié vient juste de prendre sa carte chez « les Républicains ». La tête de liste régionale de la droite est un adhérent de fraiche date. Il découvre l’atmosphère d’une campagne électorale mais également l’univers du parti de Nicolas Sarkozy.

Pour la constitution de ses listes départementales, Dominique Reynié dépend des instances nationales des Républicains.

Comme le précise Alain Marleix :

«  en accord avec Nicolas Sarkozy et conformément à nos statuts, rien ne pourra être publié ou officialisé avant le vote de la Commission Nationale d’Investiture et c’est elle qui publiera et officialisera les listes départementales. Christian Estrosi, Laurent Wauquiez et moi-même présiderons le vote. Les départements pourront faire des propositions mais la CNI décidera ».

Pour l’ancien ministre et député du Cantal, c’est donc très clair. Les listes départementales de Dominique Reynié se feront à Paris. Les responsables départementaux pourront faire des propositions, la tête de liste régionale peut faire des suggestions. Mais ce sont les instances nationales qui adoptent et composant la liste des candidats.

Cette prise en main est actée par les statuts (art 47) du parti de Nicolas Sarkozy. Mais, s’agissant de Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, d’autres dispositions encadrent la tête de liste régionale. En effet, avant le conclave de Sète (inventé par Jean-Luc Moudenc et permettant l’élection de la tête de liste régionale), il a été prévu et mentionné dans un document que la constitution des listes départementales appartient aux appareils politiques et aux instances départementales de la droite et du centre.

Dominique Reynié peut suggérer des noms.

D’après nos informations, il ne l’a pas fait, jeudi 22 juillet, lors d’une rencontre avec des représentants tarnais de l’UDI, Philippe Bonnecarrère et Philippe Folliot. Mais il pourra toujours glisser des propositions, y compris le jour de la réunion de la CNI. Une réunion qui est prévue courant septembre.

 

Laurent Dubois