09 Mar

Départementales : échos de campagne

©PHOTOPQR/LE DAUPHINE ; Jean Francois SOUCHET / Le Dauphine Libere

©PHOTOPQR/LE DAUPHINE ; Jean Francois SOUCHET / Le Dauphine Libere

Aveyron : Durand fait les comptes

 

Battu pour la présidence du département lors des précédentes cantonales par Jean-Claude Luche (actuel président DVD), Guy Durand ne lâche pas pour autant l’affaire. Faisant référence à une étude de BFM TV, l’ancien maire socialiste de Millau dénonce « la mauvaise gestion du département de l’Aveyron » et s’appuie aussi pour cela sur les chiffres de la Chambre régionale des Comptes. «La dette est en effet passée de 55 M€ en 2006 à 199,9 M€ en 2013 (compte administratif). Une multiplication par 4 » assène-t-il. Pour lui, cette mauvaise gestion est la raison majeure pour changer de majorité. Il faudra maintenant compter les voix.

 

Christian Jacob en soutien

 

Le président du groupe UMP à l’assemblée viendra soutenir la droite en Haute-Garonne le 17 mars prochain. Il sera la tête d’affiche d’une réunion publique à la salle du Confluent à Portet sur Garonne prévue à 19h30. Un canton, on l’a vu, où la campagne est très chaude.

 

Siel, un avertissement !

 

Connaissez-vous le Siel ? Il s’agit de « Souveraineté Indépendance et Libertés » un parti lancé en 2011 et allié au FN au sein du Rassemblement Bleu Marine. Le Siel revendique 850 adhérents. Parmi eux, une candidate dans le canton de Pamiers 1 en Ariège.

Chantal Clamer vient de passer devant conseil de discipline de son parti. Sa Faute ? Avoir appelé sur les réseaux sociaux à « éliminer sans hésitation par tous les moyens possibles » les musulmans. Selon l’AFP, elle avait aussi insulté les femmes homosexuelles.

Verdict : « un avertissement en forme de sanction ». « Le conseil de discipline a pris acte des nécessaires éclaircissements apportés par Mme Clamer, et d’autre part reconnu à l’intéressée le bénéfice de la bonne foi » ?!

Toujours selon l’Agence France Presse, la candidate avait notamment affirmé qu’elle n’était pas l’auteure de l’un des tweets publié sur son compte et mis en cause.

 

Candidats au tableau !

 

Quelles compétences « Education » dans les conseils départementaux ? C’était l’objet d’un débat dans les locaux de la FCPE 31 ce samedi. Une trentaine de candidats, PS, PC, EELV, MRC, PG, PRG, s’y sont retrouvés pour en discuter. Ils ont ensuite pu signer la charte de la fédération de parents d’élèves. Au menu, collèges, transports scolaires et politique sociale pour la restauration scolaire. Parmi les propositions qui ont été retenues : l’accueil dans les collèges des jeunes en dehors du temps scolaire pour des activités sportives ou culturelles.

 

Patrick Noviello

03 Mar

Gérard Bapt en Syrie : courage ou faute politique?

Doit-on laisser une chance à la paix et unir ses forces face aux intégristes même s’il s’agit de parler avec les représentants d’un dictateur ? Ou au contraire doit-on ne pas bouger d’un iota au risque de voir le terrorisme et la guerre progresser ? Voilà la problématique que pose l’initiative prise par Gérard Bapt de se rendre à Damas.

 

©Francois Lafite/Wostok Press/Maxppp

©Francois Lafite/Wostok Press/Maxppp

Le député de Haute-Garonne s’est rendu, sans y être mandaté officiellement mais « en ayant prévenu l’Elysée », en visite en Syrie. « Une visite privée » précise-t-il avec un « engagement moral » de ne pas rencontrer Bachar al-Assad. Un président syrien qualifié de « boucher » par Manuel Valls mais aussi par la direction du PS qui compte « sanctionner » Gérard Bapt. Comment ? « Il parait qu’il y aurait une commission de déontologie » précise, dubitatif, le député sur notre plateau.

Ce lundi, c’est Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l’Assemblée qui lui demande de démissionner de la présidence de groupe d’amitiés France-Syrie. Les socialistes n’ont-ils pas mieux à faire en ce moment que de juger un député, président du groupe d’amitié France-Syrie, parce qu’il s’est rendu….en Syrie ? Interrogé sur sa riposte après ces réactions scandalisées, Gérard Bapt répond sur France Inter qu’il va « discuter avec le gouvernement », sa majorité « à l’encontre de laquelle il ne souhaite pas aller ».

Mais revenons au cœur du sujet. « Il y a urgence à trouver un cessez-le feu pour la population syrienne » dit l’élu de Haute-Garonne. Et quand les journalistes lui demandent encore une fois si c’est une raison pour dialoguer avec le régime d’al-Assad, il cible Daech et retourne la question : « Dites-moi quelle est l’organisation qui menace le plus la paix dans toute la région et aussi les citoyens européens ? »

A défaut de donner tort ou raison aux députés qui se sont rendus en Syrie, cette initiative nous interroge sur la question plus large de la diplomatie. Est-elle la solution absolue ? Jusqu’où doit-elle être poussée quand l’un des interlocuteurs est présenté comme « infréquentable » ? Pour Gérard Bapt, « La diplomatie n’est pas seulement un choix moral distinguant le bien du mal ».

François Hollande l’a dit lui-même lors de sa dernière conférence de presse semestrielle : la France ne peut envoyer ses soldats partout. Alors si on ne souhaite pas intervenir militairement et qu’on n’utilise pas la diplomatie jusqu’au bout, que fait-on ? On sanctionne le premier qui bouge ?

L’autre question qui me semble être posée est la suivante : pourquoi le PS et le gouvernement font tant de barouf autour d’un voyage qui aurait pu (du ?) rester inaperçu ? C’est d’ailleurs le plus souvent dans l’anonymat et la discrétion que bon nombre de conflits sont résolus ou de liens se sont renoués sur la scène internationale. Les américains qui ont déjà des émissaires dans la région ne font pas tant de bruit.

Alors Gérard Bapt a-t-il fauté et trahi les siens ? C’est à eux de le dire. A-t-il eu tort ou raison d’ « aller parler avec le diable » pour reprendre l’expression d’un de ses collègues parlementaires qui était du voyage ? En tout cas, il a eu le courage de défendre ses idées, envers et contre tous, ce qui n’est pas si courant de nos jours en politique.

Patrick Noviello

02 Mar

Départementales 81 : Sivens revient systématiquement

Deuxième campagne départementale. Pierre Verdier siège au Conseil Général du Tarn depuis 2008. Mais, pour le maire de Rabastens, la fin de son premier mandat est très particulière. Sivens colle à ses semelles. Le président de la commission « territoires et développement durable » a été au cœur du dossier. Très présent dans les médias, il s’est assis autour de la table des négociations avec Ségolène Royal. Il n’a pas ménagé son temps et son énergie pour essayer de trouver une solution. Mais, pour Pierre Verdier, Sivens ne se limite pas à un conflit long et violent. C’est devenu son territoire. Un redécoupage de la carte électorale a redessiné le canton du conseiller général sortant. Les 14 hectares de la discorde et de toutes les tensions conditionnent désormais son avenir politique. Pierre Verdier, c’est l’interlocuteur « parfait » pour évoquer l’influence de Sivens sur les urnes tarnaises.

Pierre Verdier - conseiller général sortant et candidat sur le canton de Sivens - avec son binôme, Clarisse Oriol

Pierre Verdier – conseiller général sortant et candidat sur le canton de Sivens – avec son binôme, Clarisse Oriol

Midi-Pyrénées Politiques. Sivens est-il, d’après vous, au centre des préoccupations des électeurs ?

Pierre Verdier. Sivens est très présent dans la campagne. Le sujet revient systématiquement dans les réunions publiques. Mais on arrive également à parler du reste.

Midi-Pyrénées Politiques. Sivens peut-il influencer le vote de mars prochain ?

Pierre Verdier. Oui. Sivens va peser sur les élections. Mais quel peut être l’impact, je l’ignore. Les électeurs vont-ils se dire que cela ne sert à rien de voter pour des conseillers départementaux dont les décisions ne sont pas respectées ? Vont-ils voter pour le FN en se disant qu’il faut des élus autoritaires ? Je n’en sais rien. Mais c’est certain que Sivens va avoir une incidence. En ce qui me concerne, avec mon binôme (Clarisse Oriol) nous essayons d’avoir une attitude responsable en expliquant ce que peut faire ou ne pas faire le conseil général.

Midi-Pyrénées Politiques. D’après vous, Sivens peut-il « polluer» la campagne et nuire à la qualité des débats ?

Pierre Verdier. Oui Sivens pèse négativement. Cela occulte les vrais sujets. Le projet de Sivens est issu d’une action volontaire du conseil général du Tarn. Et, comme on ne connaît pas encore les compétences du département (un projet de loi est en cours de discussion), la construction d’une retenue d’eau risque d’être impossible dans le futur. Réduire l’élection départementale à Sivens est donc totalement réducteur. Il ne faut pas se tromper d’élection. De plus, on reproche certaines choses qui ne sont absolument pas du fait du conseil général mais d’une irresponsabilité au plus haut sommet de l’Etat.

Midi-Pyrénées Politiques. Comment menez-vous votre campagne si Sivens est, en quelque sorte, « hors sujet » ? Vous défendez un programme ? 

Pierre Verdier. Nous mettons en avant notre personnalité. On met en avant le fait que notre binôme et nos suppléants (Bernard Miramond et Karine Bernard) travaillent et travailleront ensemble tout au long de la campagne, bien sur, mais aussi au-delà. Mais nous défendons également 5 thèmes que nous nous engageons à défendre au sein de l’assemblée départementale mais aussi à l’extérieur.

Midi-Pyrénées Politiques. Vous tirez une leçon personnelle de Sivens ?

Pierre Verdier. Dans cette affaire, les élus départementaux ont respecté tous les schémas réglementaires et légaux. Mais il aurait fallu faire preuve de plus de pédagogie et expliquer la décision. Pour certains élus, le boulot est terminé à partir du moment ou la décision est prise. Cette manière de faire n’est plus adaptée. Il faut aller au contact de la population avant la prise de décision mais aussi après.

Midi-Pyrénées Politiques. Vendredi, avec les autres élus du conseil général, vous allez vous prononcer sur le projet Sivens. Une idée sur la décision qui doit être prise ?

Pierre Verdier. Je ne sais pas. Mais il ne faut surtout pas que l’on donne l’impression de prendre une posture.

Midi-Pyrénées Politiques. En parlant de posture, vous pensez à l’aile dure des pro-Sivens ? Ceux qui plaident pour la continuation du projet initial ?

Pierre Verdier. Une posture, ce serait de prendre une décision inapplicable ou qui ne donne pas de perspective. A partir du moment où l’on ne dispose plus d’un financement, le fait de prétendre relancer le projet initial est effectivement une posture. Mais le fait de ne pas prendre de décision serait également une posture.

Midi-Pyrénées Politiques. Vous parlez de tensions. D’après vous, le blocage du site de Sivens par les syndicats agricoles constitue une tension supplémentaire ? Vous soutenez leur action ? 

Pierre Verdier. L’action en cours permet de canaliser des actions individuelles qui seraient dramatiques. Je ne dis pas que c’est positif car ce n’est pas le rôle des syndicats de faire le travail de l’Etat. Mais je comprends.

Laurent Dubois

 

 

 

 

Départementales 2015 : échos de campagne

 

 

©PHOTOPQR/LE DAUPHINE ; Jean Francois SOUCHET / Le Dauphine Libere

©PHOTOPQR/LE DAUPHINE ; Jean Francois SOUCHET 

Changements de bureaux de vote : « C’est pas nous, c’est l’Etat »

Voilà en substance le communiqué de presse de la mairie de Toulouse concernant le changement d’adresse de certains bureaux de vote. La municipalité se défends d’être à l’origine de ce qui semble selon elle éloigner certains électeurs des urnes. « La Ville de Toulouse rappelle qu’elle n’a aucune responsabilité dans cette réorganisation des bureaux de vote, qui n’est que la conséquence directe des choix de l’État et donc du Gouvernement lors de la création des nouveaux cantons. » Alors stratégie politique ou répercussion logique du redécoupage des cantons ? Quoi qu’il en soit, voilà qui ne va pas remédier au risque d’une abstention massive qui ne devrait profiter ni au PS, ni à l’UMP.

 

Christophe Borgel voit rouge

Le député socialiste de la 9ème circonscription s’indigne contre un tract des candidats de droite et du centre du canton de Portet-sur-Garonne. Son titre : « Les socialistes vous dépouillent ». Pour le secrétaire national aux élections du PS, ce tract « emprunte le langage de l’extrême droite » et est « indigne parce qu’il fait de nos concitoyens les plus démunis d’abord des fraudeurs. Indigne parce qu’il tire la politique vers le bas, ce qui est irresponsable au moment où l’abstention monte dans notre pays. »

Bref la campagne s’annonçait chaude dans l’agglomération toulousaine. Elle l’est.

 

Contrôle des étiquettes

Opération « enfumage socialiste ». Voilà l’intitulé d’un communiqué du porte-parole de l’UMP31 qui ne va pas calmer les esprits. Pierre Esplugas y dénonce le fait que les étiquettes des candidats de la droite ne sont pas lisibles dans les listes publiées par le Ministère de l’Intérieur. Il revendique une présence de plus de 60% de candidats UMP dans l’ensemble des cantons. Or selon lui, les décomptes officiels ne feraient état que de 20% pour l’UMP contre 48% pour le PS.

Alors où sont passés les autres ? « Etiquetés Divers droite » selon Pierre Esplugas. Pour lui, le but de la manœuvre serait de minimiser les résultats de son parti : « ce tour de passe-passe s’ajoute au redécoupage des cantons conduit par Manuel Valls l’année dernière. Le PS est prêt à tout : adapter les règles, changer les dimensions du terrain et choisir la couleur du maillot des joueurs ! Le discrédit est, d’ores et déjà jeté sur la fiabilité des résultats qui seront annoncés. »

Un contre-feu allumé pour regonfler d’avance les scores du principal parti d’opposition ?

 

Une autre économie et une autre façon d’organiser les réunions publiques

L’alternative citoyenne semble moins concentrée sur les étiquettes que sur son programme. Il ne sera pourtant pas simple pour elle de se faire identifier. Donc pour être clair, cette nouvelle formation regroupe Nouvelle Donne, le Front de Gauche et Europe Ecologie Les Verts. Elle tiendra demain soir un forum-débat, salle Barcelone, à Toulouse. Au cœur du propos : une autre économie au service des droits humains et respectueuse de la planète. Et pour permettre au maximum d’y participer, l’invitation précise qu’une garde d’enfants est possible sur place. Voilà qui devrait assurer un auditoire plus fourni à l’économiste Jacques Larrouturou et à Patrick Jimena, conseiller général sortant EELV.

 Patrick Noviello

Un emprunt de 17 millions d’euros de la mairie de Castres annulé par le juge administratif

4 ans de procédure et un jugement qui tombe comme un couperet. Le Tribunal Administratif de Toulouse vient d’annuler une délibération du conseil municipal de Castres au sujet d’un emprunt pluriannuel.

 

Hotel de ville de Castres

Hotel de ville de Castres

En janvier 2011, Samuel Cébe (secrétaire fédéral du PS 81 et ancien conseiller municipal de Castres) introduit un recours pour excès de pouvoir au sujet d’une délibération du conseil municipal de la sous-préfecture tarnaise. Une délibération portant sur un crédit d’un montant de 17 millions d’euros.

Le juge toulousain est allé au-delà les conclusions du rapporteur public. Ce dernier préconisait une annulation partielle ou totale. Le Tribunal a prononcé, le 17 février dernier, une annulation totale de la délibération attaquée.

Pour Samuel Cèbe, cette décision « est un vrai camouflet pour le maire de Castres. C’est la preuve que, contrairement à ce que prétend Pascal Bugis, il ne respecte pas la légalité et qu’il ne gère pas la ville en bon père de famille ».

Pour le responsable socialiste, l’engagement de l’emprunt est lié à un autre dossier : « Pascal Bugis a sûrement cherché à approvisionner la municipalité en vue d’une amende de 32,5 millions d’euros qu’elle avait été condamnée à payer à La Lyonnaise des eaux ».

La décision du Tribunal Administratif  de Toulouse peut faire l’objet d’un appel (devant la Cour Administrative d’Appel de Bordeaux). Comme le précise un membre de la majorité municipale castraise : « il est plus que probable que l’on n’en reste pas là ».

Néanmoins, juridiquement, l’appel n’a pas d’effet suspensif. Autrement dit, par principe, la sentence des juges toulousains s’impose et s’applique immédiatement. La mairie de Castres peut toujours déposer une demande de « sursis à exécution ». Mais l’adoption de cette mesure (qui permet, comme son nom l’indique, de suspendre l’exécution du jugement de première instance) n’est pas évidente.

La bataille judiciaire est loin d’être finie. Mais Pascal Bugis a, en toute hypothèse, subi un sérieux revers. Un revers que Samuel Cèbe et le parti socialiste tarnais ne manqueront pas d’exploiter.

Laurent Dubois