13 Oct

Régions de France : un congrès et après ?

Réforme en cour et loin d’être actée, baisse des dotations de l’état, impopularité du gouvernement emmené par une majorité à la tête de la plupart des régions… Jamais congrès de l’Association des régions de France ne se sera déroulé dans une telle période de doute.

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« Manuel Valls a fixé le bon cap » a déclaré Martin Malvy vendredi dernier à l’issue du congrès. Est-ce pour rassurer ses troupes ou se dire que ces deux jours n’auront pas servi à rien ? Pour le Président de région l’obtention de la compétence de développeur économique reste la priorité majeure. Le Premier Ministre venu parler aux élus vendredi matin semble l’avoir conforté dans ses objectifs.

Une compétence économique ? Pour quoi faire ?

« Une compétence économique ? Pour quoi faire ? Encore faudrait-il que nous sachions agir correctement sur ce domaine ! Est-il d’ailleurs vraiment de nos prérogatives ? » Christian Teyssedre ne mâche pas ses mots. L’ancien vice-président de la Région demande lui aussi une clarification des compétences. Mais pour le maire socialiste de Rodez, l’économie est sans doute plus du domaine des communes ou de l’intercommunalité que des Régions.
Si Christian Teyssedre souhaite intervenir dans le débat, il s’affiche d’ailleurs comme potentiel candidat à la présidence de la future région en 2015, d’autres dans les allés du congrès semblent plus désabusés. Denis Parise, ancien chef de file des salariés de Molex, soupire à l’évocation de la politique économique du gouvernement et n’attendait pas grand-chose de la venue de Manuel Valls à Toulouse.

Nous attendons le passage aux actes

L’élu régional est surtout là pour signer un contrat d’appui avec une entreprise sous-traitante de l’aéronautique. Signature qui sert d’ailleurs de passage obligé pour pas mal de tête d’affiches qui ont fait le déplacement à Toulouse. Valérie Pécresse y fait un stop, puis c’est ensuite au tour du Premier Ministre de s’y arrêter et d’y discuter en compagnie de Martin Malvy (voir photo).

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Egalement présent : Pierre Izard. Lui est beaucoup plus sceptique à l’issue du discours de Manuel Valls : « la clarification des compétences, nous sommes nombreux au niveau des présidents de conseils généraux à la demander(…) On a entendu des paroles, des engagements, des promesses, nous attendons le passage aux actes ». Cette semaine, c’est justement au tour des départements de France de se réunir à Pau. Pas sûr qu’ils y voient plus clair.

Le temps presse

Et pour les conseillers généraux le temps presse. Leurs élections sont prévues pour mars prochain et pour les socialistes, rien ne prouve que la spirale infernale des précédents scrutins (Municipales, Européennes, Sénatoriales) va s’interrompre. « Trop rapide cette réforme », c’est aussi le refrain de la plupart des élus régionaux à l’image de Jacques Thouroude. Le chef de l’opposition UMP y voit beaucoup de flou et de la précipitation inutile.
Pas étonnant donc que Manuel Valls ait eu droit à une assistance « chiche » en applaudissement, comme il l’a qualifiée lui-même à la tribune. Il renvoie à un débat au Sénat le 28 octobre prochain pour en savoir plus. Mais vendredi à Toulouse, il semblait bien que le fossé était bien creusé entre l’Etat et les élus de province, sans que la centralisation soit forcément la coupable.

Texte et photos Patrick Noviello