14 Fév

Incroyable Italie

Imaginez le premier secrétaire du PS allant  négocier avec Nicolas Sarkozy ou François Fillon un accord sur une nouvelle loi électorale ! Imaginez un chef de parti renversant le premier ministre, du même bord que lui, par un vote interne ! Imaginez un gouvernement de coalition qui mêle droite et gauche. Inimaginable en France et pourtant le quotidien de l’Italie.

 

Letta poussé dehors

 

« L’Italie donne l’image d’un pays fatigué, apeuré, résigné, difficile à changer. Elle n’est pas, ne peut pas être ainsi. Nous méritons mieux » lance Matteo Renzi  dans son projet lors des Primaires du Parti Démocrate en décembre dernier. Après avoir remporté ce scrutin interne, et sans plus attendre, il a poussé Enrico Letta à la démission ce jeudi. Le pays se retrouve donc une nouvelle fois sans gouvernement. Mais le florentin de 39 ans est en embuscade et a sûrement déjà tout prévu.

 

            Revoir la carte administrative du pays, diminuer de 15% les dépenses des administrations…Un programme qui rappelle deux des dernières doléances de François Hollande : des fragrances de centre gauche ou de social démocratie ? Une différence toutefois avec le chef de l’Etat français. Président de la province de Florence à 29 ans. Premier ministre 10 ans plus tard ? Rien ne semble pouvoir stopper « l’étoile filante » Renzi comme il est surnommé.

 

Aléas et fiction

 

Auparavant seul Pierluigi Bersani l’avait battu, là encore lors de primaires, mais ce dernier n’avait pas réussi à former de gouvernement. Aléatoire, ainsi est la politique de la péninsule, aléatoire, tout autant sa constitution avec un Président de La République « obligé » de se représenter contre sa volonté tant le pays est au bord du gouffre.

 

Le héros du dernier film de Roberto Andò se prénomme Enrico, comme Letta. Tiens, tiens… Il est interprété par Toni Servillo. Dans la fiction, ce leader de parti (qui ressemble au Parti Démocrate) est en route vers des élections, que ses ennemis comme ses alliés pronostiquent perdues d’avance. Il décide alors de disparaitre. Son spin-doctor lui trouve un jumeau, sorti de l’asile, pour le remplacer. Ce dernier aussi fou que poète se met à parler à un peuple qui retrouve espoir et confiance.

 

Et après ?

 

Ce n’est hélas que du cinéma. Mais pour Tony Blair à qui on compare souvent le maire de Florence : « Renzi représente optimisme et espoir pour l’Europe ». Seulement, qu’est-ce qui prouve que l’ambitieux toscan fera mieux que son prédécesseur ? Quelle combinazione peut encore sortir du chapeau ou des secrets de Palais ? Réponse aux prochaines élections.

 

Patrick Noviello