23 Avr

« Premier tour d’horizon »

Heureux mais sans plus, serein et pas enflammé… Le PS a le succès modeste ce soir dans sa fédération haut-garonnaise de la rue Lejeune. Peut-être cache-t-il bien son jeu ou alors porte-t-il déjà sur ses épaules la pression de l’entre-deux tours ?
Justement apparaît sur l’écran géant Jean-Luc Mélenchon. Son appel à « battre Sarkozy » et donc à voter Hollande au second tour récolte une clameur dans la salle. « Il n’y a jamais eu de problème avec Mélenchon. On a toujours été sûr du report de voix » précise Bertrand Monthubert, secrétaire national en charge de l’enseignement supérieur et futur président de l’université Paul Sabatier.
Ce qui a surpris les socialistes de Toulouse en revanche, c’est le score de Marine Le Pen et encore plus sa localisation. En Haute-Garonne, on s’étonne notamment de ses plus de 20% à Cintegabelle, l’ancien fief de Jospin ou encore à Gémil. « J’ai même entendu parler d’un canton de Corse communiste depuis toujours où elle serait arrivé en tête » lâche un militant.
Marine Le Pen la voilà aussi à l’écran tout à coup mais rue Gabriel Péri, au siège de l’UMP31. La leader du FN provoque indifférence et au mieux ricanements. Les « Jeunes étudiants avec Sarkozy » en profitent même pour sortir faire une photo et hurler dans la rue d’insolites « On va Gagner ! ». L’UMP se la joue requinqué ou au moins ressuscité à l’image de son porte-parole Pierre Esplugas : « C’est pas plié au 1er tour, contrairement à ce qu’on redoutait. »
« Je crois au second tour » s’enthousiasme même Bertrand Serp candidat aux Législatives. « Maintenant, il va falloir parler aux 20% du Front National » précise-t-il en guise de stratégie pour remonter la pente. Jean-Luc Moudenc en appelle même à « une coalition de citoyens et non de partis ». Bref à l’UMP, on se prend à vouloir encore lutter ou du moins à faire semblant.
Chez Europe-Ecologie Les Verts, en revanche, plus aucune illusion depuis longtemps. L’ambiance est même à l’autodérision. Quelques rares militants regardent la soirée télévisée, autour de Gérard Onesta, François Simon et Régis Godec. Hollande y parle de « transition énergétique » et de « république exemplaire ». « Tiens, ça il nous l’a repris ! » rigole une écolo. « On va l’aider » poursuit une autre.
Plus sérieuses en revanche, les discussions sur la suite, Législatives mais aussi bien après second tour. Quand on demande à François Simon, candidat officiel de la gauche sur la 3ème circonscription, s’il pense que les accords avec le PS vont tenir malgré le score du Front de Gauche, il répond sans hésiter : « Ils tiendront ! ».
Gérard Onesta s’inquiète du score du FN et de ce qu’il peut entraîner pour le prochain scrutin. Régis Godec appelle à « un rempart républicain ». Un sympathisant abonde dans son sens et va même plus loin : « si la gauche passe, elle n’aura pas le droit à l’erreur sinon en 2017 tout peut arriver…. »
Au Front de Gauche, on ne se projette pas si loin. On savoure la victoire dans un bar-restaurant à tapas en fumant des Havanes « en soutien au peuple cubain » (qu’on ne s’y méprenne pas). On savoure aussi « cette belle campagne, ce mouvement qui s’est affirmé avec la parole de Mélenchon qui a redonné du sens à la politique. Regardez le nombre de jeunes présents ici ce soir. C’est chouette, non ? ». Le soutien à Hollande ne fait ici aucun doute : « Mais qu’on ne compte pas sur nous pour des meetings communs » tonne Jean-Christophe Sellin.
Quand on interroge le porte parole du Parti de Gauche sur l’absence à leur côté des communistes qui ont choisi leur local de Basso-Cambo pour cette soirée présidentielle, la réponse des partisans de Mélenchon est cinglante : « Ils vont pas nous lâcher. Ils n’ont pas intérêt. On a fait tout le boulot, on les a fait passer de 2 à 12 ». Quant à une éventuelle entrée au gouvernement, réponse toute aussi ferme : « Personne n’y entrera ».
22h45 L’ambiance retombe dans les QG de campagne. Chacun veut rester lucide et frais pour la suite justement. Voici venue l’heure des tractations, des retrouvailles pour certains et du retour dans l’anonymat pour d’autres.
Patrick Noviello