20 Mai

Université-Perte Label Idex : le gouvernement fait bouger les lignes

Les lignes bougent. Suite à la perte de l’Idex, la présidente de l’Université de Toulouse a écrit à Manuel Valls. La demande de rendez-vous n’a pas (encore ?) débouchée sur un entretien. Mais le secrétaire d’Etat en charge de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Thierry Mandon ouvre ses portes et se mobilise. Une réunion s’est déroulée la semaine dernière. Une nouvelle rencontre est prévue dans les prochains jours. Selon une source proche du dossier, « le gouvernement se pose désormais les bonnes questions« .

Université Toulouse Capitole

Université Toulouse Capitole

L’exclusion de Toulouse du label Initiative Excellence (Idex) a secoué la communauté universitaire de la Ville Rose. Un sentiment d’incompréhension teinté de rancœur a suivi l’annonce faite par le gouvernement. Dans le communiqué de presse officialisant la décision du jury international, Matignon évoquait des mesures d’accompagnement pour préparer la suite. Mais les universitaires toulousains ont  surtout retenu une chose : le jury de l’Idex sanctionne Toulouse en raison de son modèle. Un modèle fédéral qui permet d’associer 3 universités et 17 grandes écoles.

Bref, le sentiment général se résume à un ressentiment : le problème c’est le « sectarisme » du jury et pas l’excellence toulousaine.

Visiblement, le secrétaire d’Etat entend et comprend le point de vue des universitaires toulousains.

Selon une source proche du dossier, Thierry Mandon a conscience du vice de l’Idex. Un vice qui se résume à un constat « statistique ». Instauré en 2011 par le gouvernement Fillon, le système devait permettre de « labelliser » 60 sites. Au final, en raison de la vision étroite du jury international, de grands pôles universitaires se retrouvent sur le bord de la route. Toulouse et Paris (ce qui suscite d’ailleurs la fureur de la présidente de Région Île-de-France, Valérie Pécresse) sont exclus alors que Nice est labellisé.

Il reste maintenant l’essentiel. Traduire la prise de conscience gouvernementale en acte.

Ce n’est pas évident. Par définition, le jury de l’Idex est un jury indépendant. Un infléchissement de sa politique de labellisation ne peut pas être dictée (ou simplement insufflée) par le gouvernement.

Le gouvernement pourra toujours mettre des moyens ou de la souplesse sur la table. Si le jury continue à imposer le modèle de la fusion, la même cause produire la même conséquence : Toulouse et Paris resteront aux portes de l’Idex

Autre hypothèse. Une neutralisation (de fait) de l’Idex. Après la présidentielle de 2012, des syndicats ont demandé l’arrêt du projet Initiative Excellence. Quatre ans plus tard, va-t-on arriver implicitement à ce résultat ? Le secrétaire d’Etat, Thierry Mandon, va-t-il proposer aux pôles universitaires non labellisés de continuer leur route en cultivant leurs particularités et en renforçant leurs modèles locaux ?

Un universitaire toulousain est dans cette optique : « nous sommes parfaitement près à aller plus loin dans le modèle de notre confédération« .

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

19 Mai

Nom de la région : une campagne lancée en faveur de « Languedoc-Pyrénées »

Une campagne qui porte sur un nom. Deux personnalités centristes, Jean-Jacques Bolzan et Jean-Luc Rivière lancent une opération en faveur de « Languedoc-Pyrénées ». Tractage sur les marchés et à la sortie des lycées, affiches et flyers avec un seul but : faire voter pour une des 5 propositions en compétition. Depuis le 9 mai, les habitants de la région peuvent se prononcer. Mais, pour le maire-adjoint de Toulouse et l’ancien conseiller régional pas de doute. Leur choix est fait et ils veulent le partager avec le plus grand nombre.

affiche

« Languedoc-Pyrénées parce que c’est l’alliance de la nature et de la culture. La culture avec la langue d’oc, Languedoc, et la nature avec les Pyrénées. C’est pour cela que nous avons décidé de lancer notre campagne de Luchon, la Reine des Pyrénées » déclare Jean-Luc Rivière. Pour appuyer son choix, le « comité » de campagne ne se contente pas de mettre en avant le nom retenu. Jean-Jacques Bolzan insiste sur l’enjeu économique du terme « Pyrénées ». Une expression « internationalement connue et reconnue par les investisseurs étrangers et les touristes ». Mais, au delà de l’aspect marketing, le maire adjoint de Toulouse pointe un manque de mobilisation autour du vote organisé par le conseil régional.

« On entend très peu parler du vote sur le nom. Le choix du nom nous engage pour les cinquante ans à venir. On ne change pas de nom tous les matins et 1 personne sur 3 n’a pas entendu parler du vote« . Jean-Jacques Bolzan ne veut pas simplement faire campagne pour « Languedoc-Roussillon ». L’élu centriste « lance un mouvement qui peut déboucher sur d’autres initiatives« . Jean-Jacques Bolzan et Jean-Luc Rivière insistent sur le caractère « a-politique » de leur initiative.

Ils sont tous deux membres de l’UDI. Les autres membres de la campagne « Languedoc-Pyrénées » appartiennent à la mouvance centriste. Mais Jean-Jacques Bolzan précise : « notre initiative est déconnecté des partis. Il n’y a aucun logo politique et nous sommes dans une logique citoyenne ».

Preuve de ce souci d’ouverture, le comité pour « Languedoc-Pyrénées » affiche, dans ses affiches, la figure d’un célèbre pyrénéiste, Louis Audoubert.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Dominique Reynié : la droite régionale a déjà tourné la page

Le Conseil d’Etat se prononcera, dans les prochains jours, sur l’annulation de l’élection de Dominique Reynié. Pour le moment, seules les conclusions du rapporteur public penchent vers la « mort électorale » de la tête de liste aux régionales 2016. Mais, dans les rangs de l’opposition régionale, le couperet est déjà tombé. La succession est ouverte et de nombreux élus sonnent l’hallali.

Dominique Reynié (AFP)

Dominique Reynié (AFP)

Mercredi 18 mai à 14h07, Dominique Reynié envoie un mail à tous ses conseillers régionaux. Le président du groupe de la droite et du centre informe ses collègues que le rapporteur du Conseil d’Etat demande l’annulation de son élection. Dominique Reynié est au courant depuis 48 heures. Comme tous les justiciables, il dispose d’un accès au logiciel Sagace. Un logiciel qui permet de suivre, en temps réel, l’avancement d’un dossier devant la plus haute juridiction administrative française et qui mentionne le sens des conclusions du rapporteur. Mais Dominique Reynié attend le début de l’audience publique pour livrer l’information aux conseillers régionaux de son groupe.

A priori l’information est capitale. Mais elle n’est pas décisive. En octobre 2014, le rapporteur du Conseil d’Etat demande inéligibilité de la maire de Montauban et…ne l’obtient pas. Le juge administratif donne raison à Brigitte Barèges contre l’avis de son rapporteur.  Ce précédent pourrait inciter les élus régionaux à la prudence ou du moins à une certaine réserve. Mais ce n’est vraiment pas le cas. Comme le déclare un responsable de la droite régionale : « le corps n’est pas refroidi et ils se jettent sur la dépouille« .

Certains « camarades » de Dominique Reynié lui font ouvertement les poches. Les téléphones chauffent et la présidence de groupe n’est pas le seul objet de convoitise. Le fauteuil de Dominique Reynié en Commission Permanente aiguise les appétits. Une place dans ce comité restreint rapporte 200 euros d’indemnités (mensuelles). Mais, au delà d’un supplément d’indemnité, cela permet de gagner du galon et de sortir du bataillon des conseillers régionaux de base. Lors de l’élection de la nouvelle assemblée régionale, Brigitte Barèges a d’ailleurs fortement insisté (sans succès) pour que son lieutenant à la mairie de Montauban, Thierry Deville intègre la CP. De même, Gérard Trémège n’a toujours pas digéré son « exclusion » de la Commission Permanente pour cause de répartition des sièges avec les ex-languedociens. L’intervention du Conseil d’Etat offre aux déçus d’hier une chance de récupérer leur dû.

Evidemment, c’est la présidence de Dominique Reynié qui attise le plus d’ambitions. L’élection du politologue à la tête du groupe a été chaotique. De piètres résultats électoraux (une troisième place derrière le FN) et une campagne brouillonne ont suscité des envies de dissidence (avec la création d’un groupe UDI) et des velléités de sédition. Désormais, après l’audience du Conseil d’Etat, une partie des élus régionaux bascule ouvertement dans la succession.

Le maire de la Grande-Motte, Stéphan Rossignol est, selon plusieurs sources, dans les starting-blocks. Toujours du côté des ex-languedociens, Christophe Rivenq (directeur de cabinet du maire de Nîmes et conseiller régional) est cité parmi les candidats potentiels. Bernard Carayon, le maire de Lavaur, pourrait également entrer dans la course. Une candidature de Vincent Terrail-Novès circule également. Mais le principal intéressé dément : «  je n’ai nullement l’intention d’être candidat à une quelconque responsabilité« .

Toutes ces grandes manœuvres et petits calculs peuvent paraître prématurées. Mais, comme le précise un élu régional, « on tourne la page. Il y a 90% de chance que le Conseil d’Etat suive le rapporteur. Nous le savons tous. Pour nous la page est tournée et je pense que pour Dominique Reynié c’est pareil. Le fait qu’il ne participe plus aux séances du conseil régional, c’est une préparation psychologique ». 

Les instances nationales du parti de Dominique Reynié sont sur la même ligne. « Sa vie politique est terminée. S’il souhaitait demander une circonscription pour les législatives ce n’est même pas la peine d’essayer. En même temps, c’était cuit avant l’intervention du Conseil d’Etat  » déclare un responsable des Républicains. D’ailleurs, la « mauvaise » nouvelle venue du Palais Royal (siège du Conseil d’Etat) n’est pas une surprise. Selon nos informations, une semaine avant l’audience au Palais-Royal, Nicolas Sarkozy estimait (ouvertement) que les jours de Dominique Reynié au conseil régional étaient comptés.

La rapidité avec laquelle les instances régionales et nationales des Républicains enterrent Dominique Reynié peut surprendre. Pour comprendre, il faut se rappeler des relations houleuses entre Nicolas Sarkozy et Dominique Reynié. Au niveau régional, Dominique Reynié a lancé lui-même le requiem. L’annonce de son absence lors des prochaines séances du conseil régional résonne comme une anticipation de la décision du Conseil d’Etat.

Laurent Dubois (@laurentdub)

18 Mai

Le rapporteur public demande au Conseil d’Etat d’annuler l’élection de Dominique Reynié aux régionales

INFO FRANCE 3 MIDI-PYRENEES – Lors de l’audience sur le recours dirigé contre l’éligilité de Dominique Reynié, tête de liste des Républicains aux élections régionales en Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées en décembre dernier, le rapporteur public a demandé l’annulation de l’élection du candidat.

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Après son élection comme tête de liste, après sa campagne électorale, après sa défaite face à Carole Delga (PS), devancé par Louis Aliot (FN), et après sa désignation comme président du groupe d’opposition de droite au Conseil Régional, Dominique Reynié avait ce mercredi 18 mai un autre rendez-vous, d’importance : l’audience au Conseil d’Etat concernant le recours contre son élection.

C’est le sénateur de l’Hérault Jean-Pierre Grand, opposant à Dominique Reynié au sein de sa famille politique des Républicains, qui avait introduit ce recours. Le sénateur s’était insurgé contre la désignation du professeur de science politique en avril dernier. Il s’était notamment interrogé sur l’éligibilité de Dominique Reynié, inscrit sur les listes électorales à Onet-le-Château (Aveyron).

Cette information, révélée par le blog politique de France 3 Midi-Pyrénées en octobre dernier, avait secoué la campagne des Régionales. Suite à ces révélations, Dominique Reynié a fourni à France 3 des documents attestant de sa « résidence » à Onet, hébergé chez sa mère, en présentant notamment un bail de location. Or nous avions également révélé qu’un avocat qu’il avait consulté lui avait conseillé en mai 2015 de « prendre un bail » à Onet afin de régulariser sa situation. Pourquoi lui demander en mai de prendre un bail s’il en avait déjà un en mars ? Simple problème de concordance de date ou document anti-daté ?

Juste après les élections, le sénateur Jean-Pierre Grand a déposé un recours devant le Conseil d’Etat contre l’élection de Dominique Reynié. Après plusieurs mois d’instruction, l’audience s’est déroulée ce mercredi 18 mai et le rapporteur public a demandé au Conseil d’Etat d’annuler l’élection de Dominique Reynié. 

Les mots utilisés lors de l’audience ont été particulièrement sévères. Le rapporteur public a parlé de « domiciliation fantôme » et de « contrat de convenance » au sujet du bail de location signé entre la tête de liste régionale et sa mère. 

Les conclusions présentées par le rapporteur public ne valent pas arrêt de la plus haute juridiction administrative française. L’affaire a été mise en délibéré. Les magistrats rendront leur décision dans les deux à trois semaines. Mais, dans l’immense majorité des cas et particulièrement en matière électorale, le Conseil d’Etat suit l’avis du rapporteur public.

Suite à l’audience devant le Conseil d’Etat, Dominique Reynié a réagi par le biais d’un communiqué de presse. L’élu régional prend acte de la demande d’annulation de son élection mais il « s’abstient de tout commentaire jusqu’au délibéré de la décision (qu’il) espère favorable« .

Dans quelques semaines, Dominique Reynié pourrait se retrouver privé de son mandat régional. Le groupe d’opposition de la droite et du centre au Conseil Régional risque de perdre son président. Un nouveau scrutin interne se profile peut-être à l’horizon.

En attendant, Dominique Reynié annonce qu’il « considère devoir suspendre (sa) participation aux prochaines séances (du) Conseil Régional ».

Laurent Dubois (@laurentdub) et Fabrice Valéry (@fabvalery)

17 Mai

Les anti-loi El Khomri ciblent les locaux du PS et des députés socialistes

Du ciment et des truelles pour Christophe Borgel. La nouvelle journée de mobilisation contre la loi Travail ce mardi 17 mai a débuté à Toulouse par une action de la CGT qui a muré la permanence du député PS de Toulouse Christophe Borgel. 

Des militants de la CGT se sont réunis devant sa permanence, avenue de l’URSS à Toulouse, et ont entrepris mardi matin de murer la permanence du député socialiste, pour protester contre la loi El Khomri de réforme du code du travail et le recours à l’article 49-3 de la constitution pour faire passer le texte sans débat à l’Assemblée.

Dans un communiqué, le député a réagi à cette action :

Je veux condamner fermement la dégradation contre ma permanence parlementaire.  A ce jour plus de trente parlementaires ont été victimes de ce type d’agissements.  Ces actes n’ont rien à voir avec le débat démocratique. Le droit de manifester est garanti dans notre pays, je respecte le point de vue de chacun.  J’entends dire que ces actions constituent une réponse « faute de dialogue avec les organisations syndicales ». Je veux rappeler que l’ensemble des organisations syndicales ont été reçues à tous les niveaux de l’Assemblée nationale. Au plan local cet argument n’a pas de sens car j’ai toujours travaillé, depuis le début de mon mandat, avec cette volonté de dialogue, d’échange avec les personnes qui peuvent douter ou être en désaccord avec l’action gouvernementale ».

D’autres tentatives ont été menées dans la foulée, notamment à la permanence de la députée PS de Toulouse Cathy Lemorton, mais la présence de policiers a dissuadé les cgétistes de murer l’entrée du local.

En Ariège, c’est la permanence du député PS Alain Fauré à Pamiers qui a été murée.

Dans le Tarn, enfin, le local de la fédération départementale du Parti Socialiste a été à la mi-journée la cible des anti-loi El Khomri. Des bâches noires ont été installées autour des locaux et des affiches y ont été collées, dans une ambiance « bon enfant ».

FV

13 Mai

Motion de censure : la députée PS du Tarn, Linda Gourjade bientôt sanctionnée ?

La Haute Autorité Ethique (HAE) du PS vient d’être saisie. Les 24 parlementaires signataires d’un projet de motion de censure visant Manuel Valls sont sur la sellette. Dans la « charrette » se trouve deux député(e)s de la Grande Région : la tarnaise Linda Gourjade et le gardois Patrice Prat.  Risquent-ils, comme leurs camarades frondeurs, une sanction ou pire une exclusion ? Eléments de réponse.

Linda Gourjade. députée du Tarn

Linda Gourjade. députée du Tarn

Matignon fait pression et demande des têtes. Manuel Valls ne veut pas passer l’éponge. La fronde est allée trop loin. Les « mutins » ne doivent pas simplement rentrer dans le rang. Ils doivent payer le prix de leur acte de sédition. Dans un premier temps, Jean-Christophe Cambadèlis a plutôt joué l’apaisement. Mais, vendredi 13 mai, le ton est monté d’un cran. Le 1er secrétaire du PS a saisi la Haute Autorité Ethique « sur le cas des députés qui ont proposé de renverser le gouvernement via une motion de censure« .

Est-ce le début du commencement d’une procédure menant à des sanctions ? Linda Gourjade et Patrice Prat doivent-ils redouter des foudres disciplinaires ?

Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, le numéro 3 du PS, le députée de Haute-Garonne Christophe Borgel ne répond pas aux sms et ne décroche pas son téléphone. Invitée sur le plateau de La Voix Est Libre, la coordinatrice de la loi El-Khomri au sein du groupe PS, Monique Iborra botte en touche  : « je ne sais pas, je n’en ai aucune idée. Je ne vais pas m’exprimer sur le sujet ». 

En revanche, en OFF, un cadre socialiste proche de Jean-Christophe Cambadélis déclare : « Jean-Christophe ne peut pas ne pas entendre les hollandais pur sucre et les proches de Valls qui demandent une réaction. Mais il ne peut pas non plus entrer en conflit avec les aubrystes et la gauche du parti. Ils (ndlr : les frondeurs) ne seront pas exclus car on ne peut pas exclure uniquement sur des intentions. La motion de censure n’a pas été déposée. Ils (ndlr :les frondeurs) risquent uniquement un blâme ou un avertissement ».

Laurent Dubois (@laurentdub) 

 

Assemblée des Territoires : une vraie-fausse innovation

L’assemblée des Territoires, c’est parti. La création de cette instance unique en France est  un des marqueurs de la présidence Delga. Directement issue d’un accord électoral (d’entre deux tours) avec Nouveau Monde, cette structure originale « correspond  (selon les mots de la présidente de Région) à la volonté de renouveler la pratique politique« . Le projet arrive la semaine prochaine dans les tuyaux. Jeudi 18 mai va se réunir, pour la première fois, une commission inter-sectorielle (réunissant 5 commission dont celle des Finances) sur le sujet. Le projet est-il à la hauteur des ambitions affichées ? Eléments de réponse.

(Crédit : MaxPPP)

(Crédit : MaxPPP)

« Afin d’inscrire ses politiques dans la proximité et la solidarité mais aussi pour incarner la diversité de ses territoires, la Région souhaite créer une Assemblée des Territoires, organe consultatif et propositionnel auprès du Conseil Régional« . La première partie de la première phrase du projet de délibération est (relativement) banale. Proximité, solidarité, diversité des territoires. Ce sont des mots « valises » que tous les élus colportent de campagne électorale en campagne électorale et d’inaugurations en inaugurations. En revanche, l’expression « organe consultatif et propositionnel » est plus intrigante.

Les organes consultatifs sont bien connus et très présents dans le paysage politico-administratif. Conseil Economique, Social et Environnemental (CESER), Conseil Régional des Jeunes (CRJ), Conseil Régional Consultatif des Citoyens Handicapés (CCH). Les conseils régionaux sont entourés d’instances consultatives. Quelles différences et quelle plus-value s’agissant de l’Assemblée des Territoires ? S’il s’agit simplement de mettre en orbite un nouveau satellite, il n’y aura rien de neuf sous le soleil.

Au lendemain du scrutin régional, Gérard Onesta a justifié la création d’une Assemblée des Territoires par un état de nécessité : « on a bien senti pendant toute la campagne que trop de bassins de vie se sentent minorés, en déshérence, comme des oubliés de la République. Pour toute la Lozère, il y a 2 conseillers régionaux alors que la grand Toulouse en a près de 30« .

Les urnes sont rangées et la campagne est finie depuis (pratiquement) 6 mois. Le nouvel exécutif régional passe des paroles aux actes ou plutôt de la promesse électorale au projet. Sur le papier, les missions de l’Assemblée des Territoires peuvent séduire. Faire vivre l’équité des territoires, un organe de proposition et de réflexion, un lieu d’échange de bonnes pratiques, un lieu d’expérimentation, de mutualisation et d’innovation. Ce sont les mots et expressions utilisés dans la délibération transmise aux élus régionaux. De tels objectifs et qualificatifs sont positifs.

Mais là encore, il va falloir attendre les détails et surtout l’épreuve du feu. On juge une institution à l’usage.  L’Assemblée des Territoires ne va pas échapper à cette vieille loi institutionnelle : les textes conditionnent les pratiques mais les pratiques sont souvent plus forts que les textes. Il ne suffit pas de déclamer des grands et beaux principes pour que la réalité soit à la hauteur des belles intentions.

A cela, il faut ajouter un point essentiel. Le conseil régional Languedoc-Roussillon/ Midi-Pyrénées, comme toutes les collectivités de France et de Navarre, ne dispose d’aucun pouvoir fiscal et encore moins d’un levier législatif ou réglementaire. Une part importante de son job consiste à distribuer des subventions (prévues par des textes nationaux et communautaires) et à décliner des mesures nationales ou européennes. Ainsi, en matière agricole, la quasi totalité des subventions proviennent de normes définies à Bruxelles. Bref, l’Assemblée des Territoires va conseiller et proposer un conseil régional qui est privé d’un vrai pouvoir. Les régions ont gagné en km2. Mais ces créations XXL restent des « nains » politiques.  Face à certaines des propositions de l’Assemblée des Territoires le conseil régional pourra simplement faire du lobbying auprès du Parlement ou du Gouvernement pour essayer de faire bouger les lignes.

C’est mieux que rien. Mais ce n’est pas révolutionnaire.

S’agissant de sa composition, pas de bouleversement non plus. La délibération prévoit que l’Assemblée des Territoires sera composée…d’élu-es locaux. Des élu-es locaux qui (selon les mots du projet de délibération) « ne sièg(ent) pas au sein conseil régional« .

Les conseillers des Territoires ne sont pas de nouveaux visages venant de nouveaux horizons. On n’ouvre pas les portes et les fenêtres. La participation des citoyens et des associations n’est pas à l’ordre du jour. On se contente de mettre des élus à côté d’autres élus.

Par définition, ces « élu-es locaux conseilleurs des conseillers régionaux » représentent déjà les territoires  (PETR, Pays, PNR, Agglomérations et Métropoles). De plus, certains conseillers régionaux disposent d’un mandat municipal ou départemental et ont un pied dans les départements et les communes. Ils peuvent (parfaitement) partager leur expérience avec leurs collègues et faire remonter au niveau régional les problématiques locales.  Inutile de créer une Assemblée pour cela.

Enfin, dernière réserve, les élus régionaux participent à une multitude d’instances (conseil d’administration de lycées, agences…) qui représentent des acteurs associatifs, culturels, économiques implantés dans tous les coins et recoins du territoire régional. Faut-il réunir 158 élu-es locaux pour mettre les 158  conseillers régionaux au contact des réalités régionales ?

Que ce soit au niveau de sa composition ou de ses prérogatives, l’Assemblée des Territoires est une expérimentation présentée comme novatrice mais qui reste modeste et très basic au niveau des modalités pratiques. On est très loin d’un big-bang dans les pratiques politiques.

Ses inventeurs (Carole Delga et Gérard Onesta) considèrent que c’est un outil pour lutter contre l’exclusion des territoires et le vote extrême que suscite un sentiment d’abandon.

C’est l’ambition de départ. A l’arrivée, l’Assemblée des Territoires n’est pas vraiment une innovation et ressemble (beaucoup) à un coup de com’.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

Nom de la Région : « une méthode floue et hors de prix » pour Dominique Reynié

Depuis le début de la semaine, ex-Midi-Pyrénéens et ex-Languedociens peuvent se prononcer sur le (nouveau) nom de la (nouvelle) Grande Région. La consultation ouverte le lundi 9 mai va s’étendre jusqu’au 10 juin et elle donne la parole à 4 millions de votants potentiels. Le président du groupe d’opposition de la Droite et du Centre au conseil régional s’exprime sur le choix de Carole Delga d’organiser un « référendum » ouvert à tous les habitants de plus de 15 ans et coûte 500 000 euros. Dominique Reynié évoque ses réserves sur un process qu’il juge « hors de prix » et pointe l’opacité d’une méthode qui donne la parole à une « population électorale dont on ne connait ni la taille ni les limites ».

Dominique Reynié président du groupe de la Droite et du Centre au conseil régional

Dominique Reynié président du groupe de la Droite et du Centre au conseil régional

Le Blog Politique. Le nom d’une région, est-ce vraiment important ?

Dominique Reynié. Oui, sans aucun doute. A travers le choix d’un nom, nous allons dire qui nous sommes, comment nous souhaitons être nommés, donc identifiés. C’est une affaire d’identité. Nous contribuons aussi à écrire la cartographie nationale. En effet, la majorité a voulu la fusion de deux régions, ce qui implique la disparition des deux noms « Midi-Pyrénées » et « Languedoc-Roussillon ». Un nouveau nom prendra leur place. Ce sera notre identité au sein de la nation, mais également en Europe et dans le monde. Pour un territoire comme le nôtre dont l’avenir dépend à ce point de l’investissement économique, du tourisme, des exportations, industrielles ou agricoles, ou encore des échanges entre chercheurs du monde entier, l’identification par le nom joue inévitablement un rôle clé. Un échec dans ce domaine serait lourd de conséquences, d’autant plus que nous n’allons pas choisir un nom pour la durée du mandat, mais pour longtemps sinon pour toujours. On ne change pas le nom d’une région tous les 10 ans !

En décidant d’ouvrir la participation à celles et ceux qui sont des résidents non encore inscrits, les moins de 18 ans, et à la diaspora, c’est le flou complet ! »

Le Blog Politique. Les jeunes de plus de 15 ans, les résidents, la « diaspora » régionale et les électeurs inscrits sur les listes électorales vont pouvoir s’exprimer. Que pensez-vous de la composition du corps « électoral » ?

Dominique Reynié. Je suis frappé par cette composition. On ne peut pas en connaître les contours ! La diaspora, c’est quoi, c’est qui ? Sont-ce tous les français nés dans notre région mais travaillant à l’extérieur ? Les enfants de ces « expatriés » sont-ils concernés ? Leurs petits-enfants ? Pour le seul cas de l’Aveyron, mon département, on estime qu’il y a autant, voire plus, d’Aveyronnais à Paris, pour ne considérer que Paris, qu’en Aveyron. La grande région compte 5,6 millions d’habitants et 4,2 millions d’électeurs inscrits. Nous avions là des bases claires pour une consultation. On pouvait vérifier l’inscription sur les listes électorales. En décidant d’ouvrir la participation à celles et ceux qui sont des résidents non encore inscrits, les moins de 18 ans, et à la diaspora, c’est le flou complet ! La population potentiellement concernée est de combien ? 5 millions ? 10 millions, 20 millions de personnes ? Plus ? On peut même imaginer que le choix sera fait par la « diaspora » dont le nombre est évidemment supérieur à celui des habitants… Quantitativement, si la diaspora décide de voter, c’est son choix qui sera majoritaire. Ce serait étonnant que le nom soit choisi par ceux qui ne vivent pas ici !

Je trouvais plus logique, plus simple et beaucoup moins coûteux, pour ne pas dire gratuit, de confier ce travail au Conseil régional dont les membres ont été élus pour faire ce travail ».

Le Blog Politique. Vous seriez président de Région, vous auriez choisi le même process ?

Dominique Reynié. J’avais proposé dans mon programme une méthode comprenant une sorte de « Comité du nom ». J’y aurais, c’est sûr, associé l’opposition. Or, nous avons été entièrement écartés de ces discussions ! Je l’ai dénoncé publiquement lors des Assemblées plénières. Je trouvais plus logique, plus simple et beaucoup moins coûteux, pour ne pas dire gratuit, de confier ce travail au Conseil régional dont les membres ont été élus pour faire ce travail. A la fin, le paradoxe est complet : Carole Delga décide d’impliquer fortement un groupe de personnes dont pas une n’a été élue par les citoyens pour cela – c’est le « Comité du nom »-, et de tenir à l’écart les membres du Conseil régional qui ont pourtant tous été désignés par les électeurs !

Une participation massive serait un bon indicateur de réussite, mais là encore, quel est le chiffre, puisque nous ne connaissons pas la population électorale concernée ? »

Le Blog Politique. Quels sont, selon vous, les critères d’une consultation réussie ? La participation ? L’absence de fraude ? Un vote massif en faveur d’un nom qui s’impose sans appel ?

Dominique Reynié. La consultation aura lieu, elle produira un résultat, car un choix sera fait mais elle ne peut pas être réussie. En effet, la méthode est floue, la population électorale potentielle est immense et nul n’en connaît ni la taille ni les limites ! Carole Delga et Gérard Onesta eux-mêmes sont incapables de le dire ! Si le nom qui sera choisi suscite une sorte d’approbation, même sans enthousiasme, nous n’aurons pas trop de problèmes ; en revanche, si le nom est rejeté par une large partie de notre population ou s’il déplaît beaucoup à une forte minorité, souvenons-nous de « Septimanie », alors nous irons au devant de graves difficultés. Une participation massive serait un bon indicateur de réussite, mais là encore, quel est le chiffre, puisque nous ne connaissons pas la population électorale concernée ? Le choix d’un nom est une décision de fondation ; c’est l’acte de naissance d’une communauté.

Le Blog Politique. Carole Delga chiffre le coût de l’opération à 500 000 euros. C’est cher payé ?

Dominique Reynié. C’est hors de prix ! Je ne suis pas certain que ce soit compris et accepté en ces temps de disette budgétaire. Je le répète, par une procédure allégée, reposant sur le travail des élus, qui sont là pour ça, nous pouvions diviser par 20 ou 30 ce montant.

Le Blog Politique. Parmi les 5 noms soumis au vote, lequel a votre préférence ?

Dominique Reynié. Pendant la campagne électorale, j’ai toujours accepté de répondre à ce sujet, je le fais encore volontiers aujourd’hui. Je balance entre un nom qui ferait sens pour nous mais qui risquerait d’être énigmatique pour le reste du monde – « Occitanie/Pays Catalans » – et un nom qui fera sens pour le reste du monde mais qui apparaîtra énigmatique à une partie de notre population – « Pyrénées/Méditerranée ».

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

Loi travail : le PS de Haute-Garonne se prononce contre l’usage du 49-3

Manuel Valls à l'assemblée lors du débat sur la motion de censure (AFP)

Manuel Valls à l’assemblée lors du débat sur la motion de censure (AFP)

Le Conseil Fédéral du Parti Socialiste de Haute-Garonne a adopté jeudi soir une motion contre l’usage par le gouvernement de l’article 49-3 pour faire passer le projet de loi El Khomri de réforme du code du travail. Une motion adopté à l’unanimité du conseil fédéral (qui est un peu le parlement du PS de Haute-Garonne), réuni exceptionnellement à Labarthe-sur-Lèze (Haute-Garonne) à l’occasion de l’inauguration d’une exposition sur François Mitterrand (qui, soit dit en passant, est le chef de l’Etat sous lequel le 49-3 a été le plus utilisé !).

Cette motion, que nous nous sommes procuré, évoque « un profond regret de voir le gouvernement avoir recours au 49-3 » privant ainsi « ce texte aux conséquences majeures pour les droits des salariés, de la poursuite du travail parlementaire entamé« .

Cette motion est purement symbolique et les mots y sont soigneusement choisis pour ne pas se positionner trop violemment face au gouvernement. D’ailleurs, les socialistes de Haute-Garonne en profitent pour demander l’ouverture d’une réflexion sur les institutions de la Vème République.

Ce n’est pas la première que le PS de Haute-Garonne se démarque officiellement du gouvernement de Manuel Valls. Déjà, en mars, le conseil fédéral avait adopté une motion contre la loi El Khomri. Un peu plus tôt, les socialistes de Haute-Garonne, avaient pris position contre la déchéance de nationalité.

Fabrice Valéry (@fabvalery)

12 Mai

Une seule députée (tarnaise) de la Région a signé la motion de censure des gauches

La frondeuse monte d’un cran. Septembre 2014, Linda Gourjade s’abstient et refuse de voter la confiance au deuxième gouvernement Valls. Mai 2016, la députée PS du Tarn donne sa signature et endosse une motion de censure. Le geste est symbolique. Il manque deux noms pour déposer la motion et même déposée il n’existait pas de majorité (de  gauche) pour l’adopter. Néanmoins, le franchissement du Rubicon ne sera  pas sans conséquence. Au plan national, le Haut Comité Ethique est saisi. L’addition présentée aux frondeurs par les instances nationales du PS risque d’être salée. Des menaces de sanction et d’exclusion planent. Localement, la seule et unique apprentie-censeure de l’ex midi-pyrénées  risque (également) de payer une facture politique dans son département.

Linda Gourjade, députée PS du Tarn Photo : @LGourjade

Linda Gourjade, députée PS du Tarn Photo : @LGourjade

« C’est vraiment du spectacle; Il n’y avait pas la volonté d’aller jusqu’au bout« . La coordinatrice de la loi El-Khomri au sein du groupe PS, la députée de Haute-Garonne Monique Iborra relativise la portée et l’importance du casus belli. Mais la tentative de présenter une motion de censure de gauche marque une vraie rupture. C’est une première. C’est la première fois que les dissidents socialistes vont aussi loin.

Linda Gourjade justifie cette « escalade » par un projet de loi comportant des « propositions libérales et régressives » et la volonté de « marquer (un) refus« . Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, son très présent et influent collaborateur parlementaire enfonce le clou en disant : « il s’agit de marquer un désaccord profond« . Selon les mots de Marc Gauché, « les loups ont été lâchés et les pressions très fortes avec notamment un chantage aux investitures« . Mais la député socialiste tarnaise a franchi un pas de plus dans l’escale des tensions. en approuvant le recours à l’arsenal nucléaire.

A quelques mois des investitures, cette dissidence va forcement laisser des traces.

Au sein du PS 81, les législatives sont déjà lancées. Une nouvelle candidature de Jacques Valax (député sortant de la 2ème) anime les dîners en ville et les discussions entre camarades. Sur sa circonscription, Linda Gourjade pourrait affronter une concurrence. Une concurrence pas vraiment sérieuse. Sur la 2eme circonscription, le nom d’une figure socialiste locale circule beaucoup.  La Graulhétoise Claire Fita (nouvellement élue au conseil régional) est, selon plusieurs sources, tentée par une candidature. Face à elle, Linda Gourjade ne doit pas redouter un(e) opposant(e) interne de poids. Sur ses terres, il n’existe pas une « Claire Fita »  Mais, même un poids plume, peut suffire à faire perdre une investiture.

Dans ce contexte, Linda Gourjade va-t-elle ressortir affaiblie de l’épisode tumultueux de la motion de censure ?

Pour le 1er Fédéral du Tarn (à qui on prête d’ailleurs des ambitions législatives), cela ne va pas être simple pour la frondeuse. Patrick Vieu déclare : « Je sens monter une forte réaction, trop de divisions ça suffit. Les militants n’aiment pas l’idée qu’un élu socialiste puisse voter une censure et que ceux qui tapent le plus sur le gouvernement soient de gauche. Cela risque de tendre les relations avec elle et sa motion. Après, sur le fond,  le projet de loi peine à rassembler. Les militants ont du mal à avaler la couleuvre. Mais je ne pense pas que cela suffise à racheter le geste de Linda Gourjade ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

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