03 Nov

« Le Crime de la tour K », de Franck Linol

Présentation de l’éditeur

Christelle Farges, dont la fille, Marion, a été sauvage-ment assassinée, est jugée aux assises pour meurtre. Elle est accusée d avoir tué Tony, un jeune marginal, persuadée qu il était le coupable de la mort de Marion. Dans le même temps, on découvre, dans un hall d immeuble du quartier de Beauval, le cadavre du jeune Khaled Boukhari, mort d une balle dans la tête. Et sa soeur, Chaïma, a disparu depuis une semaine… Voici le 10e opus de la série « Dumontel » ! Un polar résolument urbain, où le célèbre inspecteur Dumontel se retrouve immergé dans l un de ces « territoires oubliés de la République ». Une enquête haletante sur fond de trafic de drogue et d islamisme radical, dans un monde « hors limite », dur, âpre, violent, où se croisent des personnages à la fois désespérés et attachants.

Biographie de l’auteur

Franck Linol est né à Limoges. Il vit dans sa région du Limousin dont il reste éperdument amoureux. Son maître est le grand écrivain suédois, récemment disparu, Henning Mankell. Mais il est aussi influencé par l’œuvre de Jean-Claude Izzo et de René Frégni. Il s est lancé dans l écriture pour simplement raconter des histoires, donner le plaisir de la lecture et aussi témoigner des dérives d’une société qui entrave de plus en plus les libertés de chacun.

Notre avis

Outre l’enquête, passionnante et sans temps mort, ce livre dépeint une réalité qui touche la plupart des grandes métropole et leurs banlieues sans âme.

« Il marcha dans ces rues qui ne ressemblaient pas à de vraies rues. Des façades constituées de panneaux en béton dans lesquels on avait inséré des fenêtres coulissantes. Un urbanisme qui obéit à une logique industrielle. Un univers dégradé pour une population que l’on a dégradée. Un horizon « barré » où l’on entasse les pauvres, les vieux retraités, les immigrés, qui peinent à payer leur loyer. La mal-vie. 

Dumontel leva la tête. Il éprouva le sentiment d’être enfermé. Il étouffait.

La misère qui suinte de partout. La pauvreté, l’indigence, la détresse, l’ennui… comme des coups de poing que l’on prend dans la gueule à chaque instant. »

Comme la plupart des gens lucides, Dumontel dresse un constat alarmant de la montée de l’intégrisme religieux dans les banlieues.

« Alors qu’ils sortaient de la cité, ils croisèrent trois jeunes femmes voilées qui déambulaient sur le trottoir.

  • Regarde… Les musulmanes portent de plus en plus le voile. Ce n’était pas le cas il y a encore quelques années. Pour moi, c’est une manifestation autant politique que religieuse. Et en ce qui me concerne, dit Dumontel, c’est cette nouvelle génération de militants d’extrême gauche et tous ces bobos bien-pensants qui soutiennent l’islamo-communautarisme. Je ne les reconnais plus, tous ceux et celles qui ont milité pour l’émancipation de la femme, pour l’égalité des sexes, pour la laïcité, contre l’obscurantisme. Aujourd’hui, ils te traitent de raciste ! »

Dumontel assiste impuissant à cette lente descente aux enfers.

« Il était crevé. La faute à l’hiver qui n’en finissait pas ?

Autour de lui, il ne croisait que des gens « lessivés, claqués, vidés ». Tous se plaignaient du temps qui s’emballe, de la pression au boulot, des mails, des SMS, des courses au supermarché, des cons qui klaxonnent au feu vert, de la malbouffe. Tous disaient souffrir de « burn-out », d’insomnie, de stress, d’attaques de panique, d’états dépressifs. Tous témoignaient d’un manque d’énergie, d’un sentiment de grande lassitude, d’un pessimisme exagéré, d’irritabilité et d’une sexualité en berne. »

Pendant ce temps Dany veut encore y croire, et se heurte à l’incrédulité de ses collègues.

« La proposition de Dany se défendait.

  • Et si le meurtre de Khaled n’a rien à voir avec le trafic de drogue ? (…)
  • Giselle, tu le fais exprès ? Tu vas nous emmerder encore longtemps ? Parce que pour toi, alors que dans la tour K, un jeune rebeu se prend une balle en pleine tête, et qu’on trouve à ses côtés sa banane avec une barrette de shit, c’est de la stigmatisation ? Que cette même tour K soit le supermarché de la dope, ça ne te suffit pas ? Tu les kiffes, hein, les jeunes rebeu ?? »

La confrontation de Dumontel et d’Abubakar sonne le glas de cette enquête menée tambour battant :

« Calmez-vous, monsieur. Nous savons où se trouve votre femme Chaïma… Et elle va déposer plainte contre vous pour coups et blessures, mauvais traitements ayant entraîné des lésions corporelles grave. Une agression est un acte criminel. Vous êtes un homme violent.

Abubakar se leva, hors de lui. (…)

  • Vous n’avez pas le droit de nous insulter comme ça ! Ma femme est une bonne musulmane, la fierté de l’islam, qui s’est rapprochée d’Allah comme aucune épouse. Obéissante à son mari, soumise à ses désirs, qui n’élève jamais la voix, qui n’éclate pas de rire, ne blague pas, ne dit jamais de mots vulgaires. Chaïma, la sagesse même, un modèle de piété et de pureté, qui ne regarde pas les divertissements de votre télévision mais se rend à la mosquée et exécute ses prières avec ses sœurs. Alors qu’ici, chez vous, c’est le royaume de la pornographie, elle est partout dans vos têtes. Le pire, c’est votre internet, le lieu par excellence de tous les vices, du malheur, de la décadence. Mais vous, comment traitez-vous vos femmes ? Un homme peut se retrouver seul avec une femme qui n’est pas la sienne, et ça c’est haram ! Fornication, adultère, décadence ! C’est pour ça que la femme doit rester chez elle, pour se préserver des mauvaises tentations. »

Bon voyage au moyen-âge.

L’épilogue réserve un dernier rebondissement qui ne laissera personne indifférent.

Franck Linol est un grand auteur de roman noir, lucide et intransigeant.

« Le crime de la tour K » est une vraie réussite.

Ne passez pas à côté !

 

©Bob Garcia

13 Sep

Sous terre personne ne vous entend crier de Gilbert Gallerne

Présentation de l’éditeur:

Lauréat du prix du Quai des Orfèvres 2010.
Dans les ténèbres des couloirs du métro parisien, la bête est tapie, attendant sa proie.
Un polar rythmé, dans les catacombes et les couloirs du métro où l’auteur joue avec notre claustrophobie et la peur des monstres.

Quand le commissaire Lionel Jonzac se rend sur une scène de crime dans les catacombes, on ne peut pas dire qu’il soit dans les meilleurs conditions.
L’interpellation du Serbe a été un véritable fiasco…
La victime, une jeune fille, qui git à ses pieds est salement mutilée. Quand en plus il reconnaît sa nièce, Jonzac n’a qu’un avant-goût de l’enfer qui l’attend…
Prix du Quai des Orfèvres 2010 pour « Au pays des Ombres », plus de 100 000 exemplaires vendus.

Notre avis:

« À présent qu’il se retrouve seul, c’est son refuge. Il ne peut pas laisser les étrangers l’envahir et l’en chasser comme on l’a toujours repoussé de partout. Il ne peut pas leur permettre de s’emparer du dernier endroit où il se sent en sécurité ! Il doit les faire fuir. Les inciter à ne plus jamais revenir. Ni eux ni personne. »

Mikaël a toujours vécu sous terre, caché aux yeux de tous. Avec l’Autre, ils ont fait des sous-sols de Paris leur univers.

Jonzac est un flic à l’ancienne. À l’approche de la retraite, il a toujours la foi, et malgré le manque de suivi de la justice, c’est avec hargne qu’il chasse sans relâche les criminels.

Ces deux êtres, que tout oppose, vont se croiser au détour d’un carrefour, au cœur des carrières qui truffent le sous-sol de Paris. Entre eux, Claire, la nièce de Jonzac et première victime de Mikael. Commence alors une traque sous terre… Mais qui traque l’autre ?

Je découvre avec ce roman la plume de Gilbert Gallerne. Un style atypique, loin des convenances commerciales. Des phrases courtes et percutantes, une syntaxe qui joue avec les codes pour créer une identité propre à l’auteur, dessiner sa carte d’identité littéraire.

Avec « Sous terre personne ne vous entend crier », je me suis laissée emporter dans un pur thriller, où l’ambiance est aussi noire et obscure que les catacombes. Angoisse, sensation d’étouffement, ma lecture s’est faite sous terre et m’a véritablement transportée dans cette ambiance que j’avais découverte lors de ma visite des catacombes (pas la commerciale… une visite plus « privée » et hors des sentiers battus).

En alternant des chapitres allant de quelques mots à plusieurs pages, l’auteur a donné du rythme à son histoire, qui, si je n’avais pas dû être sociable au cours de mon week-end, aurait été lue en une journée. Malheureusement il m’a bien fallu le poser pour adresser la parole à mes semblables, mais quelle douleur… Le reprendre me démangeait, j’en voulais plus, assoiffée de connaître la fin comme un vampire en hypoglycémie !

Si l’intrigue reste banale et que les sous-sols de Paris n’ont plus de secrets pour les lecteurs de thrillers, ce sont les personnages qui font la force de ce roman.

Taillés dans la matière brute dans les premiers chapitres, Gilbert Gallerne, en sculpteur, les travaille au fil des pages : personnalités, psychologie, angoisses et démons, l’auteur ne laisse rien au hasard. Ici ce ne sont pas les personnages qui sont au service de l’intrigue, mais l’intrigue qui les révèle pour les faire passer de l’ombre à la lumière. Des personnages qui fascinent, interpellent, hantent la lecture.

Je ne peux vous en dire plus sans spoiler ce roman et ce serait fort dommage pour qui souhaite le découvrir. Sachez toutefois qu’il y a une pointe de fantastique, une légère touche qui peut déranger certains lecteurs. Ça n’a pas été mon cas dans la mesure où l’ensemble est cohérent et que ça n’enlève rien à la qualité d’écriture du livre.

Une très belle découverte, un roman que je conseille fortement aux amateurs de thrillers angoissants, aux amoureux des lectures qui sortent des sentiers battus, à tous ceux qui placent les personnages avant l’intrigue.

Paru le 21 juin 2018 chez French Pulp, édition polar. 368 pages.

@Ophélie Cohen

11 Sep

Guy Lefranc, un reporter toujours d’actualité : « Le principe d’Heisenberg » et « La stratégie du chaos »

   

Guy Lefranc, un reporter toujours d’actualité

En à peine un an, la sortie du « Principe d’Heisenberg » et de « La stratégie du chaos », ainsi que le lancement par Hachette d’une collection en kiosque offre l’occasion de faire le point sur l’évolution du personnage créé en 1952 par Jacques Martin depuis la disparition du père d’Alix.

A l’origine, Jacques Martin (1921-2010) n’a dessiné que les trois premières aventures de son personnage, avant de n’en conserver que le poste de scénariste. Homme prévoyant, il avait assuré sa succession sur deux voies parallèles, avec des auteurs chargés de poursuivre après son décès les aventures de son reporter à la fois dans les années 1950 et à l’époque contemporaine.

« Le principe d’Heisenberg » et « La stratégie du chaos », les deux dernières histoires en date, parues à six mois d’intervalle à l’automne 2017 et au printemps 2018, font toutefois exception à cette règle d’alternance, avec deux intrigues ancrées dans les fifties. Dans le premier, un crime sanglant cache un complot d’Etat. Dans le second, un milliardaire cloîtré dans un gigantesque navire hig-tech, lointain cousin de l’arche de Noé et du Nautilus du Capitaine Nemo, veut provoquer un holocauste nucléaire pour assurer à la terre un avenir meilleur.

Ses successeurs poursuivent bien sûr une certaine tradition établie par Jacques Martin : l’importance du décor régional (« Le principe d’Heisenberg »), qui peut faire écho aux Vosges de « La grande menace », le premier album, la passion de Jacques Martin pour les voitures de sport, ou encore l’art de la catastrophe et du chantage à grande échelle. Mais les albums récents apportent une dimension supplémentaire, avec l’apparition de personnages ayant réellement existé.

Ainsi « La stratégie du chaos » s’achève-t-il sur une rencontre, dans le cadre des JO de Melbourne (1956), entre Guy Lefranc et le marathonien français Alain Mimoun, médaille d’or olympique cette année-là. Auparavant, le reporter avait croisé la route de Johnny Stompanato, le mari mafieux de la comédienne Lana Turner (« Le châtiment ») et même le cosmonaute Youri Gagarine (« L’homme oiseau »).

Un ancrage bienvenu qui donne un nouveau cachet à l’univers de Lefranc, qui tient autant au globe-trotter intrépide hérité de Tintin, qu’à l’héritage de Jules Verne et de James Bond. En attendant un anniversaire : celui du trentième album.

Lefranc T28 « Le principe d’Heisenberg »

Scénario : François Corteggiani

Dessin : Christophe Alvès

48 pages

 

Lefranc T29 « La stratégie du chaos »

Scénario : Régric

Dessin : Roger Seiter

48 pages

Editions Casterman

 

09 Sep

Buck Danny, un classique « classic » : « Opération rideau de fer » (t5)

La parution de « Opération rideau de fer », cinquième album – et premier du troisième diptyque – de la collection Buck Danny Classic, permet de faire le point sur l’actualité foisonnante d’un aviateur septuagénaire… qui n’a jamais été aussi jeune !

Parallèlement à la série régulière, la collection « Buck Danny Classic », née en 2014, avait notamment pour ambition de combler un manque… et même une certaine frustration : imaginer ce qu’aurait pu être le personnage si, en leur temps, les scénarios de Jean-Michel Charlier ne s’étaient pas heurtés à la censure française de la Commission de Surveillance des publications destinées à la jeunesse. Ce fut le cas pour l’album « Un avion n’est pas rentré » (1954), dont l’histoire fut modifiée en catastrophe alors qu’elle était déjà en cours de prépublication dans le journal de Spirou, ou encore de la trilogie des Tigres Volants (1962), qui se déroule dans un pays asiatique imaginaire, le Vien Tân, « pseudonyme » transparent du Vietnam.

L’action de « Opération rideau de fer » se situe d’ailleurs juste après ces aventures « vientannaises » et plonge le trio Buck Danny-Jerry Tumbler-Sonny Tuckson (et aussi leur ennemie préférée, l’incontournable Lady X) juste après la construction du Mur de Berlin, dans un techno-thriller aéronautique autour de deux avions-espions, l’un soviétique, l’autre américain.

Marniquet et Zumbiehl concoctent une intrigue fertile en traîtrises et manipulations, qui donnent un côté « 24 Heures Chrono » tout en respectant les canons scénaristiques historiques de Jean-Michel Charlier, notamment du côté des pitreries/gaffes/frasques (ne pas rayer la mention inutile !) de Sonny Tuckson. Et le trait solide de Jean-Michel Arroyo, digne héritier de Victor Hubinon et Francis Bergèse, est encore rehaussé par le superbe travail de Ketty Formaggio aux couleurs.

En attendant la suite intitulée « Alerte rouge », une cure de jouvence a été parallèlement menée sur la série principale, à redécouvrir très bientôt dans « Vostok ne répond plus », le 56e tome prévu pour début novembre.

Buck Danny Classic T5 « Opération rideau de fer »

Scénario : Frédéric Marniquet & Frédéric Zumbiehl

Dessins : Jean-Michel Arroyo

48 pages

Editions Dupuis/Zéphyr

© Jean-Philippe Doret

04 Sep

Polar.ch au « Livre sur les quais » de Morges (Suisse) !

La Suisse a tous les talents ! Les visiteurs du « Livre sur les quais » à Morges ont encore pu le constater le WE des 31/08, 1er et 2 septembre…

Le polar n’est pas le moindre talent littéraire des auteur(e)s suisses.

C’est pourquoi les organisateurs du salon leur ont consacré un débat, judicieusement nommé polar.ch, l’occasion de découvrir trois auteurs aux univers uniques et passionnants.

Olivia Gerig confie avoir été influencée à ses débuts par un certain Maxim Chattam, auteur à succès bien connu  des amateurs de thrillers. A l’instar de son modèle, elle a même passé deux années à étudier la criminologie !

Deux ans… c’est aussi le temps mis par Olivia pour peaufiner et publier son deuxième opus, « Le Mage noir »‘, un pavé de 492 pages hyper documenté et foisonnant d’idées, s’appuyant sur l’actualité et la réalité historique. Une particularité : l’importance de la musique, véritable bande son qui rythme l’action et donne la « tonalité » des scènes. Olivia adore The Cure… ça s’entend ! Une réussite qui ménage le suspense et laisse entrevoir une suite. A découvrir !

Autre révélation, Catherine May, puise son inspiration dans ses voyages… et dans son métier d’archéologue ! Au retour de Londres, elle écrit et publie l’excellent « London Docks », polar passionnant et truffé de références architecturales. Prochain voyage de Catherine : le Canada. Hâte de lire la suite !

Last but not least, comme on dit en bon français, l’excellent Nicolas Feuz vole de succès en succès et signe désormais chez l’éditeur Slatkine & Cie. Avocat de formation, Nicolas est aujoud’hui procureur de la République. Ses récits au rythme invraisemblable sont tirés de son expérience et de dossiers bien réels qui fond froid dans le dos. Son dernier opus « Le Miroir des âmes » est un véritable page-turner qui se dévore en apnée. Les suivants sont déjà annoncés. A ne rater sous aucun prétexte !

Rendez-vous l’année prochaine, sur le formidable salon « Livre sur les quais » de Morges pour la suite de polar.ch !

© Bob Garcia, septembre 2018

 

 

Le Livre sur les quais à Morges, Suisse : Retour en images

Ce week-end à Morges en Suisse a eu lieu la 9ème édition du Livre sur les quais. 280 auteurs venant de France, de Suisse, du Québec, d’Italie ou encore d’Afrique sont venus à la rencontre des lecteurs. Le public était au rendez vous pour assister aux nombreuses rencontres, animations et conférences proposés et bien sûr pour les innombrables dédicaces d’auteurs, le tout dans un cadre sompteux.

Retour en images sur certaines conférences et moments de dédicaces !

  • Il faut tout d’abord parler du président de cette 9ème édition, David Foenkinos, renommé « Eric Foenkinos » par mégarde par une des autorités locales lors de l’inauguration. David a enthousiasmé le public par son humour et sa décontraction, mais a aussi et surtout rendu hommage à ce bel événement.

  • Au chapitre des Tables rondes : « passeport pour le polar » avec trois grands noms du polar français, Sandrine Colette , Michel Bussi et Ian Manook animée par Bob Garcia. Un débat passionné et passionné mettant en évidence les sensibilités très différentes des auteurs…. devant une salle comble.

  • Musiques et littérature vont bien ensemble. Des animations musicales ont eu lieu tout le week end à La Coquette. Ici il s’agissait de :«Deux décis d’odyssée» avec Stéphane Blok (guitare et chant) et Blaise Hofmann (lecture) Avec Blaise Hofmann

  • Notons aussi la rencontre polar.ch consacrant trois des meilleurs auteurs Suisses : Nicolas FeuzOlivia GerigCatherine May  Animée par Bob Garcia, dans le cadre intimiste et chaleureux de la cave des Couvaloup. Un trio à suivre de très près !

Et aussi…

  • Quelques heureux qui avaient réservé leur place ont pu assister à des lectures ou des conférences tout en effectuant une croisière sur le Lac Léman. Un moment magique !

  • Un aperçu de l’ambiance sous les tentes durant le week-end.

  • L’auteur suisse de plusieurs best-sellers dont « La vérité sur l’affaire Harry Quebert » a répondu présent durant tout le week end.

  • L’auteur italien Luca Di Fulvio, immense tant par la taille que par le talent, a transmis sa joie et sa bonheur à ses lecteurs venus en nombre.

  • Après la table ronde, les lecteurs sont venus découvrir les livres de Sandrine Colette.

  • Le président Foenkinos était aussi là pour rencontrer ses lecteurs.

  • Les auteurs suisses étaient bien sûr très nombreux (plus d’une centaine) comme avec ici l’excellent Nicolas Feuz, procureur de la République à plein temps et auteur dès qu’il peut !

Rendez vous l’année prochaine pour une nouvelle édition du Livre Sur Les Quais tout aussi réussie que celle ci !

Plus d’infos sur le Site du salon !

Page Facebook

©Amandine Gazeau

 

 

21 Juil

« Guerilla Social Club » de Marc Fernandez

Présentation de l’éditeur:

Deux hommes disparaissent à Madrid. Un autre à Paris et une femme à Buenos Aires. Chaque fois, le même scénario : les victimes sont enlevées et leur cadavre retrouvé mutilé. Toutes ont aussi un passé commun : leur combat contre les dictatures d’Amérique latine dans les années 1970 et 1980.
Parmi ces disparus figure l’un des amis du journaliste madrilène Diego Martín. Il décide de se pencher sur cette affaire pour son émission de radio, aidé par le détective Ana Durán, sa complice de toujours, et par l’avocate Isabel Ferrer.
Une enquête de tous les dangers qui va les mener de l’Espagne à l’Argentine en passant par le Chili, et les obliger à se confronter aux fantômes de l’Histoire. Ce qu’ils découvriront fait froid dans le dos, car, quarante ans après l’opération Condor, le rapace continue de voler.
L’auteur de l’acclamé Mala Vida, finaliste du Grand Prix des lectrices de Elle, revient avec un nouvel opus, plus haletant que jamais, à cheval entre l’Europe et l’Amérique latine, où le passé vient frapper à la porte d’anciens guérilleros… Ennemis un jour, ennemis toujours.

Notre avis:

« Guerilla Social Club » de Marc Fernandez chez Préludes Éditions

« Il existe des petites histoires dans la grande Histoire, des exodes et des péripéties personnelles, des trahisons, des victoires et des échecs intimes qui n’ont pas leur place dans les manuels scolaires. » Cet extrait de la préface du roman est le reflet d‘une des facettes de « Guerilla Social Club » : des trajectoires individuelles au cœur de l’Histoire collective.
Cette préface, elle m’a donné la chair de poule. Victor Del Arbol, son auteur, y explique, tout en lui rendant hommage, comment Marc, au travers de ses romans, attire notre attention sur des événements moins connus de l’Histoire. Des événements qu’on ne raconte pas dans les manuels scolaires, mais des événements, des histoires personnelles qui ont changé l’Histoire.

Dans « Guerilla social club » j’ai retrouvé avec grand plaisir Diego Martin, Ana Duran, David Ponce et Isabel Ferrer, personnages centraux de « Mala Vida », pour une nouvelle enquête. Une fois encore, je suis allée à la découverte d’un pan de l’Histoire que je connaissais moins: les dictatures sud-américaines, les coups d’Etat…
Bien sûr, je n’en n’ignorais pas les grandes lignes, celles des manuels scolaires… mais je ne connaissais ni l’opération Condor, ni la solidarité entre les peuples opprimés d’Amérique du Sud qui formaient des groupes communs pour aller combattre les régimes dictatoriaux chiliens, argentins, uruguayens… Mais toute médaille à un revers, et j’ai appris qu’à cette solidarité entre les peuples opprimés, faisait écho la solidarité entre dictateurs et pays occidentaux…
« Ils sont douze. Huit hommes, quatre femmes. Des chiliens bien sûr, mais aussi des Argentins, un Brésilien et un Uruguayen. La répression ne connaît pas les frontières avec le plan Condor […] La résistance a riposté et a fait de même. Tous ensemble. Partout sur le continent latino et ailleurs aussi. El pueblo, unido, jamas sera vencido! (Le peuple, uni, ne sera jamais vaincu) »

Une fois encore, l’Histoire sert de base à l’histoire que nous raconte Marc. Et l’on sent la patte du journaliste au travers des recherches et des références citées dans le roman.

« Deux hommes disparaissent à Madrid, un autre à Paris et une femme à Buenos Aires. Chaque fois c’est le même scénario: les victimes sont enlevées et leur cadavre retrouvé mutilé.
Toutes ont un passé commun: leur combat contre les dictatures d’Amérique latine dans les années 1970 et 1980 ».

En suivant Diego et ses amis dans cette enquête, l’on découvre, outre ce que j’ai évoqué plus haut, l’histoire de la messagerie instantanée « Telegram », l’accès difficile aux archives « non censurées » des années noires malgré les lois de lever d’amnistie et la soi-disant volonté de ne plus rien cacher au monde, le combat pour la liberté mené par les guerilleros.
La liberté, un thème qui reste central et en filigrane dans tout le roman.

J’ai retrouvé l’écriture dynamique et punchy de Marc. Un roman qu’il m’a été difficile de lâcher. Pas que le suspens y soit haletant, nous ne sommes pas dans du thriller, mais la manière qu’à Marc de nous raconter cette histoire d’hommes et de femmes, combattant de la liberté, m’a transporté.

Plus fort, plus puissant encore que « Mala Vida », « Guerilla Social Club » touche et interpelle.

Merci à Marc de nous faire découvrir ces histoires individuelles oubliées de l’Histoire.

Paru le 08 mars 2017 chez Préludes éditions. 288 pages.

@Ophélie Cohen

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