02 Août

Léon Mortreux porté par la progression des Alliés est impatient de retrouver le Front

Après 21 jours de formation, le sergent Léon Mortreux annonce à son oncle Fernand Bar qu’il quitte son secteur. Quelle destination ? Il l’ignore encore.

Ce mercredi 2 août 1916, Léon rappelle qu’il y a tout juste 2 ans, les Allemands ont déclaré la guerre. Et aujourd’hui, 2 ans après – dit-il – … c’est la débacle !

Un peu présompteux, Léon a hâte d’en découdre avec l’ennemi, « transporté par l’attitude combative des alliés et la progression des anglais » sur le front de la Somme, dans le Nord et dans le secteur de Verdun.

Correspondance de guerre, du 2 août 1916 … il y a cent ans.

2 août 1916

Cher Oncle,

Je viens de recevoir ta lettre de dimanche et te remercie.

Ici, je continue mes études intéressantes. Nous manquons de certains appareils d’optique pour qu’elles puissent être poussées à souhaits.

D’ailleurs, 21 jours de stage, c’est bien peu.

Beau temps, trop de chaleur même ! Et vous ?

Vendredi nous quitterons le pays, ne m’y écris donc plus.

Que fera-t-on de nous … remonterons-nous aux tranchées en attendant que des pièces neuves arrivent ! Je te fixerai sur cela dès que possible.

Je n’ai pas eu de nouvelles de la Division pendant mon absence et ne sais si’il y a quelque chose de très intéressant qui la concerne.

J’aimais beaucoup les camarades de ma section de la 2è Compagnie et verrai sans déplaisir le canon qui nous sera dévolu arriver aussi tard que possible …

J’expliquerai cela en détails quand j’irai en permission en … novembre ou décembre prochain.

Mais dès maintenant, combien je suis transporté de voir comment combative est actuellement l’attitude des alliés. Puisse-t-il en être aussi jusqu’à la fin des hostilités … vraiment les Anglais marchent bien.

Aujourd’hui, 2è anniversaire de la Déclaration de la guerre et où en sont les Allemands ? … à la veille de la débâcle ! Cela a coûté cher, nous le savons que trop. Et c’est ce que sert de frein à mon impatience.

Dans mon truc d’artillerie, c’est la sécurité parfaite ou la mort, rarement la blessure. Car à une courte distance, telle que notre portée, tu penses qu’une fois encadrés de 88 ou de mines, personne n’échappe guère vivant et un canon c’est aussi de nombreux projectiles de destruction.

A nous d’avoir fait le plus de tort possible aux B… avant de disparaître. A nous de nous défiler le mieux possible pour garder notre pièce le plus de temps que nous le pourrons.

De Paris, bonnes nouvelles ! Je remarque toutefois que toute la correspondance ne m’arrive pas. Une lettre à laquelle Berthe fait allusion n’a pas été reçue par moi ( celle relative aux militaires ayant eu 2 frères tués )

Quoi de neuf à Béthune ? As-tu toujours énormément à faire pour l’intendance.

Pour l’instant, je n’ai besoin de rien. Je t’écrirai à ce sujet en rentrant au Corps. Merci toutefois pour ton offre généreuse.

Ici, grondement de canon dans le lointain. Notre petit obus d’exercice est plus modeste, ne gronde pas mais pète sec. Il fait un trou d’environ 50 cm de diamètre et profondeur. La pièce est très démontable mais on en a sa charge.

Je t’espère bien portant. Ici toujours moral et santé excellentes.

Je t’embrasse de tout coeur.

Ton neveu reconnaissant.
Léon

Merci pour les Daily Mail
Souvenir à Marie et à Jeanne

As-tu reçu ma carte postale contenue dans l’enveloppe Marie Delelis ?