21 Juin

« Je pars à Estissac avec les bleus » … jusqu’au départ vers le front ? Léon Mortreux

Ce 21 juin 1915, Léon Mortreux s’apprête à quitter le Dépôt de Fontainebleau avec « les bleus » de sa Compagnie … des soldats inexpérimentés n’ayant jamais vu le feu. Cela fait maintenant près de 5 mois que le Sergent Léon Mortreux est affecté à l’instruction de la classe 1916. Il attend l’ordre de partir sur le Front.

Dans cette correspondance de guerre il y a cent ans, Léon raconte qu’il a profité d’un jour de permission. Le dimanche précédent, il a rendu visite à son père Georges Mortreux et sa soeur Berthe à Paris. Léon dit avoir « beaucoup causé de Jules » avec son père et sa soeur.

Discrètement, avec retenue, il évoque dans cette lettre la mort au combat de son frère aîné Jules Mortreux à Vauquois le 15 mars 1915, deux mois après la mort de son frère cadet Pierre Mortreux à Steinbach en janvier 1915.

Dans cette lettre du 21 juin 1915 adressée à son oncle Fernand Bar à Béthune, Léon Mortreux parle de la famille et des bombardements sur la ville.

Je pensais que vous en aviez fini avec les All… à Béthune

Le Sergent Léon Mortreux fait route vers la Champagne-Ardenne

Léon Mortreux annonce qu’il doit partir de Fontainebleau le vendredi 25 juin 1915 pour rejoindre Estissac en Champagne-Ardenne. Il part avec « les bleus » de la 26è Compagnie, pour quelques semaines … et peut-être ensuite pour le Front. Léon ne sait pas.

Léon Mortreux

Léon Mortreux

Fernand Bar

Fernand Bar

Lettre de Léon Mortreux à Fernand Bar, envoyée le 21 juin 1915

Dans sa lettre, Léon s’inquiète pour sa famille béthunoise avec les bombardements intenses et répétés sur la ville. Depuis le 1er juin 1915, 15 obus tombent chaque jour sur Béthune.
Le 8 juin 1915, le bombardement est encore plus nourri entre 40 et 50 obus raconte @Béthune1418

Correspondance de guerre, il y a cent ans …

Sergent Mortreux
26è Cie – 46 Cie

Fontainebleau le 21-6-1915

Cher Oncle,

Merci pour ta bonne lettre et son contenu : écriture et billet. Le tout m’a fait bien plaisir. J’ai vu dimanche chez nous papa et Berthe en bonne santé. Augustin vient souvent à la maison et va bien.

René Hazard, un de tes beaux-frères a été blessé au combat. Je pensais que vous en aviez fini avec les All… à Béthune. Je conçois que ces bombardements intenses et répétés portent terriblement sur les nerfs des habitants.

Il faut que tu portes danger à une extrême limite pour demeurer la nuit à un 1er étage : pour ma part, j’ai toujours compris que tu ne voudrais pas te résigner à dormir dans une cave. Et la cave aux cuirs ne l’as-tu pas fait aménager ? Elle est moins humide que celle à Gaspard.

Je pars vendredi à Estissac près de Troyes avec les bleus nous y serons pour quelques semaines peut-être jusqu’au moment du départ vers le front !

Je ne sais pas si l’on donnera des permissions, en tous cas ce serait seulement pour 24 heures.

Je t’écrirai de là-bas te disant comment ça fonctionne et si je vois un moyen possible de nous rencontrer.

Je t’embrasse affectueusement. Souvenir à Marie-Jeanne

Léon

Nous avons beaucoup causé de Jules dont les malles de Londres sont arrivés chez nous.
Je vais écrire à mon oncle Paul pour sa fête.