10 Fév

Léon Mortreux nommé sous-officier se prépare à rejoindre le front en Picardie

Ce 10 février 1915, Léon Mortreux écrit qu’il est « désigné sous-officier ».  Léon manifeste une certaine fierté après cette nomination.

 à la Compagnie on m’apprend que je suis désigné comme sous-officier devant partir avec le prochain départ pour le front.

Le Sergent Léon Mortreux se prépare à rejoindre les troupes du 246è Régiment d’Infanterie dans l’Aisne. 

Avant son départ pour le front, Léon a obtenu une permission pour rendre visite à son père à Paris et à sa soeur et son plus jeune frère Martial..

Je compte aussi aller à Chartres voir Flore et Martial. Nous parlerons ensemble de Pierre de qui nous n’avons aucune nouvelle.

Léon Mortreux

Léon Mortreux

Fernand Bar

Fernand Bar

Lettre de Léon Mortreux à Fernard Bar, envoyée le 10 février 1915

Dans cette lettre, Léon envie ses frères, tous deux sur le front. « Jules semble très en train et heureux d’être choisi comme « crapouilleux » ou « obusier pour mortier de tranchées »

Selon les dernières correspondances de guerre, l’aîné, Jules Mortreux affrontait les allemands dans le secteur de l’Argonne et le plus jeune Pierre Mortreux en Alsace.

 Je partirai gaiement sur le front et décidé, comme Pierre, à faire noblement mon devoir.

 Correspondance de guerre, il y a cent ans …

10 février 1915

Cher oncle,

C‘est de Paris que j’ai le plaisir de te remercier du geste généreux que tu viens d’avoir envers moi.

Hier je sortais de l’infirmerie du régiment, je viens d’enterrer une angine, quand, rentré à la Compagnie on m’apprend que je suis désigné comme sous-officier devant partir avec le prochain départ pour le front. J’ai demandé une permission et l’ai obtenue.

J’ai trouvé ici Papa et Berthe en bonne santé.

Je compte aussi aller à Chartres voir Flore et Martial. Nous parlerons ensemble de Pierre de qui nous n’avons aucune nouvelle. Mais ne désespérons pas. Certains sont sans renseignement au dépôt d’un être cher – pendant 2 ou 3 mois par exemple – qui soudainement reçoivent une lettre annonçant que l’intéressé est bel et bien en vie.

Quoiqu’il en soit nous sommes tous bien ennuyés et sois certain qu’aussitôt fixé nous nous hâterons de t’écrire.

De Jules je n’ai rien à te dire puisqu’il t’écrit directement. Il semble très en train et heureux d’être choisi comme « crapouilleux » ou « obusier pour mortier de tranchées ».

J’ai lu dans nos quotidiens que Béthune avait été rebombardée, j’espère que la ville n’aura pas beaucoup souffert ?

J’avais pensé à aller aussi à Amiens mais je n’en aurai pas le temps (je rentre lundi).

Mon attaque de gorge me laisse faible, aujourd’hui mes visites aux grands magasins m’ont extrêmement fatigué. J’ai la tête vide et me sens mal à l’aise, une bonne nuit réparera tout cela à tout le moins je l’espère.

Ton mandat m’a causé la plus agréable surprise, je ne méritais pas tant !

Blessé en septembre j’ai eu bien moins à souffrir que ceux qui restent depuis le début et ont vu les combats par dizaines.

Je vais me montrer bon dispensateur de ces fonds, l’heure n’est plus à la dépense.

Je partirai gaiement sur le front et décidé, comme Pierre, à faire noblement mon devoir. Je te promets de t’écrire le plus fréquemment possible.

J’espère que ta santé est bonne et que tu peux te reposer malgré le vacarme de la canonnade.

Par mon oncle Auguste et Augustin j’ai eu aussi bien des détails sur la famille et la région, j’ai répondu et attends d’eux d’autres nouvelles.

Au revoir Cher Oncle, je te renouvelle tous mes remerciements et t’embrasse de tout cœur.

Ton neveu affectionné.

Léon

 Souvenir à Marie.