25 Nov

« Les allemands ont bombardé l’hôpital de Béthune »

Jules Mortreux est au cantonnement au Dépôt de Rodez depuis une dizaine de jours. Pour combien de temps encore ? Jules l’ignore.

Il vient de recevoir une lettre de son frère. Léon Mortreux s’attend lui aussi à quitter Vimoutiers pour monter au feu.

Dépôt de Rodez

Dans la lettre du 25 novembre 1914, Jules Mortreux annonce à son frère un départ imminent avec les renforts pour rejoindre  le Front, entre Reims et Verdun.

Si je renforce le 76 j’irai dans la forêt de l’Argonne qui n’est plus parait-il qu’un vaste marécage, boue jusqu’aux genoux !

Jules Mortreux

Jules Mortreux

Léon Mortreux

Léon Mortreux

 

Lettre de Jules Mortreux à Léon Mortreux, envoyée le 25 novembre 1914

 

 

 

 

L’hôpital de Béthune bombardé

Par la lettre de Léon, Jules apprend que « les allemands ont bombardé l’hôpital de Béthune. »

Des maisons, l’école maternelle, le collège des garçons, celui des filles, le théâtre municipal ont été touchés par les obus.

En ce mois de novembre, des dizaines d’obus tombent tous les jours sur la ville. Deux personnes ont été tuées entre le 16 et le 23 novembre raconte jour après jour @Béthune1418.

 

Correspondance de guerre, il y a cent ans …

 

Rodez, 25 nov. 1914

Mon cher Léon,

Bien reçu ta lettre du 17 et aujourd’hui celle du 20. Merci. Mais n’as-tu donc pas reçu celle que je t’ai écrite d’ici le 15 ? Tu n’en fais pas mention !

Je te répondrai plus explicitement dès que tu m’auras donné ton adresse prochaine et fixe et si je suis encore ici, car les renforts partent rapidement, ce qui fait prévoir que l’on en a besoin.

Ça doit barder. Surtout du côté de Soissons où fonctionne le 276.

Si je renforce le 76 j’irai dans la forêt de l’Argonne qui n’est plus parait-il qu’un vaste marécage, boue jusqu’aux genoux !

Berthe a les adresses des curiosités en question, plastrons etc… je te recommande encore la toile cirée…
Vas-tu à Fontainebleau ?

J’ai eu connaissance de ce que tu annonçais à propos de Béthune, je vois aujourd’hui que les allemands ont bombardé l’hôpital. 

Je vais mieux, grâce aux soins que je vais quérir chez les Sœurs de Charité de la ville, qui portent bien leur nom. Elles rendent d’énormes services, officieusement, et sont bénies pour le Rt. Car s’il nous fallait compter sur les petits soins de ces messieurs de devoir ! enfin…

Reçu lettre de Flore m’annonçant ton séjour à Chartres si … tu y vas, vois la cathédrale, curieuse et typique, la seule chose intéressante je crois du pays avec une autre église – St Remy je crois si j’ai bon souvenir.

Flore m’annonce le départ de Pierre, que j’ai lu aussi par ta première lettre. Je lui souhaite du bon temps, tout au moins meilleur que celui que nous avons ici, vent, neige, glaces, boue etc.

Au quartier liberté pleine et entière, élasticité des règlements, tout laisse à l’initiative privée et aussi à la bourse privée. Je plains celui qui n’a pas de don !

Absolument, vu ton avis pour la promiscuité des types sales. C’est dégoûtant. Donne-moi des nouvelles de Paris, ici il court différents bruits, faut-il leur donner crédit !

De tout cœur mon vieux frère.

Jules