25 Nov

Primaires de droite : match perdu pour les langues régionales

Le match entre la team Fillon et la formation Juppé a bien duré 90 minutes. Mais à l’arrêt du chrono, le résultat est clair : 0 seconde pour les langues régionales ! Absentes du terrain, nada, que tchi, pas res! Vous me direz qu’il n’y a rien de surprenant à ça. Que le match était plié d’avance, que les 2 candidats sont toujours hors-jeu sur le sujet, que les trois arbitres journalistes (qui n’étaient pas en noir) ont depuis longtemps fait le deuil de ce type de question… Non vraiment, il ne fallait pas s’attendre à un miracle.

Tiens, à propos de miracle… François Fillon, chantre de la France catholique, aurait pu se souvenir que c’est bien en occitan que la Vierge s’est adressée à Bernadette Soubirou ! Et Jupppé à qui l’on prête quelques connaissances sur l’occitan , lui qui est si fier de sa ville, elle ne serait pas un peu occitane Bordeaux ?

LR Les républicains : le match

Et bien non. Pourtant la partie a été bien vendue. Toute la semaine, on a mangé des primaires, à outrance, à toutes les sauces. Les médias ont mis le paquet. Juste avant le match, on se serait cru sur Canal + : des caméras partout, l’échauffement, le vestiaire, le menu des sportifs, la fiche technique, les statistiques, des serrages de main… à la louche ! Ne manquait plus que la louma sur les points noirs des candidats. Après une bonne heure de préliminaires, forcément on était chaud. On allait voir ce qu’on allait voir, un classico façon combat de boxe Tyson / Frasier. Car rien à voir entre les 2 équipes. Un jeu en profondeur pour Fillon, jusqu’aux racines, traditionaliste; un conservatisme de balle à toute épreuve. Pour Juppé, un jeu au centre, plus prudent et emprunté, pas d’écarts sur le côté.

L’un va droit au but (aucun rapport avec l’OM) : suppression des fonctionnaires, retraites à 65 ans, augmentation du temps de travail. Il n’hésite pas à recruter à l’étranger. Oui, il faut faire une place à Poutine dans cette équipe. Et si seulement Margaret Thatcher pouvait encore jouer… L’autre n’en finit pas de dribbler, tergiverse, repasse au centre… Oui, il veut bien défendre la diversité, la différence, avec une certaine prudence. Dans son jeu, une maîtrise de la langue française qui le rend parfois abscons…mais pas gascon ! « L’identité heureuse » des langues régionales ne sortira pas de la surface de réparation française.

Décidément, le match est trop fermé, tactique, peu de fautes mais trop d’interventions des arbitres qui contrôlent trop le jeu, le hachent. Alors quand on s’embête, on ressort les bonnes vieilles archives.

LR Langues Régionales : avant match

  • 1999 tribune dans Libération : http://www.liberation.fr/tribune/1999/07/09/le-derisoire-debat-sur-les-langues-regionales-occulte-des-questions-bien-plus-importantes-pour-l-ave_278098

…la question des langues régionales, que nul ne menace en France est, pour notre pays, un sujet anodin. Elle est cependant révélatrice de la situation française. L’ampleur démesurée accordée à cette affaire mineure masque mal tout d’abord la pauvreté du débat politique sur les questions bien plus essentielles pour l’avenir du pays…

  • Il fut aussi l’auteur, en 2005, d’une loi sur l’éducation qui a dégradé les conditions d’enseignement des langues régionales. Avec l’instauration d’un « socle commun de connaissances« , qui n’a reconnu que les langues vivantes étrangères. Sur la question, on peut lire « L’école française et les langues régionales XIXe et XXe siècles » coordonné par Marie-Jeanne Verny et Hervé Lieutard  aux Presses Universitaires de la Méditerranée. http://books.openedition.org/pulm/910
  • 2012, François Fillon, candidat à la Présidence de l’UMP en campagne à Rennes…  Evoquant le « maintien de l’unité de la Nation», il se réjouit qu’au fil de l’Histoire, les spécificités des langues régionales ont été « gommées mais au bout du compte le résultat n’est pas si mal avec une langue et une culture française magnifique ». Et d’enfoncer le clou : « Il faut préserver notre unité en combattant les comportements communautaires de nature ethnique ou régionale », citant le cas de la Belgique et de l’Espagne dans Le Télégramme du 20 octobre 2012.

Chasse Pêche Nature et Traditions avait adressé aux 7 candidats une charte en 10 points dont un pour défendre « les activités culturelles et traditionnelles comme les arts, les langues régionales, la chasse, la pêche, la corrida » et la création d’un secrétariat d’Etat « . Ils appellent à voter pour François Fillon. Comprenne qui pourra.

Et Alain Juppé, plus « girondin » que jacobin ?

        • 29 mai 1996, Jacques Chirac se déplace en Bretagne. Devant des parlementaires du cru, le chef de l’Etat se lance dans un vibrant plaidoyer en faveur des identités régionales. Se pose la question de la ratification de la charte européenne des langues minoritaires. C’est Alain Juppé Premier Ministre qui saisira alors le Conseil d’Etat… qui rendra un avis défavorable. Et oui, c’était déjà comme ça il y a 20 ans!
        • Depuis? Rien, nada, que tchi, pas res ! Pas la moindre trace dans son programme, ses écrits…
        • 5 octobre 2016, on relève juste ce tweet.

Mais quelques mois en arrière, il twittait sur l’article 2 de la constitution, après le discours en langue corse de Jean-Guy Talamoni nouveau président de l’assemblée. Et Bayrou, son proche soutien, il ne lui a rien dit sur l’occitan et les langues régionales?

Finalement, ni le combat du jour, ni les archives ne vont venir au secours des langues régionales. Match nul sur toute la ligne. Je vais me coucher avec un seul enseignement : LR ça n’a vraiment rien à voir avec Langues Régionales.

Lo Benaset @Benoit1Roux

 

24 Nov

Nadal Rey, l’inalassable trabalhaire

Nadal Rey, 105 ans, nos ven de quitar dimenge passat. Foguèt sebelit ièr dins la vila ont demorava : La Ville Dieu du Temple dins Tarn e Garona. Passèt sa longa vida a trabalhar, caminar, obrar per la lenga mas pas sonque. Calguèt 9 volumes per contar sa vida e sa pensada dins « Troisième étape ».

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Una longa vida

Nadal Rey nasquèt en decembre de 1911 a Levinhac-sus-Save d’un paire lengadocian e d’una maira gascona.  Passèt l’Escòla Normala  de Tolosa, puèi la facultat de Letras de Madrid. Entamenèt sa carrièra de professor a Verdun-Saint Chamond. Maridat se’n anèt a Grenoble e quand arribèt la guèrra, partiguèt en 1939 en Africa. Conta tot aquò dins son libre que pareguèt en 1988 : « Le bataillon perdu ». Nadal Rey èra un escrivan e de primièr, un aparaire de la lenga d’òc. Son primièr libre publicat foguèt « Sòmis », un recuèlh de poèmas en 1984. Farguèt la seccion occitana dels retirats de l’Educacion Nacionala, trabalhèt de longa amb la seccion Antonin Perbosc (IEO de Garona-Nauta). I a quitament un prèmi que pòrta son nom que ven recompensar de libres cada dos ans. Passèt tanben 30 ans de sa vida al Maròc, de dabans de tornar en Tarn e Garona en 1972 ont acabèt sa vida.

Photo : Nadyne Vern-Frouillou

Photo : Nadyne Vern-Frouillou

Una vida a trabalhar

 Cercava pas los onors mas se ganhèt les Palmas academicas, la Legion d’Onor, lo Meriti militari, la Medalha de la Joinessa e dels Espòrts, la Medalha de la Croix-Rouge, la de l’Òrdre de Malte… L’escrivan s’acontentèt pas sonque d’escriure, mas voliá far, caminar, avançar, soscar. Farguèt tanben mantunas associacions, quitament «Los Ainats de Laviladieu», puèi la Federacion dels Ainats Rurals de Tarn-e-Garonne ambe un centenat de clubs e mai de 10 000 escotissaires ! E anatz pas pensar que tot aquò es sonque local. Ambe la Federacion Internacionala de las Associacions de Personas Ajadas va caminar de pertot dins un cinquantenat de paises amb un estatut consultatiu n°1 al prèp de l’UNESCO…

Una longa e rica vida. Quand l’encontrèrem pel darrèr còp en julhèt de 2012, nos diguèt : « cal pas demorar lo cuol sus la cadièira mas bolegar, trabalhar, totjorn trabalhar! »    Adieu-siatz Nadal e mercés per tot !. Podètz tanben legir l’article de Nadyne Vern-Frouillou sus Luchon Mag.

Lo Benaset @Benoit1Roux

23 Nov

« L’amor de luènh » s’en va au Metropolitan de New York

« L’amour de loin » une oeuvre inspirée du troubadour Jaufre Rudel sera jouée tout le mois de décembre au célèbre Metropolitan Opera de New-York. Une histoire de flux et reflux d’amour sur fond de Méditerranée entre Jaufre qui se morfond dans sa principauté de Blaye et Clémence, comtesse de Tripoli. Un opéra ambitieux composé par une Finlandaise (Kaija Saariaho) avec un livret de l’écrivain libanais Amin Maalouf. Oui, la culture occitane sera bien à l’affiche dans un lieu prestigieux de New-York !

 

La Fine histoire de l’Amour

Voilà plus de 8 siècles que la légende de Jaufre Rudel nous hante. Mais quel Jaufre Rudel ? Ils furent plusieurs, les princes de Blaye, à porter ce nom. Celui qui nous occupe est bien le troubadour, fin poète et chantre de l’amour absolu dans la tradition de la Fin’Amor.  Sa vida (la vie du troubadour) a été écrite au XIIIe siècle, et elle continue d’attirer mystères et fascination. Celle d’un amour profond entre un prince (Jaufre Rudel) tombé amoureux de la belle comtesse de Tripoli sur les simples déclarations d’un pèlerin venu d’Antioche. A partir de ce moment-là, il ne pensera plus qu’à elle. (Acte I de cet opéra en 5 actes). Une histoire à 3 avec le pèlerin qui sert de passeur et s’en va convaincre la belle qu’un poète amoureux transi la vénère. D’abord un peu offusquée, elle se met à rêver elle aussi à cet « amour de loin » (Acte II). Le même messager s’en revient à Blaye et informe Jaufre que la comtesse est désormais au courant. Il décide alors d’aller la rejoindre (Acte III). Mais sur le chemin, les doutes le prennent et ses angoisses devient plus prégnantes que la force de son cœur. Tellement bien que les forces l’abandonnent, presque mourant, quand il arrive enfin à Tripoli (Acte IV). Prévenue de son état, la Comtesse va le rejoindre. L’approche de la mort les fait sortir de cet amour inaccessible, platonique. Ils jurent alors de s’aimer et quand le prince s’éteint, le cœur de la belle décide de s’obscurcir en rentrant au couvent (Acte V final). Une oeuvre qui jette un pont entre 2 rives : géographiques (Orient et Occident) et amoureuses (absence et présence). 

Amin Maalouf, Kaija Saariaho et les autres

Plus besoin de présenter Amin Maalouf, écrivain libanais qui vit désormais en France. Le prix Goncourt 93 a écrit « les Croisades vues par les Arabes » et publie en 2001 « L’amour de loin » aux éditions Grasset. Il s’est servi pour son travail d’écriture d’une part de la biographie romancée de Rudel parue au XIIIème siècle, d’autre part de son célèbre poème Lanquan li jorn son lonc en mai. Outre des passages du poème de Rudel, l’opéra reprend la mélodie composée par le troubadour pour bercer ses vers. 

 

La musique a été composée par une Finlandaise, elle aussi « rapatriée » en France : Kaija Saariaho. Cet opéra est le premier de leur collaboration. Il y en aura un second : « Adriana Mater ». « L’amour de loin » opéra en 5 actes avec 3 personnages (Jaufre, Clémence et le pèlerin) a été créé en 2000 à Salzbourg, puis au Théâtre du Chatelet un an plus tard ou encore à Londres en 2009. Il arrive donc cette année au célèbre Metropolitan Opera de New-York. Avec une mise en scène qui s’annonce éblouissante et déjà produite l’an dernier au Québec. 

Elle est l’oeuvre du bouillonnant et fantasque québécois Robert Lepage qui a travaillé sur les scénographies des spectacles de Peter Gabriel. L’opéra a été un succès immense lors de sa création. Il va rester tout le mois de décembre à l’affiche du Metropolitan Opera de New-York. La poésie occitane voyage bien.

Lo Benaset @Benoit1Roux

L’opéra sera retransmismis en direct le samedi 10 décembre à 18H55 dans plusieurs cinémas Gaumont-Pathé. Pour voir lesquels : http://pathelive.com/lamour-de-loin

22 Nov

La proposition de loi sur les langues régionales examinée la semaine prochaine

Jusque là tout va bien. Comme nous vous l’annoncions dès le 11 octobre, la députée des Côtes-d’Armor Annie Le Houérou, a déposé à l’Assemblée Nationale une proposition de loi sur la promotion des langues régionales. Le timing est plus que serré si on veut que cette loi entre un jour en vigueur. Ce matin elle a franchi un premier cap : la commission des affaires culturelles.

Annie le Houérou à l'Assemblée Photo : site de la députée

Annie le Houérou à l’Assemblée
Photo : site de la députée

A l’Assemblée Nationale mercredi prochain

Ce matin, la Proposition de Loi était en discussion devant la commission des affaires culturelles. Ce texte a été signé par 143 députés socialistes ou apparentés. Il fait donc quasiment le consensus au sein du groupe PS. De ce fait, le texte a franchi sans obstacle ce passage, il n’a subit aucune modification si ce n’est quelques amendements rédactionnels. Annie Le Houérou en sera la rapporteure et Jacques Cresta (député PS des Pyrénées Orientales) le responsable. Son examen est prévu le mercredi 30 novembre lors des 4 jours réservés aux propositions de loi du groupe PS. Vous pouvez revivre les discussions de ce matin sur ce site :

http://videos.assemblee-nationale.fr/video.4440680_58340df50db7e.commission-des-affaires-culturelles–promotion-des-langues-regionales-22-novembre-2016

Nous avions interrogée la députée le 15 octobre sur le contenu de la Proposition de Loi. Elle se compose de 8 articles et concerne l’enseignement de la maternelle au secondaire, (mais pas l’enseignement immersif des calandretas, diwans, ikastola, bressolas etc…), jusqu’à l’université. Mais aussi la signalétique et les médias (sauf la télévision).
  1. L’enseignement. Le principe est simple : la reconnaissance de l’enseignement des langues régionales comme matière facultative. Autrement dit, que cet enseignement soit proposé dans les écoles de France, de la maternelle au secondaire, selon le modèle Corse de l’article L. 312-11-1 du code de l’éducation.« Que tous les enfants aient la possibilité d’avoir un enseignement, sans qu’il y ait un caractère obligatoire, car le texte n’aurait aucune chance de passer ». La proposition veut faire reconnaître également l’enseignement bilingue, à l’exception encore une fois de l’enseignement immersif. « Nous n’intervenons pas sur le financement de ces écoles comme c’était le cas pour la proposition de Paul Molac. » Nouveauté : la promotion de ces langues dans l’enseignement supérieur : «  on veut inscrire dans la loi que les universités doivent proposer cet enseignement, car jusqu’à présent, chaque université a son entière liberté en la matière. »
  2. La signalétique. Evidemment les panneaux bilingues d’entrées de villes, certains panneaux directionnels, certains lieux publics, laissent un peu d’espace pour les langues régionales. La loi « prévoit, à la demande de la région, la généralisation sur tout ou partie du territoire de la signalétique bilingue ou plurilingue dans les services publics et l’usage de traductions dans les principaux supports de communication institutionnelle (article 4).  » Histoire d’aller plus loin et de pousser davantage les collectivités territoriales.
  3. Les médias. Concernant la presse écrite, elle prévoit que  » les publications en langues régionales peuvent bénéficier des mêmes avantages que ceux réservés aux publications de presse et sites en ligne en langue française. »Ces aides sont souvent conditionnées à la reconnaissance de caractère d’Information Politique et Générale (IPG) chose quasiment jamais reconnue pour aucune publication en langue régionale malgré un assouplissement de la règle survenu en 2012. Autre élément, la loi octroie au CSA des compétences pour la promotion des langues et cultures régionales et de garantir leur expression dans les médias audiovisuels (article 6). Ce même CSA qui doit aussi veiller selon cette nouvelle proposition de loi à ce que « une ou plusieurs fréquences soient attribuées à des candidats proposant la diffusion de services de radios en langues régionales. Sans objectif précis pour l’instant ni quotas… « Nous n’en avons pas mis car il y a un autre texte en discussion à l’assemblée porté par Yves Durand qui touche ce secteur, la culture, le patrimoine et l’architecture ». 
    Et rien donc concernant la télévision.

Le timing encore une fois sera très serré pour que cette proposition soit adopté. Ce pourrait être le cas à l’Assemblée Nationale vu le nombre de signataires. Mais ce sera plus que difficile -voire quasi impossible- qu’il en soit de même au Sénat. Il est peu probable qu’en ces temps d’élections la droite majoritaire au Sénat ait envie de faire un quelconque cadeau à la gauche.

Lo Benaset @Benoit1Roux

21 Nov

Les réhabilitations du soldat Dédébat

Frédéric Julien Dédébat était un soldat du 143ème régiment d’infanterie. Un enfant de Saint-Lys (Haute-Garonne), fusillé le 24 décembre 1914 par l’armée française… pour l’exemple. Mais quel exemple? En Haute-Garonne, ils sont seulement 4 à avoir subit le même sort. Et pourquoi son nom figure t-il sur le monument aux morts de Saint-Lys alors qu’il n’aurait jamais dû y figurer? Autant de mystères que lève le livre de l’occitan Patrick Lasseube qui vient de paraître aux éditions Cairn.

L’Histoire du soldat Frédéric Julien Dédébat

Autant le dire de suite : il n’y avait aucun document existant sur le soldat Dédébat : pas de photos, pas de lettres, juste quelques mystères sur le registre d’état civil. Comme le fait qu’il est exécuté à 7H30 du matin, presque en catimini, mais en présence de 2 témoins : un commandant et un greffier de conseil de guerre. Ceci pour un simple soldat 2ème classe ! Autre point d’interrogation : pourquoi son nom figure sur le monument des « Morts pour la France » de Saint-Lys…

Lorsqu’il devient maire au début des années 2000, Patrick Lasseube demande une étude sur les 36 noms qui figurent sur le monument de la ville. Dont le désormais fameux Dédébat. Premières et maigres découvertes, premières grosses interrogations. Avec Jean-Charles Faccini, ils retrouvent son acte de décès. Mais sans plus de précisions que le jour, l’heure et les témoins de l’exécution. Peu de livres à se mettre sous la plume, tant le sujet des « Fusillés pour l’exemple » est toujours tabou. Patrick Lasseube contacte alors les archives militaires. Il obtient un rendez-vous. Quand il se rend sur place, à Vincennes, le dossier Dédébat est…vide ! Un peu vénère Patrick d’avoir fait tant de kilomètres pour rien. Il roumègue auprès du capitaine, consulte d’autres documents sur la division. Et repart presque bredouille. Fait intervenir des personnes haut-placées mais reste sans réponse, pas plus du Ministère que de l’armée. Et puis un jour, miracle. une enveloppe arrive de Vincennes. A l’intérieur : un dossier complet sur Dédébat, pas moins de 86 pages. Où tout est mentionné : du motif de l’exécution (abandon de poste face à l’ennemi), jusqu’à la mise en scène macabre de son exécution.

« Per ieu, Dédébat èra un insomés sens cap de violença. Voliá ben morir per la patria mas pas per res ». Patrick Lasseube fait d’autres découvertes : Dédébat était abonné aux punitions ( 10 pages) quand il s’était engagé dans l’armée pendant 4 ans. Un peu provocateur, mais pas déserteur. Lors de la Grande Guerre, il est monté au front, dans la Marne puis en Flandres au moment de la boucherie. Son régiment a été décimé. Il a préféré partir, s’est fait reprendre à plusieurs reprises. Le 21 décembre 1914, une poignée de personnes le condamnent « au nom du peuple français » (sic) à être fusillé.

Une première réhabilitation

Dédébat est fusillé en Belgique et enterré dans le village, mais pas dans une fosse commune, identifié, avec son nom. Quand l’armée française récupère les corps, il est enseveli à Notre Dame de Lorette proche d’Arras en France. Patrick Lasseube a retrouvé sa tombe…Et déjà cette inscription : « Mort pour la France ».

 

Dans la famille, ses descendants savaient qu’il avait été fusillé, mais sans plus de précision. Frédéric Julien Dédébat avait laissé une fille de 4 ans, un autre frère tué à Verdun, un autre taxi dans la Marne. Mais pas de quoi éclairer la présence de son nom sur le monument… Et là, débute une seconde histoire : celle de la réhabilitation. Evidemment, elle ne vient pas de l’armée, mais du maire de l’époque Joseph Bouas, lui aussi soldat en 14. Cet ancien compagnon est un ami de la famille. Frédéric Dédébat savait lire et écrire; il était instruit et travaillait dans les postes. Il est fort probable qu’il ait écrit à sa femme, à des amis pour les informer de ce qui lui arrivait. Sans rien dire, Joseph Bouas a alors érigé en monument pacifiste en 1921, sur le fronton de la mairie. C’est Camille Raynaud qui le réalise, le même qui a fait une partie du monument aux morts de Toulouse qui fit scandale à l’époque, avec une femme soldat dénudée ! Quoi qu’il en soit, le nom de Dédébat est en bonne place, quasi au centre, retrouvant ainsi les honneurs qui lui étaient dû.

Le livre paru aux éditions Cairn retrace minutieusement son parcours jour après jour, avec bienveillance et humanité. Il perce bien des mystères sur la vie à la fois héroïque et banale d’un simple soldat. Une conférence est prévue samedi prochain 26 novembre à 16H à la mairie de Saint-Lys. Patrick Lasseube sera là pour éclairer un pan d’histoire relativement méconnu et peu abondant en littérature.

Vous pouvez consulter les archives militaires sur ce site et consulter le dossier Dédébat.

http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/arkotheque/client/mdh/fusilles_premiere_guerre/detail_fiche.php?ref=2524022&debut=0

Lo Benaset @Benoit1Roux

16 Nov

Le CIRDOC va changer d’aire

On pourrait presque appeler ça un « divorce par consentement mutuel ». Le maire de Béziers a fait savoir à la présidente de région qu’il ne financerait plus le Centre Inter-Régional de Documentation Occitane comme auparavant. Depuis la création de ce syndicat mixte en 1999, la ville de Béziers doit fournir une sorte de « pension alimentaire » (et pas une simple subvention) au CIRDOC. Mais ce mariage devenu de raison ne peut pas durer avec cette municipalité frontiste d’extrême droite. L‘établissement public ne veut pas rester tributaire d’un partenaire aussi gênant que Robert Ménard. Et comme celui-ci a fait savoir que le contrat ne serait plus le même, le CIRDOC entend changer d’aire et de structure. Attention, le divorce n’est pas vraiment à l’amiable, il pourrait être difficile à négocier, mais chacun pourrait y retrouver son compte.

 

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Le courrier de Robert Ménard

Le 14 septembre, le maire de Béziers envoie un courrier à Carole Delga où il y indique qu’« à compter de 2017, la ville ne sera pas en mesure d’inscrire au budget les sommes nécessaires au financement résiduel du Cirdòc ». La ville ne se désengagerait pas totalement mais propose de « limiter la participation de la ville de Béziers au syndicat mixte de gestion du Cirdòc, exclusivement à la mise à disposition des fonds documentaires ». Autrement dit, la ville entend se retirer du syndicat mixte de gestion. Lors du conseil d’administration du 28 octobre dernier, cette position aurait été confirmée. Pour Patric Roux, élu régional en charge de l’occitan et par ailleurs président du CIRDOC, « C’est un coup de poignard dans le dos, un acte délibéré qui peut nous placer en situation de crise institutionnelle dès le 1er janvier ».

Le calcul est simple. Le budget prévisionnel pour 2017 devait tourner autour de 1,1 millions d’€ :

  • 500 000 euros de la Région,
  • 400 000 de fonds européens
  • 206 000 euros de la Ville de Béziers

La contribution de la ville frôle donc les 20% du budget. Sans elle, la pérennité de l’établissement est atteinte. Le maire dit « faire avec l’argent qu’on a ». Il est vrai que l’Etat se désengage de certaines charges, dont il transfère les compétences aux collectivités, sans en assurer le financement. Les communes ont vu les dotations de l’Etat diminuer presque de moitié lors du quinquennat Hollande. Mais le maire est moins regardant sur d’autres dépenses, comme par exemple les affiches anti-migrants ou la publicité à grand frais de la venue d’Eric Zemmour…

Participation obligatoire

La mairie ne peut pas se désengager ainsi, car ce n’est pas une simple subvention qu’elle verse mais une participation cadrée, depuis que le CIRDOC est passé de simple association (avec le CIDO), à un établissement public géré par un syndicat mixte. La ville qui compte 3 représentants au Conseil d’Administration est d’ailleurs propriétaire de 80 000 ouvrages de l’établissement. En 2004, la gestion de ce fonds d’ouvrage a été confiée à l’Agglo de Béziers, mais la ville reste propriétaire… Le problème vient aussi du fit que la contribution de la ville paie une part importante du fonctionnement comme les salaires. Ce qui ne peut pas être le cas des fonds européens. D’où l’inquiétude du côté du personnel qui comprend désormais 15 salariés.

Depuis son existence, cette convention a toujours été honorée par les différents maires. La décision unilatérale de Robert Ménard oublie juste une chose essentielle : tout changement doit être voté à l’unanimité par les membres du syndicat mixte. Robert Ménard ne voudrait plus avoir à s’y soumettre. Et les raisons pourraient être plus que financières, mais aussi idéologiques. Récemment, le CIRDOC a signé une convention de partenariat avec la Ligue des droits de l’Homme pour la valorisation linguistique. Le maire s’y est opposé. « On a voté contre, car cela visait à mettre en valeur les langues maternelles en général et non l’occitan, les champs de travail et de recherche sont suffisamment importants pour qu’ils ne s’occupent que de cela » selon l’article que publie Midi-Libre. Qui veut tuer son chien…

 

L’avenir : un EPCC

Pour l’heure, aucune décision intangible n’est prise. La mairie ne souhaite pas se désengager complètement, ce qui légalement n’est pas possible et idéologiquement pas facile… Le maire a déjà supprimé la Fèsta d’Òc à Béziers, économisant ainsi à peu près la même somme : environ 200 000 €. Quoi qu’il en soit, le CIRDOC pourrait évoluer sur un plan juridique, un changement contraint mais nécessaire. Le syndicat mixte pourrait être dissout et devenir un EPCC : Etablissement Public de Coopération Culturelle.

Les EPCC permettent d’associer plusieurs collectivités territoriales mais aussi l’Etat dans l’organisation et le financement d’équipements culturels importants. Ils offrent un cadre souple mais stable pour gérer des institutions permanentes (comme le CIRDOC), à condition de contribuer à la réalisation d’une politique culturelle nationale. Sur cet aspect là, le travail est déjàen très bonne voie depuis la signature en 2006 d’un partenariat avec la Bibliothèque Nationale de France, devenant ainsi « pôle associé de la Bibliothèque Nationale de France ». Et le 21 novembre prochain, le CIRDOC va signer une convention avec un premier département : le Tarn. Donc les changements sont déjà sur les rails.

Et l’Etat ? Pour l’heure, il ne participe qu’à la hauteur de 4% au financement du CIRDOC… Carole Delga a écrit au Premier Ministre pour expliquer le projet et inviter l’Etat à faire un effort. Aucune réponse pour l’instant. La participation plus importante de l’Etat et celle de plusieurs départements (dont le Tarn en premier) pourraient pallier le manque venant de la ville de Béziers. On se dirige donc vers un divorce, dont la cause est tout autant politique et idéologique qu’économique. Si le maire de Béziers s’entête à se désengager du CIRDOC tel qu’il est aujourd’hui, il sait qu’il perdra devant les tribunaux. Mais d’ici-là, le CIRDOC sera asphyxié. La difficulté pourrait résider dans cette période de transition entre la fin du syndicat mixte et l’existence du nouvel EPCC. Mais des garanties seraient apportées de la région Occitanie. En attendant, la résistance s’organise.

Un groupe d’Amis du CIRDOC s’est constitué… Les adhérents sont nombreux. Des utilisateurs, des proches du CIRDOC, qui ne veulent surtout pas être sous la garde d’un parent aussi inapproprié que Robert Ménard.

http://www.amicsdelcirdoc.com/

 

https://www.facebook.com/pg/amicsdelCIRDOC/about/?ref=page_internal

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Le CIRDOC en chiffres

  • Budget : aux alentours des 1M d’€
  • 15 salariés
  • 150 000 ouvrages de référence
  • 2000 titres de périodiques (revues occitanes)
  • 800 projets culturels
  • + de 80 000 titres du XVIème siècle à nos jours (manuscrits, archives, livres, revues, partitions, enregistrements sonores et audiovisuels, estampes, affiches, photographies, objets, etc.)

Le CIRDÒC est le grand conservatoire de la langue et culture occitanes.

Lo Benaset @Benoit1Roux

 

 

 

15 Nov

Lo Barrut en concèrt

Mercredi 2 novembre et après 8 jours de travail intensif, Lo Barrut a proposé un concert gratuit de sortie de résidence dans la salle Victoire 2 de Saint-Jean-de-Védas. L’occasion pour les 9 musiciens afogats de polyphonies et de poésies occitanes de faire découvrir à leur public leurs toutes nouvelles compositions.

Reportage de Sirine Tijani, Jack Levé et Michel Blasco. Montage de Charlotte Willocq

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14 Nov

Quand « France-Emploi » s’affiche en langues régionales

Ceux qui ont ouvert le quotidien gratuit « 20 minutes » tôt ce matin ont sans doute dû se dire qu’ils n’étaient pas tout à fait réveillés… Le site internet France-emploi.com qui appartient au groupe Ouest-France a décidé de promouvoir son nouveau site avec des publicités déclinés en langues régionales. Histoire de se démarquer.

Trabalhar aiçí !

Ce n’est pas un retour à « Volèm Viure al país » mais bel et bien une campagne nationale : une page de pub dans le quotidien 20 Minutes pour le site France-emploi, avec une phrase en langues régionales déclinée suivant le territoire. Côté Toulouse, il y a donc la croix occitane, la saucisse, le rugby et… « Trabalhar aicí » écrit correctement en occitan !

Ce qui à priori n’est pas le cas pour la même page décliné par le quotidien en breton. Certains ont fait remarquer sur les réseaux sociaux qu’il y avait des erreurs sur les 2 mots « Oberiañ amañ ». La campagne est déclinée dans le quotidien 20 minutes, dans plusieurs langues ou dialectes suivant les grandes villes : Paris, Bordeaux, Marseille, Toulouse, Lyon, Lille Strasbourg et la Bretagne. Par ailleurs un spot radio circule sur Europe 1 et RTL, pas en langues régionales mais avec de l’accent. On y entend ainsi l’accent du nord et celui d’Hossegor dans les Landes. Cette campagne presse écrite et radio va durer encore quelques semaines.

 

France-emploi, nouveau site du groupe Ouest-France

Le site appartient au groupe Ouest-France. Ce nouveau site a été lancé le 26 septembre dernier, il est aussi l’émanation de « ouestfrance-emploi.com » qui existe toujours. Le groupe entend se démarquer et faire valoir les spécificités qui prévalent en terre bretonne. D’où la déclinaison de cette campagne en langues régionales. Plus de 30 000 offres d’emploi sont proposées sur les régions Île-de-France, Occitanie (Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées), Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle Aquitaine (Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes). Toutes les annonces sont aussi diffusées par Pôle Emploi car une convention de partenariat existe depuis 2014. 

Lo Benaset @Benoit1Roux

Lille

Lille

 

11 Nov

La ballade de Jim Black en voix de Bigorre

C’est un peu comme si les 5 chanteurs de Vox Bigerri avaient décidé de recruter une 6 ème voix : celle du grand batteur américain Jim Black. Pas un batteur de jazz « classique », toujours à la recherche de sons, beaucoup de technique mais à l’écoute. Le groupe est en résidence depuis jeudi à l’espace Omnibus de Tarbes. Avec une présentation de leur travail déjà très abouti ce soir à 19H. Vox Bigerri comme jamais vous les avez entendus !

Photo : France 3

Photo : France 3

Jim se ballade…

Il est cool Jim Black, presque autant que son talent. Heureux d’être là avec ces 5 hommes qu’il ne connaît pas… Seulement une rencontre furtive avec Fabrice Lapeyrere, 2 ou 3 morceaux envoyés par le groupe. Il sent la musique et quant l’un des membres tente de lui donner des précisions, il se contente de dire : « Sing and I’ll play! ». Il joue, rejoue différemment et la 6ème voix est là ! Sa batterie est toute simple, avec quelques agréments comme une cymbale spéciale et quelques accessoires. Une baguette qui ressemble à une sucette pour frotter sur la caisse claire, des archets pour les cymbales, des coquillages, des petits sacs remplis…

Ce n’est pas pour amuser la galerie, même si son large sourire rayonne jusque dans sa mèche ! C’est juste pour agrémenter les voix, toujours à l’affût du moindre signe vocal ou harmonique qui pourrait lui faire changer un son, creuser un rythme.

chants traditionnels, de standards de jazz et de compositions

Au menu du concert de ce 11 novembre, une dizaine de morceaux. Comme ces  » 7 sauts » béarnais presque ancestraux qui retrouvent une vitalité incroyable. Le jeu de Jim Black mène les 5 chanteurs vers autre chose, sans dénaturer quoi que ce soit. Le chant n’est plus tout à le même, les rythmes se font élastiques et surtout, la complicité évidente. Pour les besoins du reportage, on leur demande de rejouer les « 7 sauts ». Et c’est presque un autre morceau. Jim Black change son jeu, crée de nouveaux sons sur lesquels Vox Bigerri se greffe sans problème. Quelques heures de répétition, des artistes avec la banane et des morceaux ponctués par des « GREAT ! » lâchés par le batteur et des applaudissements par les chanteurs.

Photo France 3

Photo France 3

Vient ensuite « Strange Fruit », un standard jazz immortalisé par Billie Holliday. Pas franchement joyeux comme truc… Le texte parle des arbres du Sud, du sang sur leurs feuilles, sur les racines…avec des fruits, pendus, en décrépitude, picorés par des oiseaux. Le traitement sonore opéré par Vox et Jim n’est pas plus réjouissant. Le musicien fait de l’archer sur ses cymbales, frotte sa baguette sucette sur la peau de sa caisse claire… Étonnant, très étonnant. Vox Bigerri sur un nouveau registre, le texte est en occitan, puis en anglais…Envoûtant, presque déstabilisant.

Photo : France 3

Photo : France 3

Les créations sont toutes aussi stupéfiantes. Comme ce morceau de Jim Black « Star rubbed », un instrumental devenu « Mon dernier tracteur », un poème très dadaïste d’un auteur contemporain. Vous entendrez aussi « A las aubas » musique de Fabrice Lapeyrere et texte de Pascal Caumont. Ou encore cette musique de Jean-Claude Coudouy (le fameux « Hilh de puta! ») avec des paroles de Vox Bigerri qui donne « Senders de tèrra negra ». Quand la répétition se termine, la bonne humeur est toujours là, la frustration aussi de ne pas pouvoir en découvrir davantage. En repartantant, me reviennent ces mots de Jim Black : « Une batterie avec des voix, c’est très primitif, comme une sorte de groupe originel ». Et ceux de Pascal Caumont « Jim Black nous permet d’aller plus loin, plus en profondeur dans les racines ».

Photo : France 3

Photo : France 3

Les artistes ne devraient pas s’arrêter là. Jim Black va retourner à Berlin où il réside et se produire sur les scènes internationales avec d’autres formations. Mais quand l’été 2017 viendra, on pourrait bien retrouver l’Américain et les Bigourdans sur scène pour partager d’autres vibrations.

Lo Benaset @Benoit1Roux

Photo France 3

Photo : France 3

10 Nov

Le juge des référés rejette la suspension du nom de la région Occitanie

Cet après-midi, le juge des référés a rendu son jugement quant à la procédure en référé déposée par le collectif « Oui à Occitanie-Pays-Catalan ». La demande de suspension du nom de la nouvelle région est rejetée.

© maxppp Drapeaux catalans

© maxppp Drapeaux catalans

Pas de caractère d’urgence

Pour que la suspension soit prononcée, il faut qu’un caractère d’urgence soit établi. L’association « Oui à Occitanie-Pays Catalan » avait fait état de ce caractère d’urgence au vu des différentes manifestations intervenues en pays catalan depuis l’officialisation du nom. Selon le juge, il n’y a pas de risque de troubles à l’ordre public « il ne résulte pas de l’instruction que ce risque soit constitutif d’une situation d’urgence au sens et pour l’application des dispositions de l’article L. 521-1 du code de justice administrative « . Il n’a donc pas suivi les requérants.

« La condition d’urgence n’est pas remplie…sans qu’il soit besoin de statuer sur les moyens de légalité soulevés, la requête de l’association citoyenne « Pour Occitanie Pays catalan » et autres doit être rejetée, y compris les conclusions présentées au titre de l’article L. 761-1 du code de justice administrative. » Le jugement déboute aussi les requérants sur un deuxième aspect : « pas de moyen propre à créer, en l’état de l’instruction, un doute sérieux quant à la légalité de l’instruction ».

Le juge a donc rendu une ordonnance qui déboute en tous points la demande initiale, sauf le fait que les différentes communes mentionnées dans le recours pouvaient bien venir soutenir la démarche du collectif citoyen. Le nom de la région Occitanie n’est donc pas suspendu. Mais il reste le recours en ANNULATION déposé devant le Conseil d’Etat.

Une ordonnance en référé, qu’es aquò?

Le juge des référés est saisi par voie d’assignation. C’est donc le collectif « Oui à Occitanie-Pays Catalan » qui l’a saisi via son avocat Alain Monod. C’est une procédure spécifique, qui doit marquer un caractère d’urgence et des doutes sérieux sur la légalité, confiée à un juge unique, généralement le président de la juridiction. Il instruit l’affaire de manière contradictoire lors d’une audience publique qui s’est tenue jeudi dernier.  La procédure est généralement complémentaire d’un procès principal ordinaire à engager, ce qui a été fait par ce même collectif citoyen près du Conseil d’Etat. La décision est rendue sous forme d’ordonnance, dont la valeur n’est que provisoire et qui ne fait pas autorité de la chose jugée. L’ordonnance de référé ne tranche donc pas le litige, en l’occurrence y a t-il eu ou pas des points de droit contestables dans la désignation du nom de région Occitanie… ?  Y avait-il un caractère d’urgence …? Elle est cependant exécutoire à titre provisoire. L’ordonnance rendue ce jeudi n’a pas vu de caractère d’urgence, ni de doutes sérieux sur la légalité permettant de suspendre le nom de la région Occitanie. Mais le Conseil d’Etat se prononcera plus tard sur le fond et l’ANNULATION ou pas du décret qui a fixé le nom, certainement avant la fin du premier semestre 2017. 

Lo Benaset @Benoit1Roux