10 Oct

« Patz en la ciutat », création occitane de musique contemporaine

Ce n’est pas tous les jours qu’une création de musique contemporaine se fait en occitan ! Ce sera le cas demain à Toulouse, dans le cadre du Festival Occitània. Un travail de collaboration avec le studio éOle, le Conservatoire Régional de Toulouse, ses musiciens et 3 de ses anciens élèves qui ont composé « Patz en la ciutat », Paix dans la Cité. Les textes sont de Jean Jaurès, Thomas Woodrow Wilson et Pèire Godolin.

3 òmes de Patz : Jaurès, Wilson, Godolin

Au cœur de Toulouse, physiquement très proches, la place Wilson et la statue de Godolin, qui donne sur les allées Jean-Jaurès. 3 personnalités attachées à la paix, prétexte à cette oeuvre qui réunit plusieurs de leurs écrits, sélectionnés par Alem Surre-Garcia qui n’en est pas à son coup d’essai. Première partie, « Alegria en la ciutat », qui débute par un texte de Pèire Godolin qui rend hommage à Enric lo Grand (Henri IV).

La Terra en tremolant al brut de sas armadas

Li donava la votz per son prumièr senhor.

Tanben per le passar dins lo temple d’Aunor

Le Cèl l’aviá format a vertuts reportadas :

O florissa la Patz, o toquèssa l’alarma

La Justicia, la Fe, la Fòrça, la Bontat,

E tot çò que le Cèl dona per raretat

Coma l’aiga a la mar se rendían a son arma

La deuxième partie intitulée « Lo plaser d’estre e la patz en perilh » annonce les premiers nuages sur la paix… Même si Godolin profite encore :  » O quin plaser d’èstre a l’ombreta / E far cambadas sus l’erbeta / Mentre qu’a  còps de gargalhòls / S’engriman trenta Rossinhòls / Per nos estujar dins l’aurelha / Cent cançonetas de mervelha. » S’en suivent 2 textes de Jaurès qu’Alem Surre-Garcia a sélectionné, mis en prose, d’après une première lettre du 23 août 1880 , celle qu’il  lit dans le reportage.


Patz en la ciutat par france3midipyrenees B. Roux J. Levé M. Blasco K. Glöck C. Pelhate MP Fournier

On y trouve aussi un extrait d’article paru dans La Dépêche.

A la trumada s’ajusta la trumada

La bèstia rondina e bufa son asir

De qué val lo viure, lo soscar e l’aimar ?

Qu’anam far dels nòstres cervèls ?

Qu’anam far dels nòstres còrs ?

Qu’anam far dels nòstres vint ans ?

Partie III, « La mòrt, la barbariá e lo desir de patz ». On y retrouve Godolin, Jaurès et le président américain Wilson élu en 1913, fondateur de la Société Des Nations, ancêtre de l’ONU. Des textes reformés pour l’occasion, traduits, et qui laisse plein d’ouvertures pour la musique.

3 joves compausitors en musica contemporanèa

Cette création est une commande de l’Institut d’Etudes Occitanes de la Haute-Garonne et du Festival Occitània qui travaillent avec le conservatoire depuis plus de 10 ans. Mais c’est en 2009-2010 que l’a première oeuvre issue de cette collaboration sortira : CROSADA 2^3 (comprendre 2 au cube). Avec les mêmes ingrédients : des textes, 3 compositeurs, ensemble instrumental et dispositif électroacoustique. Cette année, ce sont donc 3 jeunes compositeurs issus du Conservatoire qui ont composé une des trois parties. 3 pièces variés puisqu’il s’agit d’une partie avec ensemble et voix, une partie électroacoustique et une troisième qui mélange tous les genres. C’est le cas de Maylis Raynal qui vit en terre basque et qui a beaucoup travaillé avec Beñat Achiary. Et ça s’entend dans « Alegria en la ciutat ». Lucie Borto a composé la partie 2, une partie exclusivement électroacoustique ou acousmatique. C’est à dire une musique composée en studio et que l’on projette sur un « orchestre » de hauts-parleurs lors du concert. Des sons, des voix, des bruits qui intriguent, d’autres qui sont familiers… Enfin la troisième partie plus « classique » dûe à Adrien Trybucki et qui comprend un orchestre (Flûte, violon, accordéon) et des voix ( une soprano et une basse). Le Conservatoire et le Festival ont donc voulu proposer un panorama complet des 3 domaines de compositions de la musique contemporaine. C’est Guy Ferla qui dirigera cette oeuvre.

Un travail très intéressant qui prouve que la musique contemporaine n’est pas du tout hermétique et fermée. La création s’est faite avec le soutien du studio éOle de Toulouse qui travaille sur d’autres projets occitans. « Patz en la ciutat », mardi 11 octobre 20H Saint-Pierre des cuisines (Toulouse). Et c’est GRATUIT !

@Benoit1Roux