05 Sep

L’été du NON au NOM « Occitanie »

Alors que le Conseil d’Etat va bientôt rendre son avis sur les nouveaux noms des nouvelles régions, alors que le gouvernement va choisir par décret ces mêmes noms avant la fin du mois, l’Occitanie continue d’alimenter les débats et les recours en justice. Il y a de l’opposition chez les Catalans bien sûr, mais aussi au sein même des Occitans et enfin au niveau politique avec la droite et l’extrême droite. Retour sur un été du NON au NOM.

Les Catalans en fer de lance

Dire que le terme d’Occitanie n’est pas passé chez les Catalans est un doux euphémisme. Contrairement à ce qui s’était passé pour la Septimanie, ils sont divisés sur les actions à mener, mais pas question d’accepter cette nouvelle identité. Samedi 10 septembre (la veille de la Diada), une manifestation est prévue à Perpignan à 15H. Le collectif « Oui au pays catalan », fort de ses 13 400 signataires pour la pétition « Non à l’Occitanie, Oui au Pays Catalan » entend bien mobiliser, soutenu par différents mouvements et partis politiques dont Convergència Democràtica de Catalunya. Côté occitan, País Nòstre et le  Partit Occitan y participeront.

Par ailleurs, l’ancienne députée des Pyrénées Orientales Renée Soum (PS) a déposé un recours citoyen auprès du Conseil d’Etat. Elle milite pour le nom « Occitanie-Pays Catalan » et a tenté de convaincre sans succès Carole Delga et Manuel Valls. Selon elle, cette dénomination « est discriminatoire et constitue une rupture de la continuité républicaine ».

Les Occitans divisés

Sitôt choisie et même un peu avant la délibération du 24 juin, la dénomination Occitanie a provoqué des remous venant des autres régions occitanes. L’Institut d’Etudes Occitanes avait rappelé pendant la campagne que « L’Occitanie, c’est 4 régions » et de nombreuses voix se sont faites entendre depuis, notamment du côté de la Provence. Il est vrai que là-bas, tous les décideurs qui en voulaient pas entendre parler de l’occitan auront une justification toute trouvée pour dire que l’occitan et l’Occitanie, ce n’est pas chez eux mais en Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon. Faute de débat en interne chez les Occitans et de clarifications avant le vote, certains en sont même à souhaiter que l’un des recours déposés pour demander l’annulation de la dénomination aboutisse… Une lettre ouverte a été écrite, soutenue et signée par des personnalités occitanes et de simples citoyens.

Le FN aussi

Après la délibération du 24 juin, certains dirigeants du FN dont Louis Aliot ont été tentés de faire obstruction au nouveau nom en justice. Finalement, ce n’est que le 17 août dernier que France Jamet a déposé un recours auprès du Tribunal Administratif de Toulouse. Selon elle, « de multiples irrégularités ont entaché le processus de détermination du nom. Madame Delga a agi de façon très autoritaire, en écartant, dès le départ, l’opposition du comité chargé de produire la liste de 5 propositions »

En juillet dernier, les élus de l’opposition et du centre avaient interpellé le Premier Ministre : « Cette dénomination ne correspond en rien à la réalité historique et géographique de l’Occitanie ». Christophe Rivenq leur nouveau leader proposait -de manière très originale- que cette région s’appelle… Languedoc-Roussillon — Midi-Pyrénées !

Bientôt la fin d’un faux suspens ?

Le 22 août, le Premier Ministre a répondu aux élus de l’opposition et sifflé la fin de partie :

Madame Carole Delga, ancienne ministre, présidente du Conseil Régional de Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées a choisi de procéder à une consultation des citoyens sur la base de laquelle s’est tenu un débat au sein de son assemblée. Aussi le gouvernement s’en remet à la décision qui en est issue.

Le choix d’Occitanie est donc entériné du côté du gouvernement, comme l’avait laissé entendre Carole Delga. On voit mal désormais le Conseil d’Etat faire entendre une voix dissonante, sur un sujet pas franchement essentiel vu le contexte et vu la proximité des présidentielles. Faut-il aussi y trouver des motifs en terme de droit, car il n’est juge que sur ce domaine… De toute façon, si l’un des 2 recours (Conseil d’Etat pour les Catalans et Tribunal Administratif pour le FN) venait à aboutir, il ne ferait qu’annuler la délibération du 24 juin… qui n’est qu’un avis consultatif et qui n’engageait en rien le gouvernement.

Autant dire que l’on n’est jamais à l’abri d’une surprise mais ce long feuilleton est sur le point de se terminer. D’ailleurs on voit fleurir « Occitanie » un peu partout sur les terres de Midi-Pyrénées et du Languedoc-Roussillon, dans les manifestations, les communications, les événements… y compris à France 3 avec l’émission « Occitanie matin ». Que l’on soit satisfait, contrarié ou indifférent, il va falloir sans doute s’y habituer.

Lo Benaset