30 Juin

Europeada 2016 : le débrief du capitaine Boris Massaré

Boris Massaré est un amoureux de la vie, des rencontres et du football. C’est le capitaine de l’équipe d’Occitanie de football vice-championne d’Europe des nations non reconnues. Il a disputé l’Europeada dans le Sud-Tyrol, lui qui a chaussé ses crampons un peu partout (notamment dans un club de D2 danois). Alors qu’il pourrait bien rejoindre l’Asie pour découvrir d’autres horizons, il nous raconte son séjour italien.
Boris Massaré Fòto : seleccion occitana

Boris Massaré Fòto : seleccion occitana

Adieu Bòris, t’en tòrnas donc d’Itàlia ambe la seleccion occitana, de que ne vas reténer ?

Les discussions avec les volontaires et bénévoles de l’ONG du YEN et du FUEN qui promeuvent les diversités culturelles et linguistiques, l’accueil du club local de Muhlwald avec qui on a fêté nos qualifs (pour les quarts des gars et demies des filles), la balade magnifique au lac de Lappach à 5 kms de la frontière autrichienne…Le 2ème jour nous a permis de nous lancer dans la compétition, avec un peu de temps libre. Puis évidemment l’ovation du public et des autres équipes après la finale masculine, tous ceux qui nous ont dit qu’on était meilleurs.

Cossí se passèt ambe la còla femenina qu’èra aquí pel primièr còp ?

C’était déjà une réussite de rassembler 15 joueuses sachant qu’une semaine avant, seulement 6 avaient confirmé. On était à deux doigts d’annuler. Ensuite, elles ont à chaque fois joué en premier, avant l’équipe masculine ce qui nous a permis de voir ô combien elles étaient attachées aux valeurs, qu’elles étaient solidaires, jouaient en équipe, ne lâchaient rien ! Elles ont contribué grandement à ce que l’équipe masculine arrive en finale, en nous encourageant, en étant derrière nous, en rassemblant et en nous montrant la voie. Je leur tire mon chapeau car elles ne se connaissaient pas avant et c’était la première fois qu’elle venait avec la sélection sans savoir un peu ou elles allaient. Elles ont toutes adhéré aux valeurs que notre asso essaie de véhiculer : partage, simplicité, générosité, convivialité, esprit d’équipe.

Fòto : seleccion occitana

Fòto : seleccion occitana

Sus un plan esportiu cossí trapèras ton equipa ? Pensas que progrèssa ?

Il y a de très bons joueurs avec beaucoup de nouveaux et de jeunes prometteurs qui ont adhéré au projet. Il nous manquait peut être 3 joueurs pour pouvoir faire tourner plus car 6 matches en 7 jours c’était dur. On a eu quelques manques d’automatismes au début où on n’arrivait pas à jouer notre jeu, car peu de joueurs se connaissaient avant la compétition. Le fait de tomber sur des adversaires qui refusaient le jeu n’a pas aidé, mais une fois qu’on arrivait à faire tourner le ballon, redoubler les passes, jouer sur la largeur et dans les intervalles on prenait le dessus sur toutes les équipes.

I a totjorn de corses de lenga, de moments culturals… Avètz escambiat ambe las autras minoritats ? Fach de descobèrtas ?

Nous avions un cours tous les jours si possible (programme très chargé) sur l’histoire (depuis le début), la langue (les bases pour se présenter, prononcer…) et la culture occitane (hymne Se Canta, des chansons comme l’Immortela du groupe Nadau). On est la seule sélection qui chante A capella notre hymne et cela impressionne nos adversaires que tout le monde la connaisse par cœur. Ensuite on chante toujours des chansons occitanes gesticulées originales pour la 3ème mi-temps ce qui nous fait remarquer auprès des autres équipes ! Tout le monde portait le béret gascon à la moindre occasion et beaucoup de locaux ou des joueurs des autres équipes voulaient l’échanger ou l’acheter à la fin du tournoi. Pendant la journée culturelle chacune des 30 minorités a été présentée à tout le monde, devant le Musée Ladins (cadre magnifique face au montagne des Dolomites) par une performance artistique d’Anastasia Kostner, un petit extrait est disponible ici :
https://vimeo.com/171898439

Enfin evidentament, la finala famosa… En de que vos sentiguèretz engarçats, raubats ?

Malheureusement, on était meilleurs qu’eux mais on a perdu. Après, c’est sûr qu’il y a plusieurs décisions et faits de jeu qui nous sont incompréhensibles. Ca nous a fait mal mais on a envie de retenir le double titre de vice-champion d’Europe des Minorités.
Sinon les 2 éléments marquants qui constituent un tournant dans le match : le 1er rouge que l’on reçoit. L’arbitre expulse un de nos joueurs en croyant lui mettre son second jaune… Enfin la fracture du tibia de Julien Déat dans les prolongations et là, l’arbitre ne met pas le rouge sur l’action… Ensuite les éléments s’enchainent contre nous : pénalty pour le Tyrol du Sud, but refusé pour nous, oubli de carton rouge après le placage par derrière du joueur du Tyrol alors qu’un de nos joueurs partait au but, oubli d’un penalty flagrant pour nous, expulsion d’un autre joueur pour nous… Et quand nous avons demandé des explications à l’arbitre, 4 autres joueurs et membres du staff ont aussi été expulsés !

N’en volètz als òmes a l’estufle ?

Nous regrettons au final le faible niveau des arbitres (ne connaissant pas certaines règles du jeu), leur parti-pris pour le Tyrol du Sud (qui rigolaient ensemble). Le fait aussi que l’équipe du Tyrol du Sud ne prenne des nouvelles de notre joueur blessé que 3 jours après, en voyant nos messages sur les réseaux sociaux ! Le manque de sérieux des organisateurs locaux du Tyrol du Sud de mettre la finale des filles 2H avant que les garçons ne jouent une demi-finale, à 1h de route. Nous avons donc  manqué leur finale.

De que calriá cambiar ?

Les arbitres doivent vraiment être neutres et compétents. Ensuite le tournoi féminin doit être considéré comme le tournoi masculin. Pourquoi des matchs seulement le matin ? La finale n’a pas pu être vue par toutes les équipes car elles jouaient le même jour. Il faut changer tout ça.

Òsca Bòris e totas las còlas ! Sèm fòrça contents qu’aguèssetz portats las colors occitanas e los lògos de Viure al Pais e de France 3!

Lo Benaset

Boris en entrevista Fòto : seleccion occitana

Boris en entrevista
Fòto : seleccion occitana