20 Mai

Quand les langues régionales balbutient encore au sommet de l’Etat…

Après la Charte Européenne déterrée et recouverte, après les propositions de lois éconduites, la parution aujourd’hui au JO des décrets sur la réforme des collèges, les recours devant le Conseil d’Etat sans issue, il ne faudrait pas perdre espoir du quinquennat de François Hollande ! Fichtre ! Pas de quoi s’enflammer, rien à espérer, juste dire que plusieurs parlementaires (dont Frédérique Espagnac) seront reçus lundi 23 mai au Ministère de l’Education. Ce devait être le 24 à l’Elysée… Il faut sauver les meubles avant le devoir d’inventaire que ne manqueront pas de faire les défenseurs des langues régionales.

© ©PHOTOPQR/SUD OUEST Laissac Luke La sénatrice Espagnac

© ©PHOTOPQR/SUD OUEST Laissac Luke La sénatrice Espagnac

Un trabalh de longa…

« Il faut sortir de la posture politicienne » selon Frédérique Espagnac jointe au téléphone. On ne peut qu’être d’accord après le torpillage de la charte au Sénat par la droite et le coup bas de la gauche à l’Assemblée Nationale sur la proposition de loi de Paul Molac. Après ces échecs, les 2 parlementaires ont travaillé chacun de leur côté. Ils ont tenté d’avoir l’oreille du gouvernement. C’est Jean-Jacques Urvoas -alors président de la Commission des Lois- et Frédérique Espagnac qui ont réussit à convaincre François Hollande qu’une majorité pouvait exister pour la Charte européenne. C’est Paul Molac qui a agit, un peu seul il est vrai, pour profiter d’une fenêtre parlementaire en déposant sa proposition de loi. Le député du Morbihan vient tout juste de quitter le groupe des écologistes pour rejoindre les socialistes. Il s’en explique sur son site :

« Je serai désormais rattaché en tant que député Apparenté au groupe parlementaire Socialiste, écologiste, républicain et citoyen (SERC), au sein duquel nous créerons une composante distincte et pleinement indépendante. Au sein de cette nouvelle composante, je conserverais toute ma liberté d’expression, d’amendement des textes, d’initiative de propositions de loi et de vote. Surtout, grâce à ce rattachement à un groupe parlementaire, je continuerai à disposer des moyens me permettant d’agir pour mon territoire et d’exprimer les idées régionalistes qui sont les miennes, chose qui ne me serait pas permise si je devais siéger en tant que député non inscrit, unique alternative, et pour qui pratiquement aucun droit de parole et d’action n’est assuré ».

C’est donc dans ce nouveau contexte qu’intervient la réunion de lundi.

 

Un primièr acamp

Mardi 24 mai, un rendez-vous était programmé à l’Elysée. Il vient d’être annulé, sans plus de précisions. Mais c’est lundi, que Frédérique Espagnac et une délégation de parlementaires seront reçus au cabinet du Ministère de l’Education Nationale. « Il n’y a jamais eu autant de politiques qui s’intéressent aux langues régionales !  » remarque la sénatrice. Simple effet de proximité des élections ? Pas seulement… Si le groupe de travail sur les langues régionales plus ou moins présidé par Paul Molac s’est rarement retrouvé pour travailler, plusieurs sénateurs et députés regretteraient les postures politiciennes et seraient prêts à franchir le rubicon. A droite comme à gauche. Alors faute de temps pour une loi, pourquoi ne pas retravailler sur une sorte de code des langues qui permettrait de les protéger ? « A Paris, ils ont une méconnaissance de ce qui existe. Quand on leur demande quelque chose, ils répondent que ce n’est pas possible. Mais en fait, ça existe déjà. Comme par exemple au Pays Basque. Il existe un partenariat entre l’Office Public pour la Langue et l’hôpital de Bayonne pour une signalétique en basque et pour que le personnel puisse apprendre la langue pour répondre aux malades »...

Alors la native des Hautes-Pyrénées veut une nouvelle fois tâter le terrain, pousser le gouvernement et sa majorité à agir. « Nous allons rentrer dans un cycle de plusieurs réunions sur plusieurs mois. Celle de lundi ne sera pas la dernière et il ne faut pas s’attendre à des annonces. Mais nous allons travailler avec le cabinet du Ministère sur l’éducation mais pas seulement. Il sera question de signalisation et de politiques régionales dans le cadre de la loi NOTRE. » Une loi NOTRE qui donne compétence aux régions MAIS AUSSI AUX DEPARTEMENTS en matière de langues régionales.

Une première réunion qui tombe à pic après la publication mercredi des décrets aux JO concernant la réforme des collèges.  Une approche à Paris alors qu’une manifestation est prévue demain à Périgueux où tous les élus de Dordogne sont conviés. Le collectif Périgord occitan leur a même mâché le travail en rédigeant lui-même une proposition de loi.

Lo Benaset