15 Juin

Des scénarios pour l’occitan.

Ce n’est pas (encore) du cinéma, mais des scénarios(ii) en germe pour la télévision. 6 œuvres écrites en occitan (court métrage, docu-fiction, sitcom, documentaire, émission) qui attendent d’être finalisées, financées et si possible diffusées. Leurs auteurs sont venus ce matin à l’Ostal d’Occitània.

UN CADRE

Une opération montée par ACT formation de Toulouse et la chaîne Oc-télé basée à Pau. Un process concrétisé à Salies-de-Béarn en mai 2014 lors du premier festival de cinéma occitan « Clap de lenga », puis lors d’un séminaire en décembre 2014 avec 7 auteurs, encadrés par des professionnels (Francis Fourcou, Jean-Pierre Denis, Alexis Quentin…). S’en suivent 5 mois de « script doctoring » (comment qu’on dit en occitan?!) en ligne pour aider ces auteurs, souvent néophytes, à parfaire leur projet. Ces graines en germination attendent désormais un terreau favorable pour voir le jour. Lumières.

LOS ACTORS

« Oc voiturage », est une sitcom écrite par le journaliste et assistant d’éducation Jean-Noël Commères. Des histoires sur 3 minutes qui racontent de manière humoristique les aventures d’un commercial quinquagénaire (Miqueu) qui perd son permis de conduire et se retrouve contraint à faire du covoiturage. Les épisodes sont bâtis sur le même schéma (rencontre-conflit-résolution), dans une voiture à l’arrêt, filmée depuis l’avant, avec certains effets. Il y aura plusieurs scénaristes, 4 épisodes sont déjà écrits. Ne reste plus qu’à faire le casting pour Miqueu et ses co-passagers.

« Miqueu » ou plutôt « Micheu », c’est aussi Micheu Chapduèlh, centre d’intérêt du nouveau film de Patrick Lavaud. « Chabatz d’entrar Micheu », un documentaire de 52 minutes, une formule usitée pour faire rentrer dans le foyer et dans l’intimité de cet homme de la nature, cet « écrivain iconoclaste et singulier » comme le définit Patrick Lavaud. Avec 3 films à son actif (dont le dernier Lenga d’Amor), le créateur des Nuits Atypiques de Langon veut brosser un portrait intime pour mieux connaître ce riche auteur paganiste, animiste, ami de Jan Dau Melhau qui sera lui aussi dans ce documentaire.

 

« Passa saber » c’est un peu la version occitane et contemporaine de l’émission pédagogique « Va savoir » diffusé à l’époque sur France 5. L’émission a été imaginée et travaillé par Lionel Recio et le Gérard Klein d’alors sera Renaud Lassalle de l’Ostau Comengés. Il fera le lien entre 4 enfants de la calandreta de Bagnères de Bigorre et ces héros du quotidien, détenteurs de savoir que sont souvent los ainats. Et ces aînés, personnes ressources, Silvan Carrère qui est venu présenter ce projet les connaît bien. Avec Nosauts de Bigòrra il a passé 10 ans à les collecter, à apprendre à les connaître, à gagner leur confiance. Dans chaque épisode de 6 minutes, il y aura donc un personnage central et les 4 calandrons venus le rencontrer en minibus. L’occasion aussi de mettre en lumière la beauté des Pyrénées centrales.

« Duas claus » a été imaginé par Chantal Péré, une Béarnaise qui vit désormais au Boucau proche de Bayonne. L’histoire d’une conteuse et d’une princesse qui s’ennuie. 2 clés trouvées dans un bassin du jardin royal d’un château vont servir de prétexte pour nourrir l’imaginaire. Un conte de fée de 15 minutes, avec de l’animation mais aussi des images réelles.

« Pèira romana en pais rodanenc » est l’œuvre d’une toute jeune étudiante en journalisme : Amy Cros. Un documentaire qui a pour décor les monuments de 4 villes provençales (Vaison-la-Romaine d’où elle est originaire, Orange, Nîmes et Arles), 2 personnages (une femme et un petit enfant) qui servent de guide entre ce patrimoine antique et des festivités bien contemporaines comme les Chorégies à orange ou la course camarguaise qui permettra aussi de retrouver Lise Gros. Un film poétique et didactique de 52 minutes divisé en quatre chapitres.

MENCION ESPECIALA

9791091739320« La relegada », c’est un docu-fiction mené par Eva Cassagnet (vainqueur du premier concours de scénarios) avec l’aide d’Alem Surre-Garcia, et basé sur un livre de Katia-Christiane Ferré « Graine de bagnarde ». L’histoire de Marie Bartète, née à Monein en 1863, condamnée au bagne à perpétuité en 1888, obligée d’épouser un bagnard et morte au bagne de Saint-Laurent-de-Maroni en Guyane en 1938. « La relegada » (la reléguée) -terme péjoratif  s’il en est- c’est une loi du 27 mai 1885, sous Napoléon III, qui s’avère être une véritable purge sociale pour éradiquer la pauvreté (et oui, déjà !) en usant de prétextes fallacieux pour envoyer les plus démunis au bagne; sans oublier donc, les femmes. Une histoire très cinématographique qui a beaucoup touchée Eva Cassagnet, une enseignante, réalisatrice, qui se veut ni historienne, ni journaliste mais qui a « La hami de saber ». Ce docu-fiction tourné en Gascogne et en Guyane ne sera pas le plus facile à produire.

En tous cas tous les ingrédients sont là, les centres d’intérêts nombreux, notamment sur la condition féminine et celle des langues régionales. Il n’existe qu’une photo de Marie Bartète faite par Albert Londres. Mais nous avons déjà des images plein la tête.

Lo Benaset