03 Avr

Fusion des régions : les Occitans veulent donner du sens.

« Dans une société qui ne questionne plus le sens, là nous l’interrogerons ». Les mots sont signés Alem Surre-Garcia.

Samedi matin il ouvrira le colloque sur la fusion avec un exposé « Entre Garonne et Rhône », pour tracer des perspectives pour cette nouvelle région qui va regrouper Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Cet événement auquel ont répondu présent les ténors locaux de la politique aura un avant goût d’élection régionale. Pour les Occitans, il s’agira de marquer leur territoire et l’Histoire.

 

La réforme territoriale est partie dans tous les sens -accouchant de 13 régions qui n’en ont pas toujours- la loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) n’est toujours votée, mais les Occitans veulent se saisir de cette opportunité inattendue pour faire de la nouvelle grande région une réussite. Samedi, à Toulouse, Convergéncia Occitana et País Nòstre invitent tous les citoyens à venir débattre et s’interroger sur 4 points :

– le nom de la future région

– le drapeau, le logo

– les compétences des politiques linguistiques et culturelles

– les politiques de cohésion territoriale

Pour en discuter, des experts comme Roland Bugat, directeur de l’Ecole des Savoirs et des Métiers en Cancérologie de Toulouse, Alain Garcia ancien directeur technique d’Airbus, ou les universitaires occitans Pierre Escudé et Patrick Sauzet. Le matin, il s’agira donc de planter le décor, éclairer, donner des perspectives… Et l’après-midi, place aux politiques pour débattre et répondre aux questions. Seront présents : le président actuel Martin Malvy, la ministre et candidate aux élections régionales Carole Delga, Marcel Mateu représentant le président Damien Alary, les maires de Toulouse et Montpellier (Jean-Luc Moudenc, Philippe Saurel), ceux de Carcassonne (Gérard Larrat), Narbonne (Didier Mouly), Lavaur (Bernard Carayon)… Sans oublier le toujours très pertinent Gérard Onesta. « Nous avons 9 mois pour préparer ces élections (prévues pour décembre). Mettons en gestation cette région pour accoucher d’un bel enfant. C’est une occasion assez unique de rentrer dans l’Histoire ». Jean-François Laffont le président de Convergéncia Occitana a raison d’être enthousiaste. Mais les 9 mois ne seront pas de trop.

LE NOM

Ce qu’ Yves Rouquette avait qualifié de « Toulousie » dans l’une de ses dernières chroniques dans La Dépêche, Damien Alary le président actuel du Languedoc-Roussillon voudrait la dénommer « Sud De France ». Georges Frêche n’est donc pas mort et SDF, ça aurait de l’allure non?! Quand le même Frêche parlait de Septimanie, le président Marc Censi parlait lui d' »Occitanie centrale ». Une idée qui a fait son chemin puisque La Dépêche et Midi-Libre (que l’on ne peut pas vraiment soupçonner d’être occitanistes ! ) ont réalisé un sondage : le premier choix c’est OCCITANIE !

Si l’on se réfère à l’Histoire, à ces provinces faites par les Rois de France, on pense aussi, évidemment, à LANGUEDOC. C’est d’ailleurs le choix qui semblait émerger lors du premier colloque sur la question tenu à Narbonne en septembre 2014. Et pourquoi pas y adjoindre « Pyrénées »… De toute façon, c’est le Conseil d’Etat qui tranchera, après avis de la nouvelle région. Autant donc prendre les devants. Il ne manquerait plus qu’un grand spécialiste communicant ne s’en empare ! Et que ne resurgisse le « Midi », terme de l’oubli et de l’ignorance tellement galvaudé.

Conférence de presse sur le colloque Photo : Ostal d'Occitània

Conférence de presse sur le colloquePhoto : Ostal d’Occitània

LOGO/DRAPEAU

C’est pas gagné non plus. Judicieusement, les organisateurs ont pris soin de mettre sur l’affiche la croix languedocienne des comtes de Toulouse avec en arrière plan la bandière catalane. Pere Manzanares du collectif Sem sera d’ailleurs présent au colloque. Avant que Georges Frêche ne le change, c’était aussi le blason régional du Languedoc-Roussillon. Il parait même qu’il figurait sur le logo de FR3 Sud dans les années 80… Les jeux sont ouverts.

Quant aux 2 autres points (politiques linguistiques et culturelles et politique de cohésion territoriale), le champs n’est pas encore totalement défini. Mais on peut dire que si les 2 villes Toulouse et Montpellier s’entendent plutôt bien (notamment les 2 maires actuels), il n’en va pas de même des 2 régions. Malgré l’Eurorégion (une de ses représentante sera là), malgré des échanges réguliers, la puissante et plus riche Midi-Pyrénées souhaitait la fusion, là où le Languedoc-Roussillon plus fragile a du mal à s’y résigner…

Le débat mené par le journaliste Jean-Pierre Laval et l’avocat Jean-François Laffont s’annonce donc concernant et passionnant. Bien loin de tout ressac identitaire. Le poète et écrivain Claude Marty portera sa plume et sa verve à 14H pour bien réveiller les consciences. Le défi est grand. Mais on n’est pas appelé tous les jours au chevet de l’Histoire. On peut compter sur paratge, convivéncia, et palancas pour éclairer le débat et mettre du sens.

RDV samedi 4 avril dès 9H salle Antoine Osète, 6 rue du Lieutenant Colonel Pélissier à Toulouse, Métro Jaurès.

Benoît Roux