31 Mar

Municipales et occitan : de que ne cal pensar?

Au lendemain du second tour des élections municipales, il ne sera pas utile de rajouter une ligne sur ce qui a été dit et rabâché (déroute de la gauche, victoire des abstentionnistes, le FN qui fait des vagues…) mais plutôt de voir ce qu’il est utile de retenir pour l’occitan.

Bastir!

2014-02-01 - Candidats Bastir!

Plus de 100 candidats et une cinquantaine d’élus

Et dans ces élections, la nouveauté, c’était le mouvement Bastir, seule étiquette occitane identifiable en l’absence de Libertat, Pais Nòstre, PNO, etc… Du côté mathématique, le calcul est assez simple : 37 élus au premier tour, presque 20 au second, Bastir revendique 54 élus dans les municipalités. C’est beaucoup au regard des dernières élections (une quinzaine d’élus occitanistes en 2008); c’est peu par rapport à d’autres forces régionalistes. En se positionnant différemment, hors des partis et en convoitant candidats et électeurs pas spécialement politisés, Bastir a réussi dans les petites communes avec des candidats de proximité. C’est beaucoup plus compliqué dans les grandes villes. Mis a part Auch où 4 conseillers ont été élus dès le premier tour et Muret avec 1 élu, les alliances avec les forces de gauche ont joué des tours. C’est perdu à Toulouse, Carcassonne, Pau, où les candidats PS ont été battus. A Nîmes, Aurillac, Rodez, Aurillac, Gaillac, Béziers, Castres, Bergerac pas délus non plus faute d’avoir choisi le bon candidat. Quelques exceptions à Montauban où Gaël Tabarly est élu sur la liste d’opposition PS, à Narbonne où Jean-Marie Orrit est passé sur une liste DVD. A noter aussi le cas spécifique de Thérèse de Boissezon élue à Lescar (64) sur la liste du maire sortant(PS). Mais dans cette localité béarnaise, Christian Laine (PS) et Philippe Coy (UD) ont fait exactement le même nombre de voix…

Le bilan est mitigé, notamment à cause des mauvais résultats de la gauche, mais aussi par manque de visibilité. Bastir n’a pas présenté de candidat dont la notoriété dépasserait le cadre occitaniste. Hormis David Grosclaude battu à Artix et Anne-Marie Hautant sous le feu des projecteurs à cause d’Orange. Peu de presse, des logos peu présents sur les affiches…Ce mouvement compte désormais poursuivre son ancrage local et travailler avec les conseillers municipaux de bonne volonté, élus ou pas sous la bannière Bastir. Des rapprochements devraient avoir lieu à Toulouse où Jean-Michel Lattes sera chargé de l’occitan et à Pau où François Bayrou a rencontré les associations occitanes avant son élection. Le 17 mai prochain une nouvelle association des maires et élus occitans sera lancée officiellement.

Besièrs dins lo fosc…

Tout un symbole évidemment, Béziers ville jadis du massacre et aujourd’hui du CIRDOC, du centre Aprene, de la Fèsta d’òc et…de Robert Ménard. Celui qui se dit biterrois est né en 1953 à Oran. Il part d’Algérie en 1962. Dans les années 70, il s’intéresse à la politique. Des débuts très à gauche en tant qu’anarchiste, trotskiste, encarté au PS…Aujourd’hui, il n’a pas sa carte au FN mais n’oublie pas de remercier ce parti lors de son élection. Et Béziers alors? Il y a passé une partie de sa jeunesse, a travaillé dans les radios libres avant de rejoindre Radio France Hérault à Montpellier. C’est là qu’il créera RSF en 1985.

Au même titre qu’Elie Aboud et Jean-Michel Du Plaa, les occitanistes l’ont sollicité pour qu’il fasse part de ses propositions pour l’occitan. Impossible aujourd’hui d’en retrouver la moindre trace dans cette campagne. On peut simplement lire sur son ancien site : « Oui, nous aimons le Béziers du bâtisseur Pierre-Paul Riquet, le Béziers du républicain Casimir Péret, le Béziers du résistant Jean Moulin, le Béziers de l’iconoclaste Yves Rouquette… ».

D’interrogacions ?

Dans des campagnes municipales où l’occitan a souvent fait l’objet d’un consensus mou faute d’audace, il faudra surveiller de près Besièrs, son CIRDOC, son centre Aprene, sa Fèsta d’Òc, son Camèl du Fuòc et son maire. Quid de Carcassona -autre ville symbole- avec le retour de l’ancien maire Gérard Larrat et un déficit en terme de présence culturelle occitane? Quid de Rodés où Christian Teyssèdre a été réélu et où les relations avec Patric Roux et l’Estivada se sont tendues?  A Pau, ville de l’Ostau, et du Carnaval Biarnés, d’Hestiv’òc et … des béarnistes de l’IBG, François Bayrou va t-il sortir de l’ombre et clarifier son positionnement sur l’occitan ? Il a déclaré vouloir vouloir s’occuper directement de ce dossier…

Lo trabalh fa pas que començar!

Benoît Roux