08 Mai

La chasse au patois à l’Ecole est-elle de retour ?

©MaxPPP

Pendant que certains députés ferraillent avec le gouvernement concernant la ratification de la Charte Européenne des Langues Régionales, des sénateurs vont désormais devoir prendre le relais sur une autre question : celle de l’enseignement des langues régionales. Le 15 mai prochain, le projet de loi de Refondation de l’Ecole arrive en seconde lecture et avec l’espoir d’une réécriture pour de nombreux enseignants. L’enjeu n’est autre que de faire modifier l’article 27 bis, voté à l’Assemblée qui remet clairement en cause l’enseignement des langues dites « régionales ». Jusqu’à ce jour, la loi laissait la possibilité aux maîtres de maternelle ou de primaire d’utiliser ces langues au profit de l’enseignement et notamment de l’étude du français. En clair, les enseignants pouvaient, s’ils le souhaitaient, utiliser l’occitan ou le breton en classe. Désormais, selon l’article modifié en première lecture, ils ne pourront le faire que si les parents en sont d’accord. Dans un courrier du 5 avril dernier, Philippe Martel, président de la F.E.L.C.O. (Fédération des Enseignants en Langues et Culture d’Oc) interpelle directement celui qui a soutenu cette modification, le Ministre de l’Education, Vincent Peillon lui-même : Actuellement et depuis 62 ans les enseignants étaient « autorisés »… Demain avec votre loi ils devraient demander une autorisation pour continuer de faire ce qu’ils peuvent faire aujourd’hui…? On serait ainsi plus près de la chasse au patois de jadis que de la « promotion des langues régionales » et de la diversité culturelle attendue aujourd’hui ! Cette « innovation » est catastrophique, et nous vous demandons solennellement de supprimer cet article quand votre projet de loi d’orientation viendra en débat au Sénat.

Engagés depuis plusieurs mois dans la bataille, les membres de FELCO ainsi que ceux de 17 autres associations de professeurs ou d’enseignants en langues régionales en France n’ont pas l’intention de lâcher maintenant. Depuis le début de la 14ème législature, près de 50 questions écrites ou orales ont été posées par des députés ou des sénateurs à propos des langues régionales. La quasi-totalité de ces questions concerne l’enseignement et sont le fruit du travail mené dans l’ombre par ces enseignants et ces professeurs. La prochaine interrogation est donc fixée au 15 mai et le gouvernent est prié cette fois-ci de relire sa copie avant de la rendre.

Clément Alet