19 Fév

Calandreta à l’heure chinoise

Du mandarin dans une classe occitane : une première pour les élèves de calandreta autant que pour les enseignants chinois qui ont traversé la moitié de la planète pour quinze jours d’immersion en Occitanie. Vanessa, Shikun et deux autres collègues ont quitté leur classe d’Hangzhou pour effectuer un voyage professionnel au cœur des calandretas et plonger dans la pédagogie Freinet. Une pédagogie participative centrée sur l’enfant qui n’est pas celle pratiquée dans l’Education Nationale. Depuis plus de 30 ans, les écoles occitanes utilisent cette forme d’apprentissage dans les classes et apparaissent aujourd’hui comme un véritable modèle dans la pratique de cette pédagogie. Dans l’ombre du géant calandreta avec ses 3300 élèves et ses 55 établissements, Shikun et ses collègues sont donc venus prendre note. Il y a deux ans, ils ont ouvert à Hangzhou, en Chine, la seule école qui utilise la pédagogie Freinet. Quinze élèves sont pour l’heure inscrits dans cet établissement trilingue : mandarin, anglais et français. « Nous ne savons pas vraiment si nous utilisons correctement la pédagogie Freinet dans notre classe en Chine car nous n’avons pas d’autres exemples. On a lu, on a appris la pédagogie Freinet mais on a des doutes. On est donc venus vérifier nos méthodes et en apprendre de nouvelles », résume Shikun Lu, le responsable du site de l’école d’Hangzhou.

Sur le terrain, la délégation chinoise a donc poussé les portes des calandretas de Nîmes, Bésiers, Toulouse et de Montpellier avant de faire un détour par le centre de formation Aprene qui forme les professeurs qui enseignent dans les écoles occitanes. « Nul n’est prophète en sont pays. Voilà plus de trente ans qu’on enseigne avec la pédagogie Freinet en Calandreta et on ne peut pas dire que les autorités en général ou l’Education Nationale en particulier fassent preuve d’enthousiasme à notre égard. C’est une forme de reconnaissance de voir que ce sont des gens qui sont à l’autre bout de la planète qui s’intéressent à nous » résume Patrice Baccou, le responsable du Centre Aprene.

Une reconnaissance réciproque puisque Shikun Lu l’affirme sans retenue : « j’ai été très surpris par l’autonomie des enfants de calandreta en classe. Nous avons du mal à gérer une classe de 15 élèves avec deux ou trois professeurs alors qu’ici, un seul enseignant gère parfaitement 25 enfants ». Peut mieux faire donc… mais, faire vite ! Dès l’année prochaine, une seconde école Freinet devrait voir le jour à Shanghai avec 70 élèves.

Clément Alet

> lien internet pour découvrir le site du Freinet Education Center

> reportage sur la visite de la délégation chinoise dans l’édition occitane de ce samedi 23 février à 19h15 sur France 3 Midi-Pyrénées et Languedoc Roussillon.