19 Déc

Benoît Severac : « Ils sont étrangers dans leur propre pays »

severac3Nous vous avions parlé de Benoît Severac dans un précédent billet. Cet écrivain, prof d’anglais à Toulouse a écrit, notamment deux polars pour les ados. Dans le premier, Silence, le héros Jules devient sourd. Le second, Le garçon de l’intérieur, se déroule un an plus tard, toujours avec le même personnage principal.

Mi-décembre, Benoît Séverac s’est rendu pendant deux heures au centre spécialisé pour déficients auditifs d’Albi. Deux heures de rencontres et d’échanges avec des adolescents qui travaillent sur les aventures de Jules. Une rencontre qui a bouleversé l’écrivain. Interview.

Le monde des sourds ne vous est pas complètement étranger, étiez-vous en terrain connu pour autant?

Non, mais ce monde ne m’est pas familier simplement parce que certains de mes livres en parlent. C’est un univers que mes romans m’ont fait découvrir. Le premier tome, Silence a été écrit sans documentation. Je me le suis autorisé car comme le héros, je découvrais, je pouvais donc me tromper. Mais au fur et à mesure, la surdité a pris le pas sur le reste, ce qui n’était pas prévu.

Avec la suite, Le garçon de l’intérieur,  mon personnage a passé un an en CSDA, un centre spécialisé pour déficients auditifs. Là, je ne pouvais pas trahir ce qu’est la surdité, sa réalité. J’ai rencontré un interprète, des parents d’enfants sourds, des sourd eux-mêmes. Cet univers me fascine en tant que linguiste, en plus du handicap et du regard que la société dite normale porte sur ces publics différents. Je suis angliciste et ce que j’aime c’est être à l’étranger. Là, au milieu de sourds, qui sont pourtant français comme moi, je me suis aperçu que j’avais les mêmes sensations. J’étais à l’étranger, parmi des étrangers. Ils le sont d’ailleurs ,dans une certaine mesure, dans leur propre pays. Leur langue, ce n’est pas le français, c’est la langue des signes. Cela a des impacts. Leur culture en matière de cinéma, de radio, d’humour est différente par exemple.

severac 1JPGCette rencontre vous a-t-elle surpris ?

J’y allais pour de l’émotion, je m’attendais à être ému. Ces enfants sont sourds, souvent ils sont souvent en grandes difficultés d’apprentissage, ont du retard scolaire. Et j’en suis ressorti bouleversé. J’ai un blog, et c’est la première fois que j’y parle d’un retour d’expérience.

J’avais de l’appréhension. Allaient-ils valider ce que j’avais écrit dans Le garçon de l’intérieur ? Non seulement ils l’ont fait mais ils sont allés au-delà. Ils m’ont raconté l’empathie qu’ils ont avec Jules, le personnage principal. C’est aussi et peut être surtout leur rapport à la lecture qui est bouleversant. Certains lisent un roman en français pour la première fois. C’est pour eux une langue étrangère et c’est donc très difficile. Ils ont commencé en septembre et en sont à la moitié. Ils sont extrèmement fiers de le faire, on voyait l’émotion dans leurs yeux.

Comment ont-ils travaillé votre livre ? 

Ils travaillent avec un binôme de professeurs en français, l’un est sourd, l’autre entendant. Ces personnes font un travail formidable, qui n’a jamais été fait en France. Ils traduisent un roman, le mien, en langue des signes, sous-titré en français. C’est un travail de fou. Voir son propre livre interprété, ça vous remue. Et puis ça ouvre des horizons. J’ai envie de continuer à être en relation avec eux. Nous sommes voisins après tout.

Traduction et sous-titrage du roman de Benoît Severac

Traduction et sous-titrage du roman de Benoît Severac

Etes-vous dans votre rôle d’auteurs en participant à ces échanges ? 

Complètement. En tant qu’auteur, on est entendu de manière particulière. C’est vrai pour beaucoup de publics. Surtout ceux qui ne se confient en général pas beaucoup. On nous parle comme si on était le docteur ou le prêtre. L’écoute, c’est le cœur de notre travail, notre matière première. Avec notre statut d’écrivain, on entre plus facilement en vibration. Ils sont touchants ces ados. Il y a des discours qu’ils n’entendent jamais, sur des pratiques à risques par exemple. Simplement parce que ce n’est pas la priorité. Quand on est une autorité, un parent ou un prof, ce n’est pas pareil. Alors ces échanges, c’est du brassage humain, c’est du bon.

Propos recueillis par Véronique Haudebourg

Jeunes lecteurs des Hautes-Pyrénées, à vous de jouer !

bandeau-adosPour la sixième année consécutive, le Conseil Général lance le prix littéraire ados «Hautes-Pyrénées, tout en auteurs». Organisé par la Médiathèque départementale, ce 6ème Prix littéraire essaie de donner aux jeunes l’envie de lire, le goût de l’écrit et de l’échange littéraire.

Pour participer c’est facile :

Les participants doivent lire au moins 3 livres dans une liste de 5 et choisir celui qui les a le plus touché, plu ou ému. Il faut ensuite renvoyer le bulletin de participation avant le 21 mars 2014 accompagné d’une création ayant trait à cette lecture : dessin, photo, texte, poème… tout est possible. Une sélection de ces retours de lecture sera récompensée. Un tirage au sort par mi les participants attribuera des chèques-lire.

Les ouvrages à lire sont répartis sur deux catégories : les 11-13 ans et les 13-15 ans. la liste est disponible sur le site du conseil général des Hautes-Pyrénées, un perçu en vidéo ci-dessous.

Les bulletins et le règlement sont disponibles dans les bibliothèques du département, les libraires, les CDI ainsi que sur le site du Conseil Général des Hautes-Pyrénées

Les auteurs retenus sont invités à venir dans les Hautes-Pyrénées, dans le cadre de la semaine de rencontres auteurs/jeunes lecteurs prévue par le projet, semaine pendant laquelle a également lieu la remise des deux prix.

 

17 Déc

Le prix Claude Nougaro 2014, c’est parti !

afAffiche prix Claude NougaroLe coup d’envoi du prix Claude Nougaro décerné par la région Midi-Pyrénées a été donné. Il prix récompense de jeunes auteurs entre 15 et 25 ans, pour des oeuvres de fictions, de bandes dessinées, de scénarii de court métrage ou encore de chansons. A gagner éditions ou enregistrements des oeuvres, du matériel informatique et audiovisuel, des stages d’écriture et… un voyage au Canada.

Les oeuvres et projets sont à remettre avant le 13 février.

Les conditions de participation et les dossiers à remplir, ici

12 Déc

Le Chili, 40 ans après le coup d’Etat qui renversa Allende

11 septembre 1973, le gouvernement de Salvador Allende est renversé par un coup d’état militaire.

A l’occasion du 40ème anniversaire du coup d’état contre Salvador Allende, la Librairie de la Renaissance  à Toulouse accueille le samedi 14 décembre à 15h le photographe Georges Bartoli et l’auteur Thomas Huchon pour une rencontre autour de l’histoire du Chili. Ils présenteront et débattront sur leurs ouvrages Chili : sur les traces de Salvador Allende (Editions Privat) et Allende, c’est une idée qu’on assassine (Editions Eyrolles).

bartoliGeorges Bartoli est photographe. Il a parcouru le Chili du nord au sud. Du désert d’Atacama aux confins de la Patagonie, il a ausculté le pays pour comprendre comment le Chili se remet des décennies de dictature de Pinochet. Son livre Chili regroupe ses photos en noir et blanc et des textes rédigés par Isabel Allende, la fille de Salvador Allende, qui revient sur ses souvenirs du 11 septembre 1973, sur les années noires et sur le Chili contemporain.

huchonAprès 3 ans d’enquête et 30 interviews accordées par l’entourage d’Allende, Thomas Huchon, ancien corrspondant de presse au Chili, revisite l’histoire contemporaine du Chili, patrie du socialisme démocratique latino américain. Documenté et vivant, son texte éclaire la figure de l’homme politique dont il révèle le charisme et l’actualité. Le film qui l’accompagne est en accès libre ci-dessous.

10 Déc

« Il était une fois… » à l’heure des Pyrénées

contes_pyrénéesBientôt Noël et dans notre carte postale idéale de cette période de l’année, il y a un bon fauteuil au coin du feu, une tasse chocolat, un bon plaid et plein de petits enfants bien sages qui réclament des histoires. Pour un succès garanti, saupoudré d’un effet de surprise certain, nous vous recommandons Les contes des Pyrénées, de Michel Cosem.

A l’heure de Dora, Cars, Spiderman et Hello Kitty, il y a fort à parier que nos chers bambins ignorent tout des histoires de notre région. Jean de l’ours, sans doute une des plus célèbres, la légende de Pyrène, le Bécut, les deux jumeaux, Jean Carnaval, les sept voleurs… Les contes des Pyrénées regroupent dans ce premier volume 20 histoires à raconter. Et vous avez intérêt à mettre le ton pour captiver votre auditoire. Il flottera alors dans votre salon comme un air de veillée d’antan.

Et s’il n’y a pas de petits enfants dans votre entourage, vous pouvez les raconter aux grands ou à vous-même, ça marche aussi.

Les Contes des Pyrénées, de Michel Cosem, c’est aux éditions Cairn. Et si vous voulez du rabe, il y a un tome 2.

Romancier, poète, conteur, éditeur, anthologiste, Michel Cosem romanesque et pétique très riche. Il a écrit également de nombreux livres pour le jeunesse et des recueils de contes dont les Contes des Pyrénées. L’amour de la nature, de l’imaginaire, du merveilleux et du voyage sert de fil conducteur à son œuvre. Robert Sabatier parlait de lui comme « le poète du bonheur de l’intérieur »

Les dessins sont signés Christian Verdun qui vit et travaille à Cahors. Des illustrations en noir et blanc qui ne pourront qu’enrichir votre séance de « lecture pour tous » au coin du feu.

Véronique Haudebourg