23 Sep

Envers et contre tout « Pas moins que lui » de Violaine Bérot

Une plongée dans l’intimité d’une femme, directe, franche, brute. Et pas n’importe quelle femme. Une femme qui aime avec un grand A. Au nom de cet amour d’une fidélité absolue, Pénélope attendra Ulysse pendant 20 ans sur l’île d’Ithaque. L’histoire est connue, archie connue, je ne l’avais jamais lue de ce point de vue. Avec les yeux et les pensées d’une femme qui envers et contre tout attendra l’homme qu’elle aime.

Violaine Bérot s’adresse à Pénélope et  nous fait partager son cheminement pendant 20 ans. L’espoir qui devient douleur mais qui résiste, encore et encore. Le corps qui réclame l’absent, les pensées tournées vers lui en permanence. Et puis le choc. L’incroyable, l’inespéré, le retour d’Ulysse. Comment Pénélope peut-elle affronter cela ? Elle qui depuis 20 ans s’est construite autour de son absence et de l’espoir. Peut-elle accepter ce retour ?

Pas moins que lui est un livre d’une étonnante subtilité. Un texte court et profond au cœur de l’intimité et la dignité d’une femme. Envers et contre tout.

Pas moins que Lui est édité chez Lunatique

  • L’auteur

Violaine Bérot est originaire des Pyrénées. Après avoir occupé des postes à responsabilités dans le domaine de l’informatique, elle décide de commencer une nouvelle vie. Elle part retrouver ses racines en Ariège où elle élève désormais des chevaux et des chèvres, fait son fromage et s’occupe d’enfants en difficulté. Et reste une femme engagée.

Elle publie son premier roman en 1995, Jehanne chez Denoël, où elle revisite l’histoire de Jeanne d’Arc. Suivront deux romans : Léo et Lola (Denoël, 1997) le récit d’une relation incestueuse entre un frère et une sœur et Tout pour Titou (Zulma, 1999 ; réédition Lunatique, 2013) une terrifiante histoire transpirant aussi la tendresse et l’humanité. Elle rencontre aussi Jean-Claude Izzo et se livre au difficile exercice d’écrire une histoire pour Le Poulpe. Elle se prend au jeu du polar et publie Notre père qui êtes odieux (Baleine, 2000).

  • L’extrait

Ces hommes que tous les jours tu croises, eux ne se cachent pas de ton regard, eux paradent devant toi, font rouler leurs muscles, bombent leurs torses, agitent leurs puissantes mains.
Comment vis-tu cette proximité ? Comment parviens-tu à régir des années de désir réprimé et ces hommes si proches ? Où trouves-tu la volonté pour ne pas te donner, un soir de mélancolie, au premier venu, pour ne pas contre un torse lâcher prise quelques heures, te laisser enfin aller ? Comment fais-tu ?
Ton corps ne peut pas être mort, éteint. C’est le corps d’une femme éperdue d’amour, un corps se préparant chaque jour à la fête des retrouvailles, un corps vibrant. Comment vis-tu ce paradoxe de tenir ton corps prêt au retour d’Ulysse et de lui imposer une telle abstinence ? Comment fais-tu pour ne pas glisser sur cette corde raide ?
Sans doute ton corps – pour ne pas qu’il tombe en miettes à trop attendre sans jamais rien recevoir, pour ne pas qu’il se délite, qu’il s’évapore avant le retour d’Ulysse – par moments, par désespoir, par dépit, par pitié pour lui ou au contraire par respect, parfois, oui parfois, faute des mains d’Ulysse, de son sexe, de sa bouche, ce sont tes propres mains qui le caressent.
Tes mains, seulement tes mains, vingt ans durant.

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Véronique Haudebourg