20 Mar

Adieu Paris.

1b

Ce que je vois le matin à sept heures dans les Pyrénées.

Cette fois ça y est: « Adieu Paris ». Ça fait un drôle d’effet de partir de l’endroit où on est né, la page n’est pas simple à tourner. Mais ce n’est pas la capitale que je quitte, c’est l’esprit parisien. Assez du cynisme, des ricanements et du mépris pour la province. Assez de l’obsession de la réussite sociale à tout prix, Paris est devenu New-York, mais sans l’efficacité ni le pognon. Assez de l’hégémonie de l’intelligentsia parisienne, des donneurs de leçons, des détenteurs du bon goût,  de ceux qui croient qu’ils sont le centre du monde alors que c’est fini depuis quarante ans, ils devraient voyager un peu, aller voir ailleurs. Je ne comprends plus, si on leur sourit dans la rue les passants prennent ça pour une agression, ils n’aiment pas les chiens ( à la campagne les gens disent bonjour à ma chienne), ils n’aiment même pas les chinois (alors que c’est eux qui les feront vivre !)
J’ai passé la plus grande partie de ma vie dans la capitale et je la trouve toujours magnifique, mais le Paris que je connaissais n’existe plus. La terrasse du « Pam Pam », le bar du « Mammy’s », la rue Saint-Benoît pleine de monde, le club Saint-Germain, Chez Castel (le vrai), l’Elysées Matignon, même le parc de Saint-Cloud n’est plus le même…
En été les Champs Elysées étaient vides.
Peut-être les grandes villes sont elles faites pour les jeunes, au fond, moi je ne m’en sers plus. Voilà ce que c’est que de devenir un vieux con.
En attendant, finir mes jours entre l’Aveyron et la côte Basque me semble un privilège inouï.

L’autre nuit sur la route, je m’arrêtai à une station d’essence. Il était trois heures du matin. Un jeune homme était seul à tenir l’endroit. Il me montra sur son smartphone la photo d’un petit chien dans une caisse en carton. Quelqu’un l’avait sorti de sa voiture et l’avait laissé par terre. L’animal avait faim et soif.

COMMENT PEUT-ON ABANDONNER UN CHIEN ? Je ne suis pas pour la violence, mais j’avoue que si j’assistais à cette scène, je ne sais pas comment je réagirais. Le jeune homme l’avait donc adopté. Qu’il soit béni.
De toute façon, depuis que pendant mon service militaire en Algérie j’ai vu des dames de très bonne compagnie assassiner un pauvre bougre à coups de barre de fer, j’ai plus confiance en ma chienne qu’en l’humanité toute entière.
Pardon pour ces pensées tristes, pourtant dehors il va faire beau.

Jean-Marie Périer