24 Sep

Les éditions Du Lérot (Tusson, Charente) éditent le poète limougeaud Georges Fourest

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Yannick Beaubatie – professeur de philosophie, auteur de plusieurs ouvrages dont Comment peut-on être Limousin? – mériterait de recevoir, en grandes pompes, bien entendu, la médaille d’honneur de la ville de Limoges, tant il fait pour faire connaître l’oeuvre (et la vie) de l’un de ses enfants: le poète Georges Fourest (1864-1945). Beaubatie comme Fourest – et, dois-je ici le confesser ? comme moi – sont des ennemis acharnés des agélastes qui, par définition, nous ennuient. Formé sur les bancs du lycée Gay-Lussac à Limoges, étudiant en droit à Toulouse puis Paris, Georges Fourest n’exerça jamais sa profession d’avocat, se disant « « avocat… loin la Cour d’appel». Un homme donnant une pièce à son fils lorsqu’il avait une mauvaise note en mathématiques ne peut pas être complètement mauvais! Fourest fréquenta les cercles symbolistes et décadent, ainsi que le célèbre Chat Noir. Il est l’auteur d’une oeuvre poétique d’inspiration… rabelaisienne, où se distinguent La Négresse blonde (1909)et Le Géranium ovipare (1935), notamment édités par José Corti.

Yannick Beaubatie est incontestablement le meilleur connaisseur de Fourest – dont une rue de Limoges porte le nom. Il établit et présente l’édition d’un superbe recueil qui vient de paraître chez l’éditeur Du Lérot, à Tusson en Charente, que se doit de commander tout amateur de Fourest, de poésie, de littérature limousine et française, tout bibliophile: Vingt-deux épigrammes plaisantes imitées de M. V. Martial, chevalier romain par un humaniste facétieux (1912), remarqué dès sa parution par Pierre Mille dans le journal Le Temps. Les titres de quelques poèmes indiqueront assez bien de quoi il est question: « Sur un pédéraste qui masturbait ses mignons » ou « Sur Lesbia ». L’ensemble se poursuivant par Dix épigrammes nouvelles non moins gaillardes que les précédentes.

Pour tout dire, on aime autant – sinon plus – l’introduction de Yannick Beaubatie (Quand Georges Fourest instaurait la loi martiale) que les épigrammes coquins du Limougeaud qui préférait « le départ des champs » au Chant du départ. Son érudition est grande et son style particulièrement agréable. Il est intarissable et ne peut être pris à défaut sur la littérature et la poésie de la fin du XIXème siècle et le début du XXème. Il connaît tout de l’étymologie fourestienne, sait éclairer son oeuvre par sa jeunesse et sa vie, nous livre une captivante analyse à propos du puritanisme dans l’art (servi par ceux qui n’hésitent pas à désigner Flaubert et Baudelaire aux foudres de la Justice) auquel s’opposent ceux qui veulent « Déchirer le voile ». On sort de là heureux d’avoir réfléchi et appris avec plaisir.

Quand au recueil en lui-même, dont il faut couper les pages à l’ancienne, il est particulièrement beau et agréable au toucher ce qui, finalement, le ramène au sujet des épigrammes.