13 Juin

Ils sont fous ces Romains! (3) Mettons-y un therme.

thermes Augustoritum

(Cliché: Ville de Limoges)

Augustoritum était abondamment approvisionné en eau potable, son sous-sol étant pourvu de sources qui furent l’occasion du creusement de nombreux puits. Les Romains entreprirent le creusement dans la roche d’aqueducs souterrains captant l’eau à l’extérieur de la ville, dans des points élevés du territoire (Beaubreuil, Corgnac), pour la conduire par gravité jusqu’à l’emplacement de l’actuelle place de la Motte ; l’eau étant redistribuée à travers la ville par un réseau d’aqueducs alimentant habitations, fontaines et bains publics. Des thermes publics monumentaux, parmi les grands édifices de ce type en Gaule, entourés d’un mur d’enceinte rectangulaire de 73 sur 85 mètres de côté, couvrant 6 205 m2, furent édifiés à l’époque flavienne (69-96) sur l’emplacement de l’actuelle place des Jacobins et ses abords. L’archéologue Jean-Pierre Loustaud a indiqué que « le noyau central de l’édifice se compose de trois vastes salles de 17 m x 12 m, terminées chacune par une abside. [L’une d’elles] possédait au moins deux piscines, chauffées par des hypocaustes à conduits rayonnants. » Il y avait vraisemblablement les habituelles salles froide (Frigidarium), tiède (Tépidarium) et chaude (Caldarium). Diverses cours et salles de service complétaient l’ensemble, ainsi qu’une palestre de 73 m x 13 m, bordée par une galerie portique. « Le sol était revêtu d’un immense tapis de mosaïque imitant un dallage et un lambris de marbre recouvrait les murs », précise encore le chercheur. Les habitants d’Augustoritum allaient aux thermes – souvent avant le dîner – pour se laver, mais surtout pour profiter d’un lieu de sociabilité, où l’on pouvait bavarder, jouer, discuter affaires. Ils pouvaient faire du sport à la palestre, suivant en cela le précepte bien connu de Juvénal : mens sana in corpore sano. Ils laissaient leurs vêtements au vestiaire puis passaient d’une chambre à l’autre, transpirant puis se refroidissant. Ils se passaient de l’huile sur le corps et se raclaient la peau avec le strigile, pouvaient se faire masser, coiffer ou même épiler. L’endroit était généralement fort animé, bruyant – « une cacophonie permanente » avait noté Sénèque ailleurs.