06 Oct

La francophonie dans tous ces états

Dans une semaine (du 12 au 14 octobre), le  14è sommet de la francophonie  à Kinshasa va être le prétexte à des discussions de couloirs et des effets de tribune. Petite revue de liens qui pourraient nourrir les unes et les autres.

On peut en faire des choses avec la langue française. On peut s’amuser par exemple à envisager de se présenter à l’élection présidentielle même si l’on est américain. C’est en tous cas la conviction de Bill Clinton au micro de CNN il y a quelques jours, déclaration repérée par le site franceamérique.com.

Selon l’ancien occupant de la Maison Blanche, la course à l’Élysée serait en effet ouverte à « Toute personne née dans un endroit du monde qui a fait partie de l’empire français, si elle s’installe en France, y vit six mois et parle français ». Et comme l’ancien président est « né en Arkansas, qui fait partie des terres cédées lors de la vente de la Louisiane par la France aux États-Unis en 1803″… Seul obstacle, de l’aveu même de l’ancien président, son mauvais français qui le disqualifierait immédiatement .. Pas de quoi donc ouvrir un débat sur l’éligibilité des étrangers.. Quoi que.

« A ta gueule ! »

On peut en faire des choses avec la langue française, comme envisager de se distinguer en affaires. Au Japon notamment où une certaine francophilie matinée d’opportunisme conduit quelques entrepreneurs sans vergogne à rendre un hommage involontaire à Molière et ses précieuses ridicules. C’est ce restaurant de luxe de Tokyo qui arbore sur sa devanture cette très sonore et très rabelaisienne interjection « A ta gueule ! ». Quoi ? Qu’est-ce qu’elle a mon enseigne !!

La trouvaille est à créditer à l’équipe française d’une agence immobilière tokyoïte qui, sur son blog, s’est amusée à recenser quelques perles du même acabit dans les milieux de la gastronomie nippone. Dont cette raison sociale qui a au moins le mérite de respecter le libre arbitre de ses clients.

« tout de go avec Ali Bongo »

On peut faire beaucoup de chose avec la langue française, même la retourner contre ses « délégataires ». En annonçant tout de go qu’il envisageait de faire passer son pays au bilinguisme, le président  gabonais Ali Bongo, a jeté un sacré pavé dans la mare francophone.

Selon les exégètes de la parole présidentielle, il s’agirait de pur pragmatisme :  « Le Gabon veut se développer et s’offrir les meilleures opportunités. Quand vous sortez de l’espace francophone, si vous ne savez pas l’anglais vous êtes quasiment handicapé. Il s’agit (…) de faire en sorte que les Gabonais soient armés et mieux armés ». Mais en prenant exemple sur le Rwanda où il se trouve ce week-end, Ali Bongo a aussi trouvé le moyen d’ébranler cette Françafrique longtemps incarnée par son père et que l’on croyait immuable pour avoir résisté à toutes les configurations politiques.

Et tout à coup, le 14è sommet de la francophonie organisé le week-end prochain à Libreville prend une autre tournure. En annonçant à la fin de l’été qu’il participerait au sommet, François Hollande, à l’instar de François Mitterrand à la Baule et de Nicolas Sarkozy à Dakar, semblait vouloir saisir l’occasion d’un discours politique fondateur sur les relations franco africaines. Question : en utilisant l’arme de la langue, Ali Bongo, va-t-il  l’obliger à choisir d’autres mots que ceux qu’il avait prévus ?