15 Mar

Législatives de l’étranger : quelques difficultés de compréhension…

Ils ne sont pas encore légion, les reportages consacrés à la campagne dans les circonscriptions de l’étranger. Bien sûr, il y a périodiquement des articles sur les enjeux de cette élection inédite. A lire par exemple celui du JDD.fr, « les Français de l’étranger très courtisés » dans lequel notre confrère fondateur du petitjournal.com, Hervé Heyraud continue son travail pédagogique auprès des lecteurs  et… des rédactions parfois un peu démunies en la matière.

Il est vrai qu’ à l’instar des candidats qui  peinent à faire campagne notamment dans les circonscriptions « continent » comme l’Asie ou l’Amérique du sud, peu de rédactions ont les moyens de financer des envoyés spéciaux au long cours. Si besoin, cette carte interactive du Monde est là pour fixer les idées

carte interactive du monde.fr

Alors quand on découvre un papier qui décrit en long et en large les affres d’« une campagne à 10 000 km de Paris, on a tout de suite envie de le partager. Las, publié le 8 mars dans l’édition papier du Monde, cet article de Sylvia Zappi est resté cantonné pendant plusieurs jours dans l’édition abonné du monde.fr. A se demander si la rédaction du quotidien a une ligne établie sur la chronologie de diffusion entre print et numérique ou si les décisions se prennent au jour le jour selon l’intérêt éditorial des contenus et/ou celui de ses abonnés. Contactée, la newsroom du Monde n’a pas (encore) répondu à cette interrogation.

Ces Français qui ne parlent pas français

Au détour de cet article, et parmi plein de détails instructifs, une information a particulièrement  attiré mon attention. C’est Sergio Coronado, le candidat PS/EELV en Amérique du sud qui affirme « qu’il est souvent amené à développer ses arguments en espagnol devant des Français qui ne maîtrisent pas très bien la langue de Molière. »

Au cours de la campagne de 2007, j’avais déjà recueilli ce type de témoignages. Et pas besoin de chercher des destinations lointaines même si on m’avait déjà signalé l’Amérique du Sud en général et le Mexique en particulier. Plus près de nous, en Suisse, la représentante UMP de Berne m’avait ainsi expliqué que sa fille maitrisait mal le français et qu’il lui faudrait l’accompagner le jour J pour lui expliquer, en sus, les modalités du vote  dans l’isoloir..

Au moment où Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal rivalisaient sur le terrain patriotique et sur la nécessité d’exiger la maitrise du français de la part des étrangers désireux de venir, cette information m’avait un peu troublé. N’ayant pas eu la possibilité d’obtenir et d’enregistrer d’autres témoignages directs, j’en étais resté là. Après la citation de Sergio Coronado dans l’article du Monde, j’ai voulu en avoir le cœur net et j’ai donc posé la question au Quai d’Orsay. Voici la réponse du service de presse du ministère :

« Nous n’avons aucune statistique sur la connaissance de la langue française par nos compatriotes établis à l’étranger. Ce serait d’ailleurs discriminatoire de distinguer entre les Français ceux qui parlent français et les autres. La langue de la République étant le français conformément à l’article 2 de la constitution de 1958, il n’est prévu aucune traduction des informations relatives aux élections. »

En recoupant les informations, on peut s’apercevoir au moins d’une chose. Comme dans l’exemple suisse, il semble que la problématique concerne plus particulièrement des enfants d’expatriés de longue date qui ont perdu l’usage de leur langue maternelle. A ce propos, on peut lire deux contributions publiées en janvier dernier sur le lab Europe 1. Le blogueur Guy Birenbaum s’était interrogé sur l’intérêt de s’adresser en anglais aux électeurs après avoir mis en ligne (thème n° 4) un spot de Julien Balkany, candidat dans la 1 ère circonscription des Français de l’étranger (Amérique du nord ).

P.S. Will Mael Nyamat, qui s’exprime sur le sujet est lui aussi candidat (indépendant de gauche ) dans la 3ème circonscription (Europe du nord).