15 Avr

L’air est pur en Franche-Comté : vrai ou faux ?

Bonne nouvelle : l’air est pur en Franche-Comté.  Selon les chiffres de  l’organisme de surveillance de l’atmosphère. Mauvaise nouvelle : ces chiffres ne veulent rien dire. On pourrait même écrire que les autorités ne manquent pas d’air.

Photo : MAXPPP / Yann Foreix

Photo : MAXPPP / Yann Foreix

Les yeux qui piquent. La gorge irritée. Des problèmes respiratoires plus graves. C’est la faute à la pollution. Sauf chez nous, l’air y est si pur ! Au moins pendant  362 jours, l’an dernier. C’est le bilan publié par l’organisme de surveillance de la qualité de l’air, Atmo Franche-Comté.  Et les  3 autres jours de l’année 2014 ? Il y a eu « 3 déclenchements de la  procédure d’information et recommandation en PM10 ».  Voilà qui est rassurant. Nulle part, il n’est écrit le mot « pollution ». Cachez ce smog que je ne saurais voir.

Surveillance, et après ?

La France est quadrillée par des capteurs atmosphériques. Un réseau pour calculer la qualité de l’air, surtout en ville. Et nous alerter en cas de pollution.  Et on fait quoi, face au danger ? On pratique l’apnée pour éviter particules fines, ozone, dioxyde d’azote et de soufre, benzène, métaux toxiques ?  Non. Les autorités sont rassurantes. Il suffit  de laisser  la voiture diesel au garage, d’éteindre le chauffage au bois et d’interdire  aux  enfants  et aux plus âgés de courir.  Ça devrait aller pour les deux premières recommandations. Si vous pratiquez le vélo ou la marche à pied et si vous ne chauffez pas au bois. C’est plus dur pour la dernière : interdire aux enfants de courir. En entraînant leurs grands parents.

Chiffres trompeurs

Voyons de près les chiffres francs-comtois de la pollution. Ou de la qualité de l’atmosphère, si vous préférez voir le verre à moitié plein d’air pur. Voici le bilan en 2014 :

 

bilan 2014 qualité atmosphère

 Source : Atmo Franche-Comté

Admirez le travail : plein de smileys verts et souriants. Un seul est orange. Et pas content. Il râle contre les 3 jours pollués par les « particules fines », les « PM ». C’est de l’anglais, ça veut dire « Particulate Matter ». Un jargon censé nous rassurer. Peut-être.

Je n’aime pas ces smileys verts. Leur sourire est hypocrite. Vous allez comprendre pourquoi. Il y a 362 jours où la qualité de l’air est « en dessous des valeurs limites ». Très bien. Mais les « valeurs limites » n’ont aucune rigueur scientifique. La pollution existe tous les jours de l’année. Plus ou moins forte. Mais toujours inquiétante pour la santé.

Problème de santé publique

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la pollution de l’air réduit l’espérance de vie de chacun d’entre nous. En moyenne de 10 mois. Le lien entre particules fines rejetées dans l’atmosphère et maladies cardiovasculaires est clairement établi. De nombreux médecins font ce diagnostic.

Alors, surveiller l’atmosphère et alerter les citoyens, c’est bien. Lutter contre la pollution atmosphérique, ce serait beaucoup mieux. Selon France Nature Environnement, nos voisins allemands ont des résultats impressionnants à Berlin : -14% de trafic entre 2002 et 2010, -19% pour les NOx entre 2007 et 2009 et -58% pour les particules en sortie d’échappement. Grâce à l’auto-partage, au covoiturage et aux transports en commun.

Heureusement, il reste une solution d’urgence. Partir vers des cieux plus purs. Par exemple la montagne. Le massif jurassien, exclusivement. Evitez Chamonix, dans les Alpes. C’est une des villes les plus polluées de France !