05 Avr

Bordeaux : ces vignerons qui ont une patte et s’éclatent en vins de France

Ils commencent à constituer une petite tribu… Celle des vignerons qui ont un savoir-faire et se démarquent en produisant des vins sans IG en vins de France… Par choix, ils commercialisent une partie de leurs cuvées en dehors des AOC, des pépites qui souvent sont plus valorisées.

Jean-Baptiste Duquesne, créateur du mouvement Bordeaux Pirate © JPS

S’il en est un qui revendique sa différence, c’est bien Jean-Baptiste Duquesne. Un vigneron dans les Graves à Saint-Pierre-de-Mons en Gironde. Il a créé voilà deux ans le mouvement Bordeaux Pirate sur facebook, qui regroupe 25 vignerons et quelques 2700 membres du groupe.

Devant un cépage de Jurançon Noir © JPS

Quand il ne produit pas en AOC et en bio avec la marque de son château Cazebonne, il s’éclate en produisant des vins de France. Ainsi il revisite ici sur son terroir des cépages d’autrefois, oubliés de Bordeaux, qui ne sont pas retenus par le cahier des charges de l’AOC…

« L’AOC définit un certain nombre de cépages, auxquels on a droit, et il y avait autrefois plus de cent cépages, et puis il y a une petite dizaine de cépages qui sont prévus dans les appellations de Bordeaux, et c’est ce patrimoine ces 90% de cépages qu’on a oublié qui m’intéresse de revisiter, pour se demander lesquels vont nous apporter des solutions à l’avenir… », commente Jean-Baptiste Duquesne. « On a classiquement le cabernet sauvignon, le merlot, le sauvignon, le sémillon, mais on a laissé de côté un certains nombre de cépoages qui étaient autorisés dans l’AOC en 1935 à titre accessoire (la pardotte, le saint-macaire, le mancin, le castets, le bouchalès, (autorisés en 1935 mais qu’on demandait aux vignerons d’arracher sous 10 ans) et peu à peu de manière effective et avec le gel de 1956 ces cépages ont disparu dans nos vignes… »

Sylvain Destrieux goûtant son blanc de noir Pas de la Colline 2021 ©JPS

Ainsi si le temps, le phylloxéra et le gel de 1956 ont rebattu les cartes, récemment le gel de 2021 a aussi contraint Sylvain Destrieux à s’adapter à Ruch. Vu que ses cépages de blancs ont gelé au Clos de la Molénie, il a fait comme en champagne un vin blanc issu de cépage rouge élevé 10 mois en jarre à l’extérieur…

« On a fait un blanc de noir car avec les dégâts de gel de l’an dernier, on n’avait quasiment plus de blanc…donc on a fait du blanc de noir avec du cabernet sauvignon, qui est le cousin du sauvignon blanc, don on sort un blanc plutôt atypique mais pas si incohérent que cela en fait, où on s’est inspiré des Champenois ou d’autres régions où ils font effectivement des  blancs de noirs… »

« Il est interdit dans le cahier des charges de Bordeaux, on ne peut pas en produire en AOC Bordeaux, par contre on peut le produire sur la région de Bordeaux mais il sera commercialisé de fait en vin de France. »

Sur sa dizaine de cuvées, Sylvain Destrieux produit la moitié en vins de France, ce qui représente 1/3 de ses volumes. Il les valorise mieux, parfois 50 % plus cher, car plus originaux comme sur cette cuvée Pas de la Colline: « on a gardé 100% des rafles, on l’a gardé pendant 18 mois, et c’est un assemblage assez atypique merlot 90%, 7% de malbec et 3% de sauvignon blanc…Donc on a fait un petit clin d’oeil à ce qui pouvait se pratiquer en Côte Rôtie en en Hermitage dans les Côtes du Rhône… »

Seulement 132 000 hectolitres sont produits en dehors des AOC à Bordeaux qui eux représentent 3,77 millions d’hectolitres. Un mouvement qui s’est fait jour et pourrait se développer vu les problèmes de commercialisation des vins rouges dans le bordelais.

Christophe Chateau du CIVB © JPS

« Cela reste quand même anecdotique, on est à un peu plus de 1% des surfaces et un peu moins de 2% des volumes, par contre c’est bien que certains puissent se tester en dehors du cahier des charges, et sur des sujets techniques et sur des sujets commerciaux, avec des cuvées particulières…. », commente Christophe Chateau directeur de communication au CIVB.

Jean-Baptiste Duquesne a fait 3 cuvées qui ne cadrent pas avec Bordeaux (au sens des AOC), ainsi avec le « Petnat » un vin pétillant naturellement qui n’est pas un crémant de Bordeaux, avec ses 5 cépages oubliés « comme en 1900 » ou encore avec son « Qui est Yin Qui est Yang » qui fait voyager ressemblant à plus à un gamay qu’à un Bordeaux… « Il est sacrilège de mélanger du raisin blanc et du raisin rouge, là on a fermenté du cabernet franc et du sauvignon blanc pour faire cette cuvée très atypique… Donc voilà ce que m’apporte le vin de France, il me redonne des territoires de liberté, proposer des nouveaux goûts, toucher de nouveaux consommateurs… »

Et preuve que les codes sont aujourd’hui bousculés, il a même fait appel à un rappeur pour décrypter et démocratiser ses vins de France…

Regardez le dossier de Jean-Pierre Stahl, Delphine Roussel-Sax et Olivier Pallas :

 

 

 

29 Jan

Voeux 2022 : et la palme de l’originalité revient … à château Paloumey

Une fois n’est pas coutume, ce sont des voeux sur la toile qui ont fait hurler de rire Côté Châteaux… C’est la famille Cazeneuve qui vous les souhaite en se mettant en scène de façon originale, en mode écolo et retraçant les travaux qui sont en cours suite à la mésaventure qu’a connue le château avec l’incendie de celui-ci, il y a 2 ans le 10 janvier 2020. C’est bien senti et c’est signé Pierre et Martine Cazeneuve ainsi que toute l’équipe du château. Je vous laisse regarder…

Martine et Pierre Cazeneuve en selle et en scène pour des voeux originaux signés © château Paloumey

Et voici la vidéo disponible sur les réseaux sociaux et notamment sur You Tube : 

 

27 Déc

Sous hypnose, en immersion ou en musique: déguster le vin autrement

En voilà des façons atypiques de déguster le vin… Pour amateurs sans doute aussi…Histoire de vivre une autre sensation : sous hypnose, en immersion ou en musique…

Vous fixez du regard un point sur votre verre, les mains se rapprochent comme des aimants et petit à petit, vous décrochez: sous hypnose, dans un écrin immersif ou en musique les yeux bandés, les dégustations sortant des sentiers battus se multiplient en France afin de faire découvrir les vins autrement.
« Quand on déguste, on est souvent pétri d’automatismes. On est guidé sur une piste
et on n’explore pas le vin correctement »,   Gabriel Lepousez, docteur en neurosciences à l’Institut Pasteur, qui a collaboré avec la maison Mumm pour une expérience grand public en décembre.

Dans une cabine insonorisée, on teste le même champagne dans deux verres identiques: la première fois après avoir pris dans la main un cristal et avec de la musique staccato pour apprécier la fraîcheur, la deuxième après avoir touché un petit sac en velours rouge en écoutant une mélodie lente pour la rondeur.

Des parfums, un frais, l’autre enveloppant, précèdent le premier et le deuxième verre et la couleur d’images projetées sur les murs évolue du froid au chaud.

LE PLAISIR A LA CLE

L’idée est de solliciter en buvant du champagne les cinq sens – la vue, le toucher, le goût, l’odorat et l’ouïe. Pour quoi faire? « Le cerveau a des phénomènes de correspondances sensorielles, des synesthésies.

Des grands artistes avaient ces facultés, dès qu’ils entendaient un son, ils voyaientune couleur (…) comme le poète Arthur Rimbaud », explique le scientifique. « Nous avons tous cette faculté-là » et sa mise en pratique va amener celui qui déguste au-delà du « j’aime, j’aime pas ».

Quand on a compris un vin, on gagne en confiance et en plaisir, qui est à la clé de l’expérience à la fin ».

L’un des pionniers des dégustations musicales, la maison de champagne Krug, propose cette année une expérience virtuelle avec un coffret qui contient une bouteille, des mets qui soulignent les différentes facettes du vin, un QR code pour accéder à une symphonie composée pour ce champagne et un masque noir à mettre sur le yeux pour mieux l’écouter.

COMME DU YOGA

Les dégustations ne manquent pas à Paris et dans les régions vinicoles. Crachoirs, carnets pour noter les vins, spécialistes âgés en costume-cravate avec leur jugement sans appel: il y a de quoi intimider un amoureux du vin non aguerri lors d’une dégustation classique que même certains professionnels trouvent « snob » et trop « technique ».
L’idée de l’hypnologue Adrien Moulard et l’oenologue Juliette Combet, auteurs de la formule de dégustation sous hypnose, est de solliciter les émotions et « démocratiser sans vulgariser » la pratique.

En bloquant les « pensées parasites », l’hypnose permet cette focalisation sur le vin à travers la vue, le nez, la bouche et même l’ouïe pour « être plongé dans la mélodie, le ballet des bulles » quand on boit du champagne, explique le duo.

Hallucination olfactive d’un croissant au beurre en buvant un chardonnay, vision érotique avec un Saint Amour, baignade dans une bouteille de champagne, voyage en barque, balade dans les vignes: à la fin de chaque séance, les participants racontent leur ressenti.

Flora Vidal, professeure de yoga, compare cette expérience à une forme de « méditation ». « C’est la même sensation que quand on fait du yoga, il n’y a plus trop de pensées qui passent. On est très apaisé ». « Je me suis baigné dans la bouteille de champagne parce que j’étais microscopique, j’ai parlé au vin », témoigne le trentenaire Barthélémy Le Blan. L’hypnose « peut être intéressante pour solliciter des sens dans une dimension différente, mais ce n’est pas un exercice évident », nuance Gabriel Lepousez. « En fonction de la sensibilité des gens, cela peut être une déformation de la réalité très importante ».

AFP

12 Sep

Château Haut-Bergey : sa guinguette, elle est très chouette…

Ce vendredi soir, Paul Garcin propriétaire du château Haut-Bergey à Léognan en Gironde était très fier de lancer sa « Guinguette de l’automne », avec le restaurant Sabada, derrière les chais du château avec une vue magnifique sur ses vignes. Des canons à boire, des planches d’anti pasti et de pizzas, le tout sous des voiles illuminées, ambiance assurée.

Paul Garcin, le propriétaire du château Haut-Bergey à Léognan avec sa guinguette de l’automne © JPS

C’est à coup sûr « the place to be » à Bordeaux. Une guinguette des bords de Marne, au bord des Merlots. C’est Paul Garcin, le « jeune » et bio propriétaire du château Haut-Bergey qui en a eu l’idée…

Cela faisait quelques temps que je réfléchissais comment s’amuser autour du vignoble, avec l’idée de se retrouver, l’idée du partage… » Paul Garcin propriétaire du château Haut-Bergey.

 

« En fait, un monsieur avec qui je travaille m’a dit j’ai une connaissance qui cherche un lieu pour faire un truc un peu festif, et c’est ainsi qu’on a discuté et on s’est dit qu’on allait faire un truc durant 2 mois avec un airstream (cette caravane mythique américaine tout en chrome) », c’est ainsi qu’est née la Guinguette de l’Automne du château Haut-Bergey et du restaurant Sabada…

Tout tourne autour de la convivialité, de la simplicité et du plaisir, c’est une envie de décomplexer un peu l’accès au vignoble, de reprendre possession des territoires », Paul Garcin

Cette guinguette éphémère a pris place derrière les chais du château Haut-Bergey, une pépite de l’appellation  Pessac-Léognan, 41 hectares en agriculture bio depuis 2015 et conduit en biodynamie depuis le millésime 2016…

La guinguette propose à la dégustation des vins de la propriété et notamment la cuvée Paul, en blanc (millésime 2020, 95% sauvignon, 5%sémillon) et en rouge (40%merlot, 40% cabernet sauvignon,13% cabernet franc et 7% petit verdot6e le verre, 35 la bouteille), mais aussi deux autres cuvées en rouge Jardin et Tuilerie en parcellaire 100% merlot pour le 1er et 100% cabernet sauvignon pour le 2… « Tout est canon, pour les pizzas réalisées par Audace BP, ils font leur propre pâte avec de la farine de blé bio qui vient du Médoc, il y a aussi des antiparti… C’est aussi cette envie de décontraction pour les grands crus et avoir des choses de qualité, » complète Paul Garcin.

Une idée originale avec également Thomas Labarrede, créateur du Sabada, qui manquait au plein coeur des vignobles de Pessac-Léognan, après les afterworks qui ont été lancés il y a 4 ans l’été un jeudi par semaine dans les châteaux du Médoc… Là cette soirée était animée par les chefs Benjamin Avila et Pierre Martel (Audace), des chefs qui aiment les bons produits, en circuits courts.

Cette guinguette va se tenir les jeudis, vendredi et samedis soirs de 18h à minuit au château Haut-Bergey, 69 Cours Gambetta à Léognan en Gironde, Paul Garcin réfléchit déjà à dupliquer le modèle pour les déjeuners de fin de semaine également.

15 Juin

Bordeaux Fête le Vin : « chat alors ! » Les Bordelais miaulent déjà sur les quais en adoptant les chats de Philippe Geluck…

C’est l’un des temps forts qui marque le démarrage de Bordeaux Fête le Vin. L’exposition « le Chat Déambule » est déjà visible sur les quais de Bordeaux. Côté Châteaux vous la dévoile en avant première avec son auteur, le belge Philippe Geluck. A voir tout l’été, jusqu’aux journées du patrimoine.

« Merci de les avoir fait venir à Bordeaux ! » C’est un cri du coeur qu’adresse en ce matin une Bordelaise à Philippe Geluck. A peine les 20 chats en bronze sont-ils installés, que déjà tous les Bordelais, présents pour leur jogging, en balade à pied ou à bicyclette, s’arrêtent pour adopter ce sympathique gros matou.

 Ils sont très beaux, conformes à la bande dessinée, surtout pleins d’humour ! »

« Ah j’adore, on avait déjà toutes les photos par les enfants qui nous les avaient envoyées de Paris sur les Champs et là on les revoit là, c’est superbe… »

Cela fait un an qu’ils attendaient ces 20 chats en bronze de 2m70 à Bordeaux. Cette exposition « le Chat déambule » était prévue pour Bordeaux Fête le Vin 2020, elle a été décalée pour cause de crise sanitaire et présentée d’abord à Paris.

« On a démarré par les Champs-Elysées, pendant 2 mois et demi avec 2,5 à 3 millions de visiteurs, » précise Philippe Geluck l’auteur du Chat qui a créé ce personnage en 1983 pour le journal belge Le Soir, « mais là on se dit qu’elle va être encore plus belle parce que cette vue sur la Garonne met en valeur les sculptures… »

Après la plus belle avenue du monde, on a les plus beaux quais du monde, donc on est vernis », Philippe Geluck.

Des chats poétiques au chats surréalistes, on en trouve pour tous les goûts et dans tout ses états. Le chat gag ou le chat philosophe. Il y a aussi 3 sculptures qui portent un message comme le chat martyre: « c’est un hommage à mes confrères assassinés, je l’ai représenté en martyre de San Sébastien, qui lui était transpercé de flèches par les Romains, lui ici est transpercé de crayons qui symbolisent notre métier et les petits oiseaux que j’ai posés sur les crayons sont un signe d’espoir… »

Après Paris, Bordeaux, Caen, Genève, le Chat se plaît à rêver de New-York pour y être exposéCes chats seront vendus par la suite aux enchères pour financer le Musée du Chat en Belgique. Faudrait tout de même pas que le Chat prenne la grosse tête, un chien est venu le lui rappeler…

  « Regardez il y a un chien qui est venu lever la patte sur le chat ! Je voudrais m’adresser à tous les chiens de Bordeaux et leur dire de respecter un confrère malgré tout. »

Chatperlipopette, chatpristi, tout fout le camp ma bonne dame, ah si je retrouve cette chatloperie de chien qui a osé…

(Photos Jean-Pierre Stahl et JM Litvine)

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Jean-Michel Litvine et Christophe Varone : 

19 Mar

Burdi W : quand vignoble et chanvre se marient en Gironde…

C’est une bouteille qui va faire parler. Forcément. Burdi W est une boisson aromatisée au vin à laquelle une molécule du chanvre, non stupéfiante, mais « relaxante » est associée:  le CBD cannabidiol. C’est Raphaël de Pablo, fondateur de la Ferme Médicale, et un associé qui ont lancé ces nouvelles bouteilles. 10500 ont été commercialisées. Reportage avec son concepteur et réaction d’Alain Raynaud, président du Grand Cercle des Vins de Bordeaux et médecin retraité.

Raphaël de Pablo, l’un des concepteurs et associé de cette aventure Burdi W lancé par La Ferme Médicale © JPS

C’est une première dans le Bordelais et aussi en France. On ne peut pas l’appeler vin mais boisson aromatisée à base de vin, même si c’est fait à partir de vin bien sûr avec un cépage bordelais 100% petit verdot, élevé 4 mois en jarre de 10 hectolitres. Il y a en effet l’ajout de CBD cannabidiol, molécule que l’on trouve dans le plant de chanvre; mais contrairement au THC le psychoactif du cannabis, le CBD ne donne pas d’effets psychotropes et sa commercialisation est du coup autorisé en France. En effet comme le précise la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et Conduites Addictives, suite à un arrêt de la Cour de Justice de l’Union Européenne, « en l’état des connaissances scientifiques et sur la base des conventions internationales en vigueur, l’huile de CBD ne constitue pas un produit stupéfiant. Elle en déduit que les dispositions relatives à la libre circulation des marchandises sont applicables à ce produit et qu’une mesure nationale qui interdit la commercialisation du CBD issue de la plante entière constitue une entrave à la libre circulation. Elle précise cependant qu’une telle mesure peut être justifiée par un objectif de protection de la santé publique sous réserve qu’elle soit nécessaire et proportionnée ».

Bref, cela a permis à Raphaël de Pablo, qui a travaillé chez Exka, une boîte canadienne de cannabis thérapeutique de 2015 à 2016, de se lancer en Gironde sur une expérimentation qui depuis s’est révélée concluante pour lui dès la 1ère année: l‘exploitation d’une parcelle de 1 hectare 4 de chanvre lui a permis de produire 500 kilos de CBD, avec une transformation en huile de CBD en Allemagne car la transformation pour l’heure n’est pas autorisée en France. « L’exploitation est autorisée, tout est déclaré à la gendarmerie et au village, ce qui nous permet de cultiver c’est de prendre des variétés françaises avec un numéro de grainage et de déclarer dans toutes les administrations possibles. »

« On cultive de la Dioca 88, variété du catalogue français de chanvre industriel, on va exprimer un taux de CBD et récupérer 250 milligramme que l’on va mettre dans chaque bouteille de vin ( ou boisson aromatisée au vin), précise encore Raphaël de Pablo. « on retrouve la molécule de cannabidiol qui a un  effet sur le système endocannabinoïde, et de l’associer à du vin nous a permis de banaliser cette molécule et de la partager au plus grand nombre. Cela a toujours été toléré, c’est régularisé depuis 2018 en France, il faut savoir que c’est reconnu depuis 2003 comme médicament aux Etats-Unis, au Canada et en Israël il y a beaucoup d’études scientifiques aujourd’hui où c’est reconnu sur 26 pathologies », avance Raphaël de Pablo.

Raphaël de Pablo et Alain Raynaud dégustant Burdi W © JPS

« Dans un moment où on est un peu confronté à des tas de problèmes existentiels, je trouve qu’avoir eu le courage et l’idée de faire cette boisson aromatisée à base de vin dans laquelle le CBD macère c’est remarquable » commente Alain Raynaud, président du Grand Cercle des Vins de Bordeaux , qui est aussi médecin retraité et précise par ailleurs avec son autre casquette : « le système endocannabinoïde fait qu’on est confronté à un effet sur le système nerveux central, donc sur la fatigue, la dépression, les troubles du sommeil, et puis un effet sur le plan général, sur le plan des rhumatismes… » Et de commenter à la dégustation, « il y a le côté du petit verdot et le côté très très floral du CBD. »

Le projet a été financé par une plateforme participation, les 10500 bouteilles ont ou vont vite trouvé preneurs. A noter que la MILDCA  (Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et Conduites Addictives) reste prudente sur son site internet par rapport aux effets peu connus du CBD et rappelle « que les produits contenant du CBD demeurent soumis au respect des dispositions législatives françaises, et plus particulièrement des suivantes : ils ne peuvent, sous peine de sanctions pénales, revendiquer des allégations thérapeutiques, à moins qu’ils n’aient été autorisés comme médicament par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé ou la Commission européenne sur la base d’un dossier évalué selon des critères scientifiques de qualité, sécurité et efficacité ».

Bref on sent que le débat est encore en cours, de nouvelles dispositions législatives devraient voir le jour, avec des parlementaires qui défendent les produits désormais en vente avec ces molécules de CBD comme ce « vin », mais aussi du chocolat ou du thé. De nombreuses autres initiatives ont aussi fleuri en France depuis 2 ans avec 800 boutiques et sites internet. Quant à Raphaël de Pablo, il a confirmé se lancer cette année sur la culture de chanvre sur 3 parcelles et 10 hectares avec cette boisson aromatisée au vin et CBD, mais aussi pour produire de l’huile de CBD avec sa société « La Ferme Médicale ».

12 Fév

« Si Arsac m’était chanté » ou quand Philippe Raoux lance des visites au château d’Arsac en parlé-chanté

Philippe Raoux, c’est ce viticulteur en AOC Margaux, amoureux de l’art et des mots. Toujours à la pointe des idées novatrices et de l’insolite, il va proposer à partir du 1er avril des visites de son château d’Arsac en parlé-chanté avec des professionnels. Esthète un jour, esthète toujours.

C’est un nouveau pari sur l’avenir et une démarche très originale qu’aime souligner Côté Châteaux.

A partir du 1er avril prochain, « non ce n’est pas un poisson d’avril » me confie Philippe Raoux, le château d’Arsac, classé Cru Bourgeois Exceptionnel, va proposer à ses visiteurs une nouvelle expérience, insolite, artistique et sensorielle, en plein coeur du Médoc.

Philippe Raoux explique à Côté Châteaux cette nouvelle démarche autour de ce qui s’annonce être comme le « 1er spectacle oeno-musical » de ce genre : « c’est un projet qui est né en mars dernier. On est parti d’un constat, l’an dernier même si la propriété est en Margaux et classée Cru Bourgeois Exceptionnel, on a vendu notre vin, mais on a baissé aussi notre prix lors des primeurs de 25% pour vendre, alors que j’avais mis une éternité pour arriver à ce niveau…A côté de cela, l’oenotourisme prend de plus en plus de place et donc « :

On a eu l’idée de faire une visite en parlé-chanté, tous les films de Jacques Demy étaient en parlé-chanté comme les Demoiselles de Rochefort, les parapluies de Cherbourg ou Peau d’Ane…Et on s’est dit qu’il fallait faire quelque chose qui sorte de l’ordinaire… » Philippe Raoux propriétaire du château d’Arsac.

« On a constitué une équipe de 4 personnes, des professionnels, pour réaliser un petit spectacle musical de 45 minutes avec une dizaine de chansons dédiées qui parlent du vignoble de Bordeaux et du château d’Arsac », poursuit Philippe Raoux. « Il y a François Gaulon qui a créé les chansons et la la musique accompagné de son épouse Muriel, Eric Bernard -fondateur des grandes traversées et créateur de spectacles chorégraphiques modernes-, Pierre Fossey scénographe qui s’occupe de toutes les vidéos et Garlo le propriétaire du studio qui s’occupe des arrangements, avec aussi avec 2 chanteurs. »

« Ce sera une visite timée de 45 minutes, tout se passera dans les chais où visite et chansons vont aller ensemble, avec aussi une scénographie vidéo ». Pour résumer, ce sera en fait « le viticulteur qui s’exprime les pieds dans la glaise et la tête dans les étoiles, c’est très poétique », explique Philippe Raoux.

A cause des mesures sanitaires, les premières visites se feront à 6 personnes, mais le dispositif sera de 20 à 30 visiteurs dès que cela ira mieux. « On va mettre le feu, comme disait Johnny » me dit avec un sourire dans la voix Philippe Raoux. On l’espère bien.

« Si Arsac m’était conté »: spectacle Reno-musical dès le 1er avril les mercredi, vendredi et samedi à 14H30, durée 45mn et avec une dégustation 1h à 1h15; réservation obligatoire au 05 56 58 83 90 ou par mail à contact@chateau-arsac.com Tarif 20€ par adulte, 10€ par enfant de plus de 8 ans.

03 Fév

Des bouteilles de vin de retour à Bordeaux après un voyage dans l’espace

Douze bouteilles de vin et 320 sarments de vignes sont arrivées lundi soir à Bordeaux après avoir passé respectivement quatorze et dix mois au sein de la station spatiale internationale (ISS) pour une expérience scientifique. Revenus le 13 janvier sur terre à bord du cargo Dragon de la société privée SpaceX, les sarments de vigne de merlot et cabernet sauvignon et les bouteilles ont ensuite été acheminés vers Bordeaux où ils seront comparés à des lots restés au sol dans les mêmes conditions de conservation.

« La mission WISE est le premier programme de recherche appliquée privé complet visant à tirer parti de l’environnement spatial pour relever les défis de l’agriculture de demain sur une Terre plus chaude avec moins d’eau potable », explique à l’AFP Nicolas Gaume, co-fondateur avec Emmanuel Etcheparre, de Space Cargo Unlimited, à l’origine du projet.

Dans l’ISS, les bouteilles de vin ont été conservées dans les mêmes conditions que sur terre, hormis la gravité. « Lorsque l’environnement terrestre est recréé dans l’espace comme sur l’ISS, le seul paramètre qui change par rapport à la Terre est la gravité quasi nulle. Cela expose la vie sur l’ISS à un stress immense », explique Nicolas Gaume. « Notre approche est que les divers éléments végétaux que nous exposerons à ce facteur de stress spatial développeront plus de résilience » à d’autres stress, comme ceux liés au changement climatique, souligne ce passionné. « Ce que nous apprenons dans le domaine viticole, nous prévoyons de le développer dans d’autres domaines agricoles », ajoute-t-il.

Le coût de cette opération menée en partenariat avec l’Institut des sciences de la vigne et du vin de Bordeaux (ISVV), l’université d’Erlangen (Allemagne) et le CNES n’a pas été communiqué. « L’équipe compte aujourd’hui une quinzaine de chercheurs impliqués dont la Pr Stéphanie Cluzet de l’ISVV en charge de notre principale expérimentation » et « le professeur Michael Lebert du département de biologie cellulaire de l’Université FAU Erlangen en Allemagne, un des plus grands spécialistes européens sur la recherche en agriculture spatiale », selon Nicolas Gaume.

Une dégustation privée du vin, dont le nom n’a pas encore été dévoilé, est prévue fin février à Bordeaux avec l’oenologue et agronome Franck Dubourdieu.

Une bouteille de vin avait déjà été envoyée dans l’espace en 1985 mais sans enjeu scientifique. C’était une petite bouteille de Lynch-Bages 1975, que le propriétaire Jean-Michel Cazes avait apportée à l’ex-spationaute Patrick Baudry qui embarquait dans la navette Discovery à Houston.

« Je n’avais pas l’ambition de contribuer à une expérience scientifique, mais plus simplement de faire parler du vin de Bordeaux« , reconnaît Jean-Michel Cazes qui avait « fait faire une étiquette spéciale » pour l’occasion.

La bouteille de Lynch-Bages n’a jamais été débouchée: elle trône toujours sur une étagère dans la salle à manger des Cazes.

AFP
 

30 Jan

Insolite : un cognac de 1777 vendu à partir d’aujourd’hui aux enchères

Le site britannique Whisky.Auction met aux enchères, à partir de samedi et jusqu’au 9 février, cinq bouteilles de cognac de 1777, 1802, 1812, 1906 et 1914 qui ont fait partie jusqu’en 2003 de la collection de Jacques Hardy, descendant du fondateur de la maison Hardy, en Charente.

Chaque bouteille est accompagnée d’un certificat d’authenticité signé de Jacques Hardy, selon le site d’enchères. Le vendeur les avait acquises en 2003 auprès de Jacques Hardy, décédé en 2006 après avoir dirigé la maison Hardy pendant près de 50 ans.

Elles sont authentiques et documentées, elles avaient été acquises auprès de mon père par un acheteur américain, qui les remet en vente »,
Bénédicte Hardy, ambassadrice de la maison Hardy fondée en 1863.

Distillé à l’époque de Louis XVI par la propriété Yvon, près de Cognac, en grande champagne (la zone de l’AOC qui produit les eaux-de-vie les plus fines), le cognac star de ces enchères « faisait partie de la dot de mon arrière-arrière-grand-oncle James Hardy » explique Mme Hardy.

Selon le site de vente, le cognac de cette bouteille a été conservé en fûts de chêne pendant plus de 100 ans puis transféré en dame-jeanne avant d’être embouteillé en 1936. Peu après, les flacons ont été données par James Hardy à ses neveux, dont Jacques.

Whisky Auction a indiqué à l’AFP que ses experts avaient établi une « estimation prudente » de 100.000 livres (environ 113.000 EUR) pour les 5 bouteilles, mais les prix pourraient dépasser ce total.

AFP -Photo du site whisky.auction

13 Jan

Michel Ohayon lance le 1er centre oenotouristique d’Europe depuis les anciennes casernes de Libourne

C’est un projet d’envergure, quasi-pharaonique, qui se dessine à l’emplacement de l’ESOG, l’ancienne école de sous-officiers de la gendarmerie qui a fermé ses portes en 2009. Depuis la mairie de Libourne avait espéré relancer une activité jusqu’à l’arrivée en 2019 de Michel Ohayon. Celui-ci souhaite faire de ces 6 hectares et 14 bâtiments un complexe totalement repensé, tout en gardant les anciennes casernes, pour en faire le 1er centre oenotouristique d’Europe où l’on va trouver « la plus grande cave mondiale, le grenier du vin mondial », sans compter une offre de prêt-à-porter de luxe et un hôtel 5 étoiles, comme l’Intercontinental de Bordeaux.

Le projet de centre oenotouristique avec une reconversion des casernes de Libourne par © Michel Ohayon et Michel Pétuaud-Létang

C’est un projet qui décoiffe, en ces temps de paralysie et de pandémie covidaire… « Osons ! », aurait dit en son temps, Jean-Pierre Elkabbach. Eh bien Michel Ohayon, y croit et se lance avec de très nombreux partenaires dans un projet grandiose qui risque de faire passer Bordeaux désormais pour le « petit poucet », face à Libourne qui pourrait devenir l’ogre oenotouristique !

Michel Pétuaud-Létang, Michel Ohayon, Philippe Buisson et Jean-Philippe Le Gal © JPS

C’était cet après-midi un show que nous offraient Michel Ohayon, et Philippe Buisson depuis la salle des mariages de la Mairie de Libourne, avec la présence également de l’architecte bordelais Michel Pétuaud-Létang et Jean-Philippe Le Gal adjoint au maire en charge des casernes. La découverte de ce que Michel Ohayon dépeint comme « le 1er centre oenotouristique d’Europe »:

Michel Ohayon © JPS

Ce sera la plus grande cave mondiale, le grenier du vin mondial, et à côté de cela vous aurez toute une offre de mode très forte, des équipements de la personne, dans le luxe à prix très accessible, on va aussi dupliquer le grand hôtel intercontinental de Bordeaux ici au milieu des vignes, d’ailleurs le bâtiment a des similitudes assez fraternelles avec ce bâtiment », Michel Ohayon

La conférence de presse « historique » à 14h depuis l’Hôtel de Ville de Libourne © JPS

Le projet est assez dantesque, d’ailleurs Michel Ohayon décrit dans son exposé « 2 bâtiments de plus de 120 mètres de long » que sont l’aile des soldats et le manège, perpendiculaires au Pavillon des Officiers. Ces casernes, que nous avons revisitées ce matin, font intimement partie de l’Histoire de Libourne, construites à partir de 1766 sous Louis XV et jusqu’en 1877, sous la IIIe République.

Jean-Philippe Le Gal,  adjoint au projet urbain de la ville de Libourne et aux casernes © JPS

Nous sommes sur un site patrimonial fermé depuis 2009 de 6 ha avec 31000 m2 de bâtiments en plein centre ville,  c’est un lieu vivant patrimonial auquel les libournais sont attachés et donc nous souhaitons le faire revivre et en faire un centre d’attractivité de Libourne », Jean-Philippe Le Gal

 Même si le projet n’est « pas encore abouti » comme le précise Philippe Buisson, il est déjà pas mal avancé, une vidéo immersive a d’ailleurs été projetée cet après-midi à la presse. Fini donc le « dossier fantôme de l’ESOG », bonjour au temple de l’oenotourisme souhaité par Michel Ohayon qui va donner sa propre vision de ce qu’est l’oenotourisme, un terme qu’il n’aime pas forcément, mais qui sera redéfini par ce complexe touristique, commercial et multi-culturel… Car qu’on ne s’y trompe pas Michel Ohayon  mise avant tout sur une rencontre d’hommes, avec « Philippe Buisson et son dynamisme qui m’encouragent et me donnent envie de faire », épaulé aussi par son ami architecte Michel Pétuaud-Létang.

« Ecrire un rêve nécessite beaucoup de contraintes », fort de ce constat et du respect des casernes existantes, il y aura aussi de nouveaux bâtiments et également un décaissement pour permettre d’envisager des déambulations sur plusieurs niveaux avec plusieurs chemins d’accès à tous ces commerces de vin, de bouche et d’habillement…

L’ancien manège à chevaux deviendra-t-il une gigantesque cave ? © JPS

« Le site vient en numéro 2, même si tout le monde dit toujours l’emplacement, l’emplacement »...continue Michel Ohayon qui reconnaît que « si cela n’avait été qu’un projet hôtelier, je reconnais que je ne l’aurais pas fait…La nous avons près de 7 ha en coeur de ville, avec une architecture remarquable, une alliance, une alchimie entre le minéral et le végétal… »

Il y a peu d’individus en France qui peuvent porter un tel projet avec une telle crédibilité et incontestablement Michel Ohayon en est un, en plus c’est un acteur girondin, un grand hôtelier bordelais et un viticulteur libournais…C’est l’histoire d’une rencontre comme il l’a dit d’hommes mais aussi d’un lieu, il a flashé », Philippe Buisson Maire de Libourne

D’autant comme le précise Michel Ohayon que Libourne est doté d’infrastructures qui emportent la mise aussi avec « une gare, un port, des infrastructures autoroutières » non loin. Et puis comme il dit « Libourne est au coeur de la bourgeoisie bordelaise qui fait notre blason, au coeur du vignoble connu mondialement Saint-Emilion, Pomerol, Bordeaux, près des plages océanes, avec un patrimoine exceptionnel ». Bref un cocktail ou un nectar qui devrait attirer l’abeille ou plutôt le touriste. Allez soyons fou, on a parlé peut-être de plusieurs millions qui pourraient venir jusque là. Il faut dire que Michel Ohayon dispose aussi de très nombreux partenaires 150 avancés dont les groupe LVMH ou Kéring qui seront de la partie.

Le Pavillon des Officiers ○ JPS

« L’idée, c’est de faire un endroit où près de 150 marchands vont présenter dans un décor de pierre, de bois, moyenageux ou futuriste, quelque chose d’exceptionnel, l’écrin sera sublime ! » En prime, Michel Ohayon compte également créer ici un musée automobile pour des vieux bolides des années 30 à 60, , un centre d’art contemporain et un lieu dédié à la brocante, des activités qui se complètent bien et plaisent aux amateurs de vin.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Jean-Michel Litvine, montage Robin Nouvelle: