08 Avr

Stéphane Derenoncourt sur le 2016 : « c’est un millésime qui peut allier à la fois une grande maturité et une grande fraîcheur, c’est un millésime superbe »

Stéphane Derenoncourt organisait cette semaine son traditionnel tasting « la Grappe », au château La Gaffelière à Saint-Emilion. Une dégustation des vins des propriétés qu’il conseille. L’occasion de revenir sur le millésime 2016 et les perspectives d’avenir pour les primeurs à Bordeaux. Il est l’invité de Parole d’Expert dans Côté Châteaux.

Stéphane Derenoncourt a connu une belle affluence à la Grappe au château la Gaffelière © JPS

Stéphane Derenoncourt a connu une belle affluence à la Grappe au château la Gaffelière © JPS

Jean-Pierre Stahl : « Stéphane Derenoncourt, qu’en est-il du millésime 2016, comment l’avez-vous goûté, comment le jugez-vous ? »

Stéphane Derenoncourt : « Après l’avoir vécu parfois difficilement, je l’ai plutôt bien goûté et je le juge plutôt bien. C’est un millésime assez étonnant, assez extraordinaire aussi parce que c’est un millésime qui part très mal, assez difficile à gérer dans la période de printemps, et puis le phénomène s’inverse avec un été fabuleux. Finalement en conclusion : un millésime assez froid, malgré tout, ce qui fait qu’avec une arrière saison magnifique on arrive à aller chercher des maturités superbes.

C’est un millésime qui peut allier à la fois une grande maturité et une grande fraîcheur, c’est un millésime superbe, il n’y a pas d’exotisme, il est très identitaire, on reconnaît les régions, on reconnaît les terroirs, c’est un très très beau millésime.

JPS : « Cela va être un millésime marquant ici à Bordeaux ? »

Stéphane Derenoncourt : « Cela va être un millésime marquant, pour sûr. On est en fait sur un millésime qui se goûte bien…

Il est très équilibré, il va durer longtemps, il a un potentiel de garde extraordinaire et surtout il aura marqué l’état d’esprit des vignerons.

« C’est un millésime où on n’aurait peut-être pas du faire de vin, c’est un millésime miraculé, la floraison ça a été un miracle. Il pleuvait tout le temps, ça s’est arrêté 10 jours. Tout le vignoble a fleuri très groupé, avec une floraison qualitative, il y a pas mal de rendement, il y a du vin.

Il y a de la quantité, de la qualité, c’est un millésime qui donne le sourire.

JPS : « Pour le système des primeurs, quelque part cela relance les dés ? »

Stéphane Derenoncourt : « Ca peut les relancer oui, ça peur relancer les dés parce qu’il y a une grande qualité de millésime…  

C’est le second , parce qu’il ne faut pas oublier que 2015, c’est un millésime assez extraordinaire.

Donc ça peut le relancer à partir du moment où la demande est suffisamment forte pour accepter les volumes.

JPS : « Pour autant, est-ce que le système des primeurs est pérennisé avec cela ? »

Stéphane Derenoncourt : « On voit depuis quelques années une fragilisation de ce système pour plusieurs raisons, la principale c’est la spéculation, les prix ont beaucoup monté, les vins sont aujourd’hui assez chers, donc c’est un système qui se resserre au sommet de la pyramide avec les marques qui sont les plus difficiles à obtenir si on ne les achète pas en primeurs (notamment pour tous les 1ers cc) et qui a tendance à s’affaisser pour le reste, simple ment parce que le système fonctionne à partir du moment où toute la chaîne d’opérateurs peut trouver une certaine excitation à vendre ces vins et surtout gagner de l’argent ».

A partir du moment où les prix sortent trop hauts, derrière il n’y a pas de plus-values qui se font.

« Cela laisse un intérêt moindre à acheter les vins en primeurs sinon leur rareté. Et le système s’épuise. Mais oui, c’est un système qui va fonctionner, c’est même une grande opportunité pour Bordeaux de faire un come-back parce que c’est un système qui intéresse les grands crus mais aussi dans un millésime comme ça tout est bon. Et les gens vont pouvoir découvrir qu’ils vont pouvoir s’offrir des vins pour un un rapport qualité-prix incroyable ».

« C’est vrai que si Bordeaux revient avec un millésime sympa, un peu de volume et des prix exceptionnels, cela va remonter la cote de popularité de Bordeaux qui est un peu basse en ce moment. »

Regardez l’interview de Stéphane Derenoncourt réalisée par Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot :

06 Avr

Emmanuel Cruse au Ban du Millésime « un millésime d’anthologie à Bordeaux »

La Commanderie du Bontemps organisait hier sa traditionnelle soirée du Ban du Millésime au CAPC à Bordeaux. L’occasion pour les propriétés et négociants de remercier les acheteurs étrangers venus pour les primeurs et ce fameux 2016.

Emmanuel Cruse, le Grand Maître de la Commanderie du Bontemps © JPS

Emmanuel Cruse, le Grand Maître de la Commanderie du Bontemps © JPS

Pas moins de 640 personnes étaient invitées hier soir au CAPC. Les membres de la Commanderie du Bontemps avaient une fois de plus fait les choses en grand, de concert avec les propriétaires et négociants qui invitent à leurs tables de nombreux acheteurs, importateurs et distributeurs étrangers. Cela fait ainsi partie du jeu et du savoir-vivre à la française.

De nombreux Asiatiques, 'la Chine est 1er marché à l'export avec 73 millions de bouteilles, étaient invités par les châteaux et maisons de negoce © JPS

De nombreux Asiatiques étaient invités par les châteaux et maisons de negoce. La Chine est 1er marché à l’export pour Bordeaux, avec 73 millions de bouteilles vendues ces 12 derniers mois, étaient invités par les châteaux et maisons de negoce © JPS

Parmi la Commanderie, Thimothée Bouffard, courtier de la place de Bordeaux, a bien voulu commenter pour Côté châteaux ce millésime 2016 : il faut en effet déjà se souvenir que « c’est un millésime qui a été sauvé grâce à la sécheresse (car le printemps avait été très pluvieux) et à la pluie du 13 septembre. Cela a permis d’avoir des vendanges à maturité. »

On a une grande homogénéité sur l’ensemble des appellations, c’est très bon partout », Thimothée Bouffard

Jean Chanfreau, du château Fonréaud, et Thimothee Bouffard, courtier © JPS

Jean Chanfreau, du château Fonréaud, et Thimothee Bouffard, courtier © JPS

Toutefois, notre ami courtier conseille « la mesure vis-à-vis des propriétés. Le marché sera là si on arrive à être mesuré dans l’ajustement des prix. On peut concevoir une hausse mais très raisonnable. »

A ses côtés, une autre figure du Médoc, Jean Chanfreau propriétaire des châteaux Fonréaud, Lestage et Caroline. Celui-ci travaille bien sûr les rouges mais il est très fier de produire « l’un des meilleurs blancs du Médoc » avec le Cygne de Fonréaud, dixit un spécialiste. « Il y a un siècle on produisait du blanc dans le Médoc », explique Jean Chanfreau qui aujourd’hui renoue avec cette tradition en sortant 20000 bouteilles de Cygne avec Fonréaud et 1200 bouteilles de la Mouette au château Lestage., sur un terroir de graves fines et de calcaire.

Planty du château Guiraud et Didier Fréchinet du château La Tour Blanche © JPS

Luc Planty du château Guiraud et Didier Fréchinet du château La Tour Blanche © JPS

Cette semaine des primeurs aura été marquée, tout d’abord en ouverture, par la sortie du prix de château Guiraud, 35,50 euros hors taxe, car comme le souhaitait la famille Planty, les acheteurs pourraient savoir à quelle sauce ils allaient être « mangés » en venant à la propriété ou dans les tastings. Du coup de nombreuses ventes ont déjà pu se faire, alors même que tous les autres châteaux dans le Bordelais vont attendre les notes des critiques pour sortir leurs prix.

 Peter Winding, le journal du vin Vinbladet au Danemark avec Yann Schÿler du château Kirwan mais aussi consul du Danemark à Bordeaux © JPS

Peter Winding, le journal du vin Vinbladet au Danemark avec Yann Schÿler du château Kirwan mais aussi consul du Danemark à Bordeaux © JPS

A Kirwan, on a aussi fait le plein dans le nouveau chai lors des deux journées de dégustations des vins de Margaux : 3500 personnes ont été reçues par Yann Schÿler, ainsi que les autres propriétaires qui présentaient leurs vins.

Dans son discours introductif, le Grand Maître de la Commanderie a tout d’abord souligné l’enthousiasme des participants, un nouveau record avec 640 personnes au CAPC, musée d’art contemporain de Bordeaux.

Emmanuel Cruse a aussi résumé l’ambiance générale et les retours de l’ensemble des professionnels qui décrivent :

Un millésime exceptionnel reconnu par l’ensemble des critiques. Un millésime d’anthologie à Bordeaux » Emmanuel Cruse Grand Maître de la Commanderie du Bontemps.

IMG_4638

« Pour être honnête, nous avons eu beaucoup de chance avec ce millésime car les conditions climatiques ont été très difficiles jusqu’à la mi-juin ; le 23 juin, soir de la Fête de la Fleur, le temps a basculé pour une été sec qui a apporté cette maturité idéal. Un millésime d’une parfaite élégance. »

Et le Grand Maître de rappeler la conjoncture économique instable aux USA et en Angleterre avec le brexit, qui amène sans doute à bien réfléchir avant de sortir des prix qui ne resteraient pas dans la mesure.

05 Avr

Le système des primeurs à Bordeaux est relancé par 3 grands millésimes successifs

Les dés sont relancés à Bordeaux. L’attrait pour le millésime 2016 est bien là, l’achat environ 2 ans avant d’être livré devrait être avantageux si les propriétés demeurent raisonnables, en plus il y a de la quantité. Les commentaires des experts de Côté Châteaux vont bon train.

Mochel Rolland estime qu'on peut trouver de beaux flacons entre 15-25 euros, mais chez les très grands ça pourrait de nouveau s'emballer © JPS

Michel Rolland estime qu’on peut trouver de beaux flacons entre 15-25 euros, mais chez les très grands ça pourrait de nouveau s’emballer © JPS

Le système a bien failli faire « tilt » ! Après un millésime comme 2013, qu’on peut dire assez moyen, millésime qui faisait suite à 2011 et 2012, jugés bien en dessous des stars 2009 et 2010, le système des primeurs avait du plomb dans l’aile. Ce d’autant que les prix sur le 2010 notamment avaient flambé et refroidi pour quelques années les acheteurs du monde entier.

Mais aujourd’hui, il se passe quelque chose, ça frétille de nouveau à Bordeaux. Comme le disaient les aficionados de flippers ou de vieux jeux vidéos de cafés, « same player shoot again » !

La famille Van den Bussche, Eric, Mathieu, Filip et Marc, importateurs de Gant en Belgique © JPS

La famille Van den Bussche, Eric, Mathieu, Filip et Marc, importateurs de Gant en Belgique © JPS

Nos amis Belges qui n’ont jamais vraiment délaissé Bordeaux sont bien présents à l’image de la famille Van den Bussche de Gant. Les vins de Bordeaux représentent 60% des vins qu’ils importent.

Oui il y a une telle différence entre acheter en primeur qu’en livrable, que c’est toujours intéressant, c’est sûr et certain, » Mathieu Van den Bussche importateur belge.

Au château Villemaurine, dégustation des Crus classés de Saint-Emilion © JPS

Au château Villemaurine, dégustation des Crus classés de Saint-Emilion © JPS

Sur le millésime 2014, comme le soulignait en effet dès lundi Olivier Bernard, le Président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux : « ceux qui ont acheté des 2014 ont fait de très bonnes affaires, aujourd’hui cela vaut au moins 30% plus cher qu’en primeur ».

Fabrice Bernard le PDG de Millésima © JPS

Fabrice Bernard le PDG de Millésima © JPS

Pour Fabrice Bernard, PDG de Millésima confirme que Bordeaux a à nouveau un rôle à jouer : « Bordeaux a su être raisonnable sur les prix en 2013 et 2014, les a légèrement augmenté en 2015, et si vous voulez pendant ce temps-là, on a les vins américains et italiens, et même bourguignons qui ont augmenté très fortement leurs prix ».

2015, un peu plus cher, et 2016 ont ainsi réussi à faire reparler de Bordeaux comme d’une place centrale du monde du vin, d’autant qu’il y a du volume et que Bordeaux n’a subi ni gel ni grêle.

IMG_4537

Les prix qui ont flambé à  Bordeaux sur les 2009 et surtout les 2010, avec une oephorie de commandes chinoises ont bien failli faire vaciller le système des primeurs. Un système à la base qui permettait aux propriétés de faire de la trésorerie, en étant payé de suite.

Jean-Luc Zell d'Agassac, Clémence et Pascal Colotte de Jean Faux à la Grappe © JPS

Jean-Luc Zell d’Agassac, Clémence et Pascal Colotte de Jean Faux à la Grappe © JPS

« A partir du moment où les prix sortent trop haut, derrière il n’y a pas de plus-value qui se fait, cela laisse un intérêt moindre à acheter les vins en primeur, sinon leur rareté ». « 

Stéphane Derenoncourt a connu une belle affluence à la Grappe au château la Gaffelière © JPS

Stéphane Derenoncourt a connu une belle affluence à la Grappe au château la Gaffelière © JPS

Pour ce 2016, dans un millésime comme ça tout est bon, les gens vont pouvoir découvrir qu’ils peuvent s’offrir des vins pour des rapports qualité-prix incroyables, » commente Stéphane Derenoncourt.

Les Clés de Châteaux à la Dominique par la famille Rolland © JPS

Les Clés de Châteaux à la Dominique par la famille Rolland © JPS

L’oenologue Michel Rolland fait aussi le plein pour sa traditionnelle dégustation des Clés de Châteaux organisée avec Dany Rolland et leurs filles. Dans le cuvier du château La Dominique, ils font déguster plus de 200 châteaux qu’ils conseillent. Il est confiant avec de très belles choses autour de 15-25 euros mais redoutent une petite flambée pour les plus grands.

IMG_4622« Il y a de la demande donc la propriété monte, le négoce monte, les acheteurs sont prêts à payer et ça donne ce qu’on avait connu en 2010, en général c’est 3 ou 4 ans après qu’on le reprend après dans la figure » explique Michel Rolland.

Michel Rolland, Cyril Lignac et Dany Rolland sur la terrasse rouge de la Dominique © JPS

Michel Rolland, Cyril Lignac et Dany Rolland sur la terrasse rouge de la Dominique © JPS

Hormis 40 grandes marques, les prix devraient rester accessibles, pour que les primeurs continuent d’occuper la scène médiatique, faisant désormais venir des chefs, comme aujourd’hui Cyril Lignac à La Dominique, pour animer des accords mets et vins.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Sébastien Delalot, Xavier Mansion, D Laurent :

04 Avr

Olivier Bernard sur les primeurs à Bordeaux : « on a eu la chance de produire 2009 et 2010, il n’y a pas si longtemps, et 2016 c’est du même niveau »

 » Quand vous avez des vins comme ça, ce sont des grands, grands millésimes ». Olivier Bernard, propriétaire du Domaine de Chevalier et Président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux, se confie à Côté Châteaux en exclusivité sur le millésime 2016. Il est l’invité de parole d’expert.

Olivier Bernard, le président de l'Union des Grands Crus de Bordeaux, organisateur des dégustations primeurs à Bordeaux © JPS

Olivier Bernard, le président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux, organisateur des dégustations primeurs à Bordeaux © JPS

Jean-Pierre STAHL : « Olivier Bernard, tout le monde parle du 2016 comme d’un millésime exceptionnel. Est-ce un nouveau millésime du siècle ? »

Olivier Bernard : « Bordeaux a parfois la réputation de raconter des histoires, mais là il n’y a pas d’histoire. Quand vous avez des vins comme ça, ce sont des grands grands millésimes. Cela fait partie des quelques millésimes que l’on produit dans la vie d’un homme. On a eu la chance de produire 2009 et 2010, il n’y a pas si longtemps, et 2016 c’est du même niveau. Est-ce que c’est meilleur que 2015 ? Chez nous oui, certains vous diront que non, mais sur l’ensemble du bordelais j’ai l’impression que 2016 dépasse un peu 2015. « 

Ce millésime 2016, il est très Bordeaux… Il est très vertical, structuré, puissant et droit. »

« On ne sent pas l’alcool, ni une certaine sucrosité, ni de la barrique, ni de la surmaturité ou de la surextraction, ce sont des vins très bien définis, très purs, très droits, c’est ça les grands Bordeaux. »

« Et en plus, il y a ce petit supplément d’âme, qui des fois sur des vins un peu trop droits peuvent frôler l’austérité. Sur ce 2016, on a des couleurs profondes, des vins puissants et verticaux à la fois, mais en même temps il y a un charme. On le sent dès le nez, on a un côté aromatique étonnant. Ce côté aromatique s’il se révèle très tôt, c’est qu’il y a une très belle maturité et ce côté équilibre ».

Les grands vins comme les grands hommes ne s’expriment bien que s’ils sont en parfait équilibre, on est su des notes de terroir et de cerise noire »

IMG_4456

Jean-Pierre Stahl : « Quant au système des primeurs, est-il relancé, et à quels prix faut-il s’attendre ?

Olivier Bernard : « Le système des primeurs est passé par deux excès : il est passé par deux grands millésimes 2009, 2010 avec la surchauffe chinoise qui a fait que l’on est monté sur le millésime 2010, sur certains crus, trop haut. Je me rappelle des vins qui se sont vendus très chers en sortie de propriété mais qui coûtaient le double 15 jours plus tard. Cela veut dire que c’est le marché qui a aspiré ces vins à un peu n’importe quel prix. Donc une folie non maîtrisée du marché. Et nous qui aimons les très grands vins, qui partent à des prix de folie, on est un peu énervé…Donc 2010 a été un des premiers éléments qui a participé au Bordeaux bashing ».

« Et puis derrière manque de chance : 2011, 2012 et 2013, trois millésimes de consommation rapide, des beaux millésimes mais pas des grands millésimes de Bordeaux. Ces 11, 12, 13 ont été un deuxième élément qui ont fragilisé les primeurs. Donnez moi une bonne raison d’acheter des 2013 en primeur, il n’y en avait pas beaucoup ».

« Avec 2014, 2015 et 2016, on est revenu dans un cycle tout-à-fait normal à Bordeaux et ceux qui ont acheté des 2014 ont fait de très bonnes affaires, aujourd’hui cela vaut au moins 30% plus cher qu’en primeur. 2015, on a fait un très grand millésime qui s’est vendu au bon prix ».

« Bien sûr on va parler des exceptions. Je veux rappeler que Bordeaux, c’est 6000 châteaux. Dans une année comme 2016, sur ces 6000, il y a 400 châteaux qui vont se vendre en primeur. Sur ces 400, admettons qu’il y en ait 10% qui pètent un peu les plombs, ça fait 40. Peut-être qu’il y a une quarantaine de crus qui peuvent un peu sortir des prix. Bordeaux c’est 6000 châteaux, 5960 seront au bon prix, j’aime bien parler de la règle, plutôt que de l’exception. Et trop souvent en France, on parle de l’exception, parlons de la règle. »
Regardez l’interview d’Olivier Bernard, le président de l’UGCB réalisée par Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot :

Jean-Pierre Stahl : « Pour ces primeurs, il y a de nombreux étrangers de retour, non ? »

Olivier Bernard : « Le millésime 2014 et le millésime 2015 ont redonné confiance au marché, les gens ont gagné de l’argent, globalement 2014 et 2015 se sont vendus au bon prix avec de très bons niveaux de qualité. En 2014, c’était l’année où on pouvait acheter des grands crus, y compris des 1ers crus. Ils étaient à un prix raisonnables ».

« 2015 et 2016 sont des années plus cotées, plus chères, et c’est normal. Car en 2016, on va avoir beaucoup de gens qui vont s’intéresser à ce millésime. On le voit, en tant que président de l’Union des Grands Crus, on a déjà 6500 inscrits, professionnels du monde entier, contre 4500 précédemment. Ca peut créer une forte demande. Après les propriétaires de châteaux devront faire extrêmement attention et il y a un avantage très marqué sur ce millésime, c’est qu’on a fait de la production, un certain volume. Et quand un propriétaire a fait un certain volume, il doit vendre au bon prix, sinon le marché ne lui prendra pas. Parce que dans un marché comme celui-là, comme il y a du vin, eh bien on ira acheter chez le voisin.

« Donc je suis assez confiant sur la mise en marché de ce 2016. Sur les 122 crus présentés ce matin à l »Union des Grands Crus, je peux déjà vous dire qu’il y en a déjà cent qui ne seront pas chers ».

03 Avr

Un bel engouement autour du millésime 2016 : 6500 professionnels dans les propriétés

A millésime exceptionnel, fréquentation exceptionnelle. Ce sont pas moins de 6500 personnes inscrites auprès de l’Union des Grands Crus de Bordeaux qui vont participer à la dégustation des primeurs toute cette semaine. L’UGCB a ouvert le bal au Hangar 14 et les Pessac-Léognan au château La Louvière. Les premières réactions vont de l’enthousiasme à la peur de voir grimper quelque peu les prix.

Le démarrage des primeurs a eu lieu ce matin à 9h30 à la Louvière dans le brouillard © JPS

Le démarrage des primeurs a eu lieu ce matin à 9h30 à la Louvière dans le brouillard © JPS

10 heures, au château la Louvière tout doucement le brouillard se lève sur la fabuleuse chartreuse achetée par André Lurton. C’est dans cet endroit magique que va se déguster le millésime 2016 : 42 propriétés en blanc et 53 en rouge.

Déjà , les premières réactions fusent sur les blancs : « on a dégusté de bonnes choses, on est assez satisfait parce qu’on pensait que les blancs manqueraient d’acidité, mais c’est très joli ce qu’on a goûté jusque là », m’explique Hervé Freychet du restaurant le Pince Oreilles.

Là, j’étais en train de déguster Larrivet-Haut Brion blanc avec beaucoup de matière, belle fraîcheur et une belle attaque, ça va être un très grand millésime, ce 2016″ renchérit Mathieu Garcia négociant de Sovex à Carbon-Blanc en Gironde.

Vincent Cruège, un oenologue à qui le 2016 a donné le sourire © JPS

Vincent Cruège, un oenologue à qui le 2016 a donné le sourire © JPS

Un blanc qui fait parler de lui, mais ce n’est rien en comparaison du rouge ! Les raisins ont subi la sécheresse cette été, fort heureusement les matinées fraîches et petites pluies de septembre ont permis à ce millésime d’être récolté tardivement et d’arriver à la parfaite maturation.

« On a eu les 2015 qui étaient bien concentrés, 2016 sera un millésime beaucoup plus frais et de garde aussi », explique Didier Gigot du restaurant le Petit Bonneval à Pérignat les Sarliève dans le Puy-de-Dôme.

On est dans un très bon niveau, en  même temps c’est très aromatique et c’est très charnu, ce sont les deux pieds sur lesquels on peut avancer pour les rouges », Laurent Cogombles président du syndicat des Pessac-Léognan.

En rouge, un millésime qui fait déjà couler beaucoup d'encre © JPS

En rouge, un millésime qui fait déjà couler beaucoup d’encre © JPS

A ne pas s’y tromper, si les restaurateurs, négociants, cavistes sont venus en masse, en plus des traditionnels critiques, c’est parce que ce millésime est prometteur et le marché confiant pour ces vins qui seront livrés dans 2 ans.

V

Eric Galan, de la société de négoce Jean Merlaut © JPS

Il a tout pour être aussi bien qu’un 2009-2010 voir plus, le consommateur aura un très grand bonheur à ouvrir ces bouteilles dans 5-10 ans voire au-delà, il a un très grand potentiel de conservation » Eric Galan société de négoce Jean Merlaut

La semaine des primeurs c'est jusqu'à jeudi dans le bordelais © JPS

La semaine des primeurs c’est jusqu’à jeudi dans le bordelais © JPS

Certains négociants pensent que les prix ne devraient pas trop augmenter, pas plus de 10 à 20 % ou rester stables. Hormis quelques exceptions, les envolées de folie ne devraient pas être légion à Bordeaux.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot. Montage Corine Berge :

02 Avr

1987-2017 : Pessac-Léognan célèbre les 30 ans de son appellation

A la veille de célébrer le grand millésime 2016, 53 châteaux de l’appellation fêtaient, ce dimanche soir, les 30 ans de l’AOC Pessac-Léognan, au Palais de la Bourse à Bordeaux. 

Christine Delmas, Véronique Sanders (Haut-Bailly), Jean-Philippe Delmas (Haut-Brion), Séverine Bonnie (Malartic-Lagravière), Laurent Ciusnéros (Rouillac) et Emilie Gervoson (Larrivet-Haut Brion) © Jps

Christine Delmas, Véronique Sanders (Haut-Bailly), Jean-Philippe Delmas (Haut-Brion), Séverine Bonnie (Malartic-Lagravière), Laurent Cisnéros (Rouillac), Emilie Gervoson (Larrivet-Haut Brion) et Eric Perrin (Carbonnieux) © Jps

« C’était le 9 septembre 1987, je me vois encore avec André Lurton à ouvrir une bouteille de champagne… », me confie Francis Boutemy (le Grand Maître du Grand Conseil Du Vin De Bordeaux) qui a une pensée émue pour ce jour où l’appellation a été lancée.

Francis Boutemy, Yann La Goaster (Fédé des Grands Vins de Bordeaux), Laurent Cogombles (syndicat des Pessac-Léognan et Allan Sichel Président du Civb) © JPS

Francis Boutemy, Yann Le Goaster (directeur Fédé des Grands Vins de Bordeaux), Laurent Cogombles (syndicat des Pessac-Léognan) et Allan Sichel (Président du Civb) © JPS

Il aurait voulu qu’André Lurton soit là ce soir, comme bon nombre de propriétaires de Pessac-Léognan, mais André est aujourd’hui quelque peu âgé.

Pour autant ses enfants Christine et François Lurton sont là. Eux aussi éprouvent une véritable émotion :

Allan Sichel président du CIVB, Christine et François Lurton © JPS

Allan Sichel, président du CIVB, Christine et François Lurton © JPS

On est tous très fier, dans la famille, du travail qu’il a fait, c’était 8 heures de travail par jour et cela a duré près de 10 ans » François Lurton.

Et François le fils aîné de rappeler : « pendant qu’il faisait les Pessac, moi je gérais la boîte, et après il est revenu…Je me rappelle aussi qu’il a voulu lancer ce logo, qu’il a imposé avec un encadré et il y est parvenu. Du coup, il fallait refaire toutes les étiquettes… »

IMG_4361

L’appellation ne s’est pas faite comme un claquement de doigt, il y a eu une longue évolution et au préalable « la création par mon grand-père des Hautes Graves (Jacques Guillemaud, à la tête à l’époque de Larrivet Haut-Brion). Mon grand-père est tombé malade et André Lurton a pris la suite. Il y avait aussi deux fortes personnalités qui se faisaient face entre Pierre Guignard, d’un côté, et André Lurton de l’autre côté. Des enquêtes ont été faites par l’INAO pour la création de cette appellation, et elle a été créée par un décrêt de Jacques Chirac », ajoute Francis Boutemy.

« L’appellation a tout de suite été dynamique : quand il y avait une manifestation à Bordeaux ou à Bruxelles, tout le monde venait. Il y avait une équipe de jeunes dynamiques, comme aujourd’hui, avec l’arrivée des Kressmann ou des Bernard ».

Aujourd’hui les Pessac-Léognan rassemblent 70 châteaux dont 53 étaient représentés hier soir, 1800 hectares (300 en blancs et 1500 en rouges).

Il y a beaucoup d’avenir et d’enthousiasme, nous sommes investis comme dans une équipe de basket », Laurent Cogombles président du Syndicat des Pessac-Léognan.

Laurent Cogombles avait succédé à André Lurton à la tâte du syndicat, avec Chhrsitine et François © JPS

Laurent Cogombles avait succédé à André Lurton à la tête du syndicat, avec Christine et François © JPS

« On a eu une croissance exceptionnelle, car on est parti de rien. On continue à travailler à l’international, pour avancer encore, il y a un vrai dynamisme », complète Laurent Cogombles.

José Ruiz et ses amis chefs © JPS

José Ruiz et ses amis chefs © JPS

Les Pessac-Léognan montrent leur enthousiasme à travers deux propriétés qui cette année vont s’illustrer : le château Malartic-Lagravière qui célèbre en même temps les 20 ans de l’acquisition par la famille Bonnie, il va d’ailleurs organiser la prochaine Fête de la Fleur : « pour ces 20 ans on a un super millésime, on est vraiment ravi » commente Séverine Bonnie.

Et puis il y a le château Carbonnieux qui va ouvrir le bal en organisant la première soirée inaugurale de Vinexpo. Eric Perrin rappelle que son château détenu avec son frère Philibert et sa soeur Christine avait déjà organisé une de ces grandes soirées en 1995, leur père Anthony était encore présent à l’époque.Une soirée où de nombreux flacons du millésime 2012 étaient offerts à la dégustation et des millésimes plus anciens, avec un cocktail préparés par des chefs girondins, sous la baguette des Affamés menés par José Ruiz.

Olivier Bernard au centre, quel voix ! © JPS

L’ensemble des propriétaires de l’appellation Pessac-Léognan, chantant joyeux anniversaire © JPS

Et comme un anniversaire, ça se marque, l’ensemble des propriétaires ont pu souffler les bougies et entonner « Joyeux Anniversaire Pessac-Léognan », avec un Olivier Bernard chantant plus fort que les autres, preuve qu’à Domaine de Chevalier, outre ses grands vins, il y a aussi un grand ambassadeur des Pessac-Léognan. Ce n’est pas pour rien qu’il est aussi président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux !

Joyeux anniversaire Pessac-Léognan :

31 Mar

Michel Rolland sur le millésime 2016 :  » jamais nous n’avons vu un millésime comme celui-là ! »

« Vous savez quoi, vous avez énormément de chance ! » Le célèbre oenologue Michel Rolland dévoile son analyse sur le 2016 et va présenter les vins qu’il conseille la semaine prochaine, lors de la dégustation des Clés de Châteaux.

Michel Rolland, 30 ans de carrière en parallèle et d'amitié avec Robert Parker © Jean-Pierre Stahl

Michel Rolland, super content du 2016 © Jean-Pierre Stahl

« Je suis oenologue depuis 44 millésimes, jamais, vous m’entendez, jamais nous n’avons vu un millésime comme celui-là ! »

« Un début d’année à peu près apocalytique. De la pluie, comme nous n’avions jamais eu à Bordeaux, entre le mois de janvier et le mois de juin. Un mois de juin en demi-teinte. Un mois de juillet exceptionnellement sec. Pas une goutte d’eau ! Un mois d’août dramatiquement sec. Pas une goutte d’eau. »

« Nous pensions tous que la sécheresse, après le déluge, allait nous amener une catastrophe…à cause de ce changement climatique. Et finalement, de la pluie au 13 ou 14 septembre, plusieurs dizaines de millimètres font que ce millésime peut arriver à aboutissement ».

« Nous avons au résultat, une maturité que nous n’avons jamais connue, de qualités de raisins que nous n’avons jamais connues, ceci associé à une précision et une qualité de travail que nous n’avons jamais connues, car 25 ans auparavant nous n’étions pas capables de faire la sélection, la vinification, de faire autant de choses que nous avons pu faire pour ces raisins en 2016″.

« C’est le millésime, à la fois miraculé, mais aussi le résultat exceptionnel de la nouvelle technologie. Donc le 2016, c’est exceptionnel, du nord au sud, en rive droite, en rive gauche, c’est partout. Je crois que c’est le millésime que la nature et la technologie nous ont permis de réaliser ».

« Nous sommes contents et ravis de vous le présenter, car jamais nous n’avons eu l’occasion de présenter un millésime de cette qualité ! »

« Pour cela, nous avons associé des chefs, car la cuisine, c’est la meilleure façon de présenter des vins. Ils sont tous de très très grande qualité. Et nous sommes ravis de vous présenter durant cette semaine des primeurs des chefs et des vins que nous avons rarement eus. Je vous souhaiter une très très bonne semaine des primeurs et j’espère que vous en garderez un souvenir inoubliable »

Regardez l’analyse de Michel Rolland par Les Clés de Châteaux :

Des primeurs étoilés : 4 chefs vont parrainer les primeurs des « Clés de Châteaux » à la Dominique

Ce sera un moment intense de cette campagne des primeurs. Pour ce millésime 2016 exceptionnel, 200 vins conseillés par Dany et Michel Rolland seront proposés à la dégustation à la Dominique. Chaque jour un chef de renom préparera le déjeuner.

© Les 4 chefs présents à l'événement des Clés de Châteaux, Piège, Gagnaire, Lignac et

C’est la 7e édition des Clés de Châteaux. 200 vins de la région et quelques étrangers seront présentés par l’équipe des œnologues de Michel Rolland, dans le somptueux cuvier du Château La Dominique.

A millésime exceptionnel, événement exceptionnel… Cette année 4 chefs étoilés sont les invités : Jean-François Piège, Pierre Gagnaire, Cyril Lignac et Alain Dutournier . Ils vont signer un plat du menu de la Terrasse Rouge, la table du Château La Dominique. Une parenthèse gastronomique dans la campagne primeurs 2016, des parrains de renom pour accueillir, ensemble, ce nouveau millésime hors norme !

x76x2

Pour en savoir plus www.lesclesdechateaux.com

29 Mar

Un gigantesque pied de vigne découpé au laser projette Kirwan dans le XXIe siècle

Vendredi soir, Kirwan se met sur son 31. C’est en effet en ce 31 mars que ce château du XVIIIe va passer dans le XXIe siècle avec l’inauguration de son nouveau chai, confié au cabinet bordelais A3A, avec l’une des façades les plus originales du moment : un pied de vigne démesuré dont les feuilles ont été remplacées par des mots du monde du vin.

Sophie, Yann et Nathalie Schÿler, les propriétaires, ce vendredi 31 mars, lors de l'inauguration du nouveau chai du château Kirwan © Jean-Pierre Stahl

Sophie, Yann et Nathalie Schÿler, les propriétaires, ce vendredi 31 mars, lors de l’inauguration du nouveau chai du château Kirwan © Jean-Pierre Stahl

Cette oeuvre va faire couler beaucoup d’encre dans les semaines, mois et années à venir. C’est bien vu et de bon ton. Un gigantesque pied de vigne en acier inoxydable, découpé par le feu du laser, avec des mots rappelant Kirwan, les propriétaires les Schÿler (depuis 1926 dans la famille), l’appellation Margaux, mais aussi tout le vocabulaire autour du monde du vin et notamment les cépages que l’on retrouve dans ce 3e cru classé en 1855.

L'oeuvre de

L’oeuvre de Anatoly et Kinga Stolnikoff, un gigantesque pied de vigne en inox inoxydable, à l’entrée du nouveau chai de Kirwan © Jean-Pierre Stahl

Cette imposante façade est signée par Anatoly et Kinga Stolnikoff. Ils réinterprètent ici « l’histoire de Noé, inventeur de la vigne et du premier tastevin. »

37 cuves béton en forme de tulipes © JPS

37 cuves béton en forme de tulipes © JPS

« Vous pouvez voir un très grand pied de vigne, très robuste, très enraciné, qui va symboliser toute la vie de la propriété, le passé, le présent mais surtout le futur puisque c’est une oeuvre très contemporaine réalisée par un artiste russe et son épouse, Anatoly et Kinga Stolnikoff, qui a été faite exprès pour cette façade. C’est un symbole pour moi, le matériau utilisé est de l’inox, un matériau très robuste, puissant, qui correspond tout-à-fait aux caractéristiques des vins de Kirwan et de Margaux. Et en même, temps quand on le regarde de loin, c’est de la dentelle, c’est fin, c’est élégant et c’est tout ce que les vins de Margaux savent nous offrir… » explique Nathalie Schÿler co-propriétaire du château Kirwan.

Philippe Delfaut, directeur de Kirwan, et Nathalie Schÿler, co-propriétaire © JPS

Philippe Delfaut, directeur de Kirwan, et Nathalie Schÿler, co-propriétaire © JPS

Sur les ramifications, apparence et saveurs du vin donnent une image de feuillage au loin, mais dès que l’on s’en rapproche, les mots se révèlent tels des senteurs d’un divin nectar.

Après 24 mois de travaux, Kirwan s’est doté d’un nouvel outil de production. Un nouveau chai imbriqué entre deux vieilles bâtisses. Un défi d’archis, signé Caroline Marly et Guy Troprès du cabinet A3A, aux lignes contemporaines au centre avec une charpente remarquable et une toiture zinguée à facettes.

Le chai d'élevage du château Kirwan © JPS

Le chai d’élevage du château Kirwan © JPS

A l’intérieur, c’est un nouveau festival de lignes épurées dans le nouveau cuvier avec 37 cuves en béton en forme de tulipes fabriquées sur mesure en Italie avec une ingéniosité de technologie incorporée, permettant des vinifications douces.

IMG_4295

« On veut faire de plus en plus un travail de précision » commente Philippe Delfaut directeur général de Kirwan ; « et à partir de notre terroir, dont on connaît les potentialités, les qualités, nous sommes capables de vinifier très séparément nos unités parcellaires et unités de sol. Donc 37 hectares, 37 cuves. »

Dans ce nouveau concept, il y a également de nouveaux espaces de réception pour particuliers ou entreprises, avec une salle panoramique de 80 m2 à la double vue, et sur le vignoble, et sur le chai à barriques, sans compter également la salle de l’orangerie de 220 m2 réalisée précédemment. Car Kirwan a été pionnier à Bordeaux dans l’oenotourisme, ce depuis 1995.

28 Mar

Beychevelle inaugure samedi son nouveau chai signé Arnaud Boulain

C’est avant tout un chai à la pointe de la technologie. Un chai aux formes cubiques et aux grands vitrages bercés de vagues pour rappeler la tradition historique où les bateaux affalaient leurs voiles en signe d’allégeance au Duc d’Epernon, premier propriétaire du domaine.

Le nouveau chai, non loin des grilles d'entrée de château Beychevelle © JPS

Le nouveau chai, non loin des grilles d’entrée de château Beychevelle © JPS

Impossible de le louper. Il a accosté sur la route des châteaux juste à côté de la propriété historique de Beychevelle en AOC Saint-Julien.

Ce chai se veut « une invitation au voyage » car ici tout rappelle l’univers des voiles et des flots de l’estuaire de la Gironde au bout de la propriété. Ce chai est opérationnel depuis les vendanges du millésime 2016, et c’est tout naturellement pour lui rendre grâce qu’il va être inauguré ce samedi, pour la grande semaine des primeurs qui va s’ouvrir en suivant.

Chais du Médoc 070

18 MOIS DE TRAVAUX

« Les travaux ont été lancés en janvier 2015, afin que le chai soit opérationnel pour la vendange 2016 » explique Philippe Blanc, directeur du château Beychevelle, oenologue et ingénieur agronome. La décision de lancer un tel projet fut prise peu de temps après que le groupe Castel ait rejoint le groupe Suntury pour l’acquisitrion de Grands Millésimes de France, propriétaire de Beychevelle. L’objectif était de donner à cette figure de proue des châteaux de Saint-Julien un outil technique digne d’une volonté de faire un très grand vin.

« L’objectif était de faire un outil d’aujourd’hui mais aussi pour les 30 ans à venir. Donc forcément avec une touche très moderne, utile et agréable à travailler mais en même temps en faisant un bel objet en relation avec le château, un très beau château XVIIIe », selon Philippe Blanc.

Chais du Médoc 067

L’univers marin, l’univers de Beychevelle, qui va avec la mer, les voiles, les bateaux, on les retrouve sur les façades suite au travail réalisé par Arnaud Boulain, on retrouve ces pare-soleils qui rythment les façades en faisant une ondulation » Philippe Blanc directeur de Beychevelle.

UN CUVIER PARCELLAIRE

Ce sont 55 cuves tronconiques auxquelles 4 vont bientôt s’ajouter qui garnissent l’immense cuvier à la vue imprenable sur ses remarquables voisins, dont Branaire-Ducru. Des cuves de 73 à 105 et de 120 à 160 hectolitres, tout en inox, avec double épaisseur pour accueillir la production des 90 hectares de vignes. Ce nouveau cuvier permet une réduction des manipulations du vin et un traitement plus délicat. Des cuves correspondant aux parcelles, dégustées et vinifiées différemment, dans un souci de plus en plus prégnant de faire du sur mesure. Le chai à barriques qui peut contenir jusqu’à 1300 bordelaises, enterré permet d’ avoir une température naturelle pour la conservation du vin. A Beychevelle, ce sont 400000 à 430000 bouteilles qui sont produites sur les 3 vins rouges.

Philippe Blanc, directeur du chateau Beychevelle, et le maître de chai du château © JPS

Philippe Blanc, directeur du chateau Beychevelle, et Benoît Milhé, le maître de chai du château © JPS

ARNAUD BOULAIN ARCHITECTE

Comment permettre de fondre une telle masse avec le paysage environnant, un défi de taille pour un archi. Arnaud Boulain, de l’agence BPM Archiectes, a opté pour un vitrage clair qui laisse la lumière traverser l’espace, tout en ajoutant en façade ces vagues pour casser ces lignes droites, mais aussi rappeler l’histoire du domaine ancré depuis 5 siècles sur cette tradition d’affaler les voiles devant Beychevelle, en signe d’allégeance au premier Duc d’Epernon. Le “bateau du dragon” qui orne son étiquette est ainsi représenté en façade du nouveau chai et continue de provoquer un signe de ralliement auquel le marché chinois n’est pas indifférent et ferait même flamber les prix. Arnaud Boulain a également été à l’origine de projets pour les châteaux Bouscaut, Angélus, Pédesclaux et Ronan by Clinet.