20 Sep

« Les raisins de la passion » : l’émission en immersion dans le vignoble gelé de Saint-Emilion, depuis le château Trapaud

Béatrice Larribière accueillait ce midi l’émission spéciale vendanges de France 3 Aquitaine. 52 minutes pour décrypter le gel et ses conséquences, mais aussi les vendanges précoces et les changements climatiques, ainsi que les questions de main d’oeuvre, l’avenir du vignoble de Bordeaux et le poids des acheteurs étrangers. Béatrice Larribière est l’invité de Parole d’Expert sur Côté Châteaux.

Hervé Grandeau, Président de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux, Béatrice Larribière, château Trapaud et Michel Rolland, oenologue-consultant © Jean-Pierre Stahl

Hervé Grandeau, Président de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux, Béatrice Larribière, château Trapaud et Michel Rolland, oenologue-consultant © Jean-Pierre Stahl

Jean-Pierre Stahl : « Béatrice, vous voilà installée depuis 1997, vous avez repris un domaine familial (4e génération, depuis 1927), comment avez-vous commencé cette aventure ? »

Béatrice Larribière : « L’installation remonte à 1997, cela a été une bonne année d’expression avec beaucoup de volume, un bon millésime pour se faire la main, mais pas trop qualitatif. »

Béatrice incarne une nouvelle génération de vignerons, une femme à la tête d'un domaine passé en bio en 2009 © JPS

Béatrice incarne une nouvelle génération de vignerons, une femme à la tête d’un domaine passé en bio en 2009 © JPS

JPS : « 1997-2017, ces années en 7… »

Béatrice Larribière : « Ce sont les années en 7, je n’avais pas le recul, mais on m’a dit que ce n’était pas cela. En 2013, on avait grêlé et cette année, on a bien gelé, au minimum à 80%; il y a juste deux parcelles qui ont été protégées, notamment ici devant la salle de dégustation-caveau de vente. »

IMG_9426JPS : « Comment passe-t-on un cap comme celui-là, grâce aux stocks ? »

Béatrice Larribière : « Heureusement c’était la politique de mon père d’avoir du stock, et depuis j’en ai toujours eu. D’ailleurs je conserve les vins jeunes qui ne sont pas tout-à-fait prêts à boire, aussi pour les pros j’essaie d’avoir des millésimes qu’on puisse déboucher, prêts à la dégustation ».

Vincent Dubroca avec ses 3 premiers invités

Vincent Dubroca avec ses 3 premiers invités © JPS

« J’ai en stock des 2012, 14,15 et 16; j’ai un peu freiné les ventes, cela va me permettre de lisser cet épisode de gel, notamment pour le négoce dans deux ans.

Une maigre vendange mais la passion demeure

Une maigre vendange mais la passion demeure

Les clients ne s’en rendent encore pas compte, car on vend actuellement les 2012; on avait fait la même chose en 2013. »

Hervé Grandeau, Président de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux, Béatrice Larribière, château Trapaud et Michel Rolland, oenologue-consultant © Jean-Pierre Stahl

Quelques cagettes récoltées ce jour pour remplir cette amphore © JPS

JPS : « Quant à la vendange de ce qu’il vous reste sur le 2017 ? »

Béatrice Larribière : « Aujourd’hui, ce matin on vendange quelques cagettes pour l’amphore. Pour ce qui n’a pas gelé, si on peut attendre la fin de la semaine, ou plus si on peut attendre au maximum. On va essayer de pousser en fin de semaine prochaine si ça ne décroche pas. »

Sophie Gaillard-Méral de Bordeaux Tourisme Métropole, Aurélia Souchal viticultrice et Hervé Grandeau intervenants dans l'émission © JPS

Sophie Gaillard-Méral de Bordeaux Tourisme Métropole, Aurélia Souchal viticultrice et Hervé Grandeau intervenants dans l’émission © JPS

JPS : « Maintenant évoquons une chose plus réjouissante que le gel, le bio, pourquoi avoir fait ce choix ? »

Béatrice Larribière : « Je suis passée en bio en 2009, car en fait on est les premiers concernés, on vit sur place et on travaille dans les vignes, c’est le b.a.-ba pour moi ».

Aurélia Souchal a vécu une année terrible : le gel d'avril puis la grêle du 28 août © JPS

Aurélia Souchal, installée depuis 2015 au château Huradin à Cérons, a vécu une année terrible : le gel d’avril puis la grêle du 28 août © JPS

On fait un peu de biodynamie, avec des tisanes, du purin, mais on le fait pour nous, c’es plus ludique, on y va de notre sensibilité. Mon chef de culture s’en sort plutôt bien.

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On est certifié en bio depuis 2012, il n’y en a pas beaucoup en Saint-Emilion Grand Cru, mais comme il y a de la demande… Auparavant les négociants boudaient le bio, maintenant ils se sont assouplis. C’est dommage d’être catalogué, alors que cela se faisait ainsi avant. On est aussi dans la démarche SME avec les Vins de Bordeaux.

IMG_0022JPS : « Et comment cela se passe-t-il avec les particuliers ? »

Béatrice Larribière : « Avec les particuliers, il y a un engouement. Il y a aussi des vagues. Je fais les salons des Vignerons Indépendants de Lille, Paris et Strasbourg, ainsi que le Luxembourg. Mais pas encore celui de Bordeaux, je suis sur liste d’attente.

Cela fonctionne bien avec l’accueil à la propriété, sur internet mais aussi pas mal avec le « bouche à oreille ». On fait des visites et dégustations, je travaille aussi depuis peu avec Christine Glémain de Vino Passeport. Notre meilleure publicité reste surtout le bouche à oreille et sur internet.

Jacques-Olivier Pesme de Kedge Business School et Sophie Gaillard-Méral de Bordeaux Tourisme Métropole © JPS

Jacques-Olivier Pesme de Kedge Business School et Sophie Gaillard-Méral de Bordeaux Tourisme Métropole © JPS

Notre production habituelle, quand tout va bien, 45 hectos à l’hectare pour un bio c’est bien, cela représente environ 80000 bouteilles vendus sous château Trapaud, mais aussi avec Reflets de France-Carrefour avec la Cuvée La Chapelle. »

Béatrice Larribière fière de son millésime 2016, dans son chai à barriques © JPS

Béatrice Larribière fière de son millésime 2016, dans son chai à barriques © JPS

Un grand merci à Béatrice Larribière d’avoir reçu tout notre barnum pour cette émission spéciale « les Raisins de la Passion », proposée par Xavier Riboulet rédacteur en chef, préparée par Franck Omer et Jean-Pierre Stahl, présentée avec brio par Vincent Dubroca. Réalisation Fabien Roy.

Côté châteaux et Béatrice Larribière devant le château Trapaud

Côté châteaux et Béatrice Larribière devant le château Trapaud

A voir sur le site Facebook de France 3 Aquitaine, et demain à 8h50 sur l’ensemble de nos 3 antennes de France 3 Nouvelle Aquitaine et sur Côté Châteaux :

Revoir l’émission Les Raisins de la Passion, proposée par Xavier Riboulet rédacteur en chef, présentée par Vincent Dubroca et préparée par Franck Omer et Jean-Pierre Stahl :

24 Juil

Le regard de Dominique Renard sur le 6e Saint-Emilion Jazz Festival : « 15000 personnes, une programmation équilibrée et des gens heureux »

Au lendemain du 6e Saint-Emilion Jazz Festival, Côté Châteaux a sollicité le Président du Festival, Dominique Renard pour son analyse et son retour sur ce formidable rendez-vous entre musique et vin dans la Cité Millénaire. Il est l’invité de Parole d’Expert.

Toni Green & Malted Milk, soulblues dans les Douves du Palais Cardinal à 20h hier © JS

Jean-Pierre Stahl : « Bonjour Dominique, le 6e Saint-Emilion Jazz Festival vient de s’achever, quelle impression vous laisse-t-il ?

Dominique Renard : « C’était vraiment une belle édition. Je fonctionne beaucoup à l’affect et cette édition était dédiée à mon copain producteur, Tomi LiPuma décédé le 13 mars 2017 à New-York, on lui a rendu hommage en vidéo et cela m’a un peu perturbé. »

Les vignerons de Saint-Emilion sur le pont au bar à vin l'Ephémère au Parc Guadet © JS

Les vignerons de Saint-Emilion sur le pont au bar à vin l’Ephémère au Parc Guadet © JS

« L’édition était formidable, le parc Guadet n’a pas désempli… Grâce à Dieu, on est passé à travers les gouttes, hormis un petit peu hier soir. On a eu 4000 personnes par soir au Parc, plus 1000 dans les Douves.

 

Franck Binard du Conseil des Vins de Saint-Emilion avec le Président du Saint-Emilion Jazz Festival, dominique Renard © JPS

Franck Binard du Conseil des Vins de Saint-Emilion avec le Président du Saint-Emilion Jazz Festival, Dominique Renard © JPS

On estime l’affluence à 15000 personnes. La programmation était équilibrée et pouvait plaire à tout le monde. Tout allait bien et les gens avaient l’air heureux »

20347817_1604330912933486_1265343654_oJPS : « Qu’en est-il de la prochaine édition ? »

Dominique Renard : « On va réfléchir à la suite, l’histoire n’est pas écrite. On va faire un bilan, un débrief, on va en parler avec Franck Binard car le Conseil des Vins de Saint-Emilion est notre grand partenaire, mais aussi avec la Mairie de Saint-Emilion.

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« Cela prend une ampleur, cela devient de plus en plus grand, cela commence à atteindre une taille où il nous faut trouver des supports supplémentaires ».

Petite dégustation de Lillet avec du Swcheppes © BC

Petite dégustation de Lillet avec du Swcheppes © JS

JPS : « Une 7e avec Dominique Renard ?

Dominique Renard : « En ce qui me concerne, personne n’est irremplaçable. Cet événement peut vivre sans moi. je suis disposé à passer la main, cela peut aussi se refaire avec moi, mais il faut en parler entre nous. »

Les Douves illuminées de manière magique © JS

Les Douves illuminées de manière magique © JS

JPS : « On a eu l’impression que le festival était encore plus important. »

Dominique Renard : « Oui, on a étendu la programmation. Au Parc, on a avancé les concerts, où ça jouait de 12h à 20h, puis à 23h. On se souhaitait pas polluer par le son les concerts dans l’un ou l’autre site. Et de 20h à 23 h, les concerts avaient lieu dans les Douves. Sans oublier, deux autres petits concerts et la dégustation musicale.

C’est le seul festival à avoir Steinway comme partenaire officiel. C’est le 1er cru du piano, avec les grands crus de Saint-Emilion ! »

Richard Bona & Mandekan Cubano à 21h30 un cocktail jazz afro-cubain pour clôturer la scène des Douves © JPS

Richard Bona & Mandekan Cubano à 21h30 un cocktail jazz afro-cubain pour clôturer la scène des Douves © JS

« On est vraiment satisfait de la programmation. Samedi soir, il y avait une ambiance de folie au Parc Guadet, je suis vraiment fier. »

20370475_1380941691953583_407300643_n« On essaie de mettre aussi en valeur des artistes locaux de la Nouvelle-Aquitaine. C’est notre rôle aussi de dénicher des gens et de les mettre en valeur. A Bordeaux, on a vraiment des gens de très grand talent. »

Jean-Pierre Stahl : « Bon, Dominique, en dernier lieu, est-ce qu’on va avoir une 7e édition? »

Dominique Renard : « Je l’espère, dans tous les cas, pour Saint-Emilion. »

Et en bonus le commentaire de Franck Binard, du Conseil des Vins de Saint-Emilion : « Merci Jean-Pierre Stahl
Nous allons tout faire pour qu’on puisse mettre en place une une septième édition ! Ce festival est devenu un événement majeur et incontournable !
Il fait briller nos appellations, nos vins, nos viticulteurs et notre patrimoine de manière exceptionnelle. Il résonne maintenant dans le monde entier ! Un immense merci sincère aux vignerons de Saint-Emilion, à Bernard Lauret, aux équipes de la mairie de Saint-Emilion et bien sûr à Dominique Renard« 

02 Juin

En primeur, Côté Châteaux vous dit tout du premier vin produit à Bordeaux avec des cépages résistants par les Vignobles Ducourt

C’est une première à Bordeaux. Les Vignobles Ducourt sont les premiers à sortir « Métissage », un vin rare et innovant, le premier issu de cépages résistants, au terme de 3 années de préparation. Interview en exclusivité de Jonathan Ducourt, qui a mené avec son frère Jérémy l’expérimentation, il est l’invité de Parole d’Expert dans Côté Châteaux.

Jonathan Ducourt du château Beauregard-Ducourt dans l'Entre-Deux-Mers © JPS

Jonathan Ducourt du château Beauregard-Ducourt dans l’Entre-Deux-Mers © Jean-Pierre Stahl

Côté châteaux avait suivi Jérémy Ducourt dans sa vigne en avril 2016; à l’époque il m’expliquait que ces cépages résistants pourraient être une alternative à l’usage de pesticides d’où l’intérêt à l’heure où la société, les syndicats viticoles et l’interprofession réfléchissent sur la diminution des intrants. « ces variétés vont permettre une réduction importante des volumes de produits employés car dans une campagne classique on va traiter 10 à 12 fois par an, sur les variétés résistantes on se limitera à 1 ou 2 traitements à l’année, d’où une réduction de 90% des produits phytosanitaires », expliquait en avril 2016 Jérémy Ducourt.

Jean-Pierre Stahl : « Bonjour Jonathan, ça y est vous avez enfin sorti votre vin issu de cépages résistants ? Vous êtes les seuls à Bordeaux ? »

Jonathan Ducourt : « Oui, à part l’Inra qui a un vignoble de variétés résistantes, nous sommes les premiers producteurs à Bordeaux. »

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JPS : « Vous les avez plantés quand ? »

Jonathan Ducourt : « Il y a 3 ans. « Métissage », c’est la 3e année. On a planté 1,3 hectares de blancs et 1,7 hectares de rouge. Pour le blanc, c’est le « cal 604 », un croisement de sauvignon blanc, de riesling, et de vignes sauvages dont les parents sont connus. Ce terme de cal 604, je suppose que le nom va évoluer quand les cépages seront classés en France, c’est le nom qu’a donné l’agronome qui les a croisé. En rouge, c’est le cabernet jura, croisement du cabernet sauvignon et de vignes sauvages (plus robustes).

Jeremy Ducourt devant un pied de Réselle, un cépage résistant en blanc © Jean-Pierre Stahl

Jeremy Ducourt devant un pied de Réselle, un cépage résistant en blanc © Jean-Pierre Stahl

JPS : « Vous venez de sortir Métissage en bouteilles en blanc et le rouge, il est encore en barrique ? »

Jonathan Ducourt : « Le rouge, on vient juste de le mettre en bouteille, on n’a pas fait d’élevage en barrique, on est sur le fruit. Mais on verra par la suite. Comme ce sont de nouvelles variétés, il faut qu’on apprenne comment on ramasse, comment on vinifie, comment on élève, on a tout à apprendre, on part d’une page blanche.« 

« C’est un vin rare, vous ne pouvez pas échanger avec vos voisins, sur comment on vinifie… L’an dernier, on a eu tellement peu de récolte avec 100 kilos de raisins, là en 2016 on a ramassé plus et on va commencer à commercialiser (en Vin de France). »

JPS : « Etes-vous satisfait du goût ? »

Jonathan Ducourt : « On est content. Sur le blanc, c’est variétal, il y a une bonne acidité et c’est aromatique. C’est un peu dans le style des blancs secs de Bordeaux, des sauvignons blancs de Bordeaux. Ca correspond à ce qu’on attendait comme variété, on est content ».

« Le rouge est atypique. On n’est pas sur un profil classique de cabernet sauvignon mais plutôt sur un vin du sud, un gamay très mûr, c’est assez particulier. »

Métissage, le blanc 2016 en bouteille, bientôt commercialisé, et l'échantillon de 2015 © JPS

Métissage, le blanc 2016 en bouteille (étiquette peinte par Tan En artiste peintre chinois), bientôt commercialisé, et l’échantillon de 2015 © JPS

JPS : « Comment envisagez-vous la suite ? »

Jonathan Ducourt : « Il y a un décret qui est passé au Printemps Fin avril 2017, le Ministère de l’Agriculture a validé le classement de douze cépages résistants. On va en replanter. C’est agréé par le gouvernement. L’idée est d’avoir un îlot de variétés résistantes et de faire une production plus élevée, car aujourd’hui c’est assez confidentiel. On va en replanter 4 hectares de plus l’année prochaine ce qui portera à 7 hectares de cépages résistants. »

Le 22 juin prochain, ce sera un grand moment, on va faire découvrir ces variétés et nos vins, à la Maison Eco-Citoyenne, une conférence avec l’INRA.

Côté Châteaux aime souligner les initiatives et les nouvelles tendance du monde du vin. Un coup de chapeau à la famille Ducourt.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer en avril 2016 :

28 Avr

Xavier Buffo au château de la Rivière sur l’épisode de gel : « je n’avais jamais connu cela »

Grand technicien de la vigne, Xavier Buffo le directeur général de la Rivière en appellation Fronsac est l’invité ce matin de Côté Châteaux pour Parole d’Expert. Il commente l’épisode de gel sur ces 2 matinées consécutives. Le château avait durement été éprouvé en 2013 par le décès de ses propriétaires.

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Xavier Buffo dans la cour du château de la Rivière © Jean-Pierre Stahl

Jean-Pierre Stahl: Salut Xavier, inutile de vous demander comment cela va ? »

Xavier Buffo : « Moyen, moyen, …c’est la merde…Sur le château de la Rivière, on va entre 20 et 30% de touchés, soit 15 hectares sur 65. Tout ce qui est touché, c’est le bas, les palus, des zones moins qualitatives, et le plateau calcaire à 80 mètres…En revanche, le coteau face à la Dordogne est épargné, il n’y a rien et ce matin on n’a pas été touché. »

On est moins touché que les copains de Saint-Emilion, mais je n’avais jamais connu cela. C’est étonnant, il y a des endroits touchés à 100% et juste à côté peu ou pas touché, c’est très jaloux »

Ceux qui ont de petites parcelles et qui sont touchés à presque 100%, c’est pour eux très durs, nous nous avons 65 hectares et c’est ce qui nous sauve.

On a en revanche 6,5 ha avec des pieds de 1 à 3 ans, impactés à 40-50%, et là on repart à zéro.

JPS : « Et à titre personnel, vous avez un peu de vignes ? »

Xavier Buffo : « J’ai en effet 2 hectares de vignes à Fronsac, avec Ad Vitam Aeternam, sur le plateau calcaire.

Avec Ad Vitam Aeternam, je suis touché à plus de 80% », en 2013 on n’avait déjà pas fait grand chose et rebelotte !

20140129_113410_resizedJPS : « Face à ce gel, quelle tâche allez-vous faire, très rapidement ? »

Xavier Buffo : « Il va falloir retravailler les vignes : la semaine prochaine, on va retailler à cot, on pense surtout à 2018, mais il y a des choses qui vont repousser, on va peut-être avoir une ou deux grappes.

Sur des vignes qui ont gelé à 100%, tu ne ramasses que 2-3 hectos.

La vigne a pris un stress énorme, et pendant 15 jours il ne se passe plus rien !

JPS : « Est-ce que le pied peut être sérieusement impacté, à partir de quelle température ? »

Xavier Buffo : « C’est en effet des gels d’hiver à -15°C qui peuvent entamer le pied. Pour ceux qui ont planté cette année, le pied peut mourir, ça peut être vraiment problématique sur de jeunes plants. On ne peut rien faire, il va falloir voir ce qui repousse et attendre. Il va y avoir un gros travail à la vigne d’épamprange et les risques de mildiou sont sévères, il va falloir traiter, ça demande beaucoup de main d’oeuvre, même s’il n’y a pas de récolte. Il n’y a rien à faire, il faut malgré tout travailler toute l’année pour produire zéro à certains endroits. Il faut penser à 2018″

JPS : « Un dernier mot, Xavier ? »

Xavier Buffo : « L’an dernier, c’est la 1ère année qu’on a mis en place sur Fronsac 5 hectolitres de réserve qualitative, en plus du rendement autorisé de 55 hectolitres à l’hectare sur l’appellation de Fronsac, on a fait 5 de mieux, cela tombe à point nommé. Cette année, on va le prendre ! »

19 Avr

Guillaume Deglise : « on va poursuivre le renouveau de Vinexpo à travers plus de contenus et de business »

A deux mois de Vinexpo 2017, son directeur général, Guillaume Deglise, donne un avant-goût du plus grand salon mondial des vins et des spiritueux, qui aura lieu du 18 au 21 juin à Bordeaux. Il est l’invité exclusif de Parole d’Expert pour Côté Châteaux.

Guillaume Deglise, le DG de Vinexpo, fin prêt pour l'édition 2017 © Jean-Pierre Stahl

Guillaume Deglise, le DG de Vinexpo, fin prêt pour l’édition 2017 © Jean-Pierre Stahl

Jean-Pierre Stahl : « Guillaume Deglise, il s’agit du 2e Vinexpo que vous organisez à Bordeaux, quelle configuration va avoir Vinexpo 2017 ? Y a-t-il une évolution, une révolution ? »

Guillaume Deglise : « L’idée de Vinexpo 2017 est un peu différente. Il y a deux ans nous avons travaillé sur l’environnement et la logistique, nous avons amené beaucoup de nouveautés. Cette année, l’accent est moins axé sur l’aménagement (la configuration restera quasi similaire avec le salon à l’intérieur du parc des expositions (hall 1 et hall 3) et le salon tourné vers le lac avec les terrasses du lac et la célèbre passerelle) mais davantage sur le contenu du salon. Le business, c’est l’axe majeur. On a beaucoup plus travaillé sur le programme et facilité le business pour nos exposants. »

On a voulu mettre l’accent sur le business en créant des outils de mise en relations entre exposants et visiteurs, pour favoriser le courant d’affaires »

« Des outils, pour une meilleure rentabilité sur investissement, ça c’est important. Nous ciblons en particulier les marchés comme la Scandinavie, la Belgique, l’Allemagne, le Royaume-Uni, et bien sûr la Chine et les Etats-Unis qui sont les deux grands pays visiteurs après la France.

Nous allons continuer les « One to Wine meetings » pour permettre beaucoup de rencontres avec les acheteurs, mais aussi les WOW ! »

JPS : « c’est quoi ces WOW ?!? »

Guillaume Deglise : « WOW pour World Organic Wines, c’est du bio, c’est un espace dédié aux vins bio et en biodynamie. Il y aura dans le hall 3 des dégustations, mais aussi des rencontres avec des viticulteurs dans un esprit qui correspond aux nouveaux exposants ». 

Dans certains pays, le bio représente entre 10 et 15 % et même 20 % sur les pays scandinaves. C’est beaucoup plus qu’une tendance, c’est normal de le distinguer de façon plus claire sur le salon ».

« WOW se conjuguera avec une série de conférences sur les vins bio et en biodynamie. »

IMG_4767JPS : « Il y aura d’autres conférences et notamment sur le Brexit ? »

Guillaume Deglise : « Il y aura une série de conférences en effet, tout d’abord, sur les changements climatiques, c’est une première, avec le Wine Spectator, animée par Dana Nigro ; c’est une problématique à laquelle les vignerons et le négoce vont être confrontés dans les années à venir. »

« Et puis, il y aura la conférence sur le Brexit, un thème d’actualité, pour le moment l’impact est surtout lié avec le taux de change, mais j’ai hâte d’entendre les conclusions de nos invités sur le marché. Une conférence qui sera animée par Jane Anson, de Decanter.

« Il y aura aussi une conférence sur le E-Commerce qui intéresse beaucoup de professionnels, qui se développent grâce à internet, notamment en Chine. »

JPS : Est-ce que la disparition du Hall 2 va être préjudiciable pour les exposants, y en a t-il moins du coup ? »

Guillaume Deglise : « Le Hall 2 en 2015 a été utilisé pour les conférences et masterclass, mais les conditions n’étaient pas optimales, c’est ce qui a conduit Congrès et Expositions de Bordeaux à le démolir et à partir sur un nouveau projet. Les salles de conférences et masterclass seront dans le hall 3, on pourra y accéder plus facilement. »

En terme d’exposants, nous en avons 2350, un nombre similaire, en espace également, on a revu l’implantation, certains ont bougé, il y a toujours une optimisation; Vinexpo c’est 48500 visiteurs de 151 pays ! »

JPS : « Qu’en est-il des prix des stands des exposants ? Y a-t-il eu une augmentation ? »

Guillaume Deglise : « Les prix ont été gelé cette année, car nous perdons un jour de salon, c’est un format plus concentré sur 4 jours. Mais nos prestataires, eux n’ont pas gelé leurs prix. Quant aux tarifs ? Ce n’est pas un secrêt : 290 à 365 € prix du M2 stand nu, et nous avons une nouvelle offre cette année un stand équipé à partir de 3300 € HT les 16 m2 équipés par nos soins. C’est une nouveauté qui a très bien marché. On a pu dire que c’était un salon chet et fermé pour les petites structures, en tout cas ce n’est plus le cas aujourd’hui :

Vinexpo est ouvert à de grandes maisons de négoce mais aussi à de petites structures familiales. »

Guillaume Deglise prépare une édition © JPS

Guillaume Deglise prépare une grande édition  Vinexpo 2017 © JPS

Jean-Pierre Stahl : « Entre ProWein et Vinexpo, y a-t-il une concurrence farouche, les créneaux sont-ils les mêmes, Vinexpo garde-t-il davantage d’aura que ProWein ? »

Guillaume Deglise : « C’est un sujet très à la mode, c’est vrai qu’il y a un Vinexpo Bashing et je le regrette vivement. »

L’équipe en place depuis 2014 travaille pour faire de Vinexpo l’Evénement des Vins et Spiritueux dans le monde. Vinexpo est désormais une marque internationale sur 3 continents entre Bordeaux, l’Asie et New-York en 2018″

« Entre 2015 et 2017, nous avons répondu à de nombreux griefs des participants de Vinexpo et nous allons continuer à l’améliorer, à faire progresser cet événement. Mais on a plus besoin d’un élan collectif que d’un Vinexpo bashing. J’attache beaucoup d’importance à ce que nous disent les étrangers : « c’est une belle ville et vous avez beaucoup de d’avantages à faire ce salon à Bordeaux. »

« Après comparez les 2 structures : la Messe à Dusseldorf ce sont des centaines de collaborateurs et plusieurs salons, nous nous ne sommes que 25, en monostructure, pour un méga-salon tous les 2 ans à Bordeaux, alors que c’est tous les ans à Dusseldorf ».

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JPS « Quelle est finalement la philosophie de Vinexpo 2017 »

Guillaume Deglise : « La philosophie de cette année est de poursuivre le renouveau de Vinexpo à travers plus de contenus et de business. C’est aussi inviter tous les visiteurs étrangers et français à redécouvrir Bordeaux, son hospitalité et les améliorations de la ville. Ce sera un très beau Vinexpo 2017 et les deux derniers millésimes bordelais sont des atouts pour Vinexpo cette année. »

JPS : « Au niveau développement, Vinexpo va donc faire son grand retour à New-York ? »

Guillaume Deglise : « La stratégie a beaucoup évolué depuis les premières tentatives à New-York, avec une équipe différente et un marché qui a évolué depuis 2002; en 2010, le marché américain est devenu le 1er marché consommateur de vins au monde et il est appelé à progresser au moins sur les 5 prochaines années. Le marché US n’a pas de production suffisante et fera appel à des vins d’importation. En plus il a envie de chercher de nouveaux produits, il y a donc encore des places à prendre. (…)

« Ce sera un format court sur 2 jours, très orienté sur le business, avec des stands équipés et un tarif d’entrée limité à 5000 dollars. Ce sera un salon avec quelques centaines de participants mais qui sera amené à progresser. »

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JPS : « Cette année Vinexpo reçoit les Espagnols comme invités d’honneurs ? »

Guillaume Deglise : « C’est en effet l’Espagne qui est invité d’honneur, comme les USA il y a 2 ans ou encore l’Italie à Hong-Kong l’an dernier. Sans trop en rajouter, c’est symbolique, cela permet aux Espagnols de s’exprimer (il y aura une soirée espagnole le lundi soir), c’est l’occasion de mettre en avant la diversité des régions et la qualité des vins espagnls. Il y a quelques critiques en ce moment envers l’Espagne, ce ne sont pas que des vins en vrac, nous défendons les vins espagnols de qualité. »

JPS : « Quant aux soirées ? The Blend est reconduit ? »

Guillaume Deglise : « On ne fera qu’une soirée The Blend le mardi soir, cela commencera un peu plus tôt à 19h, pour ceux qui souhaitent venir pour l’apéritif et dîner après, et jusqu’à 1h du matin, au Palais de la Bourse. »

« Il y aura cette année encore les Vin’Expériences, avec Terre de Vins, dimanche lundi et mardi, des soirées de dégustation ouvertes au grand public. »

En attendant Côté Châteaux souhaite un bon Vinexpo 2017 et rendez-vous dès le 18 juin, comme un certain appel.

11 Avr

Stéphane Toutoundji sur le millésime 2016 : « c’est un millésime exceptionnel, les grands qui étaient grands en 2015 sont encore plus grands en 2016 »

L’oenologue et co-dirigeant d’Oenoteam à Libourne, Stéphane Toutoundji, commente pour Côté Châteaux le millésime 2016. Un millésime d’une belle homogénéité, aux tanins très soyeux, avec de belles acidités, un millésime de garde, incontestablement.

Stéphane Toutoundji a le soutire comme pour le 2016 © JPS

Stéphane Toutoundji a le sourire avec ce 2016 © JPS

Jean-Pierre Stahl : « Stéphane Toutoundji, expliquez-nous, après cette semaine de dégustation de primeurs, quelles impressions vous laisse le 2016 ? »

Stéphane Toutoundji :  » C’est un millésime exceptionnel, les grands qui étaient grands en 2015 sont encore plus grands en 2016.

On a une belle homogénéité, des couleurs très profondes, des vins très racés, des tanins très présents mais en même temps très soyeux ».

« Toutes les appellations sont bien loties, et les professionnels du vin du monde entier qui sont venus goûter ont constaté que 2016 est vraiment un millésime exceptionnel à Bordeaux ».

« Le vignoble a été très bien travaillé, on a eu la pluie quand il fallait, les vendanges se sont déroulées dans le calme, sans tension, on a pu ramasser quand on voulait, on a pu vinifier comme on voulait, tes terroirs ont réagi différemment, mais tous les terroirs ont donné des vins de belle qualité, de belle race et on a vraiment un très très grand millésime. »

Jean-Pierre Stahl : « Quelle est la différence, finalement, avec le 2015 ? »

Stéphane Toutoundji : « Par rapport à 2015, on a des couleurs un peu plus profondes, une palette aromatique un peu différente, notamment sur les terroirs un peu forts ».

En 2015, on a des tanins un peu plus marqués, en 2016 on a un peu plus d’acidité et un peu plus d’alcool. »

Jean-Pierre Stahl : « Il y a plus d’homogénéité que pour le 2015 ? »

Stéphane Toutoundji : « Il y a plus d’homogénéité que pour le 2015. Après en 2015, les gens qui avaient un peu laissé leur vignoble faire ont réussi de très jolis vins, mais en 2016 ceux qui se sont appliqués dans le vignoble et qui ont eu des terroirs qui ont bien réagi ont vraiment des vins exceptionnels. 2015 on a une moyenne très bonne, 2016 on a des vins exceptionnels et une moyenne très bonne. On a plus de vins exceptionnels en 2016 qu’en 2015. »

Jean-Pierre Stahl : « Par rapport à cette homogénéité, est-ce que l’on peut le comparer au 2009 ? »

Stéphane Toutoundji : « Non, 2009 est un millésime plus mûr avec des acidités plus basses. On aime bien à Bordeaux comparer des millésimes, mais cette année on ne peut le comparer à rien en fait. C’est un autre grand millésime, exceptionnel, certains disent qu’on n’a jamais vu cela.

On a du volume, ce qui est bien, des couleurs, mais intenses comme rarement, une palette aromatique formidable, une prise de bois et une délicatesse, tout et remarquable en fait.

« C’est le millésime qui est sorti de nul part car on ne pensait pas avoir ce millésime avec le printemps qu’on a eu et la pluie, et en fait on s’est retrouvé avec un millésime avec un été sec et des pluies d’orage comme il fallait en septembre et en août, qui nous ont permis de vendanger comme on voulait et on a vraiment un millésime exceptionnel, avec une race et une élégance rarement atteint ».

Jean-Pierre Stahl : « Est-ce qu’un millésime comme celui-là vous a donné plus ou moins de travail ? »

Stéphane Toutoundji : « Cela nous a donné plus de travail… En fait, plus les millésimes sont aboutis, plus après cela dépend de ce que veulent faire les propriétaires et du type de vin qu’on va faire. Cette année, il y a des gens qui ont vendangé très tôt, des gens qui ont vendangé très tard, donc en fait plus on étale les vendanges, plus on a des solutions techniques différentes. Cette année, on avait beaucoup d’options techniques, avec le bois, avec les vinifs intégrales,… en fait cela a donné beaucoup de travail. »

Jean-Pierre Stahl : « Est-ce qu’on peut dire que ce sera un millésime de garde ? »

Stéphane Toutoundji : « Oui, parce ce qu’on a pas mal d’alcool, on a des acidités totales très marquées, des PH relativement bas, donc ce sera un millésime de garde, ça c’est clair surtout rive gauche, rive droite peut-être un peu moins mais Pomerol, les argilo-calcaires sur Saint-Emilion, et le Médoc en général notamment Saint-Estèphe et Saint-Julien on a des vins vraiment remarquables pour la garde ».

Regardez l’interview de Stéphane Toutoundji par Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot :

09 Avr

Fabrice Bernard sur le système des primeurs : « c’est quand même extraordinaire pour les vins de Bordeaux qu’on parle d’eux à un instant T et dans le monde entier ».

Le Pdg de Millésima considère que les primeurs a Bordeaux ont encore de beaux jours devant eux. La place de Bordeaux se renforce d’ailleurs avec des vins étrangers qui souhaitent être commercialisés par son biais. Quant aux prix, jusqu’ici Bordeaux reste encore raisonnable par rapport à ses concurrents directs. Fabrice Bernard est l’invité de Parole d’Expert pour Côté Châteaux.

Fabrice Bernard, le Pdg de Millésima au tasting des crus classés de Saint-Emilion au château Villemaurine © JPS

Fabrice Bernard, le Pdg de Millésima au tasting des crus classés de Saint-Emilion au château Villemaurine © JPS

Jean-Pierre Stahl : « Fabrice Bernard, ce système des primeurs, on a vu qu’il était mis à mal après la sortie du 2013, est-ce qu’on peut dire qu’avec ce millésime et les précédents, il est relancé ? »

Fabrice Bernard : « Je pense que quand on a un grand millésime, tout le monde est intéressé ; et le système des primeurs, c’est quand même extraordinaire pour les vins de Bordeaux qu’on parle d’eux à un instant T et dans le monde entier ».

« Je vois aujourd’hui qu‘il y a de plus en plus de vins italiens qui s’intéressent à la place de Bordeaux, des vins américains qui commencent à venir sur la place de Bordeaux pour être distribués par la place de Bordeaux… donc la place de Bordeaux est forte et les primeurs sont un outil de communication extrêmement puissants pour la place de Bordeaux et pour les vins de Bordeaux, donc ce serait bien dommage de s’en priver ».

« Il y a peut-être eu quelques erreurs par le passé, mais je pense qu’aujourd’hui les primeurs sont un moment qui est incontournable, et on le voit bien, il y a des Américains qui sont présents, des Asiatiques qui sont présents, et bien sûr des Européens aussi ».

JPS : « Le 2013 s’était vendu de quelle manière au final ?

Fabrice Bernard : « Pour être clair, le 2013 ne s’est pas forcément bien vendu sur le marché européen ou américain, il s’est surtout vendu sur le marché asiatique. Il a aussi trouvé un deuxième marché une fois qu’il est devenu livrable sur finalement la restauration et bien sûr les ventes aux particuliers.

« Pourquoi ? Parce que le millésime 2013 est un vin qui n’a pas la structure tannique d’un 2016, c’est une évidence, par contre c’est un vin qui est agréable à boire aujourd’hui. Hier il y a une propriété, Pontet Canet, qui faisait goûter des 2007 et les 2007 avaient finalement la même réputation que les 2013, d’être des vins un petit peu plus légers, avec une structure moins forte, et je vous promets qu’au déjeuner je veux bien boir cela tous les jours à table sans aucun problème ».

JPS : « Avec ce 2016 qui fait suite aux 2015 et 2014, on peut dire qu’on tourne une page 2011-2012-2013 qui était un peu plus faibles à Bordeaux ? »

Fabrice Bernard : « Je pense qu’on tourne cette page, Bordeaux a su être raisonnable sur les prix en 2013 et 2014, les a légèrement augmenté en 2015, et si vous voulez, pendant ce temps là on a les vins américains, les vins italiens et puis même les vins bourguignons qui ont augmenté très fortement leurs prix, ce qui fait qu’une bouteille de Bordeaux devient raisonnable par rapport à sa concurrence, en terme de même rapport qualité-prix évidemment. »

Regardez l’interview de Fabrice Bernard réalisée par Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot

08 Avr

Stéphane Derenoncourt sur le 2016 : « c’est un millésime qui peut allier à la fois une grande maturité et une grande fraîcheur, c’est un millésime superbe »

Stéphane Derenoncourt organisait cette semaine son traditionnel tasting « la Grappe », au château La Gaffelière à Saint-Emilion. Une dégustation des vins des propriétés qu’il conseille. L’occasion de revenir sur le millésime 2016 et les perspectives d’avenir pour les primeurs à Bordeaux. Il est l’invité de Parole d’Expert dans Côté Châteaux.

Stéphane Derenoncourt a connu une belle affluence à la Grappe au château la Gaffelière © JPS

Stéphane Derenoncourt a connu une belle affluence à la Grappe au château la Gaffelière © JPS

Jean-Pierre Stahl : « Stéphane Derenoncourt, qu’en est-il du millésime 2016, comment l’avez-vous goûté, comment le jugez-vous ? »

Stéphane Derenoncourt : « Après l’avoir vécu parfois difficilement, je l’ai plutôt bien goûté et je le juge plutôt bien. C’est un millésime assez étonnant, assez extraordinaire aussi parce que c’est un millésime qui part très mal, assez difficile à gérer dans la période de printemps, et puis le phénomène s’inverse avec un été fabuleux. Finalement en conclusion : un millésime assez froid, malgré tout, ce qui fait qu’avec une arrière saison magnifique on arrive à aller chercher des maturités superbes.

C’est un millésime qui peut allier à la fois une grande maturité et une grande fraîcheur, c’est un millésime superbe, il n’y a pas d’exotisme, il est très identitaire, on reconnaît les régions, on reconnaît les terroirs, c’est un très très beau millésime.

JPS : « Cela va être un millésime marquant ici à Bordeaux ? »

Stéphane Derenoncourt : « Cela va être un millésime marquant, pour sûr. On est en fait sur un millésime qui se goûte bien…

Il est très équilibré, il va durer longtemps, il a un potentiel de garde extraordinaire et surtout il aura marqué l’état d’esprit des vignerons.

« C’est un millésime où on n’aurait peut-être pas du faire de vin, c’est un millésime miraculé, la floraison ça a été un miracle. Il pleuvait tout le temps, ça s’est arrêté 10 jours. Tout le vignoble a fleuri très groupé, avec une floraison qualitative, il y a pas mal de rendement, il y a du vin.

Il y a de la quantité, de la qualité, c’est un millésime qui donne le sourire.

JPS : « Pour le système des primeurs, quelque part cela relance les dés ? »

Stéphane Derenoncourt : « Ca peut les relancer oui, ça peur relancer les dés parce qu’il y a une grande qualité de millésime…  

C’est le second , parce qu’il ne faut pas oublier que 2015, c’est un millésime assez extraordinaire.

Donc ça peut le relancer à partir du moment où la demande est suffisamment forte pour accepter les volumes.

JPS : « Pour autant, est-ce que le système des primeurs est pérennisé avec cela ? »

Stéphane Derenoncourt : « On voit depuis quelques années une fragilisation de ce système pour plusieurs raisons, la principale c’est la spéculation, les prix ont beaucoup monté, les vins sont aujourd’hui assez chers, donc c’est un système qui se resserre au sommet de la pyramide avec les marques qui sont les plus difficiles à obtenir si on ne les achète pas en primeurs (notamment pour tous les 1ers cc) et qui a tendance à s’affaisser pour le reste, simple ment parce que le système fonctionne à partir du moment où toute la chaîne d’opérateurs peut trouver une certaine excitation à vendre ces vins et surtout gagner de l’argent ».

A partir du moment où les prix sortent trop hauts, derrière il n’y a pas de plus-values qui se font.

« Cela laisse un intérêt moindre à acheter les vins en primeurs sinon leur rareté. Et le système s’épuise. Mais oui, c’est un système qui va fonctionner, c’est même une grande opportunité pour Bordeaux de faire un come-back parce que c’est un système qui intéresse les grands crus mais aussi dans un millésime comme ça tout est bon. Et les gens vont pouvoir découvrir qu’ils vont pouvoir s’offrir des vins pour un un rapport qualité-prix incroyable ».

« C’est vrai que si Bordeaux revient avec un millésime sympa, un peu de volume et des prix exceptionnels, cela va remonter la cote de popularité de Bordeaux qui est un peu basse en ce moment. »

Regardez l’interview de Stéphane Derenoncourt réalisée par Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot :

04 Avr

Olivier Bernard sur les primeurs à Bordeaux : « on a eu la chance de produire 2009 et 2010, il n’y a pas si longtemps, et 2016 c’est du même niveau »

 » Quand vous avez des vins comme ça, ce sont des grands, grands millésimes ». Olivier Bernard, propriétaire du Domaine de Chevalier et Président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux, se confie à Côté Châteaux en exclusivité sur le millésime 2016. Il est l’invité de parole d’expert.

Olivier Bernard, le président de l'Union des Grands Crus de Bordeaux, organisateur des dégustations primeurs à Bordeaux © JPS

Olivier Bernard, le président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux, organisateur des dégustations primeurs à Bordeaux © JPS

Jean-Pierre STAHL : « Olivier Bernard, tout le monde parle du 2016 comme d’un millésime exceptionnel. Est-ce un nouveau millésime du siècle ? »

Olivier Bernard : « Bordeaux a parfois la réputation de raconter des histoires, mais là il n’y a pas d’histoire. Quand vous avez des vins comme ça, ce sont des grands grands millésimes. Cela fait partie des quelques millésimes que l’on produit dans la vie d’un homme. On a eu la chance de produire 2009 et 2010, il n’y a pas si longtemps, et 2016 c’est du même niveau. Est-ce que c’est meilleur que 2015 ? Chez nous oui, certains vous diront que non, mais sur l’ensemble du bordelais j’ai l’impression que 2016 dépasse un peu 2015. « 

Ce millésime 2016, il est très Bordeaux… Il est très vertical, structuré, puissant et droit. »

« On ne sent pas l’alcool, ni une certaine sucrosité, ni de la barrique, ni de la surmaturité ou de la surextraction, ce sont des vins très bien définis, très purs, très droits, c’est ça les grands Bordeaux. »

« Et en plus, il y a ce petit supplément d’âme, qui des fois sur des vins un peu trop droits peuvent frôler l’austérité. Sur ce 2016, on a des couleurs profondes, des vins puissants et verticaux à la fois, mais en même temps il y a un charme. On le sent dès le nez, on a un côté aromatique étonnant. Ce côté aromatique s’il se révèle très tôt, c’est qu’il y a une très belle maturité et ce côté équilibre ».

Les grands vins comme les grands hommes ne s’expriment bien que s’ils sont en parfait équilibre, on est su des notes de terroir et de cerise noire »

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Jean-Pierre Stahl : « Quant au système des primeurs, est-il relancé, et à quels prix faut-il s’attendre ?

Olivier Bernard : « Le système des primeurs est passé par deux excès : il est passé par deux grands millésimes 2009, 2010 avec la surchauffe chinoise qui a fait que l’on est monté sur le millésime 2010, sur certains crus, trop haut. Je me rappelle des vins qui se sont vendus très chers en sortie de propriété mais qui coûtaient le double 15 jours plus tard. Cela veut dire que c’est le marché qui a aspiré ces vins à un peu n’importe quel prix. Donc une folie non maîtrisée du marché. Et nous qui aimons les très grands vins, qui partent à des prix de folie, on est un peu énervé…Donc 2010 a été un des premiers éléments qui a participé au Bordeaux bashing ».

« Et puis derrière manque de chance : 2011, 2012 et 2013, trois millésimes de consommation rapide, des beaux millésimes mais pas des grands millésimes de Bordeaux. Ces 11, 12, 13 ont été un deuxième élément qui ont fragilisé les primeurs. Donnez moi une bonne raison d’acheter des 2013 en primeur, il n’y en avait pas beaucoup ».

« Avec 2014, 2015 et 2016, on est revenu dans un cycle tout-à-fait normal à Bordeaux et ceux qui ont acheté des 2014 ont fait de très bonnes affaires, aujourd’hui cela vaut au moins 30% plus cher qu’en primeur. 2015, on a fait un très grand millésime qui s’est vendu au bon prix ».

« Bien sûr on va parler des exceptions. Je veux rappeler que Bordeaux, c’est 6000 châteaux. Dans une année comme 2016, sur ces 6000, il y a 400 châteaux qui vont se vendre en primeur. Sur ces 400, admettons qu’il y en ait 10% qui pètent un peu les plombs, ça fait 40. Peut-être qu’il y a une quarantaine de crus qui peuvent un peu sortir des prix. Bordeaux c’est 6000 châteaux, 5960 seront au bon prix, j’aime bien parler de la règle, plutôt que de l’exception. Et trop souvent en France, on parle de l’exception, parlons de la règle. »
Regardez l’interview d’Olivier Bernard, le président de l’UGCB réalisée par Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot :

Jean-Pierre Stahl : « Pour ces primeurs, il y a de nombreux étrangers de retour, non ? »

Olivier Bernard : « Le millésime 2014 et le millésime 2015 ont redonné confiance au marché, les gens ont gagné de l’argent, globalement 2014 et 2015 se sont vendus au bon prix avec de très bons niveaux de qualité. En 2014, c’était l’année où on pouvait acheter des grands crus, y compris des 1ers crus. Ils étaient à un prix raisonnables ».

« 2015 et 2016 sont des années plus cotées, plus chères, et c’est normal. Car en 2016, on va avoir beaucoup de gens qui vont s’intéresser à ce millésime. On le voit, en tant que président de l’Union des Grands Crus, on a déjà 6500 inscrits, professionnels du monde entier, contre 4500 précédemment. Ca peut créer une forte demande. Après les propriétaires de châteaux devront faire extrêmement attention et il y a un avantage très marqué sur ce millésime, c’est qu’on a fait de la production, un certain volume. Et quand un propriétaire a fait un certain volume, il doit vendre au bon prix, sinon le marché ne lui prendra pas. Parce que dans un marché comme celui-là, comme il y a du vin, eh bien on ira acheter chez le voisin.

« Donc je suis assez confiant sur la mise en marché de ce 2016. Sur les 122 crus présentés ce matin à l »Union des Grands Crus, je peux déjà vous dire qu’il y en a déjà cent qui ne seront pas chers ».

30 Nov

Vins de Saint-Emilion et Thés de Pu’Er : des boissons millénaires ou « quand les civilisations du thé et du vin se rejoignent »

Le 9 décembre prochain ouvrira dans la province du Yunnan en Chine le Musée National du Thé Pu’Er. Un Musée où les Vins de Saint-Emilion-Pomerol et Fronsac trouveront une large place puisqu’une exposition leur est consacrée. Les acteurs girondins et chinois ont écrit une page d’histoire commune en jouant sur leurs similitudes et sur leur philosophie du terroir. Une délégation de 28 Girondins y est attendue. Franck Binard, directeur des Vins de Saint-Emilion est l’invité de Parole d’Expert.

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L’histoire a débuté il y a quelques années déjà. Bien qu’éloignées de plus de 9000 kilomètres, la ville de Libourne, au coeur des vignobles de Saint-Emilion – Pomerol – Fronsac, et la ville de Pu’Er ont conclu le 30 octobre 2012 un échange culturel et économique autour de leurs cultures respectives : le vin et le thé. Les deux cités honorent ainsi ces éléments clés de leur patrimoine et soulignent les nombreuses similarités qui existent entre leurs deux civilisations et ces produits, symboles d’un terroir et du savoir faire ancestral des Hommes. Depuis l’Asie où il est déjà parti, Franck Binard, directeur du Conseil des Vins de Saint-Emilion explique la genèse et la philosophie de ce rapprochement.

Jean-Pierre Stahl : « Comment cette histoire et ces relations ont-elles débutées ? »

Franck Binard : « Cela a été initié il y a bientôt 5 ans. On a jumelé la ville de Libourne et Pu’Er dans le cadre d’une coopération économique et culturelle, on a fait des échanges et des dégustations des vins de Saint-Emilion et des Thés de Pu’Er. Ce sont des thés reconnus comme étant à l’origine du thé dans le monde. C’est une région montagneuse très belle, une histoire millénaire avec leurs théiers. Il y a un écho évident avec Saint-Emilion, il y a un nombre de points communs évidents avec Saint-Emilion, cité millénaire. »

JPS : « Et du coup, il y a eu votre participation au sien du Musée National du Thé de Pu’Er ? »

Franck Binard : « On a signé un accord il y a deux ans afin qu’ils nous mettent à disposition le hall principal du Musée National du Thé. Depuis 18 mois, on travaille sur cette opération baptisée « quand les civilisations du thé et du vin se rejoignent ». On va y célébrer les deux cultures qui ont en commun les choix de sol, l’adéquation des variétés, les assemblages, de la fermentation… » Il y a des points communs à toutes les étapes et jusque dans l’art de la dégustation.

Regardez « Thés de Pu’Er et vins de Saint-Emilion – Pomerol – Fronsac – Des terroirs partagés » (épisode 1) par © Vins de Saint-Emilion avec Pierre Lurton, directeur général de Cheval Blanc, et Lydia Gautier, experte en thé :

JPS  : « Qu’avez vous choisi d’exposer au sein du Musée National du Thé »

Franck Binard : « On a collecté auprès des viticulteurs de nombreux objets pour retracer le cycle de la vigne et du vin…On a un grand pressoir, un érafloir, des hottes, des sécateurs mais aussi tout ce qui touche à l’art de la table avec des carafes, des verres soufflés; on a également mis en avant l’univers des bouchons avec des écorces de liège. 

« Il y aura aussi une table des senteurs où les gens devront découvrir les arômes liés au vin.  Par ailleurs, une large place est faite à la partie culturelle avec l’architecture et le patrimoine, on va également évoquer la Cité du Vin de Bordeaux à travers une maquette holographique. On a essayé d’être assez exhaustif avec une scénographie, en faisant constamment référence à nos deux produits. »

Regardez « Thés de Pu’Er et vins de Saint-Emilion – Pomerol – Fronsac – Des terroirs partagés » par © Vins de Saint-Emilion avec Pierre Lurton, directeur général de Cheval Blanc, et Lydia Gautier, experte en thé :

Très renommés, les thés de Pu’Er ont une longue histoire culturelle. Originaires de régions de la province du Yunnan : Pu’er, Xishuangbanna, Lincang, etc., les thés de Pu’Er sont classés en deux catégories : les Pu’Er traditionnels qui sont élaborés par une fermentation naturelle (un simple stockage par exemple), et les Pu’Er modernes élaborés par une fermentation artificielle.