20 Août

Entretien exclusif avec Jacques Lurton: « les Vignobles André Lurton ont toujours été à la pointe de la technologie, ça va continuer… »

3 mois après la disparition d’André Lurton, le fondateur de l’appellation Pessac-Léognan, son fils Jacques a pris les rênes des Vignobles André Lurton. Côté Châteaux l’a interviewé dans un entretien de prise de fonctions.

André Lurton, au centre, entouré de 2 de ses 7 enfants Christine et Jacques, le nouveau président des Vignobles André Lurton © Jean-Pierre Stahl

Jean-Pierre Stahl : « Jacques, vous reprenez la succession des Vignobles André Lurton, en tant que président du Conseil d’Administration, qu’est-ce que cela vous fait ? »

Jacques Lurton : « Cela fait tout drôle… C’est quelque chose sur lequel nous avions statué en 2012, quand on a refondé les Vignobles André Lurton. A l’époque, IDIA société d’investissement du Crédit agricole est rentré au capital et il avait été défini avec tout le monde qu’au décès de notre père, je deviendrais pour 4 ans le président de la SAS des Vignobles André Lurton. Une feuille de route a été approuvée, elle régle notre façon de travailler et le pack d’actionnaires, ce qui fait qu’aujourd’hui les choses sont stables et qu’on réfléchit à l’avenir. »

« La direction des Vignobles André Lurton est toujours assurée par Pascal Lefaucheur, mis en place depuis 2008. Je suis là pour les grandes lignes et l’influx familial. »

Château la Louvière acheté en 1965 © Jean-Pierre Stahl

JPS : « Aujourd’hui, que recoupent les Vignobles André Lurton ? »

Jacques Lurton : « Les vignobles André Lurton recoupent plus de 600 hectares de vignes à Bordeaux, dont la moitié en Pessac Léognan et l’autre moitié dans l’Entre-Deux-Mers, il y a aussi 35 hectares à Lussac Saint-Emilion. Donc, oui on est à 635 hectares, avec château Bonnet dans l’Entre-Deux-Mers, Barbe-Blanche (dont 50% appartiennent aussi à Mme André Magnon) en Lussac Saint-Emilion, et 4 châteaux en Pessac-Léognan: Couhins-Lurton, la Louvière, Rochemorin et Cruzeau. »

JPS : « Allez-vous continuer l’oeuvre de votre père, la changer ou l’amplifier ? »

Jacques Lurton : « C’est un peu nouveau, même si je savais qu’un jour cette responsabilité me tomberait dessus. Mon papa me semblait presque immortel… je vivais la moitié de ma vie en Australie et cette échéance là on ne la connaissait pas. J’avais un travail de consultant qu’il a fallu que j’arrête, cela fait maintenant un mois et demi que je suis au contact. Je m’imprègne de ces vignobles, j’essaie de comprendre comment ils fonctionnent…Ce qui m’intéresse c’est une prise de contact complète, on a quand même 200 employés au sein des vignobles André Lurton. »

J’ai déjà pris des positions techniques comme mon papa, il était un technicien, un homme de terroirs. J’ai beaucoup de challenges à relever, notamment climatiques et biologiques, que je veux imprégner aux vignobles », Jacques Lurton.

« Après ces défis techniques, il y a l’influx commercial. Le nerf de la guerre, c’est le commerce. Du temps de papa, il y a toujours eu une politique de vente directe, très peu de négoce. En 2014, on est revenu un peu sur la place de Bordeaux, mais tout le reste est en vente directe. Nos clients ont besoin de savoir quelle sera la nouvelle direction et l’influence de la famille. Je suis là pour rassurer les marchés. Faire du vin, c’est bien, mais le vendre c’est plus difficile. Je vais m’assurer que tous les marchés sont bien là et nous suivent, je vais insuffler là toute mon énergie. »

André Lurton avec Jacques, a toujours su innover au niveau de ses installations techniques © JPS

JPS : « Et l’Australie alors ? (Jacques Lurton est implanté en Australie depuis plus de 20 ans à « the Islander » sur Kangaroo Island)

Jacques Lurton : « En 4 ans, j’ai déjà cédé 40% à un investisseur, en fait mon partenaire chinois en Chine. J’ai formé un directeur il y a 6 ans qui s’occupe de 95% du domaine, je conserve encore une petite fonction oenologique. L’Australie, c’est quelque part mon 2e pays, j’ y suis attaché, j’ai aussi des amis là-bas et une 2e maison. Mais pour l’heure, j’ai cette mission que je vais remplir au mieux. Mais j’ai tout de même 60 ans et je ne vais pas faire comme mon papa à rester jusqu’à ses derniers jours. Un jour je reviendrai en Australie pour y passer plus de temps. »

JPS : « Par rapports aux équipes, y a-t-il des changements au sein des Vignobles André Lurton ? »

Jacques Lurton : « On a des équipes exceptionnelles. Papa avait des gens extrêmement attachés à lui, très fidèles, des gens de grande qualité. Des gens qui ont toujours un grand niveau. Notre directeur technique et oenologique Vincent Cruège est parti de son fait, il est remplacé par Anne Neuville qui était oenologue à château Fieuzal depuis 15 ans. On est dans le souhait de renforcer au niveau commercial. Les vignobles André Lurton, c’est une boîte solide qui niveau financier et par ses collaborateurs, c’est une jolie boîte. Prochainement on va faire rentrer des amphores et de nouvelles technologies. Cela a toujours été dans l’ADN des Vignobles André Lurton d’être à la pointe technologique, il faut que cela le reste. »

13 Mai

Rodolphe Lameyse sur Vinexpo : « je trouve que c’est une bonne chose la concurrence, cela permet de retravailler sur les fondamentaux du salon… »

Le directeur général de Vinexpo était interviewé ce jour à l’ouverture du salon. L’occasion de revenir de manière peu plus longue sur la couleur et les orientation de Vinexpo Bordeaux et en dehors du salon historique.

Rodolphe Lameyse interviewé également par mes confrères de l’AFP  

Jean-Pierre Stahl : « Rodolphe Lameyse, dites-nous, quelle ampleur a ce salon 2019 ?

Rodolphe Lameyse : « Le salon Vinexpo 2019 est un salon qui va regrouper 1600 exposants, 30 pays, on attend un peu plus de 40000 personnes du monde entier… Vous avez des participants de l’Uruguay, de l’Argentine, bien entendu de la France, mais nous avons aussi des nouveaux venus : des exposants qui viennent de la Turquie et du Vietnam et de l’Asie du Sud-Est d’où je viens… »

JPS : « C’est un salon un peu plus petit qu’en 2017 ? »

Rodolphe Lameyse : « C’est un salon qui est différent, il est différent our deux raisons: déjà on a approché la date au mois de mai, traditionnellement c’est un salon qui avait lieu plutôt au mois de juin. On a voulu un petit peu répondre aux interrogations et aux inquiétudes de nos exposants par rapport à l’incidence de la chaleur sur la dégustation, donc on a rapproché un petit peu au mois de mai. On a essayé aussi de trouver une synergie avec le calendrier de nos acheteurs internationaux, et puis c’est un salon qui répond à la nouvelle stratégie de Vinexpo…

« Vinexpo, on se veut d’être un acteur global sur l’industrie des foires et des salons des vins et des spiritueux : on a ainsi des salons aux Etats-Unis, en Europe avec Vinexpo Bordeaux qui commence ce jour, mais aussi en Asie, et on offre une plate-forme à tous nos clients au sein de laquelle ils vont choisir…Donc certains vont peut-être se redéployer, un peu plus sur l’Asie, un peu plus sur les Etats-Unis, donc on a un petit mouvement de balancer. Moi j’appelle cela de l’inspiration, on est plutôt sur un mouvement d’inspiration sur Bordeaux et on inspire sur d’autres lieux ».

JPS : « Il y a tout de même une forte concurrence avec ProWein ? »

Rodolphe Lameyse : « Toujours, on a toujours une grosse concurrence internationale, vous venez de citer notre concurrent allemand, mais il y en a d’autres. Moi je trouve que c’est une bonne chose la concurrence, cela permet de retravailler sur les fondamentaux du salon…de comprendre ce qui fait l’ADN et la spécificité de la marque Vinexpo, et de mobiliser toutes les équipes et tous les acteurs de la filière autour de Vinexpo, dans le patrimoine bordelais et dans l’environnement économique français.

« Vinexpo, on a des atouts, il faut qu’on les exploite, cela a toujours été un rendez-vous d’affaires, cela le sera à l’avenir, c’est aussi un rendez-vous de savoirs, on partage autour des masterclass de l’académie où on va mettre en valeur des cépages, des terroirs, mais aussi demain le 14 mai on va lancer le Symposium consacré au dérèglement climatique, de l’impact que cela peut avoir sur l’ensemble de la filière viticole et vinicole, ça c’est très important… C’est unique, je pense qu’on est les seuls à le faire.

« Enfin, cela fait partie de la magie de Bordeaux, c’est une terre de vin, qui vit au rythme de la viticulture, et de l’industrie vinicole, eh bien on a cette synergie qui se met avec les châteaux, avec le public, hier on avait la grande dégustation qui était ouverte aux partculiers, qui ont pu déguster 600 vins différents, voilà on a une atmosphère à Bordeaux qui est particulière, qu’on ne retrouve nul part ailleurs et qui fait que les gens viennent avec plaisir sur le salon. »

Regardez l’interview réalisée ce matin de Rodolphe Lameyse par Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer :

02 Avr

#primeurs de #Bordeaux : pour Ronan Laborde, le président de l’UGCB, « les retours que l’on a sont très encourageants, conformes à ce que l’on imaginait »

Ronan Laborde est l’Invité de Parole d’Expert dans Côté Châteaux. Le nouveau Président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux revient sur le succès de fréquentation de ces primeurs par le nombre élevé de professionnels qui y participent : 7000 pré-inscrits. Il y a un réel engouement sur le 2018 et toujours pour les grands crus à l’étranger et en France.

Ronan Laborde, sa première campagne primeurs en tant que nouveau président de l’UGCB © JPS

Jean-Pierre Stahl : « Bonjour Ronan Laborde, pour ces primeurs, vous attendez beaucoup de monde ? »

Ronan Laborde : « Sur la ligne de départ, il y a beaucoup d’inscrits… Sur les pré-inscription, on atteint 7000 personnes, dont 37% d’étrangers.

JPS : « Est-ce que c’est un des millésimes qui attire le plus à Bordeaux ?

Ronan Laborde : « Oui, si on constate par rapport à ce qui a été réalisé, les années précédentes, c’est un chiffre haut, d’autant plus qu’on serait dans une tendance à restreindre, on regarde la qualité des gens qui viennent, pour n’accepter que les professionnels ».

JPS : « Il y a un réel intérêt pour ce 2018 ? »

Ronan Laborde : « évidemment, tous les grands vins, tous les bons produits attirent le public qui vient de très très loin. Il y a quelques secondes, je parlais avec quelqu’un de Sydney qui a fait quelques heures de vol. Donc, il y a de l’intérêt, il y a de la curiosité. »

JPS : « Sur ce 2018, il y a quelques critiques, quelques appréciations qui se font sentir, qu’est-ce qu’on en dit ? »

Ronan Laborde : « On en dit de bonnes choses. Déjà lorsqu’on a vécu le millésime en tant que producteur, on se permet une communication sur ce que l’on a ressenti…à la fois à la production, mais aussi sur la vinification, les premières dégustations  en barriques. Aujourd’hui on invite la clientèle internationale, professionnelle, la presse internationale à venir juger par elle même le millésime, dans une photographie certes précoce, mais qui permet de se faire une belle image. Et les retours que l’on a sont très encourageants, conformes à ce que l’on imaginait. »

JPS : « C’est primeurs, est-ce un modèle qui va durer dans le temps ? »

Ronan Laborde : « je crois que oui, tant que les gens n’auront que cette possibilité pour accéder aux grands crus, tant que les gens gagneront de l’argent en commerçant sur les grands crus, tant que les propriétés auront un intérêt économique, tout convergera à ce que le système perdure. Et lorsqu’on regarde les données économiques des dernières années, on a plutôt tendance à voir le système se conforter. »

JPS : C’est à dire au niveau des exportations, il y en a eu pas mal pour les grands crus, alors que cela baissait d’une manière générale à Bordeaux ? »

Ronan Laborde : « On a vécu une année 2018 très prospère sur les exportations des grands crus de Bordeaux, avec des augmentations sur tous les continents, un peu moins fortes mais quand même en Asie. Des augmentations vraiment très fortes en Europe et aux Etats-Unis et aux Amériques. » 

JPS  : « Est ce que tout cela est lié au système des primeurs ? Qu’est-ce qui explique cet engouement ?

Ronan Laborde : « Les primeurs y participent, parce que dans les données d’exportations 2018 des grands crus, il y avait la livraison en partie du 2015 et du 2016, qui sont des millésimes avec un intérêt très fort de la part des marchés lointains ou plus proches en Europe, et une qualité qualifiée d’exceptionnelle, cela contribue à renforcer notre place de Bordeaux. »

JPS : « Et ce 2018, il est à rapprocher de ces 2015 et 2016 ? »

Ronan Laborde : « Il ressemble dans ses conditions climatiques au 2016, avec une première partie assez pluvieuse, une seconde partie en juillet-août chaude et assez sèche, notamment le mois d’août. Heureusement on a eu quelques pluies qui ont permis de réactiver la végétation avant les vendanges et d’avoir une production assez convenable en quantité et surtout très bonne en qualité pour ce qui en restait. »

C’est un millésime qu’on va pouvoir qualifier de quoi ? De remarquable ?

Ronan Laborde : (Rires….) « on multiplie les millésimes remarquables, peut-être qu’un jour il faudra changer de qualificatif…C’est un millésime avec beaucoup d’intensité dans la couleur, de la profondeur, de l’équilibre malgré tout, malgré la chaleur, car c’est un millésime assez solaire et avec un grand potentiel de garde. »

Regardez l’interview de Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer :

10 Mar

Daniel Mouty sur les 20 ans du salon des Vignerons Indépendants à Bordeaux : « 20 ans un bel âge, c’est un âge où l’on commence à prendre en qualité ».

Retour sur le salon des vignerons indépendants de Bordeaux qui a été un franc succès avec 31 000 visiteurs, avec Daniel Mouty le président des salons des Vignerons Indépendants. Il nous donne les clés de ce succès. Un salon qui a progressivement gonflé au fil des années et a gagné en qualité et en diversité avec aujourd’hui plus de 300 vignerons de la France entière. Daniel Mouty est le Vigneron du mois pour Côté Châteaux. Cocorico.

Daniel Mouty le président des Salons des Vignerons Indépendants ce week-end au salon de Bordeaux © Jean-Pierre Stahl

Jean-Pierre Stahl : « Daniel Mouty, vous fêtez ce week-end les 20 ans du salon des vignerons indépendants à Bordeaux, qu’est-ce que cela vous fait ? Ce n’était pas comme cela il y a 20 ans ?

Daniel Mouty : « D’abord 20 ans, c’est d’abord un bel âge, c’est un âge où l’on commence à prendre en qualité. D’abord je n’oublierai jamais, le salon a été créé il y a 20 ans et on avait 2800 visiteurs, aujourd’hui on en attend j’espère 35000. C’est ça un anniversaire, une vraie fête d’un challenge réussi.

« Pour nos visiteurs, qui sont les rois ici, on tire au sort tous les quart d’heure dans une urne, des réponses au petit quizz que j’ai fait tout seul, sympa, et on va offrir 300 bouteilles…des t-shirts, des verres édités spécialement pour ces 20 ans… Pour nous, toutes les occasions sont bonnes pour mettre en avant un salon qui est magnifique. »

JPS : « Au départ, vous étiez une centaine, aujourd’hui vous êtes combien ? »

Daniel Mouty : « Aujourd’hui, on est 313 exactement. Ce qui est important, c’est la représentation de tous les vins de France. Un échantillon unique au monde pour le visiteur. 313 stands, ce sont 1500 peut-être 2000 produits différents car chacun a une gamme, donc une richesse formidable, un choix exceptionnel. Et puis à l’occasion de cette fête, il y a une ambiance, j’ai donné des consignes, l’accueil, les cadeaux, … c’est vraiment une fête de la gastronomie et du vin magnifique ».

Même des bloggeurs britanniques présents © JPS

JPS : « Au départ, vous avez eu des réactions un peu cocasses ? « 

Daniel Mouty : « J’ai eu des réactions cocasses, car il y a 20 ans, il y avait encore une ambiance très locale, le chauvinisme ambiant était toujours bien là.Les Bordelais et les Girondins avaient cette réputation. Une de mes fiertés, je crois qu’on a cassé un peu ce rythme, cette mentalité, peut-être parce qu’on a changé de génération. Et aujourd’hui, quand je vois des vignerons qui viennent vendre du Bourgogne rouge à Bordeaux, c’est quand même un sacré challenge réussi. Pour moi, c’est une fierté car on a compris qu’on n’était pas le centre du monde, même si on fait des vins magnifiques. Mais les visiteurs achètent de tout du champagne, des rosés de Provence, des Côtes du Rhône, de tout, et c’est ce choix-là qui fait que dès ce vendredi matin à l’ouverture, il y avait des centaines et des centaines de gens qui attendaient pour rentrer. »

JPS : « C’est vraiment la fête des terroirs, qu’est ce qu’on retrouve comme types de typicités ? »

Daniel Mouty : « Il y a toutes les typicités…c’est comme si vous me le demandiez pour les fromages...Dans le nord de la vallée du Rhône, on va trouver des terrains schisteux qui vont donner un goût, je pense aux « Condrieu », aux « Côte-Rôtie », et puis en descendant vers le sud vers Châteauneuf ces gros galets avec cette chaleur, ces vins chaleureux et corsés….et puis on va faire le tour par la Provence, remonter par le bordelais, faut quand même pas l’oublier…avec toutes ses appellations, c’est une palette magnifique et ils sont très représentés ici, ne croyez pas que les Bordelais aient boudé ce salon, bien au contraire. Il y a 1/3 d’exposants de Bordeaux et de Nouvelle-Aquitaine. La richesse des terroirs de France est infinie et elle est là.

Daniel Mouty le président natioanl des Vignerons Indépendants avec Nelly et Sophie © JPS

« Et le vigneron est là en direct, comme si on avait inventé les circuits courts il y a 40 ans, avec sa passion, ce lien là qui fait que le salon a un succès magnifique. Et puis on peut faire son marché ici aussi, les caddys qui sortent à côté de nous sont chargés de toute cette diversité. On repart, on a son coffre de voiture chargé, le soir on arrive chez soi, on est tout content… On débouche la 1ère bouteille… Le vin a toujours rassemblé les hommes ! Le vin a toujours été la convivialité avant tout, c’est pour cela que le 20e anniversaire est une fête et ce sera avec une bonne bouteille, que nous avec notre équipe on va le fêter ! »

Regardez l’interview réalisée par Jean-Pierre Stahl et Jean-Michel Litvine :

18 Fév

Ronan Laborde sur l’Union des Grands Crus de Bordeaux : « C’est une des associations dans le monde qui fait le plus parler d’elle »

Installé depuis mercredi après-midi dans le fauteuil de Président de l’UGCB, Ronan Laborde revient pour Côté Châteaux sur son parcours au sein de cette grande association et sur la notoriété de l’UGCB qui fait rayonner le nom et les vins de Bordeaux à travers la planète vin. Il est l’invité de Parole d’Expert ce mois-ci.

Ronan Laborde présentant en mars 2017 ses nouvelles installations qui peuvent contenir 900000 bouteilles © JPS

Jean-Pierre Stahl : « Ronan Laborde bonjour, revenons sur votre parcours au sein de l’Union des Grands Crus, cela fait combien de temps que vous en faîtes partie ? »

Ronan Laborde : « Château Clinet est membre depuis longtemps… Alors que l’Union des Grands Crus de Bordeaux a été créée en 1973, Clinet y est entré en 1986 et moi-même en 2003; j’ai fait quasiment tous les voyages de l’Union…

« Patrick Marotaux et Sylvie Cazes m’ont intégré dans l’Union à un poste qui s’appelait administrateur stagiaire car j’avais moins de 30 ans à l’époque et on n’avait pas le droit de vote, mais on participait aux débats. Ensuite, on nous a présenté pour entrer au conseil d’administration et être membre de plein droit. Après je suis monté au bureau, l’instance qui organise et prépare les travaux avec le Conseil d’Administration. J’étais auprès du Président, j’accompagnais ces deux dernières années Olivier Bernard, comme vice-président de la rive droite et l’ai soutenu autant que je le pouvais et notamment au sien de quelques commissions de travail. »

Le nouveau chai Clinet et Ronan by Clinet à Pomerol © JPS

JPS : « Quelle est aujourd’hui l’aura ou la notoriété qui entoure l’Union des Grands Crus de Bordeaux ? »

Ronan Laborde : « C’est une des associations dans le monde qui fait le plus parler d’elle… On organise 60 événements à l’année, quelques-uns en France mais aussi à l’étranger, on visite une quinzaine de pays chaque année ; on s’appuie sur les zones où il y a une consommation effective ou potentielle.

« On fait un tour d’Amérique du Nord, qui fait une dizaine de jours, on voyage également en Asie entre une à deux fois par an, mais aussi en Europe de manière plus « spot » : au Royaume-Uni, en Suisse, en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne… »

« Nous avons 134 membres au sein de l’association, on rassemble 80% des grands crus de Bordeaux. On a entre 100 et 122 qui participent à nos événements, les membres sont extrêmement mobilisés. »

Olivier Bernard et un fan du week-end de l’Union des Grands Crus en mai 2017 au Hangar 14 © JPS

JPS : « Quelle est la différence finalement entre l’UGCB et l’association des crus classés 1855, y a-t-il une rivalité, concurrence ou pas entre ces deux associations ? »

Ronan Laborde : « Non, il n’y a pas de problème ni de rivalité, il y a surtout une entente très cordiale entre toutes les associations bordelaise. Nous essayons de promouvoir tout ce qui correspond à un grand terroir de Bordeaux, nous parlons qualité et nos crus sont d’un très haut niveau. Nous avons dans notre associations une cinquantaine de crus classés 1855 (c’est un beau taux), il y a des crus classé mais aussi des « assimilés ». Pomerol en est l’exemple type, car il n’y a pas de classement. On laisse la porte ouverte à des crus qui n’ont pas été classés. L’association des crus classés 1855 protège la notion de classement historique. »

Simon Devavry, caviste, avec Eric Perrin du château Carbonnieux au week-end des Grands Crus en mai 2017 © JPS

JPS : « Quelles sont vos prochaines actions, j’imagine cela va être surtout ce grand rendez-vous des primeurs ? »

Ronan Laborde : « A court terme, il n’y aura que des changements marginaux, car l’Union travaille sur un calendrier prévu un an à l’avance, tout est calé : on part sur une prochain rendez-vous au Bénélux entre Bruxelles et Anvers notamment, puis il va y avoir ProWein et ensuite et surtout les primeurs.

« Concernant les primeurs, nous avons fait un travail pour mieux connaître les journalistes que nous accueillons… Nous avions un fichier de 200 journalistes et maintenant nous sommes à 350, en essayant de cerner la particularité de certains : il y a ceux qui analysent le vin, dont c’est le métier, il y en a d’autres qui parlent de l’actualité des primeurs et de l’aspect du vin, il y a aussi l’aspect économique de ce rendez-vous. Cela on ne va le changer.

Ronan Laborde présente ses nouvelles installations qui peuvent contenir 900000 bouteilles © JPS

L’accueil est très important car les journalistes portent le message partout dans le monde durant cette semaine des primeurs, aussi nous leur proposons et des dégustations et de se rendre dans les propriétés : cela nous tient à coeur de leur donner plusieurs opportunités pour déguster et découvrir les grands crus.

Lundi il y aura la dégustation des professionnels et des étrangers au Hangar 14 à Bordeaux, mardi mercredi et jeudi, ce seront des dégustations au sein des châteaux… »

Un programme qui s’annonce chargé et très passionnant pour Ronan Laborde, que suivra avec attention Côté Châteaux. Ronan Laborde qui précise par ailleurs qu’ « Olivier Bernard demeure vice-président de l’UGCB pour Pessac-Léognan, Graves, Sauternes et Barsac ». Bravo pour leur dévouement à tous les deux et autres autres membres de l’Union.

17 Juil

Bernard Farges : « c’est une année terrible, très compliquée pour Bordeaux »

Bernard Farges, le président de l’appellation « Bordeaux et Bordeaux Supérieur » et vice-président du CIVB commente ce matin pour Côté Châteaux ce nouvel épisode de grêle qui a secoué dimanche une fois de plus plusieurs appellations à Bordeaux. 10000 hectares ont été endommagés depuis fin mai « c’est énorme ».

Jean-Pierre Stahl : « Bonjour Bernard, quelle réaction ce matin après ce nouvel épisode de grêle ? »

Bernard Farges : « C’est une année terrible, très compliquée, on prend 10000 hectares depuis fin mai, c’est énorme ! »

JPS : « 10000, ça comprend les 7000 de fin mai, 2000 dimanche, et …? »

Bernard Farges : « Il y avait déjà eu des orages le 4 juillet dans l’Entre-Deux-Mers, mais aussi du côté de Castillon. Et il y a eu dimanche soir la grêle sur le Langonnais, Sauternes, le Sud Médoc et une autre partie du Médoc, Blaye, Bourg, une partie vers Galgon, dans les Bordeaux et Bordeaux Sup. Ca reste encore orageux, mouate. Sur le sud Médoc et le Langonnais, il y a eu de très gros grêlons. »

JPS : « Est-ce à dire que ce type d’événement orageux et ce type de grêlons, vous n’en aviez pas vu de tels avant ? »

BF : « Non, mais des grêlons comme cela cela revient souvent. Des orages comme dimanche, on en a tous les ans l’été. Mais cela vient s’ajouter à l’énorme sinistre fin mai (plus de 7000 hectares touchés en Gironde) et c’est une succession d’événement climatiques comme le gel d’avril 2017; pour les propriétés qui ont gelé et grêlé, cela devient très compliqué ! »

JPS : « J’imagine que pour le vignoble qui a pris la grêle, cela va être difficile de récupérer la vendange ? »

BF : « Il faut espérer que le temps se mette au sec et que cela cicatrise au plus vite, mais il faut reconnaître que ce n’est pas comme quand on prend une grêle 10 jours avant les vendanges, où on peut anticiper à ce moment-là. »

JPS : « Que dire de plus aujourd’hui ? »

BF : « Il faut attendre la reconnaissance de catastrophe naturelle, les mécanismes après sont connus et seront mobilisés comme l’exonération de taxe sur le foncier non bâti ou encore l’achat de vendange, avec l’Etat nous sommes maintenant très bien rodés sur ces mécanismes souvent mobilisés. »

21 Juin

Guillaume Deglise : retour sur ses 5 ans passés à la tête de Vinexpo

Côté Châteaux a voulu retracer le parcours exemplaire de Guillaume Deglise, le directeur général qui a passé 5 ans à la tête de Vinexpo. Il a réussi à transformer et améliorer les différents salons Vinexpo, tant à Bordeaux qu’à Hong-Kong et à lancer Tokyo, New-York, ainsi que Paris. Il est l’invité exclusif de Côté Châteaux dans Parole d’Expert.

© Guillaume Deglise, l’ancien directeur général de Vinexpo

Jean-Pierre Stahl : « Guillaume, vous venez de quitter vos fonctions comme Directeur Général de Vinexpo. Un départ en beauté puisque vous avez organisé encore le dernier salon Vinexpo Hong-Kong qui a été une réussite, n’est-ce pas ? »

Guillaume Deglise : « Oui, une réussite aux dires de nos exposants qui ont fait beaucoup de business. Hong-Kong est une bonne destination pour la tenue d’un salon, Hong-Kong reste le « hub » du marché du vin en Asie et un marché très porteur. La fréquentation était plus importante qu’il y a deux ans, avec 17600 visiteurs, ce qui est extrêmement bien. On a eu 10% de plus de Chinois, ce qui correspondait aux attentes des exposants, et puis on a accueilli des pays en forte croissance comme le Vietnam, l’Indonésie, il y avait aussi le présence de pays du Moyen-Orient ou d’Afrique, ce qui laisse à penser que cet événement devient mondial, très attendu, avec bien sûr un centre de gravité asiatique.

JPS : « Vous avez passé 5 ans à la tête de Vinexpo, quelle empreinte pensez-vous avoir laissé ? »

Guillaume Deglise : « Je pense avoir fait bouger les lignes, dans un milieu très concurrentiel, où la plupart des salons perdent un certain nombre de visiteurs. J’ai été à l’origine d’une nouvelle structure, nous avons fait revenir des exposants qui ne venaient plus à Vinexpo. Nous avons aussi su dépasser notre rôle en communiquant sur l’avenir de la filière des Vins et Spiritueux à travers nos études, c’est devenu une entreprise déterminante dans l’univers du vin et des spiritueux ».

JPS : « Quelles ont été les grosses innovations ? »

Guillaume Deglise : « L’évolution s’est faite avec l’ouverture de Vinexpo New-York, de Tokyo et de Paris prévu en 2020; il y a eu aussi la création de Vinexpo Explorer (notamment en Autriche), et un succès rencontré aussi avec les World Organic Wines à Bordeaux et à Hong-Kong.

Il y a eu aussi plus d’attention dans l’organisation des masterclass et des conférences. C’est aussi cela la nouvelle patte de Vinexpo, on est monté gamme.

JPS : « Pensez-vous que Vinexpo Bordeaux va pouvoir continuer avec ProWein Düsseldorf qui prend de plus en plus d’ampleur ?

Guillaume Deglise : « Je pense que Vinexpo va pouvoir continuer et accroître son influence en Europe ; cela passe par une stratégie décrétée il y a quelques mois avec un salon Vinexpo chaque année, avec la tenue du salon de Bordeaux au mois de mai plus tôt, et d’un autre salon à Paris, tous les 2 ans. (en janvier et en alternance avec Vinexpo Bordeaux). L’idée, c’est de contrer ainsi nos concurrents avec plus de pertinence dans le calendrier des manifestations de Vins et Spiritueux.

JPS : « Quelle est votre plus grande fierté et votre plus grand regret ? »

Guillaume Deglise : « Ma plus grande fierté, c’est d’avoir démontré que Vinexpo n’est pas seulement qu’une organisation de salon, mais une entreprise qui a du poids. Avoir aussi fédéré autour de moi des idées et une équipe performante et motivée. »

« Le regret, c’est qu’on est dans un métier où on doit aller très très vite. Plus vite que certains. j’aurais aimé qu’on aille encore plus vite, car l’entreprise avait pris quelques années de retard, et nous n’avions pas d’autre choix que d’apporter des changements. »

JPS :  » Quel avenir pour vous à présent ? »

Guillaume Deglise : « Mon avenir  va être de revenir dans le monde du vin dont je suis issu. J’ai passé 5 ans formidables à Vinexpo, découvert beaucoup de régions viticoles de France et à l’étranger. Cela m’a permis d’étendre mon réseau d’acheteurs, de producteurs, de négociants, et de journalistes. »

« Ce que je recherche, c’est reprendre un poste à responsabilités dans le monde du vin et faire profiter une entreprise de mon expérience. »

Côté Châteaux tient à saluer le panache, l’esprit d’initiatives et ce sens de la juste mesure dans la mise en perspective de Vinexpo tant à Bordeaux qu’à l’étranger. Guillaume Deglise a contribué à son rayonnement tant en Europe qu’à l’international. Félicitations Guillaume.

 

10 Avr

Olivier Bernard sur les #primeurs2017 : « on a des vins qui  sont très équilibrés, sur le fruit avec une belle longueur… »

Le Président de L’Union des Grands Crus de Bordeaux est l’invité de Parole d’Expert pour Côté Châteaux. Il revient sur l’affluence record des professionnels étrangers et sur les caractéristiques du millésime 2017.

« Le monde est là. Le millésime est bon. Est-ce qu il est aussi grand que 2015 ou 2016, oui et non ».

PLUS DE MONDE

« La surprise de cette année, c’est qu‘on a plus de monde que pour le 2016, qui lui même était 10% supérieur au 2015, qui lui-même était supérieur au 2014″.

« 2017, on a des volumes moindres et une qualité un peu en dessous que 2015 et 2016, et on a plus de monde. Ca veut dire quoi, cela veut dire que cette semaine des primeurs est devenue un rendez-vous incontournable du « trade », de la distribution des grands vins dans le monde, il y a des gens qui viennent de partout. Et ils sont là pour se rencontrer. Je suis sûr qu’on va faire des affaires de primeurs, je suis sûr qu’on va faire d’autres affaires aussi durant la semaine. »

BORDEAUX INTERESSE LES GENS

« Pour cette dégustation du lundi, qu’on a commencé il y a 2 ans, l’année dernière on était 800, cette année on est 1200. Cela montre qu’une dégustation à Bordeaux intéresse les gens ».

« Quelqu un qui n’a pas trop le temps, peut en 2 heures se faire ici une idée du millésime. Donc c’est un vrai succès avec ces dégustations. Le danger c’est de ne pas faire que des dégustations à Bordeaux car on sent bien qu les gens sont intéressés de faire ces dégustations à Bordeaux, mais il faut aussi faire des dégustations dans le vignoble. Donc cette dégustation du lundi à Bordeaux et mardi, mercredi et jeudi dans le vignoble, c’est un bon équilibre ».

PAS DE MANQUE DE MATURITE

« Ce millésime 2017, il est né très tôt, par rapport à cette année où on a du retard. Il est parti 15 jours à 3 semaines d’avance par rapport à cette année et il a finit très tôt, fin septembre. C’est rare de vendanger les cabernet sauvignons fin septembre. Ca veut dire qu’on a un petit risque de manque de maturité, d’avoir ce petit côté variétal, ou de poivron vert…mais la bonne surprise de 2017, c’est qu’on n’a pas ce manque de maturité ».

« Ce qui lui manque par rapport à 2015 ou 2016 c’est un petit manque d’étoffe. On a des vins qui  sont très équilibrés, très sur le fruit avec une belle longueur mais qui ne sont pas super costauds ».

DES VINS A BOIRE DANS 5 ANS

« Moi dans ma cave, j’ai des vins qui vont attendre 20 ans et j’ai besoin de vins que je vais boire dans 5 ans, comme on a bu 2012 ou comme on boira 2014. On n’a pas besoin d’avoir toujours des grands millésimes, dans une cave il faut avoir un peu des deux. »

Regardez l’interview d’Olivier Bernard, recueillie par Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer, avec Eric Delwarde :

01 Mar

Cap sur Vinexpo New-York avec Guillaume Deglise : « Le marché US est le 1er marché au monde en volume et en valeur ! »

Entretien sans détour et exclusif avec Guillaume Deglise, le directeur général de Vinexpo,  juste avant son départ pour New-York. Il dévoile en primeur pour Côté Châteaux ce que va être ce nouveau Vinexpo New-York les 5 et 6 mars, un salon avec 500 exposants et 2500 à 3000 visiteurs professionnels. Il est l’invité de Parole d’Expert.

Guillaume Deglise, juste avant son départ vendredi pour New-York © Jean-Pierre Stahl

Guillaume Deglise, juste avant son départ vendredi pour New-York © Jean-Pierre Stahl

Guillaume Deglise : « C’est une nouvelle initiative de la marque qu’on ne compare pas à 2002 car c’est une autre équipe, une autre époque et un autre concept. Je ne regarde pas le passé mais l’avenir du marché américain. C’est une étape décisive pour l’entreprise, ce sera la 1ère fois que l’on sera présent sur les 3 plus gros continents de la consommation mondiale. Après l’Europe, l’Asie, on part aux Amériques ! »

JPS : « Quelle va être la physionomie du salon ? Quels événements y sont attendus ? »

Guillaume Deglise : « C’est un format de salon qui s’adapte au marché US. C’est un Vinexpo avec son ADN et 20 pays exposants, on va avoir toute une série de conférences et de masterclass des intervenants de  très haut niveau. On s’adapte au marché des USA et au format américain beaucoup plus concrêt avec un accès business, on a mis en place une offre de stands clés en mains à partir de 5000 $. On aura 500 exposants, on était confronté à un espace limité au Javits Convention Center. Là on est « sold out », très heureux avec ces nombreux exposants et la qualité de ceux-ci »

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JPS : « Alors qui sont-ils ? »

Guillaume Deglise : « On a une représentation importante de français avec 179 exposants soit 35%, les Bordelais représentent à eux-seuls 15%; après la France, les plus gros exposants sont les USA, l’Espagne, l’Argentine et ‘Italie, des pays très implantés sur le marché américain. Il y a toute une série de marques connues mais aussi des nouveaux venus comme l’Uruguay, la Moldavie ou le Japon qui veulent rentrer sur le marché ».

JPS : « Si vous choyez les acheteurs américains, c’est parce qu’ils sont devenus le plus gros marché mature ? »

Le marché US est le 1er marché au monde en volume et en valeur. Il n’est pas arrivé tout-à-fait à maturité avec un niveau de consommation de vin de 12 litres par an et par habitant alors qu’il est de 45 litres en France », Guillaume Deglise

Guillaume Deglise : « Mais tout le monde ne boit pas du vin aux USA, c’est tendance dans certains Etats dont l’Etat de New-York. Le marché continue à croître mais avec une croissance assez lente compte tenu des volumes déjà consommés. On prévoit 1% de croissance sur les 5 prochaines années et 6% pour les vins effervescents. Le consommateur est de plus en plus à la recherche de marques tendance. C’est un pays assez jeune aussi. »

L'aménagement du salon Vinexpo New-York au Javits Convention Center © JPS

L’aménagement du salon Vinexpo New-York au Javits Convention Center © JPS

JPS : « Tiens, quels sont les vins les plus importés ? »

Guillaume Deglise : « Ce qui est notable avec les études Vinexpo-IWSR, c’est que le marché US est dominé par les vins italiens et australiens, la France arrivant 3e. La raison ? Il y a une forte communauté italienne aux USA et l’Australie a connu un boom des vins il y a une dizaine d’années. Aujourd’hui, il y a un tassement et un recul des vins australiens au bénéfice d’autres pays dont la France ».

On prévoit une augmentation de 2,8% des vins importés français dans les 5 prochaines années, c’est le pays qui croît le plus.

Guillaume Deglise : « Les catégories qui vont vraiment augmenter sont les « premium » et « super premium », c’est-à-dire supérieurs à 10$ et de plus de 20 $. Et tout cela va en faveur des vins français, en faveur de vins compétitifs par rapport à ce qu’attend le consommateur américain. Bordeaux garde une position de leader mais il y a une très forte demande sur les vins de Bourgogne, du Rhône, du Languedoc et de Provence, car le marché US tire la demande des vins rosés.Et il faut aussi ajouter la Champagne, il y aussi une augmentation du champagne aux USA avec près de 19 millions de bouteilles consommées en 2016 aux USA. »

JPS : « Quelles sont les habitudes des consommateurs américains et de quels relais peuvent bénéficier les producteurs ? »

Guillaume Deglise : « Il ne faut pas considérer le marché américain comme un seul marché, en fait ce pays offre une multitude de facettes. Les habitudes de consommation sont différentes entre les Etats, il y a des degrés divers de maturité, il y a certains Etats des Etats où on ne peutr pas boire d’alcool et d’un autre côté la Côte Est, la Californien, la Floride et le Texas où la maturité et la consommation sont fortes.

Derniers ajustements avec la team de Vinexpo © JPS

Derniers ajustements avec la team de Vinexpo © JPS

JPS : »Après New-York, ce sera Hong-Kong du 29 au 31 mai ? »

Guillaume Deglise : « C’est notre 2e maison après Bordeaux, un salon où tout le monde se sent bien, porteur avec aussi la Chine continentale. La consommation féminine conduit cette croissance. Il y a un intérêt sur l’ensemble de la production mondiale et en particulier sur la France et Bordeaux.La commercialisation du salon touche à sa fin, on travaille sur 1300 exposants et on a commencé la promotion et la campagne de presse, les retombées sont bonnes. C’est un salon qui garde une place à part malgré la concurrence d’autres salons en Asie »

JPS : « Enfin, rassurez-nous sur Bordeaux, après avoir présenté le futur salon Vinexpo Paris en 2020, allez vous garder Vinexpo Bordeaux ? »

Guillaume Deglise : « Il faut bien comprendre qu’on est très fier du berceau de l’entreprise, du vaisseau amiral, ça doit le rester, ça le restera. C’est un événement unique, Vinexpo Bordeaux a sa propre identité, pas question ni pour moi, ni pour la filière de le déménager à Paris. Paris sera complémentaire de Bordeaux.

Vinexpo 2017 a été vécu comme un succès par la grande majorité des exposants et visiteurs, les épisodes de chaleur n’ont été qu’une péripétie, à la suite de laquelle nous avons décidé d’avancer le salon au mois de mai. Pour nous à moins d’une semaine de New-York, à moins de 3 mois de Hong-Kong, l’entreprise est déjà dans les starting-blocks pour préparer les échéances de Bordeaux et de Paris. Nous travaillons déjà fortement sur ces deux événements. »

Entretien avec Guillaume Deglise le 1er jour de Vinexpo à voir en video réalisé avec JP Stahl et Guillaume Decaix :

17 Nov

Pour le parrain de Bordeaux SO Good, Pierre Gagnaire: « Il n’y a pas de grandes tables, il n’y en a pas de petites, il y a des bonnes tables ! »

Pierre Gagnaire succède à Michel Guérard comme parrain de la 4e édition de Bordeaux SO Good. Il livre ses impressions sur l’importance de cet événement. Il est l’invité de Parole d’Expert dans le blog Côté Châteaux.

IMG_2197Jean-Pierre Stahl : « Pierre Gagnaire, vous succèdez à Michel Guérard en tant que parrain de Bordeaux SO Good, qu’est-ce que cela vous fait ? »

Pierre Gagnaire : « D’abord cette anecdote : Michel Guérard, il y a 35 ans (lui ne se souvient pas, moi très bien), c’était à la grande époque de Gault et Millau au salon Baltard à Paris, il y avait une grande fête un peu comme aujourd’hui et on était une quinzaine de cuisiniers à faire des démonstrations et à faire déguster nos produits. Moi j’étais à côté de Michel et je me souviens il y avait une queue immense devant son stand et moi j’avais deux personnes qui se battaient en duel, il y a 40 ans ».

« Mais Michel c’est pour moi un immense Monsieur, pour nous tous, pour notre profession, et il y a 40 ans il était déjà une star. Il est toujours là et il continue à créer et à donner du bonheur, donc c’est vraiment un grand privilège de succéder à cet homme.« 

JPS : « Bordeaux SO Good, c’est le festival de la gastronomie, c’est important pour tout le monde ? »

Pierre Gagnaire : » Oui, c’est important parce qu’on y parle de gastronomie, de bons produits. Les produits représentent une région, des savoir-faires la preuve evc l’Ecole Ferrandi derrière moi; on parle de bon, de beauté, de douceur, on parle d’artisans et d’agriculteurs et ça ne peut qu’être très positif tout cela. »

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JPS : « On voit que c’est gastronomie, c’est vraiment fédérateur cela touche tous les âges… »

Pierre Gagnaire : « Oui la cuisine est devenue un phénomène social qui me sidère. Et c’est vrai que ce qui semblait normal pour des gens de ma génération comme une bonne tomate, un bon magret de canard ou un bon foie gras, aujourd’hui malheureusement ce n’est plus la normalité. Ce qui était normal il y a 20 ou 30 ans devient exceptionnel donc on en parle, on le défend, on a peur de le perdre d’où l’intérêt d’événements comme celui-là. »

JPS : « Ici, il y a la Grande Halle Goumande, mais on a aussi retrouver la Nuit des Banquets, qu’est-ce que cela représente pour vous cette Nuit des Banquets ? »

Pierre Gagnaire : « C’est un peu comme la Nuit des Musées ou la Nuit du Patrimoine, seulement ça se mange, ça se partage. ce sont des éclats de rire, du bon vin, de la convivialité. La table elle fédère, elle est un formidable lieu de rencontres. C’est la fête ».

JPS : « La table ou la bonne cuisine que vous exercez, elle passe par des bons produits qui peuvent être démocratisés mais les gens peuvent être éduquez, incités à venir à des grandes tables…? »

Pierre Gagnaire : « Il n’y a pas de grande table, il n’y en en a pas de petites, il y a des bonnes tables ! De bonnes tables où l’on a plaisir à s’assoir et en fonction de ce qui est servi, comme la civelle, banal il y a 30 ans c’est un produit de roi aujourd’hui. Ca donne envie aux gens dans tous les cas d’aller dans de bons restaurants, dans des lieux de qualité. Mais un restaurant ça peut être un pot-au-feu, un plat très convivial aussi, pas forcément ce que je défend moi, une forme d’excellence qui est à travers un geste, plus à travers un produit. »

Regardez l’interview de Pierre Gagnaire réalisée par Jean-Pierre Stahl et Christèle Arfel :