05 Sep

Vignoble de Bordeaux : c’est parti pour les vendanges précoces des rouges au château Haut-Brion

Des vendanges en rouges précoces, cette année, puisqu’elles démarrent le 5 septembre dans le prestigieux château Haut-Brion, 1er Cru Classé de Graves. Dans la continuité d’ailleurs des blancs, eux mêmes précoces. Comment expliquer un tel phénomène et quid de la qualité dans ce vignoble préservé du gel. Toutes les réponses avec Côté Châteaux.

Tom, porteur, en est à ses 2e vendanges à Haut-Brion © JPS

Tom, porteur, en est à ses 2e vendanges à Haut-Brion © JPS

8 heures… Ce matin, les conditions sont optimales au château Haut-Brion, avec un soleil rasant et des températures pas trop élevées, pour démarrer les premiers coups de sécateurs en rouges. C’est une troupe de 40 vendangeurs qui s’avance au bout du domaine pour commencer à ramasser les premiers merlots arrivés à maturité… « La première équipe sur ce rang, vous deux ici, vous deux là… » explique Jean-Luc Soulé, chef d’équipe.

Coup d'envoi des vendanges en rouge, ce matin, en coeur de ville à Pessac, au château Haut-Brion

Coup d’envoi des vendanges en rouge, ce matin, en coeur de ville à Pessac, au château Haut-Brion © JPS

Ce terroir  de graves très dense tend vers une maturité plus rapide, un phénomène déjà observé par le passé comme le souligne Alain Puginier, l’historien du château, responsable du Patrimoine et des Archives des Châteaux Haut-Brion, La Mission Haut-Brion ou Quintus.

Des baies de merlot déjà mûres © JPS

Des baies de merlot déjà mûres © JPS

Ces sols sont historiquement précoces : à l’époque pré-industrielle, Haut-Brion vendangeait déjà avant le ban des vendanges, » Alain Puginier historien au château Haut-Brion

Le temps cette année y est aussi pour beaucoup. On se souvient d’un printemps très chaud, avec même une période caniculaire en juin. Cela a participé à une floraison plus tôt avec 15 jours d’avance et un développement rapide de la vigne, avec de fortes pluies fin juin.

Jean-Luc Soulié, chef d'équipe au château Haut-Brion © JPS

Jean-Luc Soulié, chef d’équipe au château Haut-Brion © JPS

Si c’est précoce, c’est à cause de la chaleur que l’on a eu cet été; très peu de pluie, beaucoup de chaleur et tout est en avance cette année », Jean-Luc Soulé chef d’équipe

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Le chef de culture Pascal Baratier est arrivé au château en 1988 et depuis cette date, il se remémore certains millésimes encore plus précoces :

Pascal Baratier, chef de culture au château Haut-Brion © JPS

Pascal Baratier, chef de culture au château Haut-Brion © JPS

En 1989, on avait déjà commencé le 31 août à ramasser du rouge, et en 2003, l’année de la canicule, cette année -là nous avons commencé autour du 25 août, donc une année très très très précoce, plus que celle-ci », Pascal Baratier chef de culture.

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A la réception de vendange, dans la cour du château, les tables de tri manuelles et optiques entrent à leur tour en action.

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Avec le tri optique, les baies immatures sont ainsi écartées, et tout ce qui n’est pas rond également (comme des feuilles, des bouts de rafles…), tout est ainsi réglé fonction de la couleur et du calibrage.

On a de très bonnes impressions, car les équilibres qu’on recherche sont des équilibres presque parfaits », Jean-Philippe Delmas 

Jean-Philippe Delmas, directeur général adjoint Domaine Clarence Dillon © JPS

Jean-Philippe Delmas, directeur général adjoint Domaine Clarence Dillon © JPS

Et de compléter  : « Même si le mois d’août a été un peu gris, finalement durant l’été, il n’est quasiment pas tombé d’eau. Et quand on a des étés très secs, c’est plutôt un facteur pour obtenir des vins de grande qualité, » ajoute Jean-Philippe Delmas directeur général adjoint Domaine Clarence Dillon (château Haut-Brion et la Mission Haut-Brion)

Le château Haut-Brion, 1er grand cru classé 1855 © Jean-Pierre Stahl

Le château Haut-Brion, 1er grand cru classé 1855 © Jean-Pierre Stahl

Sur ces 52 hectares de rouges, le château Haut-Brion est l’un des rares à Bordeaux à avoir autant été préservé, car seul 1 hectare de vigne a gelé. Jean-Philippe Delmas se montre malgré tout solidaire de ses confrères: « on fait partie des châteaux qui fort heureusement n’ont pas été impacté par le gel, ce qui n’est pas le cas de bon nombre de nos confrères, et on pense à eux, puisque dans un millésime qui pourrait se révéler grand, manquer ce genre de millésime c’est dur. C’est déjà dur de ne pas avoir de récolte, mais en plus rater un grand millésime c’est la double peine. »

A Pessac-Léognan, près de 50% des vignes ont été sérieusement impactées par le gel du printemps.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et de Jean-Michel Litvine, montage Sarah Colpaert :