28 Avr

Benoît-Manuel, toi vigneron qui a gelé en bordelais, on t’aime !

C’est le coeur déchiré que l’ami Benoît-Manuel Trocard a reporté pour cause de gel sa traditionnelle entrecôte du 1er mai, car comme tout le monde le comprend, le coeur n’y est pas. Côté Châteaux a décidé de lui dédier ce billet d’humeur, car il reflète l’exemple du drame subi, à cause du gel, par bon nombre de vignerons. A tous, nous leur disons #solidaritévignerons 

Benoît Manuel Trocard en novembre dernier, goûtant le 2016 © Jean-Pierre Stahl

Benoît Manuel Trocard en novembre dernier, goûtant le 2016 © Jean-Pierre Stahl

S’il est bien un vigneron, qui a tatoué Bordeaux au bout des tétons, c’est bien Benoît Manuel Trocard . Sa famille cultive depuis 1628, du temps de Louis XIII, ce terroir argilo-calcaire du côté de Fronsac.  

Benoît Manuel Trocard gère avec sa famille chateau Labory et aussi château Barbey à Seillans, et Couraze pour un groupe Danois. Il a perdu sur ces domaines une énorme partie de la future récolte 2017, à cause du gel.

Aussi, c’est tout naturel de lui rendre hommage, car même s’il va avoir le moral dans les talons, l’étalon du fronsadais va remonter la pente et repartir de plus bel au galop pour parler de ses vins gourmands dont il me vantait encore en septembre ce fameux 2016 ! 

Alors courage Benoît-Manuel on est tous derrière toi,  comme derrière ces autres amis vignerons qui ont bien souffert, car comme disait l’autre « notre route est droite mais la pente est forte » surtout en fronsadais. Allez assez de Raffarinade, t’en nana rien à fout… car tu as derrière toi du 2016, du 2015 et du 2014.…Et encore d’autre secrets dans ta botte, alors continue de positiver comme tu l’as toujours fait, continue de nous faire partager et enseigner l’art de la dégustation avec l’Ecole du Vin, car on peut te le dire : vigneron on t’aime.

 

« Mes Chers Amis, c’est la mort dans l’âme, c’est la plus triste nouvelle que je dois vous annoncer. La nuit dernière a été pour moi et pour beaucoup de vignerons du Bordelais et Français, l’une des nuitées le plus terribles jamais connus. Le château Couraze, propriété d’un groupe Danois où je suis directeur technique depuis 17 ans viens de perdre 95% de sa production en 2 heures…. de 6h du matin à 8h00 du matin. Une température de -2° a eu raison de nos premières pousses. La gelée Blanche a frappée les bourgeons et les contre-bourgeons (hélas) rendant ainsi improbable une production de raisin. Dans ces conditions, avec un moral dans les chaussettes, le cœur et l’esprit ne sont plus à la fête. J’espère que vous me comprendrez….je suis donc contraint d’annuler notre 1er mai annuel, n’ayant ni le moral ni la météo avec nous (lundi, il pleut). Ce n’est que partie remise, vous le savez, car vous êtes mes amis. Notre 1er mai, restera notre 1er mai , et je vous dit à l’année prochaine. Vos messages de soutiens sont bien entendu le bienvenu. A très vite ».

Xavier Buffo au château de la Rivière sur l’épisode de gel : « je n’avais jamais connu cela »

Grand technicien de la vigne, Xavier Buffo le directeur général de la Rivière en appellation Fronsac est l’invité ce matin de Côté Châteaux pour Parole d’Expert. Il commente l’épisode de gel sur ces 2 matinées consécutives. Le château avait durement été éprouvé en 2013 par le décès de ses propriétaires.

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Xavier Buffo dans la cour du château de la Rivière © Jean-Pierre Stahl

Jean-Pierre Stahl: Salut Xavier, inutile de vous demander comment cela va ? »

Xavier Buffo : « Moyen, moyen, …c’est la merde…Sur le château de la Rivière, on va entre 20 et 30% de touchés, soit 15 hectares sur 65. Tout ce qui est touché, c’est le bas, les palus, des zones moins qualitatives, et le plateau calcaire à 80 mètres…En revanche, le coteau face à la Dordogne est épargné, il n’y a rien et ce matin on n’a pas été touché. »

On est moins touché que les copains de Saint-Emilion, mais je n’avais jamais connu cela. C’est étonnant, il y a des endroits touchés à 100% et juste à côté peu ou pas touché, c’est très jaloux »

Ceux qui ont de petites parcelles et qui sont touchés à presque 100%, c’est pour eux très durs, nous nous avons 65 hectares et c’est ce qui nous sauve.

On a en revanche 6,5 ha avec des pieds de 1 à 3 ans, impactés à 40-50%, et là on repart à zéro.

JPS : « Et à titre personnel, vous avez un peu de vignes ? »

Xavier Buffo : « J’ai en effet 2 hectares de vignes à Fronsac, avec Ad Vitam Aeternam, sur le plateau calcaire.

Avec Ad Vitam Aeternam, je suis touché à plus de 80% », en 2013 on n’avait déjà pas fait grand chose et rebelotte !

20140129_113410_resizedJPS : « Face à ce gel, quelle tâche allez-vous faire, très rapidement ? »

Xavier Buffo : « Il va falloir retravailler les vignes : la semaine prochaine, on va retailler à cot, on pense surtout à 2018, mais il y a des choses qui vont repousser, on va peut-être avoir une ou deux grappes.

Sur des vignes qui ont gelé à 100%, tu ne ramasses que 2-3 hectos.

La vigne a pris un stress énorme, et pendant 15 jours il ne se passe plus rien !

JPS : « Est-ce que le pied peut être sérieusement impacté, à partir de quelle température ? »

Xavier Buffo : « C’est en effet des gels d’hiver à -15°C qui peuvent entamer le pied. Pour ceux qui ont planté cette année, le pied peut mourir, ça peut être vraiment problématique sur de jeunes plants. On ne peut rien faire, il va falloir voir ce qui repousse et attendre. Il va y avoir un gros travail à la vigne d’épamprange et les risques de mildiou sont sévères, il va falloir traiter, ça demande beaucoup de main d’oeuvre, même s’il n’y a pas de récolte. Il n’y a rien à faire, il faut malgré tout travailler toute l’année pour produire zéro à certains endroits. Il faut penser à 2018″

JPS : « Un dernier mot, Xavier ? »

Xavier Buffo : « L’an dernier, c’est la 1ère année qu’on a mis en place sur Fronsac 5 hectolitres de réserve qualitative, en plus du rendement autorisé de 55 hectolitres à l’hectare sur l’appellation de Fronsac, on a fait 5 de mieux, cela tombe à point nommé. Cette année, on va le prendre ! »