11 Avr

Stéphane Toutoundji sur le millésime 2016 : « c’est un millésime exceptionnel, les grands qui étaient grands en 2015 sont encore plus grands en 2016 »

L’oenologue et co-dirigeant d’Oenoteam à Libourne, Stéphane Toutoundji, commente pour Côté Châteaux le millésime 2016. Un millésime d’une belle homogénéité, aux tanins très soyeux, avec de belles acidités, un millésime de garde, incontestablement.

Stéphane Toutoundji a le soutire comme pour le 2016 © JPS

Stéphane Toutoundji a le sourire avec ce 2016 © JPS

Jean-Pierre Stahl : « Stéphane Toutoundji, expliquez-nous, après cette semaine de dégustation de primeurs, quelles impressions vous laisse le 2016 ? »

Stéphane Toutoundji :  » C’est un millésime exceptionnel, les grands qui étaient grands en 2015 sont encore plus grands en 2016.

On a une belle homogénéité, des couleurs très profondes, des vins très racés, des tanins très présents mais en même temps très soyeux ».

« Toutes les appellations sont bien loties, et les professionnels du vin du monde entier qui sont venus goûter ont constaté que 2016 est vraiment un millésime exceptionnel à Bordeaux ».

« Le vignoble a été très bien travaillé, on a eu la pluie quand il fallait, les vendanges se sont déroulées dans le calme, sans tension, on a pu ramasser quand on voulait, on a pu vinifier comme on voulait, tes terroirs ont réagi différemment, mais tous les terroirs ont donné des vins de belle qualité, de belle race et on a vraiment un très très grand millésime. »

Jean-Pierre Stahl : « Quelle est la différence, finalement, avec le 2015 ? »

Stéphane Toutoundji : « Par rapport à 2015, on a des couleurs un peu plus profondes, une palette aromatique un peu différente, notamment sur les terroirs un peu forts ».

En 2015, on a des tanins un peu plus marqués, en 2016 on a un peu plus d’acidité et un peu plus d’alcool. »

Jean-Pierre Stahl : « Il y a plus d’homogénéité que pour le 2015 ? »

Stéphane Toutoundji : « Il y a plus d’homogénéité que pour le 2015. Après en 2015, les gens qui avaient un peu laissé leur vignoble faire ont réussi de très jolis vins, mais en 2016 ceux qui se sont appliqués dans le vignoble et qui ont eu des terroirs qui ont bien réagi ont vraiment des vins exceptionnels. 2015 on a une moyenne très bonne, 2016 on a des vins exceptionnels et une moyenne très bonne. On a plus de vins exceptionnels en 2016 qu’en 2015. »

Jean-Pierre Stahl : « Par rapport à cette homogénéité, est-ce que l’on peut le comparer au 2009 ? »

Stéphane Toutoundji : « Non, 2009 est un millésime plus mûr avec des acidités plus basses. On aime bien à Bordeaux comparer des millésimes, mais cette année on ne peut le comparer à rien en fait. C’est un autre grand millésime, exceptionnel, certains disent qu’on n’a jamais vu cela.

On a du volume, ce qui est bien, des couleurs, mais intenses comme rarement, une palette aromatique formidable, une prise de bois et une délicatesse, tout et remarquable en fait.

« C’est le millésime qui est sorti de nul part car on ne pensait pas avoir ce millésime avec le printemps qu’on a eu et la pluie, et en fait on s’est retrouvé avec un millésime avec un été sec et des pluies d’orage comme il fallait en septembre et en août, qui nous ont permis de vendanger comme on voulait et on a vraiment un millésime exceptionnel, avec une race et une élégance rarement atteint ».

Jean-Pierre Stahl : « Est-ce qu’un millésime comme celui-là vous a donné plus ou moins de travail ? »

Stéphane Toutoundji : « Cela nous a donné plus de travail… En fait, plus les millésimes sont aboutis, plus après cela dépend de ce que veulent faire les propriétaires et du type de vin qu’on va faire. Cette année, il y a des gens qui ont vendangé très tôt, des gens qui ont vendangé très tard, donc en fait plus on étale les vendanges, plus on a des solutions techniques différentes. Cette année, on avait beaucoup d’options techniques, avec le bois, avec les vinifs intégrales,… en fait cela a donné beaucoup de travail. »

Jean-Pierre Stahl : « Est-ce qu’on peut dire que ce sera un millésime de garde ? »

Stéphane Toutoundji : « Oui, parce ce qu’on a pas mal d’alcool, on a des acidités totales très marquées, des PH relativement bas, donc ce sera un millésime de garde, ça c’est clair surtout rive gauche, rive droite peut-être un peu moins mais Pomerol, les argilo-calcaires sur Saint-Emilion, et le Médoc en général notamment Saint-Estèphe et Saint-Julien on a des vins vraiment remarquables pour la garde ».

Regardez l’interview de Stéphane Toutoundji par Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot :