08 Avr

Stéphane Derenoncourt sur le 2016 : « c’est un millésime qui peut allier à la fois une grande maturité et une grande fraîcheur, c’est un millésime superbe »

Stéphane Derenoncourt organisait cette semaine son traditionnel tasting « la Grappe », au château La Gaffelière à Saint-Emilion. Une dégustation des vins des propriétés qu’il conseille. L’occasion de revenir sur le millésime 2016 et les perspectives d’avenir pour les primeurs à Bordeaux. Il est l’invité de Parole d’Expert dans Côté Châteaux.

Stéphane Derenoncourt a connu une belle affluence à la Grappe au château la Gaffelière © JPS

Stéphane Derenoncourt a connu une belle affluence à la Grappe au château la Gaffelière © JPS

Jean-Pierre Stahl : « Stéphane Derenoncourt, qu’en est-il du millésime 2016, comment l’avez-vous goûté, comment le jugez-vous ? »

Stéphane Derenoncourt : « Après l’avoir vécu parfois difficilement, je l’ai plutôt bien goûté et je le juge plutôt bien. C’est un millésime assez étonnant, assez extraordinaire aussi parce que c’est un millésime qui part très mal, assez difficile à gérer dans la période de printemps, et puis le phénomène s’inverse avec un été fabuleux. Finalement en conclusion : un millésime assez froid, malgré tout, ce qui fait qu’avec une arrière saison magnifique on arrive à aller chercher des maturités superbes.

C’est un millésime qui peut allier à la fois une grande maturité et une grande fraîcheur, c’est un millésime superbe, il n’y a pas d’exotisme, il est très identitaire, on reconnaît les régions, on reconnaît les terroirs, c’est un très très beau millésime.

JPS : « Cela va être un millésime marquant ici à Bordeaux ? »

Stéphane Derenoncourt : « Cela va être un millésime marquant, pour sûr. On est en fait sur un millésime qui se goûte bien…

Il est très équilibré, il va durer longtemps, il a un potentiel de garde extraordinaire et surtout il aura marqué l’état d’esprit des vignerons.

« C’est un millésime où on n’aurait peut-être pas du faire de vin, c’est un millésime miraculé, la floraison ça a été un miracle. Il pleuvait tout le temps, ça s’est arrêté 10 jours. Tout le vignoble a fleuri très groupé, avec une floraison qualitative, il y a pas mal de rendement, il y a du vin.

Il y a de la quantité, de la qualité, c’est un millésime qui donne le sourire.

JPS : « Pour le système des primeurs, quelque part cela relance les dés ? »

Stéphane Derenoncourt : « Ca peut les relancer oui, ça peur relancer les dés parce qu’il y a une grande qualité de millésime…  

C’est le second , parce qu’il ne faut pas oublier que 2015, c’est un millésime assez extraordinaire.

Donc ça peut le relancer à partir du moment où la demande est suffisamment forte pour accepter les volumes.

JPS : « Pour autant, est-ce que le système des primeurs est pérennisé avec cela ? »

Stéphane Derenoncourt : « On voit depuis quelques années une fragilisation de ce système pour plusieurs raisons, la principale c’est la spéculation, les prix ont beaucoup monté, les vins sont aujourd’hui assez chers, donc c’est un système qui se resserre au sommet de la pyramide avec les marques qui sont les plus difficiles à obtenir si on ne les achète pas en primeurs (notamment pour tous les 1ers cc) et qui a tendance à s’affaisser pour le reste, simple ment parce que le système fonctionne à partir du moment où toute la chaîne d’opérateurs peut trouver une certaine excitation à vendre ces vins et surtout gagner de l’argent ».

A partir du moment où les prix sortent trop hauts, derrière il n’y a pas de plus-values qui se font.

« Cela laisse un intérêt moindre à acheter les vins en primeurs sinon leur rareté. Et le système s’épuise. Mais oui, c’est un système qui va fonctionner, c’est même une grande opportunité pour Bordeaux de faire un come-back parce que c’est un système qui intéresse les grands crus mais aussi dans un millésime comme ça tout est bon. Et les gens vont pouvoir découvrir qu’ils vont pouvoir s’offrir des vins pour un un rapport qualité-prix incroyable ».

« C’est vrai que si Bordeaux revient avec un millésime sympa, un peu de volume et des prix exceptionnels, cela va remonter la cote de popularité de Bordeaux qui est un peu basse en ce moment. »

Regardez l’interview de Stéphane Derenoncourt réalisée par Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot :

Une action « pédagogique » des vignerons gardois, ce samedi, auprès des consommateurs de grandes surfaces à propos de la concurrence « déloyale » des vins espagnols.

Plusieurs organisations de vignerons gardois mèneront ce samedi une action « pédagogique » auprès des consommateurs de grandes surfaces à propos de la concurrence « déloyale » des vins espagnols, après la multiplication d’actions violentes contre des supermarchés et négociants au cours des dernières semaines dans le Gard et l’Hérault.

Le 30 mars, les Jeunes Agriculteurs et le syndicat des vignerons gardois, récemment crée, avaient mené une opération "de contrôle" plus musclée dans trois supermarchés nîmois, détruisant bouteilles et fontaines à vin d'origine espagnole © D. Moine France 3

Le 30 mars, les Jeunes Agriculteurs et le syndicat des vignerons gardois, récemment crée, avaient mené une opération « de contrôle » plus musclée dans trois supermarchés nîmois, détruisant bouteilles et fontaines à vin d’origine espagnole © D. Moine France 3

Les Jeunes Agriculteurs du Gard, le Syndicat des Vignerons Gardois, ainsi que Coop de France et la FDSEA du Gard ont précisé ce mercredi dans un communiqué vouloir ainsi « alerter le consommateur sur l’étiquetage ambigu des vins en grande distribution ».

Ils prévoient notamment une distribution de tracts à l’entrée de grandes surfaces gardoises. Des bons de réduction de 5% seront également distribués pour permettre d’acheter dans des caves et coopératives locales.

La communication envers le consommateur, acteur du maintien de nos exploitations, est la clé de la réussite pour que nos idées soient comprises et mises en avant », d’après les organisateurs.

Le 30 mars, les Jeunes agriculteurs et le syndicat des vignerons gardois, récemment créé, avaient mené une opération « de contrôle » plus musclée dans trois supermarchés nîmois, détruisant bouteilles et fontaines à vin d’origine espagnole.

Parallèlement, des actions violentes signées « Comité régional d’action viticole » (Crav) ou sa déclinaison départementale, « Comité d’action viticole » (Cav) se sont multipliées ces dernières semaines sur fond de colère de la profession dans l’ex-Languedoc-Roussillon, en concurrence directe avec les vins espagnols.

Dernières actions en date, dans la nuit de lundi à mardi, le local renfermant le système frigorifique de l’Intermarché de Montaren-et-Saint-Médiers, près d’Uzès
(Gard) a été visé par un incendie allumé à l’aide de pneus, a-t-on appris de source proche de l’enquête.

Dans la nuit de mardi à mercredi, plusieurs dizaines de caddies ont été incendiés sur le parking de supermarchés à Aujargues, Sommières et Saint-Christol-lez-Alès (Gard), a-t-on appris de même source. Aux Angles (Gard), près d’Avignon, c’est une borne de retrait de marchandises dans un drive de supermarché qui a été détruite. Sur chacun des lieux, des inscriptions « CAV » ont été retrouvées. Fin mars, les bureaux de Vergnes et Passerieux, l’un des plus grands courtiers en vins en France, avaient été incendiés à Béziers (Hérault) et deux explosions avaient visé le négociant Jeanjean à Saint-Felix-de-Lodez (Hérault). Ces trois actions, sur lesquelles enquête le SRPJ de Montpellier, avaient également été revendiquées par le comité régional d’action viticole (Crav), sorte de bras radical des viticulteurs ayant mené des actions violentes par le passé.

Avec AFP